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30 clandestins algériens originaires de Annaba arrêtés à Marseille

04/11/2007 - Lu 36814 fois
Les harraga otages de la mafia française.

Au début du mois d’octobre, la presse régionale de Marseille faisait état d’une descente de police dans des squats de la rue du Musée, dans le secteur de Noailles, en plein cœur de Marseille.

Trente-deux personnes sont interpellées, des adolescents de 15 à 20 ans, tous originaires de Annaba...

Trente-deux personnes sont interpellées, des adolescents de 15 à 20 ans, tous originaires de Annaba. Dans ce même quartier de la ville, vingt plaintes pour agression ont été enregistrées en moins de deux mois. Les victimes sont souvent des femmes âgées brutalement attaquées. Les assaillants armés de couteau et parfois de harpons de pêche attendent leurs proies au coin des rues pour les jeter à terre et les détrousser sous la menace de leurs armes. Des victimes ont reconnu leurs agresseurs parmi les personnes interpellées dans les squats. Dix en tout.

« Pour la plupart en situation irrégulière, ces jeunes sont originaires de la région de Annaba, en Algérie, qu’ils ont quittée en bateau jusqu’à Naples ou la Sardaigne, avant de rejoindre Marseille, sans doute attirés par des filières de passeurs qui promettent les profits faciles du trafic de cigarettes ou de contrefaçon », écrit La Provence dans son numéro du 3 octobre. Ils sont arrivés par vagues, depuis le mois de juin dernier. Certains ont trouvé du boulot, mais la plupart se mettent à voler en repérant des proies faciles », écrit encore La Provence en rapportant les déclarations de Farid, qui tient un point phone (KMS) et qui conseille aux touristes de prendre garde s’ils s’aventurent dans ce vieux quartier.

Raouf, 15 ans, a fui la promiscuité et la misère de sa famille à Annaba avec l’espoir de trouver un contrat dans une équipe de foot car il joue bien au ballon. Lui, dit-il, fait en sorte d’éviter autant qu’il le peut les délinquants violents. Ce n’est malheureusement pas le cas de tous, affirme Malik Koudil, de l’Association des jeunes errants (AJE), qui s’occupe des mineurs en détresse, car si un sur deux de ces jeunes échappe à la mort pendant le voyage et arrive à destination, il n’a plus qu’une alternative ici, la protection d’un réseau de trafiquants ou celle d’une association. Dans le premier cas, cela commence par la revente des cigarettes et cela finit par la prostitution.

En France, les mineurs sans protection parentale sont protégés par la loi. L’AJE, en relation avec les services publics de la protection de l’enfance, prend en charge ceux qu’elle trouve dans la rue. Ils sont conduits dans des centres d’accueil en attendant que les autorités statuent. Les harraga mineurs en bénéficient. Sans discrimination. Seulement, depuis quelques semaines, les responsables de l’AJE ont constaté que leur action caritative était elle aussi noyautée par les réseaux de trafiquants. Des jeunes, en provenance de Annaba, qui ne sont plus mineurs, fournissent, pour prétendre à l’aide de l’AJE, des extraits de naissance falsifiés. Ils sont dûment établis et délivrés par les services de l’état civil sauf que la date de naissance est rajeunie de quelques années. Il y a un cas, nous dit-on, où le rajeunissement a atteint 10 ans. Une trentaine de cas ont ainsi été dénombrés depuis juin dernier.

En plus, nous apprennent Dominique Lodwick et Malik Koudil, respectivement directrice et consultant de l’AJE en déplacement à Annaba pour essayer de comprendre ce qui se passe de ce côté-ci de la Méditerranée, « ils ne se contentent pas du gîte et du couvert, ils s’emploient à étendre les réseaux de trafic avec les autres protégés au sein même de l’association ». A l’issue de leurs recherches à Annaba, les deux responsables sont repartis parfaitement convaincus, entre autres, que la filière des passeurs de Annaba et les trafiquants de Marseille sont une seule et même organisation. Les contacts qu’ils ont eus avec certaines personnes et les recoupements qu’ils ont pu faire ne laissent plus aucun doute.

Les jeunes qui cherchent à fuir leurs conditions d’ici mais n’ont pas les moyens de le faire sont les cibles privilégiées du réseau. On les arrange pour le prix du passage, on leur fournit les faux extraits et on assure le gîte et le couvert dès l’arrivée dans les squats de la rue du Musée ou à l’AJE. En contrepartie, ils devront « travailler » pour rembourser. Et puis ensuite, c’est l’histoire classique de l’engrenage dans la délinquance qui mène au vol à main armée ou à la prostitution.

Pour l’heure, on ne connaît pas d’autres connexions semblables entre immigration clandestine et trafiquants mais si on laisse faire, ce sont les réseaux interlopes que nos jeunes harraga iront gonfler en Europe. Les responsables de l’AJE ont réagi, ils ont laissé un message clair à l’intention des trafiquants qui ont pignon sur rue place du Théâtre et dans les services de l’état civil : « Il faut cesser les combines ». Mais ces derniers n’en ont cure, ils n’ont effectivement rien à craindre et sont intouchables dans un pays où l’impunité est érigée en règle d’or.

Slim Sadki [EL WATAN - 04-11-2007]

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