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"«La mauvaise gestion et la corruption ont détruit notre économie»"

Publié le 22/05/2019
"Ouleds El Web" 22/05/2019 El Watan Dans cet entretien, l’expert économique Smail Lalmas dresse un constat des plus critiques sur la situation du pays. Il préconise un véritable hirak économique afin de balayer les dégâts causés par une gestion aventureuse et maffieuse de l’économie nationale. Il estime que «le gouvernement actuel représente un danger supplémentaire qui risquerait, à coup sûr, d’aggraver la situation». – Tout le monde s’accorde sur l’urgence d’une transition politique. Qu’en est-il de la transition économique ? Ces deux chantiers doivent-ils s’opérer ensemble et à la même cadence ? Cela me ramène à la question qui remonte à très loin et qui a fait l’objet de beaucoup de recherches, à savoir «Est-ce le politique qui influence l’économique ou bien l’économique qui influence le politique ?» Il faut savoir que ce qu’on appelle, aujourd’hui, l’économie, auparavant était appelée économie politique, ce qui montrait bien l’étroite relation entre l’économie et la politique. Si on se réfère à la définition classique de l’économie, c’est l’utilisation optimale des ressources, la politique serait par contre le choix des décisions qui permettraient la bonne utilisation de ces ressources. Votre question est importante pour la simple raison que l’analyse de la transition dans un pays pose la question des moyens utilisés pour atteindre les objectifs normalement définis .Y a-t-il une stratégie de transition universelle ou standard qu’on pourrait éventuellement mettre en œuvre ? Je pense que l’absence de stratégie universelle de transition démocratique nous impose la mise en place de notre propre plan en fonction des besoins et attentes de notre société, en adaptant les moyens choisis au contexte propre à notre situation. Donc, pas de recette magique, mais il faudrait mettre en avant l’intérêt du pays et donc du peuple et sortir de l’égoïsme destructeur, disposer de l’habilité nécessaire pour traverser les zones de turbulences et être capable de bien gérer les différentes étapes de la transition. Le choix ou la priorité de la transition politique sur l’économique a fait l’objet aussi de diverses analyses, certains spécialistes accordent la primauté à l’approche politique, par contre, moi je pencherais plutôt sur l’autre approche qui consiste à mettre en avant la nécessité d’un développement économique et social comme préalable à la réussite de la transition politique. Concernant la cadence, comme vous l’avez souligné, l’urgence n’est pas dans le rythme ou d’en limiter le temps, mais plutôt dans l’ouverture des canaux de concertation et discussions pour justement planifier les différentes actions et étapes de cette transition globale, combinant de façon organisée et bien élaborée les mutations économiques et politiques nécessaires pour répondre aux revendications et aspirations du peuple, mais aussi pour mettre les fondements d’une Algérie nouvelle, démocratique et économiquement forte. Pour finir, la réussite de cette transition ne pourra se faire sans personnel politique crédible, qui dispose d’un programme et une vision, qui a la confiance du peuple et qui s’appuie sur les compétences pour réaliser ses objectifs. – La justice s’est emparée de gros dossiers de corruption et de dilapidation des deniers publics. Ces affaires dévoilent une hideuse image de la gestion économique en Algérie. Peut-on quantifier le préjudice causé à l’économie nationale et à l’image du pays ? A signaler, tout d’abord, qu’il y a des formes et des pratiques différentes de la corruption, donc plusieurs définitions. Souvent, mesurer le phénomène de la corruption vise à quantifier les montants sur lesquels portent les transactions corrompues. Or très souvent, ces transactions ne sont pas enregistrées ou bien il n’y a pas de traçabilité. Il faut savoir, au passage, que la corruption a été la gymnastique préférée de nos responsables et autres durant plusieurs années, ils ont pu avec le temps maîtriser les techniques de dilapidation des deniers publics et de corruption, ce qui rend donc très difficile, voire impossible, dans certains cas, de les calculer et de les quantifier. Et les estimations ne donnent pas de résultats probants, en raison de la multiplicité des formes de corruption, mais tout le monde s’accorde à dire que l’ampleur de ce fléau en Algérie a dépassé tous les records. Je me rappelle les révélations d’un ancien ministre, sur l’ampleur du phénomène de la surfacturation dans le cas des importations de biens de consommation, équipements pour chantiers et investissements, dont le pourcentage dépassait les 20%. Or, avec un simple calcul sur les 15 dernières années, des