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Annaba: Ils sont de plus en plus nombreux à Annaba- Les Maliens, victimes de l’indifférence et de l’hostilité

Publié le 26/08/2013
Les rues se sont vidées de leur présence. Et pourtant. Les nombreux Maliens et autres Subsahariens qui faisaient partie du décor de la Coquette ont presque disparu. Ils ont été récemment transférés au Centre Sidi-Belaïd. De plus en plus nombreux dans la quatrième ville du pays, ils tentent de survivre malgré une population parfois indifférente sinon très hostile à leur présence. Rencontre avec des femmes et des hommes qui font changer le visage de la Coquette.

Assis sur les trottoirs de l’ex-rue Bugeaud, le regard presque hagard, ils semblent presque figés dans le décor. Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards. Ils ont ceci de particulier. Ce sont des Subsahariens, des Maliens précisément, qui ont fui les violences dans leur pays. La plupart viennent de la région de Kidal, au nord du pays. Annaba semble être devenue un havre de paix, mais pour combien de temps ? « Je suis arrivé ici au mois de juin, raconte Issoufa, 32 ans, mais qui, à la vue de son visage, paraît avoir 10 ans de plus. Nous avons fui, mon épouse, mes trois enfants et moi-même, les violences causées par le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad, rébellion touarègue, ndlr) et le Mujao (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest, islamistes armés, ndlr). Nous avons dû parcourir des milliers de kilomètres, parfois à pied, pour nous retrouver ici, à Annaba, en attendant des jours meilleurs ». Des cas comme celui-ci, nous en avons constaté des dizaines, pour ne pas dire une centaine, tant les Maliens sont devenus nombreux dans la quatrième ville d’Algérie. Ils sont répertoriés non seulement du côté du marché couvert des ex-rues Bugeaud et Gambetta, mais on les trouve aussi du côté de la Place d’Armes (la Vieille Ville) au côté de compatriotes établis depuis quelques années déjà.

 AUTRE ÂGE

 Leur présence a même été constatée dans la périphérie de la ville au niveau des quartiers populaires de Sidi Salem et de Boukhadra (dans la commune limitrophe d’El Bouni), et même jusqu’à El Hadjar et Berrahal, distantes respectivement de 15 et 35 kilomètres du chef-lieu de wilaya. La Place d’Armes est devenue le lieu par excellence de résidence de cette communauté malienne qui a fui la guerre. On les trouve sur la placette située devant la mosquée El Bey, mais aussi et surtout dans les différentes ruelles, adossés ou assis devant des immeubles d’un autre âge menaçant à tout moment de s’effondrer. Mouhamadou, 26 ans, après avoir éprouvé une certaine sympathie à l’égard des islamistes du Mujao, a finalement préféré le chemin de l’exil, tout en continuant à se définir comme un « musulman pieux et pratiquant ». « Je crois au Tout-Puissant, s’exclame-t-il. J’ai pu trouver paix et quiétude dans cette sainte terre d’Algérie et en particulier ici à Annaba. Bien sûr, ma situation n’est pas encore claire, mais, el hamdoulillah, je vais bien et je compte bien faire venir les miens ici ». Certains, en effet, sont venus seuls, fuyant, du mieux qu’ils le pouvaient leur pays en proie à des lendemains incertains.

« EMCHI AÂLIYA ! »

 Le point de ralliement des Maliens a d’abord été Tamanrasset, puis, de la capitale du Hoggar, ils se sont éparpillés aux quatre coins du territoire national. A Annaba, leur vie est essentiellement faite de mendicité. Très peu de leurs compatriotes en situation régulière leur viennent en aide. Aminata, 20 ans, la tête à moitié cachée sous un fichu bariolé et en partie déchiré, essaye, par tous les moyens, de s’offrir une baguette de pain auprès des vendeurs ambulants devant le marché couvert. Elle se fait vertement rabrouer par certains vendeurs : « Emchi aâliya ! » Peine perdue, elle se résigne à regagner sa place parmi les siens. « Je ne comprends pas ce comportement, s’émeut-elle, la larme à l’œil. Je demande une simple baguette de pain. Ce ne sont pas 10 dinars qui vont les ruiner, tout de même. Je suis un être humain, comme eux, et de surcroît, une femme dans le besoin. Où est la charité musulmane dont on nous a tellement vanté les vertus dans mon enfance ? Les Algériens sont racistes, jamais ils ne se seraient conduits de la sorte si j’avais été comme eux, mais voilà, ce que j’ai maintes fois entendu sur les Nord-Africains au pays se confirme ». Finalement, une dame d’un certain âge consent à lui acheter une baguette de pain. Compatissante, elle nous explique que les Algériens auraient pu subir une situation analogue : « Imaginez que le terrorisme de la décennie noire ait dégénérée en véritable guerre civile qui aurait jeté sur les routes des milliers de candidats à l’exil. Il faut les comprendre, je me dois de les aider un peu à ma manière, malgré ma petite retraite ».

