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Pouvoir d'achat: la saignée s'accentue!

Publié le 05/01/2019
 Sofia Ouahib 04 janvier 2019 à 11 h 05 min El Watan.com "Tandis que les salaires stagnent, les prix à la consommation ont augmenté, ce qui a fortement baissé le pouvoir d’achat des ménages algériens. Zoom sur les raisons d’un recul. «J’ai quitté l’Algérie en 2012. A mon retour en 2017, j’étais surpris par la forte hausse de prix de tous les produits de consommation. Exemple basique : avant mon départ, les boissons gazeuses coûtaient 50 DA Aujourd’hui, elles sont à 100 DA la bouteille. Cela est dû, selon moi, à diverses raisons : la dévaluation du dinar, l’augmentation des coûts du transport et la cherté des matières premières. Et cela face à une stagnation des salaires. Le financement non conventionnel est juste une solution à court terme pour un problème qui risque de s’étendre sur le long terme. Cette situation a conduit les ménages à faire plus attention a leurs dépenses. Pour moi, le salaire mensuel moyen pour vivre de manière décente doit avoisiner les 100 000 DA», confie Lyes, un jeune expatrié de 27 ans. De son côté, Abdelkader, un père de famille estime qu’aujourd’hui, vu la cherté de la vie, très difficile pour une famille, n’ayant qu’un seul revenu qui ne dépasse pas les 30 000 DA, de vivre de manière décente. Car, selon lui, en plus des dépenses mensuelles, il y a également les tranches AADL pour la majorité des ménages. «Désormais, on ne fait que survivre en ayant recours à différents moyens pour faire le plus d’économies possibles. A titre d’exemple, les ménages qui avaient deux voitures ont dû se séparer de l’une d’elle pour économiser les vidanges, les assurances et l’entretien. Les familles habituées aux produits d’importation se tournent vers le local. Ceux qui payaient la garderie laissent désormais leurs enfants chez des proches», témoigne Abdelkader, un père de famille. Selon lui, les familles commencent à faire attention aux dépenses inutiles. Les voyages, quant à eux, se font plus rares. A cet effet, Abdelkader raconte une anecdote : «Mon ami est marié et a deux enfants. Cela fait quelques années déjà qu’il ne s’est pas permis un voyage. Il a attendu que le prix du billet chute à un peu moins de 15 000 DA, pour partir en France, seul, sans sa famille, chez des proches pour éviter les frais d’hébergement dans un hôtel.» Face à la crise qui frappe le pays de plein fouet, de nombreuses familles se retrouvent dans l’incapacité de joindre les deux bouts. Si certains locataires, dans l’incapacité de payer un an de loyer, ont du retourner chez papa-maman à l’image de Redouane, 37 ans, qui après deux ans «d’indépendance» est retourné vivre chez ses parents avec femme et enfants, d’autres ont dû vendre des bijoux pour payer des tranches AADL. Il y a aussi ceux qui boudent les fruits ou encore ceux pour qui le poisson est un luxe… Autant de témoignages pour raconter une même galère. Mais comment explique-t-on cette forte baisse du pouvoir d’achat ? Pour Souhil Meddah, directeur général du cabinet RMG Consulting, une société spécialisée dans les services financiers, la baisse du pouvoir d’achat s’explique généralement par l’existence d’un écart constant entre le volume des revenus cumulés par rapport aux fluctuations des dépenses ou des coûts progressifs liés au cadre de vie pendant une période donnée. Un avis partagé par l’économiste Abdelhak Lamiri qui explique : «Effectivement les salaires ont stagné depuis cinq ans alors que les prix à la consommation ont augmenté au moins de 33% durant cette période, selon les données officielles des pouvoirs publics. Nous vivons une crise qui secoue notre économie toujours subventionnée par les hydrocarbures mais à des niveaux de plus en plus bas.» Plus précisément, il existe trois axes d’analyse qui formulent sur les conditions d’une variation cyclique ou d’un basculement inopiné de ce pouvoir d’achat. Stagnation Ces conditions qui, généralement, se succèdent et se complètent, font état de la naissance d’un long processus de causes et d’effets qui dure dans le temps. Selon Souhil Meddah, il s’agit tout d’abord du comportement d’un marché de distribution activant dans une option classique spéculative à chaque fois qu’une nouvelle donne macro-économique s’annonce ou lorsque des donnés micro-économiques s’appliquent potentiellement et progressivement. «Le cas le plus récent date de 2017, au début et aussi vers la fin. Malgré qu’une hausse soit pratiquée sur une ou deux années, l’effet réel se constitue sur une durée beaucoup plus longue en cumulant les écarts entre les revenus, les dépenses et la réduction du niveau d’épargne avec les mois et les années qui passent temps», précise-t-il. Selon lui, si une action de correction ne s’annonce