Vous êtes ici >> Accueil/Annaba Actualités/Annaba, capitale de la harga
Zone Membre
Publicités

Annaba, capitale de la harga

Publié le 04/06/2009
 imageLa ville détient le record des tentatives d’émigration clandestine.  Avec 99 harraga arrêtés depuis le mois de janvier 2009, Annaba se place en tête des villes côtières où il y a le plus de tentatives d’émigration clandestine à destination des pays d’Europe du Sud, méritant ainsi son titre de «capitale des harraga». En réalité, ce sont des centaines de jeunes gens qui ont pris la mer ; certains sont arrivés à «bon port», d’autres ont disparu en mer et ne donneront plus aucun signe de vie, d’autres encore ont été «reconduits aux frontières» pour répondre de leur acte devant la justice. Ce phénomène, qui tend à se
multiplier, relève d’un état d’esprit qui refuse et rejette une réalité que la misère, le chômage et l’amertume
meublent au quotidien. Sans débouchés, sans espoir d’un avenir meilleur, même bardé de diplômes, le jeune se trouve coincé entre sa condition de personne pleine d’énergie et voulant croquer à pleines dents la vie et réussir un présent complètement dépassé et déphasé  par rapport à ses rêves et à ses aspirations. Un combat de tous les jours pour chercher un travail, des centaines de pièces administratives fournies, des dossiers déposés un peu partout et puis, à la fin, le désenchantement. On découvre, après quelques années, qu’on est fini à 30 ans, alors on fait abstraction de cette réalité et on se tourne vers l’autre côté de la Méditerranée. On demande son visa et on attend le refus comme on a attendu ce poste hypothétique qui n’a jamais été obtenu. On revient à la charge, on dépose un autre dossier tout aussi refusé. Le regard des autres qui ne se pose plus sur vous, vous efface de son champ de vision parce que vous êtes identifié à une sorte de figurant sans aucune incidence sur le cours des événements. Vous passez inaperçu et on fuit votre regard pour ne pas à avoir à vous saluer ou à s’enquérir de votre situation,  sachant que vous n’êtes pas quelqu’un d’intéressant. Cela vous donne le sentiment d’être méprisé et ignoré par tous, c’est réducteur et dévalorisant. Puis, c’est le raccourci : traverser la mer à bord d’une barque et se retrouver «là-bas». On s’imagine déjà travailler, faire fortune et revenir au pays «plein aux as» pour être accueilli à bras ouverts comme «un héros» par les siens. N’en déplaise à ceux qui ne croyaient pas en sa réussite, il se voit déjà comme un modèle qui sera suivi.
Sidi Salem, haut-lieu de l’émigration clandestine, 11 h du matin. Le café situé près du rond-point de l’entrée est de la petite localité est bondé, des jeunes sont attablés autour d’un café et discutent des événements qui ont secoué le village il y a quelque temps et où certains avaient menacé de se suicider si on ne leur attribuait pas des postes de travail. «Tu sais, mon frère, nous dit l’un d’entre eux, toi qui es journaliste, dis-leur dans ton article que nous aimons notre pays, que nous ne voulons pas le quitter mais, comme tu vois, nous n’avons rien ici et nous avons été jusqu’à manifester violemment pour faire comprendre aux responsables qu’il faut nous aider à nous en sortir.» Pointant son index vers la mer toute proche, il nous lança sur un ton de défi : «Il ne nous reste que ça et nous partirons tous, nous n’avons pas peur et tu connais l’Algérien, c’est un fonceur et un fataliste et ce qui doit arriver arrivera !» Un autre prit la parole pour nous faire savoir que c’était la deuxième fois qu’il était pris et refoulé mais que cela ne le décourageait pas et qu’il était prêt à tenter une autre fois l’aventure. «Cette fois, je ne reviendrai pas, “n’fout wella n’mout” [je passe ou je trépasse], j’ai tout préparé et rien ni personne ne m’arrêtera, maintenant j’ai de l’expérience», nous confie «Zargou», surnom par lequel est désigné ce jeune blond aux yeux bleus Selon le commandement du groupement des gardes-côtes de Annaba, c’est surtout de nuit, entre 23 h et 1 heure du matin que les «embarquements» ont