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Annaba. «Cinéma sous les étoiles»: Les silences du palais ravive les souven

Publié le 19/05/2009

Beaucoup d’émotion, samedi soir, dans la cour de l’ex-lycée Pierre et Marie Curie à Annaba, au troisième jour de la manifestation « Cinéma sous les étoiles » organisée par le Centre culturel français (CCF) de Annaba et l’université Badji Mokhtar de Annaba.
Les Silences du palais de la Tunisienne Moufida Tlatli a marqué les présents et a fait oublier le froid d’une nuit printanière. Sorti en 1994, ce film est une véritable découverte pour le jeune public. Les films les plus marquants du cinéma maghrébin ne sont pas sur support DVD, d’où leur absence de l’univers des nouvelles générations. Mohamed Lakhdar Hamina, qui est revenu à Annaba après plus de vingt ans d’éloignement, a dit refuser de mettre son film, Chronique des années de braise, Palme d’or du Festival de Cannes en 1975, sur DVD par choix. « J’aurais pu gagner des milliards. Mais, je pense que ce genre de film ne doit être vu que sur grand écran. Pour bien voir un film, il faut entrer dedans. Cela n’est pas possible sur petit écran. D’ailleurs, je refuse de voir des films à la télévision », a-t-il dit. « Les silences du palais », qui a obtenu le Tanit d’or aux Journées cinématographi- ques de Carthage et qui était le premier long métrage réalisé par Moufida Tlatli, à l’origine chef monteuse, a provoqué des applaudissements à la fin de la projection. Poignante, triste et poétique, l’œuvre de Moufida Tlatli met en valeur « le vivre ensemble » de deux mondes, celui des maîtres et celui des serviteurs dans un palais d’un Tunis sous protectorat français. Les maîtres, vicieux et cupides, utilisent les servantes comme des jouets sexuels. Mais ils soignent les apparences : bien habillés et bien parfumés, ils parlent de la politique et jouent de la musique.
Les « maîtres » ne sont-ils pas tous les mêmes ? Mais, « le silence » (comme l’omerta chez la mafia) est de rigueur. On sait tout et on se tait. Alia, jouée par Hend Sabri, adolescente, tente de découvrir ce qui se cache derrière les portes et les voiles. Cela ne se fait pas sans douleur lorsqu’elle apprend que sa mère Khadija, campée par Amel Hedhili, est obligée de céder aux pulsions sexuelles des princes… Moufida Tlatli, qui a été aidée par Nouri Bouzid, autre grand nom du cinéma tunisien, pour la réalisation de ce film, a voulu mettre en valeur la situation de la femme dans un univers de domination. Reste que la trame de fond est la quête de liberté. Presque captives dans un palais où elles ne manquaient de rien, les femmes voulaient ouvrir les portières, sortir et courir dans les rues. Bref, voir un autre monde. Le désir de liberté est toujours plus fort que celui de manger et de dormir. Les militants tunisiens des droits humains, persécutés en permanence, savent ce que cela voudrait dire ! « Quand j’étais enfant, on appelait la femme tunisienne ‘‘la colonisée du colonisé’’. C’est en pensant à ma mère et au non-dit qui a régné durant toute sa vie que j’ai écrit ce scénario », a confié, à la sortie du film, Moufida Tlatli. En 1999, la cinéaste a fait « une sorte » de continuité des Silences du palais avec La Saison des hommes où elle raconte l’histoire de Aïcha, qui n’enfante que des filles et qui, en raison de cela, demeure éloignée de son mari qui travaille à Tunis. Si Aïcha avait eu un garçon, sa situation aurait changé. Cela rappelle l’histoire contée par Mohamed Lakhdar Hamina dans Vent de sable.
« Les femmes arabes ne sont pas opprimées par les hommes. Ce sont les femmes qui perpétuent la tradition. Les décrets sont là, les lois sont là, mais les femmes n’en ont pas immédiatement saisi les opportunités », a toujours soutenu Moufida Tlatli, 62 ans. La soirée avait débuté avec l’ensemble Hamouche de Annaba qui, à travers une musique recherchée, à la tonalité nouvelle et aux paroles parfois drôles, a obtenu ce qu’il voulait du public présent : une adhésion certaine sans limite d’âge. Avec ces chansons telles que Mama, Ya nass khezrtkoum dhertni ou Lassouad magrouni, Hamouche a créé une certaine ambiance assez rare dans une ville qui aurait dû être plus joyeuse tant elle est ouverte. Le 10 juin prochain, le CCF de Annaba organisera une finale des « Prix Découvertes 2009 » des jeunes musiciens. Les groupes ont été sélectionnés par les CCF de Constantine, Tlemcen et Annaba. Le lauréat aura la chance de se produire au Théâtre Duchamp Villon à Rouen en 2010. Un concours similaire a été organisé pour les troupes théâtrales.

El watan > 19/05/09 > Fayçal Métaoui

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