statistiques avancent le chiffre de plus de 650 milliards de dollars en importation, je vous laisse le soin de calculer l’ampleur du montant de la surfacturation, qui est de plus de 130 milliards de dollars placés dans des banques étrangères. Cela dit, il existe des organismes qui publient des indicateurs de perception de la corruption, basés sur des méthodes d’évaluation différentes qui publient annuellement des indices élaborés sur la base d’enquêtes par sondage. Très souvent, notre pays est classé parmi les champions de la corruption. Il est clair que l’image de l’Algérie a été ternie par les pratiques courantes de corruption à tous les niveaux. Des études faites par des organisations internationales spécialisées ont démontré que la corruption constitue une entrave aux investissements locaux et décourage les investisseurs étrangers, elle agit comme une taxe arbitraire. La nature aléatoire de la corruption crée des charges supplémentaires et provoque aux entreprises locales et firmes multinationales des coûts de transaction par le paiement des pots-de-vin, le gaspillage des ressources et une forme de pression insupportable. La corruption nuit beaucoup à l’investissement et à la croissance économique, il faut savoir que dans les sociétés corrompues, les compétences sont souvent isolées ou déviées à cause des incitations importantes des activités productives qui auront un coût élevé sur la croissance de ces pays. Finalement, les préjudices causés à l’Algérie par le phénomène de la corruption sont multiples, notamment le manque à gagner engendré par ces pratiques douteuses, causant un retard enregistré dans tous les domaines qui est inestimable. – La santé de l’économie nationale est fragile et les signes d’une reprise réelle n’apparaissent pas… Je crois que le diagnostic est fait, le pack mauvaise gestion et corruption a complètement déstructuré, fragilisé et détruit notre économie. Comme vous le savez, l’économie algérienne est fortement soumise aux chocs exogènes et directement exposée au prix du pétrole. D’autant plus que l’approche économique algérienne actuelle est devenue intenable sous le double effet à la fois de la baisse du prix moyen du pétrole et au doublement du déficit budgétaire, faute de maîtrise et de régulation des dépenses publiques. On s’attend à une baisse significative de la croissance économique pour 2019, par rapport aux 4% prévus. La baisse du taux de croissance du PIB par habitant qui s’ensuivra va inexorablement se répercuter négativement sur le bien-être des ménages. Or, le rythme de notre activité économique a baissé les 6 derniers mois, et devrait ralentir sérieusement à court et moyen termes. A savoir que depuis quelques mois, l’Algérie est en plein crise économique, nos entreprises ont du mal à commercialiser leurs produits et tournent à moins de 50% de leurs capacités, des plans d’ajustement sont déjà envisagés par certains opérateurs, des postes d’emploi sont menacés, chômage en hausse prévu, recul flagrant des investissements par manque de confiance et de lisibilité, recul de la consommation, pouvoir d’achat réellement atteint, sans oublier de signaler l’érosion de nos réserves de change par manque de maîtrise totale des équilibres des balances. – Un gouvernement qui ne fait que gérer les affaires courantes dans un moment aussi crucial n’est-il pas un facteur ralentissant ou même de blocage de la réforme ? Il est clair que le gouvernement actuel représente un danger supplémentaire qui risquerait, à coup sûr, d’aggraver la situation. Une grave erreur a été commise en confiant à un gouvernement impopulaire, sans aucune crédibilité, sans programme d’action, la gestion d’une période aussi sensible et délicate. En tout état de cause, il fait actuellement face à des compromis difficiles à tenir à l’avenir. Peu d’alternatives semblent se présenter à lui. Il y a urgence d’aller vers un changement rapide de ce gouvernement, c’est très sérieux. – Un «hirak» économique s’impose-t-il ? Vu la situation, à mon avis un «hirak» économique s’impose, il consisterait à faire disparaître toutes les statistiques truquées et faire la révélation au grand jour des vrais chiffres concernant notre économie. Mais ce hirak économique serait caractérisé par la mise en place d’un nouveau modèle, basé sur «la diversification économique ciblée par la promotion des exportations». Un modèle qui reposerait sur des secteurs définis et choisis sur la base d’un diagnostic sectoriel, qui mettra en valeur les avantages comparatifs qui vont nous permettre de s’imposer à l’international face à de la concurrence de plus en plus rude. Cette diversification nécessitera la mobilisation de toutes les énergies et de tous les acteurs du développement, afin de s’éloigner progressivement de notre