En ce mois de Ramadhan qui coïncide avec la saison des grandes chaleurs, nous constatons que des centaines de jeunes enfants sont « recrutés » dans la clandestinité la plus totale, à Annaba, dans les campagnes de cueillette de la tomate industrielle, pastèques, melons et autres fruits et légumes de saison. D’ailleurs, le travail au noir des enfants, à Annaba, est un phénomène qui prend, au fil des années, de l’ampleur. Pour s’enquérir de l’acuité de la question, il suffit de faire une balade du côté des champs agricoles de la wilaya, voire même au niveau de certaines unités et entreprises de production, notamment privées, en activité dans différentes zones industrielles. Des dizaines d’enfants, parfois ne dépassant pas les 12 ans, sont exploités sauvagement. Ce constat est valable aussi pour les wilayas de Skikda, Guelma, Souk-Ahras et El-Tarf. Dans ce drame, qui par la force du laisser-aller est devenu monnaie courante, la responsabilité est générale. Exploitants agricoles, propriétaires d’entreprises, pouvoirs publics et surtout les parents, les premiers à être incriminés dans cette situation inhumaine. Si au niveau des unités de production, le travail au noir des enfants n’a pas atteint, jusqu’ici, des proportions alarmantes, dans le secteur agricole, la sonnette d’alarme est tirée. En effet, à l’occasion de campagne de la collecte des fruits et légumes, coïncidant avec les grandes vacances d’été et avec le mois de Ramadhan ou généralement les adultes fuient carrément le travail, enfants sont embarqués, généralement tôt le matin à bord de tracteurs et de camionnettes bâchées, vers les champs pour ne revenir souvent qu’en fin de journée dans un état lamentable. Ainsi, pour 600 à 800 malheureux dinars la journée, à Berrahal, à Tréat, à El Eulma, à Chorfa, pour ne citer que ces communes, l’enfant est réduit à l’esclavage, a-t-on constaté sur les lieux. Ces « anges » qui bossent comme des forcenés dans des conditions très pénibles, risquent parfois de ne pas être payés. Aussi, au retour, le transport est incertain. Beaucoup d’entre eux parcourent des dizaines de kilomètres à pied pour regagner leur domicile. « Aujourd’hui, les pouvoirs publics doivent réagir pour mettre un terme à cette situation qui perdure”, insistent certains citoyens que nous avons interrogés sur ce phénomène qui a apparu dans les années 2.000 pour prendre une dimension inquiétante de nos jours, à cause du spectre du chômage et en l’absence d’une politique réelle de relance de l’investissement. Selon certaines indiscrétions, ces enfants, au nombre impressionnant à chaque campagne de cueillette, sont contraints de troquer leur force de travail contre une maigre somme d’argent parce que leurs parents sont sans ressources ni revenus…
lestrepublicain - 20 juillet 2014 - B. Salah-Eddine
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