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Annaba: Commémoration : Annaba, ville martyre du vendredi 13 novembre 1942 - 1200 morts en quelques minutes

Publié le 11/11/2013
Il y a exactement 71 années, durant la deuxième guerre mondiale, Annaba n’avait pas échappé aux forces de l’Axe. En effet, les armées d’Hitler et du Duce Mussolini s’étaient alliées pour affronter les armées de l’Occident. L’Algérie étant sous domination coloniale, donc française, servait de base aux Alliés. Annaba de par sa position de port stratégique s’ouvrant sur la Méditerranée servait de réservoir de matériels de guerre entreposés en différents lieux et particulièrement au Camp des Anglais, aujourd’hui la ville d’Echatt. L’armée italienne était dotée d’avions de combat allemands et avait choisi de bombarder le port d’Annaba, où venaient des bateaux décharger l’armement et le matériel roulant. Ce 13 novembre 1942, transports de troupes étaient à quai, il s’agissait du « Colombie » et du deux « Ville Marrakech », lorsque des « Junkers 87 » des «Stukas » et des Messerschmitt 109 foncèrent sur eux, venant du côté de la mer et surgissant tels des rapaces sur la ville. Les premières bombes avaient explosé au lieu dit « Petite vitesse » à l’ancienne gare d’Annaba sans faire de victimes. Benhamza Slimane, ancien employé de l’Imprimerie centrale, que Dieu ait son âme, nous avait alors relaté ces instants dramatiques. A l’époque, il était un jeune gaillard de 17 ans et son grand père El Hadj Souici, âgé alors de 80 ans, lui avait conseillé de rester à la maison, car il craignait qu’un autre bombardement ait lieu. C’était un pressentiment et nous allons voir plus loin qu’il ne se trompait pas. Le vieux Souici avait l’habitude d’ouvrir très tôt son magasin d’heboriste situé à l’angle des Rues Castiglionne et Saint Augustin. Quant au jeune Slimane, il devait se rendre à la boulangerie de son oncle, dans la rue Donrémont, afin de l’aider à distribuer le pain contre les bons de rationnement distribués par l’Armée française. Malgré le danger, une longue queue s’était formée devant le local. Chacun voulait avoir son gros pain le premier, confectionné à partir de son (noukhala) et de semoule mélangés. Il était quatre heures trente approximativement. A l’intérieur des maisons, les femmes avaient préparé le « café » à base de noyaux de dattes grillés et moulus, sur un braséro à charbon, car le gaz de ville n’existait pas encore. C’était la guerre et tout manquait, à part les légumes. Certes, la topinambour et l’ipomée (patate douce) remplaçaient la pomme de terre mais on s’en contentait du moment qu’on assouvissait sa faim. La famille Hafiz qui devait déménager ce jour avait préparé des ballots dès la veille et on n’attendait que le landau qui servait au transport. Les femmes étaient parées de leurs bijoux. Les cafés Métidji et Chaita Zidène étaient déjà ouverts et offraient aux premiers clients un « café » au goût fade. Mais les gens ne semblaient pas s’en soucier. Ils en avaient pris l’habitude et l’acceptaient bien volonté et de bonne grâce. En sirotant leur boisson, ils entendaient les voix des enfants de l’école coranique qui récitaient à tue tête des versets du Coran sous la surveillance de « Cheikh El Marouqui » leur tazleb. Vers 6 heures la mosquée Sidi Abderahmane libère les retardataires qui s’étaient éparpillés à travers les Rues Scipion, Joseph et Saint Augustin. Certains d’entre eux s’étaient dirigés vers la Place d’Armes ou du côté du marchand de pois chiches attirés par l’odeur du cumin et de l’huile d’olive. Le temps s’égrenait lentement et le jeune Slimane avait fait entrer tous les clients qui attendaient devant la boulangerie. Quant à Merdaci Amar, un ancien cadre de l’APC d’Annaba, maintenant décédé et témoin de ces évènements tragiques, il faisait la queue au Marché Français de la rue Bugeaud pour essayer d’avoir quelques pommes de terre. La ville semblait en ce vendredi 13, vivre normalement malgré la guerre qui faisait des millions de victimes à travers le monde. Les cafés étaient en ces moments remplis de clients et le vieux Zidène, s’affairait derrière son comptoir se servant à merveille du seul bras valide qui lui restait. Tout à coup