dépendance aux hydrocarbures sur la base d’un plan d’action bien élaboré. Par ailleurs, cette diversification de notre économie va nous permettre de développer et de diversifier notre offre afin de répondre aux besoins de notre marché domestique et donc réduire la facture des importations, et aussi mettre en place une stratégie d’exportation efficace, pour le développement de notre offre à l’international. La mobilisation des capitaux nationaux serait nécessaire pour accompagner le développement de ce nouveau modèle économique, mais il faut savoir que tous les pays qui se sont développés, ont fait aussi appel aux entreprises étrangères. Cela les a aidés de plusieurs façons, notamment en apport en capitaux, c’est le schéma le plus classique, mais ce n’est pas le plus important à mon avis, c’est surtout l’apport de compétences techniques et organisationnel qui me paraît fondamental. Au risque de me répéter, la plupart des Etats cherchent donc à attirer de plus en plus d’IDE, vu que ces derniers présentent une source de financement extérieure privée importante et sont, également, porteurs d’avantages, comme le transfert de technologies, de compétences, de capacités d’innovations d’emploi et de marchés. Pour réussir, les études ont montré qu’il faudrait préparer un climat institutionnel prospère et favorable à l’attraction des investisseurs étrangers. En effet, la concurrence entre les pays pour attirer les capitaux est acharnée et les décideurs économiques ont trouvé la solution dans le développement de structure institutionnelle. Mais le hirak économique via ce nouveau modèle ne peut ignorer un aspect incontournable pour sa réussite, il s’agit de l’éducation et la formation avec la mise en place de lois pour changer le système d’enseignement et ses contenus, mais aussi ses formes et ses méthodes. Parmi les principes du nouveau système éducatif, il y a l’égalité des chances, les relations entre formation et travail, la qualité de l’enseignement, la réforme et l’adaptation des programmes avec les réalités d’aujourd’hui, la réforme des contenus de l’enseignement, l’autonomie des établissements, l’innovation pédagogique… La transition énergétique, une approche stratégique, qui s’appuierait sur les progrès technologiques. Des programmes seront développés pour le remplacement progressif des énergies fossiles par un mix énergétique privilégiant les énergies renouvelables, ainsi que sur une politique d’économie d’énergie et de réduction des gaspillages énergétiques. D’autres actions seraient programmées pour le développement de ce nouveau modèle, notamment une révision du système de subventions, une modernisation des institutions bancaires, douanières et surtout fiscales. L’administration fiscale doit être modernisée et dotée de tous les moyens pour jouer un rôle stratégique. Il faut savoir que la fiscalité joue un rôle déterminant dans l’économie d’un pays. Elle participe en effet au financement des besoins de ce dernier, un cadre budgétaire stable et prévisible favorise la croissance. Mais j’ai le regret de signaler des dysfonctionnements graves qui fragilisent nos recettes, notamment en matière de charges déductibles d’impôts. Un manque à gagner estimé en milliards, je citerais par exemple, certains importateurs de consommables et d’équipements pour laboratoires d’analyses médicales, qui offrent des voyages (billets et hôtels 4 et 5 étoiles) à leurs distributeurs et clients avec leurs conjoints, pour des destinations comme Marrakech, Beyrouth, Dubaï, Allemagne…, cela bien sûr dans le but de fidéliser leurs clients et faire la promotion de marques étrangères, qui sont supportés par le Trésor algérien et le citoyen. Imaginez un groupe de 60 personnes à 2000 dollars/personne, cela reviendrait à 120 000 dollars l’opération, convertissez le tout en dinars, vous constaterez un manque à gagner en milliards par chaque importateur, et ils sont nombreux à faire ce genres d’opérations plusieurs fois par an en partenariat avec des agences de voyages qui facturent le pack en dinar. Je demanderais au DG des impôts de se pencher sur ce dossier, et de ne plus accepter ce genre de charges, il est inacceptable de financer la promotion de produits étrangers par nos recettes fiscales. Cela dit, les importateurs pourront continuer de le faire sur les bénéfices de leurs sociétés après déduction de l’IBS. Comme vous devez le constater, le hirak économique va devoir sensibiliser les hommes et femmes de bonne volonté et les compétences dans tous les secteurs pour pouvoir construire une nouvelle Algérie, une Algérie meilleure, dont tout le peuple rêve. El Watan Nadjia Bouaricha 22 mai 2019 à 10 h 25 min "«La mauvaise gestion et la corruption ont détruit notre économie»Dans cet entretien, l’expert économique Smail Lalmas