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Crise de l’eau potable en Algérie : pourquoi l’argument de la sécheresse n’est pas entièrement vrai

Publié le 28/06/2021
Crise de l’eau potable en Algérie : pourquoi l’argument de la sécheresse n’est pas entièrement vrai
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Comme lors de chaque crise qui déstabilise le pays et provoque les souffrances aux citoyennes et citoyens, les autorités algériennes clament leur innocence et accusent à chaque fois des parties étrangères ou prétextent des catastrophes naturelles ainsi que des phénomènes qui échappent à leur volonté. Depuis le début de la crise de l’eau potable qui touche de plein fouet une vingtaine de wilayas à travers le pays, les autorités algériennes mettent régulièrement en exergue la sécheresse et ses conséquences tragiques sur les ressources en eau potable du pays.

Cet argument n’est pas faux. Mais il n’est pas entièrement vrai non plus. Et pour cause, ce n’est pas la première fois que l’Algérie a connu des périodes de sécheresse. La baisse de la pluviométrie dure en Algérie depuis trois décennies, avec un pic de sécheresse en 2001-2002. Ce n’est donc pas du tout une nouveauté ni un élément fondamentalement destructeur pour expliquer l’ampleur dramatique actuelle de la pénurie de l’eau potable.

En réalité, il y a d’autres facteurs beaucoup moins naturels qui expliquent la gravité de la situation hydrique actuelle du pays. Explications. En vérité, l’Algérie souffre également ces dernières années du phénomène de désertification des sols qui accentue la menace de
sécheresse en particulier dans l’Ouest algérien. En plus, le pays est confronté à la croissance de la demande en eau (multipliée par quatre en quarante ans ), notamment dans le Nord du pays et dans les zones urbaines (neuf Algériens sur dix vivent dans le Nord du pays, soit 13% de la superficie nationale, et six Algériens sur dix vivent dans plus de 550 agglomérations urbaines).

Cette situation a été amplifiée, malheureusement, par les effets du changement climatique qui ont été plus prononcés dans le bassin méditerranéen que dans d’autres régions du monde.

Il faut savoir que les potentialités hydriques naturelles de l’Algérie sont estimées actuellement à 18 milliards de m3 par an. L’irrigation occupe une place importante dans la consommation d’eau (62% de la demande totale du pays ). La demande en eau potable, qui a considérablement augmenté depuis les années 1970, représente quant à elle 35% de la demande totale. La part des besoins en eau du secteur industriel ne s’élève qu’à 3%.

Depuis le début des années 2000, le gouvernement algérien a pris des mesures importantes pour sortir de la situation de pénurie d’eau qui touchait le pays. La question hydraulique a été placée en priorité sur l’agenda politique et de gros moyens ont été mis en œuvre pour mobiliser de nouvelles ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles. Le problème de l’eau n’est donc pas nouveau, mais très ancien et il ne s’explique pas uniquement par la sécheresse, mais par une mauvaise politique de diversification des ressources en eau.

Entre 2000 et 2010, les dépenses publiques liées au secteur de l’eau ont connu une constante augmentation12 et plus de deux tiers de ces investissements furent destinés à la rénovation et à la construction de grandes infrastructures de mobilisation de transfert, d’adduction et de stockage d’eau. Cette politique de l’offre a permis de dégager des ressources supplémentaires en eau: l’Algérie a vu sa capacité de stockage des eaux de surface doubler durant cette même période.

En moins d’une décennie, le pays a triplé sa capacité de production d’eau potable et on estime à 95% le taux de raccordement de la population aux réseaux publics d’eau potable et à 87% pour les réseaux d’assainissement. Pour autant, une marge d’amélioration est souhaitable à l’avenir dans certaines zones rurales ou quartiers périphériques des centres
urbains. La mise en place de barrages pour assurer la distribution d’eau est allée de pair avec des changements dans la gouvernance des services publics du secteur. C’est donc la baisse des investissements publics dans le secteur de l’eau avec la crise financière qui a commencé en Algérie depuis le choc pétrolier de 2014 qui a commencé à ralentir les efforts de l’Etat dans la lutte contre les risques de la pénurie de l’eau potable.

C’est aussi la mauvaise gestion des défis de l’avenir qui a aggravé cette crise de l’eau car au-delà du développement de l’infrastructure hydraulique : barrages, transferts,
stations de dessalement d’eau de mer, stations d’épuration etc, l’Algérie a plus que jamais besoin d’une réforme institutionnelle du secteur de l’eau qui vise à promouvoir une
meilleure gestion de la ressource. Or, avec des autorités qui sont régulièrement dans la victimisation au lieu de l’action responsable, ces solutions tarderont malheureusement à voir le jour.


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