
Le service des urgences du CHU Ibn Rochd a été, hier, le théâtre de violences commises par des parents d’un patient décédé après son admission au service réanimation. Un surveillant médical a été pris à partie par plusieurs individus accompagnant les parents du défunt alors que d’autres ont tenté de saccager un bureau occupé par deux médecins. L’incident a requis l’intervention de la force publique pour restaurer le calme dans l’hôpital. Cet acte n’est pas un cas isolé. Le personnel du service des urgences a dû affronter à plusieurs reprises des situations du genre. Il faut dire que si l’accueil dans nos hôpitaux n’est pas le fort du personnel de santé, ce dernier subit aussi les effets de l’absence de conditions de travail à même de lui permettre de s’acquitter de sa tâche sans pression.
lestrepublicain - 17 février 2015 - BSE
Les Commentaires
De nos jours, la vie humaine est devenue banale et le code de déontologie des médecins, dont on a longuement entendu parler, obsolète. Le 23 janvier 2013, Atmane Smiri, 50 ans, nous a quittés pour un monde meilleur. Il était célibataire (problème de logement). Il habitait le 10e Groupe. Son seul capital était sa mère et sa santé.
Jamais, il ne s’est plaint d’aucune maladie ; pourtant, en ce 23 janvier, il avait pris son petit-déjeuner comme d’habitude aux côtés de sa maman, après quelques instants, il se retourna vers elle pour lui dire qu’il avait une légère douleur au bras et un peu mal au niveau du thorax, côté gauche. La maman a vite remarqué que Athmane est soudainement devenu pâle. Elle lui demande d’aller avec elle à l’hôpital Mustapha-Bacha qui est à 5 minutes de chez eux. Une fois arrivés, ils s’adressent au service des urgences. Athmane est parti de chez lui conscient, encore mieux, il discutait avec sa mère. Au niveau des urgences, il est pris en charge par un médecin réanimateur en neurochirurgie. Après une consultation qui a duré 10 minutes, le médecin l’oriente vers les urgences de cardiologie. Il était 8h, et à notre grand malheur, les médecins de garde étaient absents. La maman, la grande sœur qui les a accompagnés et Athmane, qui était jusque-là encore conscient, étaient choqués et déçus. La douleur augmentait et Athmane s’impatientait et marquait son étonnement par rapport à la lenteur qui caractérise «le service des urgences de cardiologie» et pourquoi les médecins du service sont absents. Et en une fraction de seconde, Athmane rend l’âme à 8h 45mn, après plus de 45 mn d’attente. La maman crie : «Athmane mon fils !» Elle est dans tous ses états, elle est désarmée. Elle voit son fils partir devant ses yeux, elle qui a toujours été là pour le couver, elle est incapable de le sauver. Les médecins cardiologues ne sont toujours pas arrivés. Un citoyen court dans tous les sens demandant du secours, mais trop tard, Athmane était en train de partir en l’absence des médecins du service. Athmane est parti pour de bon. Sa mère continue à le pleurer. Il est parti si brusquement en laissant un vide incroyable. Mais ce n’est pas pour cela que nous avons décidé de vous raconter ces faits tragiques. Nul n’est à l’abri. Ce qui est arrivé à Athmane peut arriver à chacun de nous. Pourquoi se vanter de la médecine gratuite en Algérie alors qu’on n’est même pas capable de porter secours à quelqu’un qui aurait pu, avec un peu plus de chance, être encore parmi nous ? Si au moins les médecins des urgences étaient là, si au moins le matériel médical était disponible. Vous allez me dire c’est sa destinée... Mais combien d’Algériens sont partis à cause de l’inconscience de certains de nos médecins et la mauvaise gestion du secteur sanitaire dans notre pays, et si on doit se taire, combien d’autres partiront en laissant les leurs les pleurer avec chagrin ? A travers cet article et en tant qu’Algérienne, je souhaite que les choses changent dans notre pays et que justice soit faite.
Nacéra Ibarissen