dresse un constat des plus critiques sur la situation du pays. Il préconise un véritable hirak économique afin de balayer les dégâts causés par une gestion aventureuse et maffieuse de l’économie nationale. Il estime que «le gouvernement actuel représente un danger supplémentaire qui risquerait, à coup sûr, d’aggraver la situation». – Tout le monde s’accorde sur l’urgence d’une transition politique. Qu’en est-il de la transition économique ? Ces deux chantiers doivent-ils s’opérer ensemble et à la même cadence ? Cela me ramène à la question qui remonte à très loin et qui a fait l’objet de beaucoup de recherches, à savoir «Est-ce le politique qui influence l’économique ou bien l’économique qui influence le politique ?» Il faut savoir que ce qu’on appelle, aujourd’hui, l’économie, auparavant était appelée économie politique, ce qui montrait bien l’étroite relation entre l’économie et la politique. Si on se réfère à la définition classique de l’économie, c’est l’utilisation optimale des ressources, la politique serait par contre le choix des décisions qui permettraient la bonne utilisation de ces ressources. Votre question est importante pour la simple raison que l’analyse de la transition dans un pays pose la question des moyens utilisés pour atteindre les objectifs normalement définis .Y a-t-il une stratégie de transition universelle ou standard qu’on pourrait éventuellement mettre en œuvre ? Je pense que l’absence de stratégie universelle de transition démocratique nous impose la mise en place de notre propre plan en fonction des besoins et attentes de notre société, en adaptant les moyens choisis au contexte propre à notre situation. Donc, pas de recette magique, mais il faudrait mettre en avant l’intérêt du pays et donc du peuple et sortir de l’égoïsme destructeur, disposer de l’habilité nécessaire pour traverser les zones de turbulences et être capable de bien gérer les différentes étapes de la transition. Le choix ou la priorité de la transition politique sur l’économique a fait l’objet aussi de diverses analyses, certains spécialistes accordent la primauté à l’approche politique, par contre, moi je pencherais plutôt sur l’autre approche qui consiste à mettre en avant la nécessité d’un développement économique et social comme préalable à la réussite de la transition politique. Concernant la cadence, comme vous l’avez souligné, l’urgence n’est pas dans le rythme ou d’en limiter le temps, mais plutôt dans l’ouverture des canaux de concertation et discussions pour justement planifier les différentes actions et étapes de cette transition globale, combinant de façon organisée et bien élaborée les mutations économiques et politiques nécessaires pour répondre aux revendications et aspirations du peuple, mais aussi pour mettre les fondements d’une Algérie nouvelle, démocratique et économiquement forte. Pour finir, la réussite de cette transition ne pourra se faire sans personnel politique crédible, qui dispose d’un programme et une vision, qui a la confiance du peuple et qui s’appuie sur les compétences pour réaliser ses objectifs. – La justice s’est emparée de gros dossiers de corruption et de dilapidation des deniers publics. Ces affaires dévoilent une hideuse image de la gestion économique en Algérie. Peut-on quantifier le préjudice causé à l’économie nationale et à l’image du pays ? A signaler, tout d’abord, qu’il y a des formes et des pratiques différentes de la corruption, donc plusieurs définitions. Souvent, mesurer le phénomène de la corruption vise à quantifier les montants sur lesquels portent les transactions corrompues. Or très souvent, ces transactions ne sont pas enregistrées ou bien il n’y a pas de traçabilité. Il faut savoir, au passage, que la corruption a été la gymnastique préférée de nos responsables et autres durant plusieurs années, ils ont pu avec le temps maîtriser les techniques de dilapidation des deniers publics et de corruption, ce qui rend donc très difficile, voire impossible, dans certains cas, de les calculer et de les quantifier. Et les estimations ne donnent pas de résultats probants, en raison de la multiplicité des formes de corruption, mais tout le monde s’accorde à dire que l’ampleur de ce fléau en Algérie a dépassé tous les records. Je me rappelle les révélations d’un ancien ministre, sur l’ampleur du phénomène de la surfacturation dans le cas des importations de biens de consommation, équipements pour chantiers et investissements, dont le pourcentage dépassait les 20%. Or, avec un simple calcul sur les 15 dernières années, des statistiques avancent le chiffre de plus de 650 milliards de dollars en importation, je vous laisse le soin de calculer l’ampleur du montant de la surfacturation, qui est de plus de 130 milliards de dollars placés dans des banques