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Annaba: TRADITIONS ET COUTUMES BÔNOISES - Ramadhan d’antan et son charme envoûtant

Publié le 21/07/2014
Ramadhan d’antan et son charme envoûtant Autrefois, les prémices du mois de Ramadhan se montraient dès le mois de Rajab qui est le 1er mois sacré du calendrier musulman (2ème  mois sacré Chaâbane, 3ème mois sacré Ramadhan. On entend les femmes d’antan dire : « Que Rajab soit moubarek pour nous et pour tous les « mouminine » croyants, que Chaâbane nous apporte paix et sérénité. Que Ramadhan arrive avec ses richesses et qu’Allah accepte notre jeûne et nous comble de santé et de bonheur…) ». Jadis, chaque famille autochtone logeait dans une seule pièce au sein des maisons mauresques qui se trouvent à la Médina de Bouna (Annaba ou Bône), d’autres à la Colonne, a la cité Auzas, à l’usine à gaz. Chaque pièce, donne sur un patio qui doit être toujours propre, sinon gare à la propriétaire. Aussi chaque matin, de bonne heure, une locataire fait la dalla (le tour) c’est-à-dire que les voisines nettoient la maison à tour de rôle : brossage, frottage, essuyage de tout l’intérieur, de haut en bas, ainsi que le vestibule, le péron… tout passe au peigne fin avant que la maisonnée ne se réveille. Une fois que tout respire la propreté, on remarque la brillance du carrelage du patio souvent de couleur noire et blanche, des robinets en cuivre… L’eau ne manquait pas en ces temps là, même si les fontaines sont à sec durant l’été car chaque habitation est pourvue d’un  puits qui regorge d’eau tout au long de l’année. Les gens qui habitaient les immeubles de construction coloniale allaient en toute liberté puiser l’eau dans les maisons mauresques ou dans la mosquée Aboumarouane dont l’eau du puits était potable. La « dalla » est quotidienne mais à l’approche du mois sacré de Ramadhan, les logis étaient badigeonnés à la chaux et les mères de familles toutes ensembles se mettaient à la tâche avec leur seul souci de rendre leur nid familial accueillant. Aussi, tout se fait avec brio : lavage de la litterie, astiquage des objets en cuivre, des meubles…    Quand pointe sidna Chaâbane, nos bonnes dames ferventes et courageuses pilonnent toutes les épices, roulent le souscous et toutes les pâtes traditionnelles qu’elles sèchent et mettent dans des petits sacs en toile. Maintenant que toutes les provisions sont stockées dans la «sada » (planches soutenues grâce à des madriers enfoncés dans les murs en hauteur) pour le mois du jeune, il ne reste au père de famille qu’à acheter : viande blanche ou rouge, légumes et fruits poisson et surtout la semoule pour préparer la galette. Pour ces achats, il fallait serrer la ceinture durant une année pour mettre un peu d’argent de côté. La bourse de nos ainés à l’époque coloniale était dérisoire, aussi, très prévoyants, ils combinaient pour avoir une vie sociale potable. Ainsi, toutes les préparations se font minutieusement jusqu’au jour J. La première journée du jeûne, les femmes de jadis commençaient la préparation du ftor la matinée. C’est d’abord la confection de la galette que l’on fait cuire sur un tajine en argile déposé sur un grand braséro où flambent des braises de charbon ardentes. « Elles en font pour les enfants, pour les mendiants et pour eux. Une fois le pain maison prêt, elles font leur ménage, leur lessive… Vers deux heures, jusqu’au maghreb, elles consacrent leur temps à cuisiner. Comme il n’y avait pas de gaz, tous les plats doivent mijoter sur un feu de charbon et dans des marmites en argile. Le premier repas du carême, ce sont des plats traditionnels qui se perpétuent jusqu'à nos jours : une soupe à la tomate fraîche à la viande de mouton et aux grains de blé concassé (frique) parfumé à la menthe, du bourèque ou des briques, un plat sucré composé de raisins secs, de pruneaux secs, de viande de mouton, garni de fruits de saison. Ce plat selon la coutume, doit figurer sur toutes les tables. Nos grands  mères disaient : « Débuter le Ramdhan avec un mets sucré cela présage un mois doux, sans problèmes de santé, dans la joie, dans la paix de l’âme et de l’esprit, dans la piété totale… » Quant à ceux qui ont les moyens, les plats sont variés tel un tajine « bounaraïne » (viande hâchée, fromage, œufs…). Sa cuisson se fait sur des braises qui couvrent l’ensemble de la marmite. Ça mijote doucement, ça prend du temps mais en le mangeant on savoure le goût Un vrai délice. Maintenant tout se fait à la va-vite. Rien ne vaut le savoir- faire des cordons bleus de jadis. Le dîner évoqué se termine par une salade verte, un dessert… Après s’être rassasié, on nettoie la vaisselle et on prépare la kaâda de la soirée. Une fois les hommes sortis pour faire la prière ensuite s’attabler dans les cafés maures d’antan où se produisaient les chantres du malouf tels que Mhamed El Kourd, Hassan el Annabi et les doyens de tous les cheïkhs, chacun son époque. Les femmes s’installent au patio et veillent ensemble tout en dégustant thé ou café et les sucreries ramadanesques. zlabia, makroude au miel, mkarkchet, bakhlaoua, kalb el laouz nougat, caca de pigeon (halwa turque)… Le ramadhan d’autrefois était basé sur l’amour d’autrui, le partage, le rassemblement entre familles et voisins… Il avait un charme particulier, loin de ce que nous vivons de nos jours. Les familles cloitrées dans des cités dortoirs, les portes en bois et en fer bien verrouillées ne cherchent pas à savoir ce qui se passe à deux pas de chez elles. Les gens peuvent crever de faim, de maladie, de chagrin… personne ne s’en rend compte. Course à l’argent facile, arrogance, jalousie, rendent certaines personnes aveugles oubliant nos bonnes valeurs et n’appliquant pas les hadiths de notre Prophète sala Allaha alik oua salem ainsi que ce qu’Allah nous a envoyé le Coran el karim… Or, il fut un temps, un temps ou un peuple avili, pauvre, vivait heureux !

lestrepublicain - 21 juillet 2014 - Hadja Yasmina Dehimi
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