Djeha a vendu tous ses ânes parce qu’ils avaient
trop travaillé durant la saison.
Il se rend au marché hebdomadaire pour en acheter
d’autres. Il est heureux à l’idée que les nouvelles
bêtes qu’il vient d’acquérir ne soient pas efflanquées.
Il a prévu trois cordes pour s’en servir comme
licous. Les ânes attachés deux par deux seront
conduits et surveillés convenablement. Donc le voilà
en route vers sa demeure une bonne baguette d’olivier
à la main : C’est un homme heureux !
En route, il ressent une petite fatigue. Il décide
d’enfourcher l’un des ânes qui caracolait, seul devant
lui ; sitôt pensé sitôt fait : voilà notre Djeha sur le dos
de la bête, les jambes pendantes. Tout à coup l’idée
de compter ses ânes lui vient à l’esprit. J’en ai acheté
sept : un, deux, trois, quatre, cinq, six, mais il en
manque un ! Il se retourne pour voir si la bête ne s’est
pas attardée ; mais rien, aucune trace, il recompte
encore et encore. Comme il est presque arrivé, il se
résigne et attend d’être chez lui pour signaler cette
disparition à son épouse.
Il l’aperçoit justement devant lui accompagnée de
leur fils, tous deux arborant un large sourire, heureux
certainement de voir Djeha au milieu de ces belles
bêtes nouvellement acquises.
Mais Djeha présente une mine renfrognée, le front
barré par de nombreuses rides.
– Que t’arrive-t-il Djeha ? Es-tu malade ? Dis-moi,
je suis inquiète ! Lui demande son épouse.
– J’ai acheté sept ânes ce matin, au marché ; j’ai
beau compter et re compter je n’en vois que six, j’ai
bien vérifié et re vérifié, toujours je n’en trouve que
six, lui répond Djeha tristement.
Alors la mère éclate de rire et lui dit :
– Djeha, moi, je vois huit bourricots, deux, quatre,
six et le septième a le huitième sur le dos !
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