lieu ; ils sont localisés principalement du côté des plages de Sidi Salem, à l’embouchure de la Seybouse, à Ras El Hamra et à Aïn Barbar, un autre haut lieu de la harga. Dans ce coin isolé, ce sont des dizaines de candidats venus des wilayas voisines et même de certaines aussi éloignées que Chlef ou Oran qui prennent la mer à bord d’embarcations équipées de petits moteurs. On y charge du carburant, des provisions et quelques affaires personnelles et on met le cap sur le large pour espérer accoster sur une des côtes du sud de l’Europe, la destination prisée étant la Sardaigne toute proche. Généralement, l’aventure tourne court, la frêle embarcation est prise en chasse par les gardes-côtes et très vite rattrapée puis arraisonnée. D’autres  échappent à la vigilance des unités marines et réussissent à «passer» mais, n’ayant aucune expérience de la mer et sans outils de navigation, ils dérivent et, pour ceux qui ont de la chance, sont secourus par des bateaux de passage comme cela avait été le cas il y a près de 6 mois. Pour les autres, ils disparaissent en haute mer et on n’entend plus parler d’eux. Au pays, les parents sont à l’affût de la moindre nouvelle, ils se déplacent chaque jour pour prendre contact avec les ex-copains de leurs enfants et essayer de s’informer, un drame que vivent quotidiennement ces familles et qui continue encore. Ceux qui «réussissent» et arrivent à débarquer de l’autre côté, sont accueillis par les gardes-côtes italiens pour être «parqués» dans des centres pendant des semaines avant d’être remis aux autorités algériennes. Ceux qui y échappent, vivent dans la clandestinité, avec cette peur d’être arrêtés à tout moment et donc refoulés vers le pays d’origine.
Tout cela les harraga le savent, ils en sont informés tous les jours mais cela ne les décourage point.
Ils espèrent, malgré tout, pouvoir aller «là-bas» et y réussir «parce qu’on y peut mieux se débrouiller», dira Zargou. «Je suis jeune, j’ai beaucoup de temps devant moi et s’il y a la moindre chance de passer de l’autre côté, je la saisirai. Mon copain vit aujourd’hui à Pomigliano d’Arco [une petite ville italienne entre Naples  et Avellino, ndlr], il est marié et mène la belle vie. Je ferai comme lui ou je mourrai en mer.» La plupart des jeunes que nous avons rencontrés sont déterminés à braver les dangers de la mer, à prendre tous les risques, c’est une mentalité qui s’est développée et est maintenant bien ancrée dans ces milieux. «Cette mentalité est très difficile à combattre, nous déclare un professeur de sociologie à l’université Badji Mokhtar de Annaba, c’est une réponse, une réaction à une situation généralisée qui dure depuis plus d’une décennie et touche les milieux jeunes. D’un côté, rien ou presque n’a été fait pour améliorer cette situation et redonner espoir et, de l’autre, -et c’est ce qui a amplifié cette mentalité-, les groupes qui sont passés les premiers temps ont réussi en Italie ou en Espagne. Cette prétendue ‘‘réussite’’ a été glorifiée et érigée en exemple pour les jeunes qui y ont très vite souscrit, s’est très vite propagée avec les moyens de communication actuels et les influences se sont décuplées. Il y a aussi les moyens mis à disposition pour entreprendre la traversée, des ateliers clandestins de fabrication de petits bateaux, des passeurs et des organisateurs de ‘‘voyages’’. Et puis les jeunes sont plus enclins à croire les informations se rapportant à la réussite de tel ou tel individu que celles annonçant la disparition en mer ou l’arrestation par les gardes-côtes italiens de groupes de clandestins.» Aujourd’hui, avec le retour du beau temps, on craint que de véritables boat-people ne prennent d’assaut les côtes sud de l’Europe et le commandement régional des gardes-côtes a pris des mesures dans le sens de renforcer les unités marines pour augmenter le nombre de patrouilles en mer. C’est une utopie que de croire régler le problème parce que, tant que le chômage, la pauvreté, la misère et l’indigence culturelle séviront, les boat-people continueront.
 
