C’est devenu une tradition à Annaba. Des maquignons « top-modèles » blouson cuir, lunettes noires de pilotes et snikers, dernier cri, souvent à bord de bolide haut de gamme, sont de plus en plus répandus dans toute la cité des rives de la Seybouse. Ce sont là, en réalité, les « parasites » qui font grimper le prix des moutons à Annaba. Ils sont bel et bien de retour. Ces businessmens de « Kebch El-Aïd », qui apparaissent uniquement à la veille de la fête de l’Aïd, viennent de toutes les catégories sociales et professionnelles. Ils ne vivent pas par et pour le mouton. Ils sont tous simplement épiciers et vendeurs de légumes, enseignants, fonctionnaires, voire des cadres. Ce sont ces intermédiaires entre l’éleveur ou le maquignon et le client qui est appelé à sacrifier au rituel de la « Dhahia ». Ces maquignons du week-end sont presque aussi nombreux que les professionnels et font souvent la loi. Ils sont reconnaissables à leur tenue et à leur comportement. Ce trabendisme « occasionnel » limité dans le temps est presque devenu une pratique courante qui a tendance à se généraliser. L’avènement de l’Aïd El Kébir est, chaque année, synonyme de fièvre du mouton qu’alimentent des spéculateurs qui s’improvisent « maquignons du vendredi » à Annaba. « Depuis des années, les traditions liées à la fête du sacrifice ont changé. Aux férus des grands moutons bagarreurs, qui faisaient la réputation de la ville, ont succédé des sangsues qui ôtent tout charme à cette fête ». Ce constat acerbe est fait par un « beldi ». Un bônois de souche dont l’arrière grand-père est né et a grandi en bon citoyen dans la médina. Aujourd’hui, sous la barre de 50.000 dinars, le pauvre citoyen Annabi n’aura pas beaucoup de choix… sauf cependant s’il venait à opter pour une chèvre par exemple. Et encore, la aussi les cabris ont poussé des ailes… Et dans tout cela, le dindon de la farce demeure le pauvre citoyen. Il est sera plumé malgré lui avec « art et doigté ».
lestrepublicain - 24 septembre 2014 - B. Salah-Eddine
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