 « BABAYE »

 Aminata, reconnaissante, ne cesse de la remercier. Les Maliens de l’ex-rue Bugeaud, comme ceux de la Place d’Armes, subissent quotidiennement des agressions verbales, quand elles ne sont pas physiques sous le regard passif des quelques policiers de passage. « La police est complice de notre sort, s’enrage Mouhamadou. Lorsque des enfants donnent des coups de pied aux nôtres, elle ne fait rien. D’ailleurs, j’ai même vu certains policiers sourire devant une telle scène. En plus, lorsqu’ils s’adressent à nous, ils font mine de ne pas savoir parler le français, ni même le comprendre et nous affabulent du sobriquet ‘‘Babaye’’. Je ne comprends pas, ils sont censés représenter la sécurité et l’ordre ». « Faux, rétorque ce policier abordé au rond-point Hattab, à proximité de l’ex-rue Gambetta. Nous essayons de leur venir en aide. D’ailleurs, pendant le mois sacré de Ramadan, nous leur apportions même à manger. Ils ne sont pas reconnaissants, apparemment ». Mais un autre policier, rencontré, lui, au quartier de la Colonne, se montre plus prolixe : « Ils n’ont rien à faire en Algérie. Nous avons suffisamment de problèmes à régler avec nos concitoyens. Maintenant qu’ils ont un nouveau président (Ibrahim Boubakar Keita, ndlr), qu’ils retournent chez eux ! ». Concrètement, mis à part la mendicité, comment vivent-ils au cœur de la Coquette ?

 PETITS BOULOTS

 « Les rares compatriotes qui nous viennent en aide, nous proposent des petits boulots comme cordonniers, raconte Ibrahim, la trentaine. Mais la recette est obligatoirement partagée avec nos ‘‘patrons’’ de la Place d’Armes. L’endroit qui nous reste interdit, cependant est le Cours de la Révolution. Si l’un de nous ose s’y aventurer, il en est aussitôt expulsé par la police ». Évidemment, la totalité de ces réfugiés sont SDF. Ils dorment à la belle étoile à même des cartons, que certains, ingénieux, ont pu aménager en abri de fortune. « Nous passons toutes nos nuits à côté du marché, raconte Aïssatou, 35 ans et mère de sept enfants en bas âge, et dont le plus jeune reste accroché à son sein. Pour le moment, ça va, les nuits sont douces, et nous espérons voir notre situation évoluer dans le bon sens, sinon, l’hiver risque d’être dur, surtout pour les enfants ». Moustapha, son fils aîné, âge de dix ans, s’amuse devant le trottoir au milieu de détritus. Aïssatou, résignée, le regarde, songeuse, ainsi que l’un des plus jeune, âgé d’au moins deux ans et qui, vêtu uniquement d’un simple tee-shirt se met subitement à uriner en direction d’un chat errant. Les passants ne semblent même plus faire attention à ces nouveaux « habitants » de Annaba. A croire qu’ils font presque partie du décor d’une ville dont la propreté laisse fortement à désirer.

 POCKPOCKETS

 Mais la population annabie reste fortement méfiante et ne souhaite aucunement avoir de relation avec eux. Pour ce jeune, descendu d’un taxi à proximité de la Place d’Armes, ils ne devraient pas rester ici. « Leur place n’est pas à Annaba, ni même ailleurs en Algérie. Ils ne sont là que pour leur propre profit et surtout pour faire venir les leurs. Nous n’en avons vraiment pas besoin. Je préfère, de loin, les Tunisiens. Au moins, nous sommes proches d’eux et ils ont la même culture et la même langue que nous ». Pour cette jeune bônoise au hidjab rouge vif assise avec une amie sur une terrasse du Cours de la Révolution, les Maliens de Annaba donnent une mauvaise image de la ville : « Déjà que Annaba est une ville très sale, pour ne pas dire la ville la plus sale d’Algérie. Et ils sont là, à manger, boire, dormir et bien sûr, salir davantage les lieux. Maintenant, je n’ose plus m’aventurer à côté du Marché, et encore moins à la Place d’Armes. On y raconte d’ailleurs qu’ils agressent même des passants et certains sont devenus de véritables pickpockets ». À l’extérieur de la ville, les réfugiés maliens, moins nombreux, commencent à investir les cités de Boukhadra et surtout Sidi Salem, point de départ de nombreux harragas.

 PASSEURS

 Bafodé a 28 ans. Il vient de Tombouctou et s’est retrouvé à Annaba en mai dernier après un périple qui, selon lui, a duré plus de 8 mois à travers les sables du désert. Selon ses dires, il aurait même été victime d’un viol organisé à El Menea. A Annaba, des compatriotes lui auraient conseillé d’aller à Sidi Salem. « Je suis diplômé en informatique, explique-t-il. Il n’y a pas d’avenir au Mali, et avec la guerre et les islamistes, j’ai préféré partir. Mais je ne compte pas rester en Algérie. D’ailleurs, l’Algérie n’a rien fait pour nous aider quand le MNLA, puis le Mujao occupaient le Nord du pays. Je compte bien partir en Europe. Et j’ai entendu dire qu’il y avait possibilité de partir depuis une plage de Sidi Salem. Mais il faut de l’argent, beaucoup d’argent. Je suis obligé de travailler pour pouvoir partir. Alors j’ai rencontré un compatriote de la Place d’Armes qui m’a proposé de me faire un max de fric en revendant du shit. J’économise un peu pour pouvoir partir. J’espère qu’en 2014, je ne serai plus là mais en Europe, en Italie ou en France. J’ai d’ailleurs sympathisé avec des passeurs, qui, le moment venu, interviendront pour moi, pour m’embarquer ». Comme Bafodé, ils seraient une quarantaine à Sidi Salem. Leur point commun : partir à tout prix vers l’Europe. Certains se promènent sur la longue plage qui aurait pu faire la fierté de la cité populaire.