pas entre temps, cet effet devient à la fois cumulatif avant d’aller d’être un cas quasi-statique accepté par tous. L’autre axe d’analyse concerne le phénomène de l’augmentation de la masse monétaire, sur les valeurs fiduciaires et les dépôts a vue, qui sont sollicitées de façon expansive et répliquée par une multiplication des flux en liquidité entre tous les agents économiques, du fait des augmentations répétitives qui poussent le consommateur à s’adapter en faisant appel à plus de masse fiduciaire au lieu de réagir sur la règle de la composante des prix du marché. Enfin, «il y a la question de la stagnation des ressources et des valeurs de revenus (salaires…) qui se stabilisent sur une longue période, face aux différentes augmentations répétitives et cumulatives constatées», conclut Souhil Meddah. De son côté, Nasreddine Hammouda, directeur au Centre de recherche en économie appliquée au développement (Cread), affirme que l’indice des prix à la consommation a augmenté plus rapidement que les salaires moyens, le SNMG ou les pensions de retraite. Selon lui, tous les Algériens ne sont pas logés à la même enseigne pour plusieurs raisons : «D’abord, le panier de consommation varie d’une catégorie sociale à une autre, c’est-à dire que les différentes CSP ne subissent pas la même inflation et leurs revenus évoluent à des rythmes différents. En particuliers il y a bien des catégories sociales qui profitent de la hausse des prix. Beaucoup de services non marchands tels que l’éducation ou la santé, dont profitent beaucoup d’algériens ont des prix quasi-nuls.» Mais qui sont les gagnants, qui sont les perdants ? Pour répondre à cette question, estime Nasreddine Hammouda, il faudrait disposer de l’évolution de la distribution des revenus des différentes catégories sociales. Pour Abdelhak Lamiri, l’Etat peut augmenter artificiellement les salaires, mais si cela se fait, aucune amélioration du niveau de vie ne se produirait : les prix vont flamber et ce sera tout. Un avis largement partagé par M. Hammouda, qui estime que les augmentations salariales ne sont pas seulement une affaire gouvernementale, mais doivent être négociées dans les conventions collectives et lors des tripartites (syndicats, patronat et gouvernement). Les augmentations salariales ne peuvent donc provenir que d’une croissance économique réelle. Ce sont les fruits de cette croissance qui doivent être partagés entre les facteurs travail et capital et l’état. «En d’autres termes, si le gouvernement annonce une croissance économique positive durant l’année écoulée, les négociations lors de la prochaine tripartite viseraient à aboutir à un consensus sur son partage entre croissance de la masse salariale, croissance de l’excédent d’exploitation et croissance des impôts», précise-t-il. Alors qu’en 2012, les le gouvernement a décidé d’octroyer des augmentations de salaires à pratiquement tous les travailleurs algériens, le renouvellement de cette opération semble «peu probable», pour Souhil Meddah, notamment avec les donnes actuelles du fait que même la dotation réservée à la la Fonction publique est soutenue par un artifice financier non économique, alimenté en partie par l’émission monétaire en contrepartie d’une dette interne. D’autre part, une éventuelle révision du SNMG ne peut, toujours selon Souhil Meddah, en aucun cas régler le problème à partir du moment où le salaire brut est dans sa nature un revenu brut qui permet de relever les cotisations et de garantir aux employés bénéficiaires d’obtenir des retours différés sur le long terme (pensions de retraite, couverture sociale plus importante…), alors que les postes du net à payer, qui ne bougent pas souvent, appartiennent aux opérateurs qui doivent les dégager eux mêmes. Tandis que certains déplorent que le marché algérien ne soit pas régi par la loi de l’offre et la demande, Abdelhak Lamiri estime que c’est faux. Selon lui, cette loi est l’une des rares lois en économie proche de celles des sciences physiques. La loi de l’offre et la demande est opérationnelle partout. Elle joue toujours. Il ajoute : «Au contraire, les économistes demandent l’absence d’interférences pour que cette loi joue à fond. Une structure peut encourager l’offre, mieux, informer les consommateurs pour orienter la demande.» Concurrence Mais qu’en est-il du Conseil national de la concurrence ? Selon Souhil Meddah, cet organisme, créé en 2003, n’arrive pas à s’impliquer totalement pour mettre en place une régulation efficace et adaptée au cadre général avec tous les aspects nécessaires pour fournir les moyens et les méthodes, par rapport aux connaissances approfondies du terrain avec la définition stricte sur la nature et la pratique du marché déloyal avec son fait générateur. «Il s’agit d’actes passagers qu’on emploie, qui