Annaba: Polémique autour de la délocalisation du CMP

La délocalisation à partir d’aujourd’hui du centre médical psychologique (CMP) vers l’hôpital psychiatrique Errazi, a provoqué une véritable polémique depuis quelques jours entre la direction de la santé et le personnel médical et paramédical de l’hôpital Franz Fanon qui assure la prise en charge de pas moins de 4000 patients venant des quatre coins de l’Est du pays souffrant de troubles psychiques post-traumatiques. Cet établissement transformé en service des urgences accueillera désormais les patients devant se rendre à l’hôpital Ibn-Sina. Une décision prise par le ministre de la Santé qui avait constaté lors de sa visite à Annaba, que l’actuelle urgence de Ibn Sina, n’est plus en mesure d’assurer la prise en charge de tous les malades et de ce fait l’ouverture d’un second service est primordial. Aux yeux du personnel de l’hôpital Franz Fanon, cette décision « est de deux poids, deux mesures », dès lors que le ministre de la Santé avait donné une instruction pour soulager le seul service des urgences de l’hôpital Ibn Sina sans pour autant penser au sort de plusieurs cas de malades souffrant de troubles psychiques. A titre d’information, le centre médical psychologique de Franz Fanon a été ouvert en 2000 et assure le traitement des personnes déprimées ayant même tenté de se donner la mort. Il s’agit du seul centre régional qui assure la prise en charge des patients de l’Est du pays, après celui de Blida. Sa délocalisation à partir d’aujourd’hui à l’intérieur de l’hôpital Errazi, est considérée comme un « crime » aux yeux des médecins. Certains d’entre eux qui préfèrent garder l’anonymat, précisent « que la prise en charge des malades soufrant de troubles psychiques post-traumatiques doivent être traités hors d’une structure où sont admis les malades mentaux. C’est une règle internationale et médicale que tous les médecins du monde doivent respecter pour éviter que l’état de santé de ce type de patients ne se dégrade », ont tenu à préciser nos interlocuteurs. La délocalisation du centre a été annoncée sans préavis  d’une part et d’autre part elle a choqué les malades qui refusent déjà de se rendre à l’hôpital Errazi. Nos interlocuteurs s’interrogent « comment peut-on aider des personnes vulnérables qui cherchent à sortir de leur déception grâce à l’assistance des spécialistes du CMP, en leur annonçant cette nouvelle » et d’ajouter  « le travail fait depuis l’ouverture du centre tombera à l’eau si des mesures urgentes ne sont pas prises dans l’immédiat ». Cela veut dire que la plupart des malades dont certains ont déjà refusé l’idée de venir à Errazi, risquent d’abandonner les séances de traitement. Dans ce cas de figure, le risque d’une éventuelle récidive n’est pas à écarter notamment pour les personnes qui avaient tenté auparavant de se donner la mort, ont tenu à préciser des spécialistes contactés à ce propos. Pour trouver une solution à ce problème épineux qui risque vraisemblablement de gâcher les efforts consentis par les spécialistes du centre depuis 2004, une entrevue a eu lieu entre le directeur de la santé et le personnel médical du centre. Ce dernier, conscient de la situation aurait promis que la prise en charge des malades à l’hôpital Errazi, sera provisoire en attendant de trouver des bureaux probablement au niveau du centre de santé El-Arbi Khrouf, soit au siège de la direction de la santé. Une décision qui certainement a soulagé les médecins mais elle doit avoir lieu dans les meilleurs délais pour que les malades soient informés dans l’immédiat.

lestrepublicain.com - 12 janvier 2014 - Boufessioua Sofiane