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Sétif, Écrivains publics : Invisibles et utiles Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, ils sont toujours l

Publié le 11/08/2023
Sétif, Écrivains publics : Invisibles et utiles Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, ils sont toujours là, adossés depuis de longues années, à la clôture de l’ancienne recette des postes qui date vraisemblablement des années 1845 et continue de susciter bien des curiosités des adeptes du vieux Sétif, arborant encore sa belle conception architecturale, face à un autre monument, le premier marché couvert de la cité, édifié en 1900 et rénové en 1949, avant d’été ravagé voilà une année par un violent incendie dont les séquelles, bien que dissimulées derrière quelques plaques de tôle, sont encore apparentes en attendant un destin meilleur. Eux, ce sont les vieux écrivains publics de Sétif qui pour beaucoup nous ont quittés sur la pointe des pieds, au profond de leur sommeil sous le poids de l’âge et des effets d’une nature ingrate à laquelle ils ont toujours été exposés, sans toit, sinon un parasol été comme hiver ou un coin d’ombre de ces arbres centenaires témoins de tant de souvenirs d’antan et qu’ils viennent, en cet été caniculaire, redécouvrir sur les pas de leur enfance. Ils sont partis pour la plupart, emportant dans leurs bagages bien des secrets de cette profession, ce métier ou cette fonction qu’ils aimaient tant, ne léguant aux jeunes générations qu’une machine à écrire souvent usée par le temps. Autant d’acquis et de réalisations que préservent aujourd’hui jalousement, les moins vieux, résistants aux effets de la technologie et redonnant le temps au temps en faisant toujours usage de cette machine à écrire qui survit à toutes les mutations et porte tant bien que mal le message de ceux-là, nombreux aussi, souvent du troisième âge, qui viennent se confier discrètement à ces écrivains ‘‘publics’’, leur remettant par la même bien des documents jaunis par le temps pour appuyer leur requête dont ils espèrent recevoir un jour une réponse qu’ils attendent depuis longtemps. Sous la température caniculaire qui pèse lourdement sur la cité de Ain Fouara en ce mois d’août de l’année 2023, notre machine à écrire est toujours là, exhibant même un numéro de téléphone pour le contact et entonnant une symphonie d’un autre temps à son propriétaire Mahchacha Nadir, qui écoute avec attention le récit d’un vieux pour lequel, il rédige une correspondance, un doigt après l’autre se succédant sur les touches de sa machine A l’ombre d’un arbre centenaire qui remplace le parasol utilisé en hiver pour s’abriter de la pluie et la neige, parmi d’autres écrivains publics, Nadir Mahchacha se fait une fierté de nous conter son parcours d’écrivain public sur ces lieux depuis 25 ans. « En exerçant un tel métier, vous finissez par apprendre de quoi vous permettre d’écrire une bonne dizaine de livres sur le quotidien des gens qui se confient à vous et vous investissent de leur confiance pour compter sur votre secret », relève-t-il, en caressant sa machine à écrire, « c’est ma vie, ma compagne de toujours, c’est mon gagne-pain ». Dans ce parcours d’un quart de siècle qu’il boucle déjà sur les espaces de ses aînés, notre interlocuteur se remémore bien des doyens qui ont fait la réputation de cette « profession » bien avant que la technologie ne s’installe pour laisser place au digital. Il évoque avec émotion ces « célèbres » écrivains publics qui ne sont plus de ce monde, Kadour Kari, Lyamine Sabri, Cheikh Youcef, Maamar, Mustapha Saadaoui et d’autres qui de génération en génération se sont relayés au pied du mur de la poste pour préserver ce métier d’écrivain public avec l’espoir de voir un jour se réaliser cette vieille promesse de les doter sur ce site, de petits kiosques pour préserver et valoriser ces petits bouts du patrimoine du vieux Sétif. F. Z. Farouk ZoghbiFarouk Zoghbi Journaliste Correspondant RÉGIONS 20:48 09-08-2023 Partager
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Sétif, Écrivains publics : Invisibles et utiles

Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, ils sont toujours là, adossés depuis de longues années, à la clôture de l’ancienne recette des postes qui date vraisemblablement des années 1845 et continue de susciter bien des curiosités des adeptes du vieux Sétif, arborant encore sa belle conception architecturale, face à un autre monument, le premier marché couvert de la cité, édifié en 1900 et rénové en 1949, avant d’été ravagé voilà une année par un violent incendie dont les séquelles, bien que dissimulées derrière quelques plaques de tôle, sont encore apparentes en attendant un destin meilleur.

Eux, ce sont les vieux écrivains publics de Sétif qui pour beaucoup nous ont quittés sur la pointe des pieds, au profond de leur sommeil sous le poids de l’âge et des effets d’une nature ingrate à laquelle ils ont toujours été exposés, sans toit, sinon un parasol été comme hiver ou un coin d’ombre de ces arbres centenaires témoins de tant de souvenirs d’antan et qu’ils viennent, en cet été caniculaire, redécouvrir sur les pas de leur enfance. Ils sont partis pour la plupart, emportant dans leurs bagages bien des secrets de cette profession, ce métier ou cette fonction qu’ils aimaient tant, ne léguant aux jeunes générations qu’une machine à écrire souvent usée par le temps. Autant d’acquis et de réalisations que préservent aujourd’hui jalousement, les moins vieux, résistants aux effets de la technologie et redonnant le temps au temps en faisant toujours usage de cette machine à écrire qui survit à toutes les mutations et porte tant bien que mal le message de ceux-là, nombreux aussi, souvent du troisième âge, qui viennent se confier discrètement à ces écrivains ‘‘publics’’, leur remettant par la même bien des documents jaunis par le temps pour appuyer leur requête dont ils espèrent recevoir un jour une réponse qu’ils attendent depuis longtemps. Sous la température caniculaire qui pèse lourdement sur la cité de Ain Fouara en ce mois d’août de l’année 2023, notre machine à écrire est toujours là, exhibant même un numéro de téléphone pour le contact et entonnant une symphonie d’un autre temps à son propriétaire Mahchacha Nadir, qui écoute avec attention le récit d’un vieux pour lequel, il rédige une correspondance, un doigt après l’autre se succédant sur les touches de sa machine A l’ombre d’un arbre centenaire qui remplace le parasol utilisé en hiver pour s’abriter de la pluie et la neige, parmi d’autres écrivains publics, Nadir Mahchacha se fait une fierté de nous conter son parcours d’écrivain public sur ces lieux depuis 25 ans. « En exerçant un tel métier, vous finissez par apprendre de quoi vous permettre d’écrire une bonne dizaine de livres sur le quotidien des gens qui se confient à vous et vous investissent de leur confiance pour compter sur votre secret », relève-t-il, en caressant sa machine à écrire, « c’est ma vie, ma compagne de toujours, c’est mon gagne-pain ». Dans ce parcours d’un quart de siècle qu’il boucle déjà sur les espaces de ses aînés, notre interlocuteur se remémore bien des doyens qui ont fait la réputation de cette « profession » bien avant que la technologie ne s’installe pour laisser place au digital. Il évoque avec émotion ces « célèbres » écrivains publics qui ne sont plus de ce monde, Kadour Kari, Lyamine Sabri, Cheikh Youcef, Maamar, Mustapha Saadaoui et d’autres qui de génération en génération se sont relayés au pied du mur de la poste pour préserver ce métier d’écrivain public avec l’espoir de voir un jour se réaliser cette vieille promesse de les doter sur ce site, de petits kiosques pour préserver et valoriser ces petits bouts du patrimoine du vieux Sétif.

F. Z.

Farouk ZoghbiFarouk Zoghbi
Journaliste Correspondant
RÉGIONS
20:48
09-08-2023
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