
C’est un nouvel employé, il est là depuis moins d’une semaine».
La phrase connue des patrons qui recrutent des travailleurs au noir, au moment des inspections qui se font de plus en plus pressantes de la part des équipes de la CNAS, de l’Inspection du travail, ou parfois même en brigade mixte avec des éléments de l’ANEM. A son corps défendant, et pour ne pas perdre son emploi, le travailleur acquiesce, sans oser dénoncer son bas salaire, sa situation précaire, l’absence de couverture sociale, et le fait qu’il est là depuis des mois. Sans parler des horaires pratiqués, qui dépassent souvent de loin la fourchette autorisée. Il serait mis aussitôt à la porte, dès le départ des inspecteurs. D’après une source proche de ce dossier, même les personnes recrutées passant par l’ANEM, ne sont pas toujours socialement prises en charge. Sur ce point, les brigades ne font pas de cadeau, et en particulier la CNAS, qui agit à partir des listes de recrutement qui lui sont remises régulièrement par l’ANEM. Les patrons récalcitrants qui ne régularisent pas la situation de leurs salariés dans les deux jours, verront leur dossier transmis devant la justice. Et on repassera pour vérifier. Mais combien sont-ils, qui sont recrutés directement sans passer par l’agence d’emploi, et qui travaillent au noir, tout contents de ne pas rester chômeurs? «Environ 70% du nombre global des travailleurs, ce qui fausse complètement les statistiques de l’emploi, et ne permet pas d’évaluer le nombre de la population active, tellement ce phénomène illégal est étendu. Les chiffres de l’emploi ne sont pas crédibles.» assure notre source. Même les employeurs étrangers, en particulier les Turcs et les Chinois généralement versés dans le domaine du bâtiment, recrutent souvent au noir, et attendent la venue des brigades de contrôle pour enfin déclarer leurs travailleurs à la sécurité sociale. C’est toujours quelques semaines de gagnées. « Les inspections qui les tiennent dans leur ligne de mire, les obligent à régulariser leur situation immédiatement, et c’est ce qu’ils font. Il faut dire qu’ils empiètent sur la législation du travail encouragés par l’ampleur du travail au noir qui est pratiquée. » Ajoutons que certains patrons abusent de leur pouvoir de façon quasi inhumaine ; surtout à l’encontre des jeunes vendeurs, hommes ou femmes, qu’ils obligent à rester debout dans leur magasin au service des clients (même quand il n’y en a pas) dès la première heure d’ouverture, jusqu’à la fermeture. Dans aucun magasin, vous ne trouverez une chaise, et s’il y en a une, elle est réservée au patron. L’employé ne peut se reposer une minute entre deux clients. Cette pratique peut se confirmer même dans les plus grands magasins du centre ville. Malgré cela, quand passeront les inspecteurs, ils vont confirmer les déclarations de leur patron « je ne suis là que depuis quelques jours, à l’essai ». Ils n’ont pas le choix, en attendant que les nouvelles lois contre le travail au noir soient mises en application, forçant le patron à déclarer son employé, qui, de ce fait, pourra faire valoir tous ses droits légitimes.
lestrepublicain- 29 juin 2015 - Farida H.
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