Annaba. Il tue pour défendre son voisin

Perpétuité pour “Mokamoka” le gros bras d’El Bouni  -  Réclusion à perpétuité pour S. Kamel, 23 ans, chômeur et repris de justice, connu sous le sobriquet de « Mokamoka » dans son quartier d’El Bouni, pour meurtre et non-lieu pour 4 autres mis en cause, B.A, 23 ans, G.K, 34 ans, D.Khaled 22 ans et G.A, 31 ans, dans cette pénible affaire jugée par la cour criminelle de Annaba, mardi. Les faits remontent au 5 juillet 2005 vers minuit quand les membres de la famille D, qui vient de fêter les fiançailles de leur fille dans la salle « Dabi », s’apprêtent à rentrer. Ils étaient loin de soupçonner que la fête allait se transformer en une terrible tragédie et qu’ils allaient perdre leur unique fils, un technicien supérieur en chaudronnerie « calme et sans problèmes », selon sa mère. C’est à ce moment, à quelques 200 mètres de la salle qu’une altercation éclate entre un jeune du quartier et un ami de la famille, ce dernier reprochant au premier d’avoir regardé avec insistance la sœur de la future victime. Aussitôt, une bagarre générale s’ensuit entre les mis en cause, des voisins et les jeunes de la famille. Des jets de pierre sont échangés, des couteaux et des épées sortent. C’est à ce moment que S. Kamel sort de chez lui et s’engage dans cette bagarre dans laquelle, apparemment et selon l’avocat de la partie civile, il n’avait rien à voir ni de près ni de loin. Il va poignarder Mohamed à l’aide de son cran d’arrêt. Un coup fatal au cœur et la victime va chanceler sur quelques mètres, avant de s’écrouler et de rendre l’âme, à la suite d’une forte hémorragie. Selon la famille de la victime, le coupable était armé d’un cran d’arrêt et d’une épée et aurait d’abord frappé Mohamed d’un coup d’épée derrière l’oreille, avant de lui assener le coup de grâce. Un fait reconnu par l’avocat de la partie civile mais qui n’a pas été évoqué au cours de l’interrogatoire. Pour sa défense, Kamel niera avoir eu l’intention de tuer « Je suis venu au secours de mon voisin, qui était blessé, frappé d’une pierre à la tête. Je voulais juste lui faire peur. Je regrette », devait-il répéter à plusieurs reprises, mais ces regrets tardifs ne serviront à rien. Le procureur lui reprochera le fait d’avoir commis ce crime « gratuitement », sans aucun motif, sa mauvaise réputation dans son quartier et ses antécédents judiciaires. Il devait requérir, à l’issue d’un sévère réquisitoire, la réclusion criminelle à perpétuité pour Kamel et 10 ans de prison ferme pour les 4 autres mis en cause.
L'est républicain > 19/04/07 > Farida H.