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Entretien avec le chanteur Rachid Baba Aïssa

05/09/2006 - Lu 41156 fois
La musique chaâbie a surtout évolué dans les années 1960

Cheikh Rachid Baba Aïssa est l’un des pionniers de la chanson chaâbie à Annaba. Très jeune, il a commencé à taquiner la mandole et à interpréter des qacidate de grands maîtres. Aujourd’hui, son amour pour ce genre musical est immense et a peu de secret pour lui...

Le Jeune Indépendant : Vous et la chanson chaâbie, c’est une longue histoire, n’est-ce pas ?

R. Baba Aïssa : J’ai commencé très jeune à chanter le chaâbi grâce à un ami qui possédait une guitare espagnole. C’était juste après l’indépendance de l’Algérie. A cette époque j’habitais dans le quartier de la Colonne, lieu où j’ai grandi. Je me rappelle de ma première audition en 1963, c’était à la salle de music-hall Le Niagara. J’avais le trac, surtout face au public. C’était aussi l’époque de la troupe Farqet El-Hilal, dirigée par Mahiedine Bousekaya et l’orchestre d’Ahcene Zidi qui faisait de la variété.

Quels sont les maîtres que vous écoutiez à l’époque ?

Au début, j’écoutais beaucoup les anciens chanteurs comme Hadj M’nouer et Hadj M’rizek, puis, un peu plus tard, Boudjemaâ El-Ankis et Amar El-Achab, mais j’étais plus épris d’El-Hachemi Guerouabi qui était pour moi un grand maître.

La radio a-t-elle contribué au développement de ce genre musical ?

Sans la radio, le chaâbi serait mort. Pendant la colonisation, elle diffusait et procédait à l’enregistrement de plusieurs chanteurs. Dans les années 1960, le chaâbi a considérablement évolué et a trouvé un nouveau souffle grâce, notamment, à des artistes comme Mahboub Bati, qui a, grâce à son génie, écrit et composé des chansons à succès pour des dizaines d’interprètes de renom.

L’émergence de paroliers hors pair tels que Mustapha Toumi, Mohamed El Badji et bien d’autres a incontestablement beaucoup contribué à l’évolution et au rayonnement de la chanson chaâbie. On dit que le chaâbi, qui a pour source Alger, est peu développé ailleurs en Algérie... Le chaâbi a ses adeptes et ses fans partout.

Il y a, bien sûr, des régions où il prédomine comme Alger, Tizi Ouzou et Blida avec cheikh Rachid Nouri. Il est fortement présent aussi à Béjaïa, à Mostaganem, avec Maâzouz Bouadjadj, et à Annaba malgré une présence non négligeable du malouf.

Il y a quelque temps un chanteur de chaâbi de Relizane très talentueux avait subjugué l’assistance lors d’un festival de musique ; pourtant, la ville de Relizane est surtout célèbre pour ses chanteurs de raï...

Quel est votre instrument préféré ?

L’instrument avec lequel je joue et que je préfère est la guitare-mandole ; je suis très à l’aise avec cet instrument. J’aime bien aussi le banjo pour les sonorités particulières qu’il donne.

Quels rapports entretenez-vous avec les autres chanteurs de chaâbi ?

J’ai de bon rapports avec eux, des rapports amicaux surtout et, là, je pense à feu El-Hachemi Guerouabi, qui était un grand ami, et Chaou Abdelkader ; ils sont venus chez moi plusieurs fois animer de petites soirées intimes.

J’ai connu Rahma Boualem, Amar Ezzahi et Boudjemaâ El-Ankis, que j’ai eu le plaisir de rencontrer en 1988 au palais du Peuple lors de la semaine culturelle d’Annaba à Alger où j’ai chanté dans la même soirée que lui. El-Hadj M’hamed El-Anka avait animé en 1976 une soirée mémorable au Théâtre régional d’Annaba.

Avez-vous assisté à son concert ?

Bien sûr que j’y ai assisté, j’étais dans les coulisses avec le cheikh. C’est Sid Ahmed Agoumi, qui était directeur du TRA à l’époque, qui l’avait invité. Cette soirée est mémorable. C’était pratiquement le dernier concert d’El-Anka.

Dans la salle, archicomble, on jubilait. Avec nous il y avait aussi son fils, le regretté Mustapha Hallo, un homme d’une grande sensibilité.

Quelle est la chanson que vous aimeriez tout le temps interpréter ?

Il y a deux chansons, Balak yatseguem saâdi et Nechki b’âmri, un texte très ancien d’un poète andalous.

El-Hadi Hamdikène [LE JEUNE INDEPENDANT - 05-09-2006]

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