étrangères. Cela dit, il existe des organismes qui publient des indicateurs de perception de la corruption, basés sur des méthodes d’évaluation différentes qui publient annuellement des indices élaborés sur la base d’enquêtes par sondage. Très souvent, notre pays est classé parmi les champions de la corruption. Il est clair que l’image de l’Algérie a été ternie par les pratiques courantes de corruption à tous les niveaux. Des études faites par des organisations internationales spécialisées ont démontré que la corruption constitue une entrave aux investissements locaux et décourage les investisseurs étrangers, elle agit comme une taxe arbitraire. La nature aléatoire de la corruption crée des charges supplémentaires et provoque aux entreprises locales et firmes multinationales des coûts de transaction par le paiement des pots-de-vin, le gaspillage des ressources et une forme de pression insupportable. La corruption nuit beaucoup à l’investissement et à la croissance économique, il faut savoir que dans les sociétés corrompues, les compétences sont souvent isolées ou déviées à cause des incitations importantes des activités productives qui auront un coût élevé sur la croissance de ces pays. Finalement, les préjudices causés à l’Algérie par le phénomène de la corruption sont multiples, notamment le manque à gagner engendré par ces pratiques douteuses, causant un retard enregistré dans tous les domaines qui est inestimable. – La santé de l’économie nationale est fragile et les signes d’une reprise réelle n’apparaissent pas… Je crois que le diagnostic est fait, le pack mauvaise gestion et corruption a complètement déstructuré, fragilisé et détruit notre économie. Comme vous le savez, l’économie algérienne est fortement soumise aux chocs exogènes et directement exposée au prix du pétrole. D’autant plus que l’approche économique algérienne actuelle est devenue intenable sous le double effet à la fois de la baisse du prix moyen du pétrole et au doublement du déficit budgétaire, faute de maîtrise et de régulation des dépenses publiques. On s’attend à une baisse significative de la croissance économique pour 2019, par rapport aux 4% prévus. La baisse du taux de croissance du PIB par habitant qui s’ensuivra va inexorablement se répercuter négativement sur le bien-être des ménages. Or, le rythme de notre activité économique a baissé les 6 derniers mois, et devrait ralentir sérieusement à court et moyen termes. A savoir que depuis quelques mois, l’Algérie est en plein crise économique, nos entreprises ont du mal à commercialiser leurs produits et tournent à moins de 50% de leurs capacités, des plans d’ajustement sont déjà envisagés par certains opérateurs, des postes d’emploi sont menacés, chômage en hausse prévu, recul flagrant des investissements par manque de confiance et de lisibilité, recul de la consommation, pouvoir d’achat réellement atteint, sans oublier de signaler l’érosion de nos réserves de change par manque de maîtrise totale des équilibres des balances. – Un gouvernement qui ne fait que gérer les affaires courantes dans un moment aussi crucial n’est-il pas un facteur ralentissant ou même de blocage de la réforme ? Il est clair que le gouvernement actuel représente un danger supplémentaire qui risquerait, à coup sûr, d’aggraver la situation. Une grave erreur a été commise en confiant à un gouvernement impopulaire, sans aucune crédibilité, sans programme d’action, la gestion d’une période aussi sensible et délicate. En tout état de cause, il fait actuellement face à des compromis difficiles à tenir à l’avenir. Peu d’alternatives semblent se présenter à lui. Il y a urgence d’aller vers un changement rapide de ce gouvernement, c’est très sérieux. – Un «hirak» économique s’impose-t-il ? Vu la situation, à mon avis un «hirak» économique s’impose, il consisterait à faire disparaître toutes les statistiques truquées et faire la révélation au grand jour des vrais chiffres concernant notre économie. Mais ce hirak économique serait caractérisé par la mise en place d’un nouveau modèle, basé sur «la diversification économique ciblée par la promotion des exportations». Un modèle qui reposerait sur des secteurs définis et choisis sur la base d’un diagnostic sectoriel, qui mettra en valeur les avantages comparatifs qui vont nous permettre de s’imposer à l’international face à de la concurrence de plus en plus rude. Cette diversification nécessitera la mobilisation de toutes les énergies et de tous les acteurs du développement, afin de s’éloigner progressivement de notre dépendance aux hydrocarbures sur la base d’un plan d’action bien élaboré. Par ailleurs, cette diversification de notre économie va nous permettre de développer et de diversifier notre offre afin de répondre aux besoins de notre marché