Le service de réanimation qui occupe toute une aile de cet établissement de santé public, relevant du CHU d’Annaba, ne dispose plus que d’une seule salle où s’entasse les patients dans des conditions lamentables.
Dès l’entrée à la clinique, ce qui frappe le plus, c’est une odeur asphyxiante de peinture fraichement faite, et une atmosphère conquise par les particules de poussière émanant du chantier ouvert au cœur même de la clinique. Et à propos de cette situation alarmante, le jeune parent d’une fillette de quelques jours exprime son incompréhension vis-à-vis de l’administration qui a permis que de tels travaux soient effectués dans de telles conditions : « J’ai 31 ans, je suis en pleine santé, et pourtant je n’arrive pas à respirer correctement quand je suis à l’intérieur de la clinique, alors je vous laisse imaginer les conséquences pour des nourrissons de quelques jours seulement. On craint le pire pour la santé de nos enfants».
Il est à noter que la majorité des patients de cette structure sanitaire souffrent de bronchiolite (une infection virale respiratoire) et d’autres troubles des voies respiratoires. Malgré cela, l’administration a donné le coup d’envoi pour la réhabilitation du service des soins intensifs, ce qui laisse croire que celle-ci est plus préoccupée par la réhabilitation des murs que par le bien-être et la santé des enfants malades.
Le service en question n’accepte plus aucun nouveau patient, et sur une note affichée un peu partout dans les ailes de la « réa » on peut lire « Service en travaux. PAS D’ADMISSION NI ÉVACUATION ». Les parents des patients se demandent à juste titre comment un service aussi névralgique que celui-ci, peut refuser l’admission ou l’évacuation de malades.
Un état des lieux désolant, et une hygiène pour le moins douteuse, puisque la cuisine de cette même clinique sert d’abri à une vingtaine de chats, qui y circulent librement. Un ratio d’une femme de ménage et une infirmière par 23 patients, fait que la prise en charge correcte du patient soit quasi impossible pour le personnel médical qui est dépassé. Ces derniers ne disposent pas des moyens nécessaires pour effectuer leur travail d’une manière efficace, et sont obligés de se débrouiller avec les moyens de bord, à l’image des médecins militaires sur un champ de bataille.
Dans la matinée d’avant-hier, une brève coupure d’électricité a provoqué une panique générale chez les parents, ceux dont les enfants sont sous respiration assistée, qui ont craint naturellement que cette panne provoquée par une erreur de l’un des ouvriers de ce chantier, n’empire encore plus l’état des leurs. Sans parler des ouvriers qui ont libre accès à la salle qui abrite momentanément les soins intensifs. C’est à ce sujet que Mohamed, le père de l’un des patients admis dans ce service nous raconte son dégout face à cette situation « Nous nous privons de voir nos enfants et nous restons à l’extérieur pour leur éviter toutes sortes d’infections. Mais ce qui nous fait le plus mal au cœur, c’est de voir des ouvriers et des maçons, entrer dans cette salle à tout moment, comme s’il s’agissait d’une cafétéria, sans respecter les règles de sécurité les plus élémentaires, et avec des tenues marquées de peinture, de ciment et de poussière. De quoi provoquer des dégâts irréversibles à l’état de santé de nos enfants. »
Le Provencial - 10 janvier 2016 - B.Mustapha
Les Commentaires
Des résponsables compétents auraient trouvé d'abord un lieu de substitution temporaire avant de prendre la décision d'engager des travaux, combien même ils seraient nécéssaires. D'autant plus que c'est la seule clinique qui répond à ces besoins de soins spécifiques.
Des résponsables compétents auraient anticipé, mesuré, soupesé les inconvénients d'une telle décision avant d'entamer quoique ce soit, parcequ'ils sont capables de voir les avantages et les désavantages d'une situation donnée. Et à partir de là, ils prennent sur des bases saines et pertinentes l'action qu'il faudrait engager.
À moins que ces résponsables, tout aussi malins qu'intelligents et apparemment légers dans leur décision, qui savent exactement ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire, n'ont tout simplement pas cure de tenir en considération la garantie d'assurer, pendant la période des travaux, les soins à ces enfants malades dans des conditions décentes et conformes au respect et à l'attention que l'on doit à tout patient. Dans ce cas, la faute est encore plus grave que l'incompétence, parcequ'elle est morale.