Quand la côte ouest d'Alger était une perle touristique
par El Yazid Dib
Malgré tout, l'Algérie restera un très beau pays. Car ce ne sont pas à vrai dire les beaux rivages qui font les plus belles plages ni les beaux hôtels qui donnent de plus belles vacances. C'est une question en somme de maintenance, de services et de prestations. Dans le temps, dans ces années-là, feu Boumediene initia une politique dite de tourisme populaire en érigeant dans chaque wilaya un hôtel superbement conçu. Les Zianides à Tlemcen, El Hidhab à Sétif, Les Hamadites à Bejaia, Les Zibans à Biskra, Les Rostomides à Ghardaïa, El Mehri à Ouargla, Le Chelia à Batna, Le Seybousse à Annaba, Le Caïd à Boussaada, Les Abassides à Tiaret, Le Tahat à Tamanrasset, Le Amraoua à Tizi Ouzou et j'en oublie.
Toutes ces infrastructures étaient des œuvres d'art, digne chacune du potentiel référentiel qui distinguait le caractère de son patrimoine local. Même l'appellation se moulait dans un rappel historique d'une certaine identité dynastique ou géographique. La signature de l'architecte Pouillon étant une marque déposée a bien fait briller les étoiles garnissant chaque fronton de ces établissements.
Le plus remarquable de cet effort touristique gigantesque reste notamment la baie de Sidi Fredj. Avec les complexes de Azur plage, El Manar, El Riad, El Marsa, La Marina, Le H4 et Le H5, une bonne brochette hôtelière de haut standing était offerte aux milliers de touristes étrangers qui fréquentaient notre pays au moment où nos voisins venaient à peine de balbutier les rudiments touristiques.
Certes, il n'était pratiquement pas possible, pour nous jeunes étudiants que nous étions d'y faire escale, mais lors de voyages d'études nous pouvions parfois goûter aux charmes envoûtants de ces merveilles mastodontes. A propos justement du site de Sidi Fredj, tout est devenu exigu. Un encombrement qu'il faudrait désengorger. Le port de plaisance gagnerait à se dépoussiérer un peu en se débarrassant des vieux rafiots, ces chaloupes qui semblent n'avoir jamais quitté leurs bornes d'attache depuis le siècle dernier. Si les quais expriment l'existence d'un port, la plaisance n'y est pas. L'on dirait une fourrière maritime vu le nombre de la ferraille immobilisée. Il n'y a cependant pour l'attraction aquatique ni «bateau pirate» ni «restaurant flottant». L'entreprise de gestion, tant des hôtels que du port, doit creuser l'idée vers ces nouveaux produits touristiques.
En ce mois d'août 2024, les Algériens ont préféré passer des vacances chez eux. Un monde fou. Tout est au complet. Hélas, Le H4 et Le H5 sont toujours hors d'usage. Deux bâtiments qui renseignent sur une ère d'or bien révolue.
Les arcades de «La Marina» avec leurs jolies voûtes doivent être remises à la circulation piétonne tout en pensant à agrandir davantage l'espace dédié aux déambulations vespérales et aux soirées nocturnes estivales en grignotant quelques mètres des eaux d'accostage.
Notre pays enfin regorge de ces perles de villégiature, qu'il suffit d'un chwia de cran pour leur redonner tout l'éclat qui leur sied et du coup booster ce regain de patriotisme touristique.
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