Annaba: Le réalisateur Malek Bensmaïl projette à l’IFA

Quand la Chine est encore loin, on assassine le savoir ! -  Un documentaire très informatif, mais surtout un film documentaire de spontanéité naturelle. L’œuvre artistique du cinéaste Malek Bensmaïl « La Chine est encore loin », telle était sa qualification au terme de sa projection mardi soir à l’Institut Français d’Annaba « IFA », suivie d’une conférence et d’un débat public. Dresser un tableau global sur le quotidien d’une population défavorisée braquant les projecteurs sur la rudesse d’une vie dans un village enclavé dans les Aurès, est une mission délicate mais pas impossible. Le cinéaste algérien originaire de Constantine, a réussi à réaliser un tel travail durant une année de tournage et neuf mois de montage. Il a choisi la localité de Ghassira, à Ghoufi dans la wilaya de Batna, pour mettre toute la lumière sur le quotidien des villageois, et leur niveau culturel. Partant de l’idée que la région des Aurès a été le berceau de la Révolution algérienne, le réalisateur avait fixé sa caméra dans une localité bien précise. Là où un couple d’instituteurs français et un caïd ont été éliminés par les moudjahidine, au début de la guerre de libération. Sa mission n’a pas été facile. Pendant plus d’une semaine il a été obligé de préparer des enfants, des instituteurs et des villageois afin de s’habituer aux différents moments du tournage aux lumières, ainsi qu’au matériel utilisé. Bref, c’était la place à la spontanéité. Durant le tournage, le réalisateur a interrogé les habitants sur ce qu’ils savaient quant à l’histoire, la langue, la France, l’identité, l’éducation et le savoir.… Plusieurs témoignages ont été soustraits des écoliers et des villageois ainsi que des instituteurs qui ont été filmés spontanément. Et du coup, une symbiose s’est créée, vite traduite par les conversations à chaud, suivie d’excursions et de sorties sur terrain. Il y a eu évocation du problème identitaire, de la cause féminine, du tourisme et du système éducatif. Selon le cinéaste, il a filmé les contradictions, les paradoxes et les schizophrénies de la société. Son but découvrir la faille entre le mythe durant la colonisation et la réalité après l’indépendance. Donc, ce documentaire est un film d’investigation à part entière qui parle d’une métaphore dans une réalité, mais qui a mis la lumière sur l’illettrisme de l’époque et d’aujourd’hui. Durant la colonisation les ancêtres étaient illettrés mais pas ignorants, actuellement nos enfants, sont illettrés et ignorants à la fois bien qu’ils aient connu l’école. En conclusion, on a l’impression d’avoir assassiné le savoir dans ce village. C’est peut-être vrai pour tous les villages isolés de l’Algérie. Notre prophète Mahomet (QSSSL) dit « Cherche le savoir, même s’il faut, en Chine. Et c’est à partir ce hadith qu’est apparu le titre « La Chine est encore loin » !

L'EST-28/02/2013- Toufik Ouazaa