Un chiffre officieux et très en deçà de la réalité, d'après les révélations d'un psychiatre de l'EHS Errazi, qui devait souligner que, en présence d'une tentative de suicide avérée, la personne concernée subit obligatoirement une visite médicale et une autre chez le psychiatre du CHU, mais le traitement s'arrête souvent là, la "victime" retourne chez elle, et on essaie d'oublier l'incident jusqu'à…la nouvelle tentative, et parfois, la dernière." Il n'y a pratiquement aucun suivi des personnes à risques, non par manque de moyens médicaux, mais c'est souvent la famille qui fait barrage à un traitement de fonds, en raison des tabous entourant ce phénomène, et il arrive malheureusement des récidives. Il faut absolument briser le silence !" Ce sont surtout les jeunes mais aussi des mères et des pères de familles qui sont le plus souvent touchés par ce phénomène, d'après les révélations de notre interlocuteur. Peines de cœur, stress intense, problèmes financiers poussent parfois à l'irréparable et le nombre de pertes humaines est de plus en plus important, en particulier dans les campagnes où la communication est la plus difficile. "Il faut s'inquiéter si une personne parle de mettre fin à ses jours plus de deux fois en quinze jours; c'est un signe de souffrance mentale qui pousse le plus souvent à l'acte irréversible. La famille ou l'entourage immédiat doit établir la communication, pousser la personne à s'extérioriser, lui témoigner affection et sympathie, et surtout l'emmener chez un psychologue pour un suivi sérieux. C'est une mesure salutaire ". "Sur cinq personnes ayant fait une ou plusieurs tentatives une finit par se tuer" a révélé notre interlocuteur, avant d'ajouter :" Le plus souvent, surtout chez les jeunes filles, la première tentative n'est qu'un simulacre, la personne concernée qui n'arrive plus à gérer son stress, ingurgite des médicaments sensés la supprimer, mais en nombre insuffisant pour cela. Mais il ne faut pas prendre la chose à la légère le plus souvent, c'est un appel au secours devant l'indifférence de l'entourage." Si on trouve aujourd'hui des psychologues dans nombre d'administrations, il n'en demeure pas moins que les personnes en détresse morale ne vont les consulter que rarement. Et c'est le passage à l'acte. Autre fait très explicite, selon le spécialiste du CHU, " nous avons pris note de plusieurs suicides maquillés par la famille en accident, surtout quand la victime est une jeune fille, en raison du tabou encore très solide entourant le suicide, et non seulement pour éviter d'entacher la réputation de la victime et de la famille, mais aussi du point de vue religieux, qui assimile le suicide à un péché mortel". Un phénomène assez présent à la campagne ou dans les familles conservatrices. Une autre psychologue devait nous révéler un cas très édifiant qui a eu lieu à Annaba il y a deux ans, de cette jeune fille de 29 ans, en rupture avec sa famille en raison d'une extrême indigence, et qui s'était littéralement laissée mourir, n'ayant plus où aller à la suite du décès de sa patronne, une femme d'une extrême bonté. "La jeune fille, à la disparition de sa bienfaitrice, n'a plus repris sont traitement qu'elle suivait pour une grave maladie chronique, et a fini par mourir. Quand on s'est aperçu de la situation, c'était trop tard. Malheureusement, il y a d'autres cas, où des jeunes filles ou garçons (souvent des adolescents) se donnent la mort, n'en pouvant plus de subir des sévices sexuels ou autres souvent de la part de personnes de leur entourage immédiat qu'ils ne peuvent dénoncer. Il est très difficile de déterminer ces causes, toujours vécues en vase clos et entourées par le silence absolu. Seuls quelques bribes de révélations nous parviennent parfois de la part de membres de la famille, mais il est impossible de les vérifier, suite à la disparition de la victime".
lestrepublicain - 11 février 2015 - Farida H.
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