domestique et donc réduire la facture des importations, et aussi mettre en place une stratégie d’exportation efficace, pour le développement de notre offre à l’international. La mobilisation des capitaux nationaux serait nécessaire pour accompagner le développement de ce nouveau modèle économique, mais il faut savoir que tous les pays qui se sont développés, ont fait aussi appel aux entreprises étrangères. Cela les a aidés de plusieurs façons, notamment en apport en capitaux, c’est le schéma le plus classique, mais ce n’est pas le plus important à mon avis, c’est surtout l’apport de compétences techniques et organisationnel qui me paraît fondamental. Au risque de me répéter, la plupart des Etats cherchent donc à attirer de plus en plus d’IDE, vu que ces derniers présentent une source de financement extérieure privée importante et sont, également, porteurs d’avantages, comme le transfert de technologies, de compétences, de capacités d’innovations d’emploi et de marchés. Pour réussir, les études ont montré qu’il faudrait préparer un climat institutionnel prospère et favorable à l’attraction des investisseurs étrangers. En effet, la concurrence entre les pays pour attirer les capitaux est acharnée et les décideurs économiques ont trouvé la solution dans le développement de structure institutionnelle. Mais le hirak économique via ce nouveau modèle ne peut ignorer un aspect incontournable pour sa réussite, il s’agit de l’éducation et la formation avec la mise en place de lois pour changer le système d’enseignement et ses contenus, mais aussi ses formes et ses méthodes. Parmi les principes du nouveau système éducatif, il y a l’égalité des chances, les relations entre formation et travail, la qualité de l’enseignement, la réforme et l’adaptation des programmes avec les réalités d’aujourd’hui, la réforme des contenus de l’enseignement, l’autonomie des établissements, l’innovation pédagogique… La transition énergétique, une approche stratégique, qui s’appuierait sur les progrès technologiques. Des programmes seront développés pour le remplacement progressif des énergies fossiles par un mix énergétique privilégiant les énergies renouvelables, ainsi que sur une politique d’économie d’énergie et de réduction des gaspillages énergétiques. D’autres actions seraient programmées pour le développement de ce nouveau modèle, notamment une révision du système de subventions, une modernisation des institutions bancaires, douanières et surtout fiscales. L’administration fiscale doit être modernisée et dotée de tous les moyens pour jouer un rôle stratégique. Il faut savoir que la fiscalité joue un rôle déterminant dans l’économie d’un pays. Elle participe en effet au financement des besoins de ce dernier, un cadre budgétaire stable et prévisible favorise la croissance. Mais j’ai le regret de signaler des dysfonctionnements graves qui fragilisent nos recettes, notamment en matière de charges déductibles d’impôts. Un manque à gagner estimé en milliards, je citerais par exemple, certains importateurs de consommables et d’équipements pour laboratoires d’analyses médicales, qui offrent des voyages (billets et hôtels 4 et 5 étoiles) à leurs distributeurs et clients avec leurs conjoints, pour des destinations comme Marrakech, Beyrouth, Dubaï, Allemagne…, cela bien sûr dans le but de fidéliser leurs clients et faire la promotion de marques étrangères, qui sont supportés par le Trésor algérien et le citoyen. Imaginez un groupe de 60 personnes à 2000 dollars/personne, cela reviendrait à 120 000 dollars l’opération, convertissez le tout en dinars, vous constaterez un manque à gagner en milliards par chaque importateur, et ils sont nombreux à faire ce genres d’opérations plusieurs fois par an en partenariat avec des agences de voyages qui facturent le pack en dinar. Je demanderais au DG des impôts de se pencher sur ce dossier, et de ne plus accepter ce genre de charges, il est inacceptable de financer la promotion de produits étrangers par nos recettes fiscales. Cela dit, les importateurs pourront continuer de le faire sur les bénéfices de leurs sociétés après déduction de l’IBS. Comme vous devez le constater, le hirak économique va devoir sensibiliser les hommes et femmes de bonne volonté et les compétences dans tous les secteurs pour pouvoir construire une nouvelle Algérie, une Algérie meilleure, dont tout le peuple rêve".
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A cause d'un président dictateur et un ensemble de ministère: COMPOSE D'UNE BANDE GANGSTERS BANDITS VOLEURS: HONTE A VOUS D'AVOIR LAISSE VOS COMPATRIOTES DANS LA MISERE NOIR, CRAPULES SALAUDS SOYEZ MAUDITS JUSQU'A LA FIN DE VOS JOURS....amine, amine, amine, amine, amine à chacune de mes prières!.
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