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Enquête.Pourquoi l’Algérie est classée officiellement comme une « anocratie » totalement instable

Publié le 18/06/2021
Enquête. Pourquoi l’Algérie est classée officiellement comme une « anocratie » totalement instable
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Un rapport international explique savamment que l’Algérie est devenue depuis peu une « anocratie », à savoir un régime politique qui n’est ni complètement une démocratie, ni complètement une dictature. Il s’un régime instable qui subit des transformations en permanence sans apporter une véritable possibilité de développement au pays où il est implanté. Enquête.

« L’élection du 12 décembre 2019 se déroula dans des conditions lamentables et fut largement boycottée. Tous les candidats étaient vus comme des membres du même système politique, ce qui provoqua de nouveau le mécontentement des manifestants. L’ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, perçu comme un partisan du président déchu, remporta le scrutin présidentiel avec le plus faible taux de participation de
l’histoire du pays », c’est avec ces mots qu’un rapport international a lancé une sévère mise en garde concernant les perspectives très inquiétantes de l’Algérie d’ici 2040. En effet, un nouveau rapport international vient de paraître pour analyser le plus objectivement possible la trajectoire du développement de l’Algérie à l’horizon 2040. Ce rapport a été réalisé par deux experts de l’Institut d’études de sécurité (ISS).

Les deux auteurs de ce rapport international sont Stellah Kwasi, chercheuse dans le programme Futurs africains et Innovation au bureau de Pretoria de l’ISS. Avant de rejoindre l’ISS, elle était adjointe de recherche au Centre Frederick S Pardee for International Futures à l’Université de Denver, au Colorado. Et Jakkie Cilliers, fondateur de l’ISS et président du conseil d’administration, dirige actuellement le programme Futurs africains et Innovation, au bureau de Pretoria de l’Institut. Il a démissionné de son poste de Directeur général en 2015.

L’ISS est une organisation africaine à but non-lucratif. Ses bureaux sont situés en Afrique du Sud, au Kenya, en Éthiopie et au Sénégal. Ses domaines de compétence sont la criminalité transnationale, la migration, la sécurité maritime et le développement, le maintien et la consolidation de la paix, la prévention de la criminalité et la justice pénale, l’analyse des conflits et la gouvernance. L’ISS fournit de des analyses opportunes et fiables, des formations pratiques et de l’assistance technique aux gouvernements et à la société civile. Le rapport portant sur la trajectoire de développement de l’Algérie à l’horizon 2040 a été financé, nous apprend l’ISS, par le Gouvernement des Pays-Bas, la Fondation Hanns Seidel et l’Agence suédoise de coopération internationale au développement.

Ce rapport de l’ISS estime que l’Algérie « l’ampleur des mouvements contre le gouvernement », en l’occurence le Hirak du 22 février 2019, ont « suscité d’autres revendications que celle de changement des dirigeants ».

« Elle a réduit les divisions religieuses, ethniques et tribales et a rapproché leurs protagonistes dans une démonstration sans précédent d’objectifs communs », souligne ainsi les deux experts de l’ISS qui ont beaucoup planché sur les particularités du Hirak.

« Les revendications, qui sont très diverses, concernent notamment le renouvellement général du contrat social, la mise à l’écart de l’élite dirigeante et la suppression de son contrôle sur l’économie ainsi que la fin du rôle dominant de l’armée dans les affaires politiques et économiques », souligne encore le même rapport d’après lequel « les manifestants revendiquent aussi plus de démocratie, d’état de droit, de liberté individuelle et d’égalité des chances. Toutefois, les moyens pour y parvenir sont moins clairs ».

« Jusqu’à présent, les manifestations ont généralement été non violentes, mais l’impact de la COVID-19 augmentera inévitablement le sentiment de désespoir chez les Algériens, dont beaucoup ont une grande méfiance envers le gouvernement. Le risque de violence est donc élevé », a analysé encore ce rapport de l’ISS qui prévoit ainsi une forte détérioration de la situation politique en Algérie si les autorités demeurent encore vigoureusement contestées.

En face de ces contestations populaires réprimées durement par les autorités algériennes, le pays sombre entre les mains d’un régime politique très complexe qui apparaît comme un mélange inquiétant et dangereux entre autoritarisme absolu et autoritarisme relatif, préviennent les deux experts auteurs de ce rapport de l’ISS.

« Dans le système IFs, la gouvernance se compose de trois dimensions, à savoir la sécurité, les capacités et l’inclusion. Chacune est établie à partir d’une série de données et d’indices subsidiaires », explique ainsi cette source qui utilise l’indice composite Polity IV du Center for Systemic Peace (CSP) pour identifier la nature politique du pouvoir algérien.

Cet indice « classe les États en fonction des caractéristiques de leur régime. Il fournit une gamme de types d’autorités dirigeantes, allant des autocraties totales aux systèmes mixtes ou « anocraties », en passant par les démocraties pleinement institutionnalisées ».

Et partant de ces éléments très concrets, le rapport de l’ISS « classe actuellement l’Algérie comme une « anocratie » (ou régime hybride) avec une note de 2,7, soit environ 3,6 points (ou 57 %) en dessous de l’indice moyen des APRITI sur une échelle allant de –10 à +1013 ».

« L’Algérie a donc un déficit démocratique important par rapport à ses pairs, et les derniers événements sociopolitiques soulignent à quel point la plupart des Algériens ordinaires sont conscients de cet écart », indiquent les auteurs de ce rapport international.

« L’Algérie est considérée comme ayant un type de régime « anocrate », mixte ou hybride (les pays qui obtiennent une note comprise entre –5 et +5). Les régimes « anocrates » sont intrinsèquement instables puisqu’ils contiennent des éléments d’une démocratie (tels que des élections régulières) qui suscitent des attentes à l’égard du pouvoir et de la participation des citoyens, mais coexistent avec des éléments d’autocratie (tels que des pouvoirs législatifs limités), comme en Algérie », conclut enfin ce rapport de l’ISS qui résume parfaitement la complexité des tensions politiques qui règnent aujourd’hui en Algérie et qui risquent de durer, malheureusement, encore longtemps faute d’un pouvoir stable et concentré sur une feuille de route rationnelle.



"Algeriepart Plus" 18 juin 2021

"anocratie"

1.(Politique) (Néologisme) Régime politique qui n’est ni pleinement démocratique ni pleinement autocratique, étant souvent sujet à l’instabilité politique. Une anocratie sur deux subit, en effet, un changement de régime majeur moins de cinq ans après avoir été instituée.

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