 La Tribune > 04/06/09 > Mohamed Rahmani
« Actualité précédente
Annaba: Le paquet pour les routes
Actualité suivante »
Zones industrielles: Les wilayas d'Oran et Annaba zones pilotes

Les Commentaires

C ki lisent tte ms interventions savent ke je ne soutiens ps c gouvernmnt ki est responsable de c'te folie "El-Harga"! Le fait est ke le pays est bourre d'incapables commencant pr le 1er citoyen! Ns sommes egoistes et chak1 tire pr soi-mm. Ns politiks doivent avoir honte ds milliard$$ k'ils c partagent alrs ke ntre population a faim, a soif, chome et est sans abri. L'ignorance est la + grave ds maladies...
Ya Mr le journaliste, vtre article est plein de tristesse. Ttes vs justifications st comprehensibles, mais c ki n'est ps comprehensible, c'ke qlq soit le desespoir, on puisse se lancer dans 1 projet suicidaire, car en prenant c p'tits barkes (Flaiik taa El-hem wa taa El-mout!) pr defier la grandeur de la mer, on doit bien c douter ke c suicidaire.
Et ps, le comble, c'ke c voyage vrs ls abysses de la mer n'est ps gratuit et coute la peau du c###. Si c jeunes haragas ki effectuent c voyages paient tant d'argent, et k'ils st tellmnt dans le desespoir jsk'a vouloir se lancer dans 1 projet suicidaire, c'la veut dire k'il y a qlq chose ki ne cloche ps!?!? Ya Ness, reveillez-vs, fikou chwia!!!
MAIS, qlq soit la durete de la vie, le suicide ou tt projet suicidaire est banni dans l'Islam, c Haram!... Komnt appele-t-on qlq'1 ki paye/aide 1 individu pr l'envoyer a 1 mort quasi certaine... si c n'est 1 fou, c 1 criminel?!?!
C vraimnt idiot, koufr, jahl, triste et penible de voir ts c desesperes se donner rendez-vs avc la mort pr 1 suicide collectif avc ds familles et voisins ki applaudissent le depart!!! C vraimnt le mot! s-u-i-c-i-d-e collectif. On ne c mesure jamais a c'te mer immense (Mediterranne), ki n'est ps 1 maman/soeur, ni 1 alter-ego, irresistible, indomptable et ki ne pardonnera ps (ou prske jamais) si qlq'1 la defie,... helas! On pe constater pr c fait a kel point la misere et la povrete peuvent amener o desespoir, car je pense ke c le desespoir ki pousse c jeunes a tenter l'impossible.
Je dirai ossi k'on a TOUS qlq part, 1 certaine responsabilite, l'Etat et Boutef en 1er lieu, la famille et tte la societe ainsi ke ns immigres ki rentrent souvnt o bled pr lrs vacances et ki lrs font miroiter l'eldorado, le paradis koi!! Ils lrs parlent ds week-ends, ds qlqs loisirs k'ils ont vecu, jamais du reste de la misere, de la souffrance, ds humiliations, du racisme etc...
C vraimnt dur. Ns jeunes ne se posent ps la kestion: e-c ke ca vo la peine de subir tt c calvaire rien ke pr devenir clandestin en europe?
Mais qlq part ossi c jeunes ont p-e raison. O momnt ou 1 bonne partie de ntre population meurt de faim, 1 poignee de prsne se paye tt le luxe, avc l'argent de c miserable ppl, de rouler dans ds belles voitures et vivre dans ds belles villas. En Algerie pr devenir riche, vivre heureux et profiter ds largesses du gouvernmnt il fo etre soit fils de politicien ou d'un elu corrompu, soit etre completmnt 1 mahboul, 1 paranoik taa essah!!
Regardez-vs seulemnt ls images de la Coquette profonde ou ds gens st ossi affames et mal-loges ke ls gens en Somalie. Ocun program de devellopmnt pr ls gens ds kartiers defavorises. Pr c ki veulent ps la voir, la famine existe en Algerie et c'1 ds raisons principales poussant ls jeunes a l'exode. Donc, arretons c bo discours a la c## et sachons ke c jeunes savent bien le danger ki les guette mais ils preferent c'la plutt ke de mourir de faim (pire de jour/jour) dans 1 pays sans espoir. Pr ma part, je ne ls accuserai ps mais mettrai tte ma haine et ma colere sr c politiks ki ne st la ke pr eux-mm. Ns dirigeants, assis sr ds fauteils moelleux ss la clim, st + preoccupes pr komnt c maintenir o pouvoir, komnt jouir ds largesses du pouvoir et komnt c remplir ls poches plutt ke du sort de lrs ressortissants ki ne s'en sortent ps. Pr c, je ss persuade ke bcp de solutions existent. L'1 de c solutions: le jour ou on ora enfin ds vrais dirigeants dont le seul objectif est de travailler pr lr pays et d'aider lrs populations, c jour-la ns verrons ke ls choses s'amelioreront et p-e Incha-Allah el-harga stoppera et ls poissons ne mangeront + ns enfants!
En c momnt ls mots me fuient tellmnt ma colere est grande... Ke Dieu ns protege ...



L'humanité est à un croisement: un chemin mène au désespoir, l'autre à l'extinction totale. Espérons que nous aurons la sagesse de savoir choisir.
Pas de pensée sans prise de risque. Pas de pensée qui ne soit un affrontement personnel avec le monde ( nos jeunes sont vraiment déséspèrè zaama ds un pays de richesses
Pauvre algerie ... courage a tout ceux qui souffre ..
Le malheur ne se partage pas!!!
donc au lieu de mettre des com's a deux balle et de juger les autres ...
Regardé votre bosse avant de regarder celle des autres !
Pour ajouter un commentaire, vous devez être membre de notre site !

Identifiez-vous :


Ou Inscrivez-vous gratuitement !

Dernières brèves

Articles similaires