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Annaba. Quand naissance rime avec endettement

Publié le 03/07/2007

Lorsqu’on parle d’accouchement à Annaba, deux questions se posent à chaque fois : le lieu et la méthode. Le premier sous-entend l’endroit de l’accouchement, soit dans un CHU, soit dans les cliniques privées. La méthode concerne soit surtout la césarienne ou l’accouchement par voie normale. Notre enquête sur le terrain a permis d’avoir une idée plus au moins précise sur les “mécanismes” de la naissance, version Annaba.
Il y a des familles qui préfèrent les cliniques privées, celles considérées comme aisées. Même des familles bien modestes n’hésitent pas à s’endetter juste pour faire admettre la parturiente dans une clinique privée. Le stress, la peur et la mauvaise image qu’ont les gens du service public les font donc décider d’opter automatiquement presque pour la clinique privée. Du côté du CHU, ceux qu’on a rencontrés au cours de nos investigations mettent en avant le côté pécuniaire. “Si j’avais le choix, je ne mettrais jamais les pieds dans cet hôpital et j’opterais évidement pour une clinique privée”, a avoué Mme K. C. qu’on a rencontrée au niveau du CHU Ibn-Roch de Annaba, et qui est venue de Souk-Ahras.
Si cette patiente a pu accoucher par voie basse, Madame D. N. a dû subir, par contre, une césarienne sur les mêmes lieux. En parlant de son accouchement, elle ne semblait pas convaincue de ce qu’elle a eu à “subir” . “Je ne sais pas si les médecins étaient obligés de faire une césarienne, mais en tout cas c’est ce qu’ils m’ont affirmé”, dira-t-elle avant de continuer : “D’ailleurs l’échographe était en panne, donc je ne sais pas comment ils pouvait le savoir. Je crois qu’ils ne voulaient prendre aucun risque, c’est pourquoi ils ont opté pour la césarienne.” Pour les frais qu’elle a dû payer pour ses trois jours d’hospitalisation, elle nous a déclaré qu’elle a déboursé la somme de 800 DA. Une somme qui est très loin des prix pratiqués dans les cliniques privées devenues “spécialistes” des césariennes. Ainsi, pour Abdelhafid Fridjat, le directeur général de la clinique privée Les Jasmins : “On ne prend pas de risques. C’est une tendance et c’est tout à fait normal. Il y va de la vie des mères et de leurs enfants. Dès qu’on voit qu’il y a un risque, on fait une césarienne. D’ailleurs même les patientes demandent cela maintenant.” Le Dr Aïssaoui, DG de la clinique Al-Farabi, abonde presque dans le même sens : “C’est une tendance qui n’est pas spécifique à notre pays. Grâce aux moyens de dépistage, on a pu diminuer les retards psychomoteurs et, du coup, cela se reflète sur la qualité de l’enfant. D’ailleurs, la plupart des gens choisissent les cliniques privées à chaque fois qu’ils sentent une complication ou un risque.” De son côté, le Dr Mizi, DG de la clinique El-Djazaïr, a insisté pour dire que “notre établissement tient avant tout à éviter une césarienne automatique. On fait tout notre possible pour l’éviter et on est fiers de cette manière de travailler”.
Question chiffres, les statistiques diffèrent d’un établissement à un autre. Le CHU Ibn-Rochd ne peut être classé à la même enseigne que les établissements privés, et cela pour plusieurs raisons ; en se référant aux résultats suivants, on peut avoir une idée sur cela. Il renferme le service de maternité obstétrique le plus sollicité de la région.
Régulièrement, il reçoit les urgences des hôpitaux des wilayas limitrophes, Guelma, Souk-Ahras et El-Tarf. Sa moyenne est de 50 naissances quotidiennement dont 15% par césarienne.
En 2006, environ 13 000 naissances ont été enregistrées au niveau du CHU. Cette année, il est attendu 1 000 de plus. Al-Farabi enregistre presque, selon le Dr Aïssaoui, le même pourcentage de césariennes par rapport au total des accouchements. “Nous avons environ 13% de cas de césarienne sur les 300 accouchements annuels qu’enregistre la clinique. Il y a une vingtaine d’années, on enregistrait 6% seulement de césariennes et cette augmentation est surtout due à l’amélioration des conditions et de l’utilisation de moyens adéquats”, affirmait le premier responsable de cette clinique. Les chiffres d’El-Djazaïr donnent un taux de césariennes beaucoup plus important que ceux annoncés par le CHU et Al-Farabi.
Ainsi, pour les 5 premiers mois de 2007, il y a eu 140 accouchements parmi lesquels on a noté 52 césariennes. Ce qui équivaut à un peu plus de 37%. Du côté de la clinique Les Jasmins, les chiffres qu’on nous a donnés sont encore beaucoup plus importants. En 2006, c’était un peu plus de 69% (159 sur 230), alors que durant les cinq premiers mois de 2007, le pourcentage des césariennes par rapport aux accouchements a été de presque 61% (93 sur 153). La question des prix est évidement d’une importance primordiale. Si au CHU le prix d’un séjour pour accouchement oscille entre 300 DA (pour un accouchement par voie basse), et celui d’une césarienne de 800 DA (moyenne de trois jours d’hospitalisation), dans les cliniques privées ces prix sont en augmentation de… plus de 6 000%
 En effet, dans les cliniques privées, la moyenne est de 18 000 DA pour un accouchement par voie base et d’environ 50 000 DA pour une césarienne.

Liberté > 03/07/07 > Salim KOUDIL
 

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