un sifflement sinistre et strident avait ait lever les têtes, et des formes mortelles surgies de la mer jetaient leurs cargaisons meurtrières sans faire de distinction. Des Junkers __ pilotés par des italiens venaient de libérer plusieurs bombes dont chacune pesait 1000 livres soit 5 quintaux. Les immeubles semblaient se soulever du sol et aller à leur rencontre. Tout était evenu noir, les murs s’effondraient, la terre s’ouvrait…La première bombe avait explosé en plein dans le café de Chbaïta Zidène. La plupart des clients avaient été déchiquetés. Un seul en avait réchappé et pour cause, un besoin pressant avait fait qu’il se trouvait dans les toilettes, lesquelles par une chance inouïe pour ne pas dire par miracle, étaient restées debout et intactes. Les corps désarticulés, recouverts de gravats et de décombres étaient impossibles à dénombrer de par leur nombre très élevé. Toutes les maisons des rues Joseph, Castiglionne, Scipion, Saint Augustin et de l’impasse Jemmapes étaient soufflées. De toutes parts on n’entendait que des cris de douleursn, des lamentations des survivants et des gémissements. Les pierres étaient éclaboussées de sang et l’Ecole primaire de trois étages n’était plus que décombres. Lachance a voulu que les enfants ne soient pas encore en classe car il n’était que 7 heures 30 ; Les familles Hafiz , dont un seul membre échappera et restera trois jours sous les ruines- et Oubaïch sont décimées. La fumée, la poussière, les cris des blessés et les salves de la Défense Aérienne (DCA) tirées à partir des bateaux en rade créaient un climat infernal. Les survivants courraient dans tous les sens, désorientés, ne sachant où aller et crevant de terreur. La peur leur étreignait la gorge ,les yeux hagards, la jeune Reguia traînait sa fillette Janette et sa sœur vers un abri quelconque. Les femmes se lacéraient les joues devant leurs morts et particulièrement leurs enfants, innocentes victimes d’une guerre qui n’était pas la leur. Avec laquelle personne n’avait rien à voir. Les sauveteurs de la Défense Passive arriveront bien après la fin du bombardement, car il ne s’agissait que de familles « d’ingènes ». Les recherches dureront plusieurs jours. Il y aura même des scènes de pillage en ces temps de grande disette. L’état de siège avait été décrété et tous ceux qui se trouveraient dans la zone interdite et qui n’ont pas de laissez-passer seront sommairement passés par les armes. La mosquée de Sidi Boumerouane qui servait encore d’Hôpital militaire, avait été évacuée. Les malades avaient été transférés au Château «Chancel » du côté d’El M’Haffeur. Les morts sont allongés dans les rues Sidi Ferruch et jJoseph. C’était un spectacle douloureux et navrant. Oui innocentes victimes, un véritable carnage. Le bombardement avait été d’une violence sadique. Seules les habitations civiles avaient été visées et touchées. Les habitants de la vieille ville avaient préféré par la suite se réfugier loin du port : les Alliés étaient là avec leurs bateaux de guerre, leurs barges de débarquement et constituaient une bonne cible pour les « Stukas » et les «Dorniers » Allemands. Pour toute consolation, une visite du Général De Gaulle en 1945 à ces décombres desquels avaient été retirés près de 1200 cadavres. Vendredi 13 Ce jour a été peut être choisi par les Italiens parce que dit-on « il porte malheur » et ils ne se sont pas trompés. Pour nombre d’Annabis, il est synonyme de mort, de ruine, de désolation et de deuil. Pour finir, pourquoi ne pas observer tous les 13 novembre une minute de silence à la mémoire de ces hommes, femmes et enfants qui ont sombré dans l’oubli ?

L'EST - 11/11/2013 -
Ahmed Chabi
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Les Commentaires

Votre suggestion est pertinente monsieur Chabi. Oui, pourquoi pas observer tous les 13 novembre une minute de silence en hommage à ces victimes innocentes et qui sont dans presque toute leur totalité algériennes. Victimes d'un conflit qui n'est pas le leur. Leur rendre hommage comme on le rend à nos vaillants Chouhadas, afin de ne pas oublier qu'il y avait d'autres martyrs victimes de l'abominable occupation coloniale.
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