sont assimilés beaucoup plus à des réactions de court terme qu’autre chose», conclut l’expert. Autre souci majeur des ménages algériens : l’immobilier. «Le budget consacré à la location consomme la plus grande partie de mon salaire. Les propriétaires profitent parfois de la misère des gens. Ils augmentent les loyers sans pour autant s’appuyer sur des études de marchés. Certains préfèrent même laisser leurs apparemments vides, plutôt que de les louer à des prix raisonnables», raconte Toufik, cadre dans l’administration. Comme Toufik, ils sont nombreux à se demander s’il existe réellement un marché de l’immobilier. Pour Nasreddine Hammouda, le prix d’un logement est équivalent à trente années d’un salaire moyen ! C’est dire que bénéficier d’un logement dans le cadre des programmes publics c’est indirectement doubler ses revenus. De son côté, Abdelhak Lamiri explique que la demande sur l’immobilier moyen et bas de gamme n’a jamais baissé : «Nous avons 350 000 mariages par an et plus de 300 000 logements dans le stock existant qui deviennent inhabitables chaque année (obsolescence), en plus du déficit déjà existant de plus de 5 000 000 de logements. Il faut donc construire 800 000 logements par an sur vingt ans pour régler le problème. Or notre pays ne peut pas construire plus de 180 000 logements par an.» Pour Souhil Meddah, ce marché, dans son statut actuel, est beaucoup plus influencé par la passivité des demandeurs qui préfèrent se soumettre aux règles des groupes d’influence non visibles (le recours courtiers libres, les actes individuels non cadrés…). Selon lui, ce marché est régi par la règle de l’offre et la demande, sauf que la demande est souvent multipliée par le fait que les demandeurs consultent plusieurs canaux à la fois, en favorisant le dopage moral au profit des spéculateurs libres. Artifices La régulation de ce marché doit passer par trois principaux facteurs. «Le premier sur la nécessité et l’obligation de passer par des professionnels du domaine même si il s’agit de quelques transactions à faible valeur. Le deuxième concerne les modes de paiement et de rémunération qui nécessite l’application d’une ferme réglementation. E enfin la question de la modalité de l’offre qui doit obéir à un cadrage réaliste et maîtrisable surtout pour les petites bourses dans les affaires de location (modalités de paiement, avances, évolution des prix…)», conclut Souhil Meddah. Alors que le rôle attribué, jusqu’a présent, à la planche à billets concerne principalement la couverture du déficit public qui fait partie des éléments de besoin en croissance, et aussi de compenser les dettes publiques qui elles-mêmes sont assimilables à des valeurs convertibles en crédit d’exploitation pour les autres opérateurs, mais à des coûts plus élevés sur contribution des banques primaires, ou encore le financement du FNI qui réserve une bonne partie de sa dotation au soutien de la CNR, ce mode de financement est en grande partie, selon Abdelhak Lamiri, la cause de la hausse du taux d’inflation entre 5 et 6%. Selon lui, c’est une situation qui n’arrange personne, mais cela évite l’endettement externe. On évite un mal par un autre mal plus bénin. «Le véritable problème réside dans les réformes qui ne se font pas : financer plus la production agricole, industrielle les services, orienter les ressources vers la science, les industries du savoir, l’innovation, la modernisation managériale des entreprises et des institutions non économiques et le reste. Tant que les réformes sont en panne on ne peut que puiser dans les réserves pour reporter les problèmes. 2019 sera encore une année de report. On continuera ainsi jusqu’en 2023. Alors nous aurons la véritable crise», confie-il. Toutefois, si ce recul du pouvoir d’achat est un coup dur aux yeux de tous, cependant, celui-ci, à en croire Abdelkader, apporte son lot de bonne surprises : «Suite à cette crise, on fait plus attention. On pense plus à recycler et ne pas jeter les articles directement. A titre d’exemple : mon frère m’a légué son imprimante afin de m’éviter un nouvel achat. J’ai également remarqué que d’anciens métiers comme les cordonniers ou réparateurs d’électroménager ont refait surface. J’ai récemment racheté un batteur car le mien a rendu l’âme. Un peu plus loin du magasin ou j’ai effectué mon achat, je suis tombé sur un réparateur. J’ai vite regretté mon achat !» Finalement, afin d’améliorer le niveau de vie, il faut plutôt, selon Abdelhak Lamiri, booster la création d’entreprises : «Nous avons 50% d’entreprises de moins par rapport aux normes des pays émergents. Nous devrions multiplier par deux les entreprises agricoles, industrielles et de services. C’est la seule manière d’améliorer le pouvoir d’achat.»
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