 BÔNOIS D’ADOPTION

 La plupart sont des peuls et se comprennent aisément dans leur langue. Tous sont francophones cependant, non seulement pour communiquer avec d’autres compatriotes, mais aussi pour parler avec les Algériens. « Ici au moins, commente Bafodé, beaucoup parlent le français. Ce n’est pas comme à El Menea. Là bas, ils sont tous arabophones. Vas-y te faire comprendre ou parler avec eux ». Et d’enchaîner qu’il n’est pas fait pour vivre en Algérie. Pour beaucoup de Maliens, Annaba représente l’ultime étape d’un voyage qu’ils n’ont pas désiré. Certains comptent, à l’instar de Boubacar, la cinquantaine et toujours en boubou, s’installer définitivement par ici. « J’apprécie la ville et son climat, reconnaît-il. Si Dieu me prête vie, je m’installerai ici et je ferai venir le reste de ma famille. Je sais qu’ils s’en sortiront mieux en Algérie qu’au pays. Et puis, d’une certaine manière, nous restons en Afrique, au moins ». Cet avis semble être partagé par la majorité de ce qu’il conviendrait peut-être d’appeler un jour, ces « Bônois d’adoption », comme aime si bien le dire Aminata, qui rêve de rencontrer à Annaba son « prince charmant » : « Même si c’est un Algérien, je n’y vois aucun problème. Il y a de beaux hommes ici. En plus, ils sont musulmans et africains comme nous ». « Et j’en suis persuadée, nous confie-t-elle avec un sourire espiègle, nous ferons de beaux enfants qui seront les nouveaux symboles de Annaba, ville devenue cosmopolite ! »

Le provential - 25/08/2013 - Lakhdar Habib
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Les Commentaires

Article peu long et bidon, mais bon,... merci qd mm pr l'info sr ns flics.
Mais kel est reelmnt l'objectif de l'oteur de cet article?
Monsieur le Policier de la Coquette, ki es-tu, toi ki juges ls Maliens et veux ls renvoyer dans lr pays?? As-tu oublie ke ns parents, ns Chouhadas ont ETE AIDE (pr ds africains) et c st battus cote a cote pr la liberte ke ns respirons, ojrd'hui, a chake instants, ossi dure et malheureuse soit ntre vie.
Prso, j'ne trouve ps ls mots pr dire a kel point je suis outre d'entendre dire ke ls policiers ki c pretendent ls champions du maintien de l'ordre, de la defense et de la protection ds citoyens ET de ns hotes st en realite ds segregationnistes.
Sommes-ns donc vraimnt devenus racistes?
Ls touristes de couleur, ls refugies et ls demandeurs de protection – et ps seulemnt ls africains, d’aillrs – riskent de penser ke l’Algerie est 1 pays a eviter.
J'suis ossi outre pr le comportmnt de certains flics dans ntre ville. En effet, il st vulgaires, lrs interpellations c font a base de gros mots et c'la klke soit l'interpelle, prfois c intepellations c font devant ds passants pouvant etre chokes (enfants, femmes, prsnes agees,... touristes etrangers).
Prfois mm, ils vont jsk'a mettre le gyrophare, sirene hurlante, griller ls feux rouges, ne ps respecter la circulation et tt ca prkoi? Pr c frayer un passage en ville afin de c rendre dans ls restos/bars prendre 1 apero, acheter 1 paket de tabac ou otres coins pr collecter ls tchipettes,... fermez ns gueules et laisser passer c trs urgent l'apero, le tabac et ls tchipettes, prcke ls gorilles de la DGSN st prets a vs faire tabasser si vs ne degager ps! Donner du pouvoir a un vulgaire et populaire, il devient un dictateur,... c super logic, merci!
Il est vrai ke ls "bavures policieres", a La Coquette et dans tte l'Algerie, st, malheursmnt, de +en+ d'actualite,... et qd l'imbecilite frise le ridicule!

C scandalisant tt ca! J'ne trouve ps ca correcte. Jste prck'ils pretendent representer ntre police, mais la police de la koi o jste? La police de la JUNGLE ou la Police de la republic BANANIERE?!?! 
Il serait en effet + convenable de retirer (a c semblables du zoo) lrs uniformes afin de ne ps salir la veritable image de la Police,... l'image de la vrai Police algerienne, correcte, respectueuse, ne passant ps outre ls lois.
Et com disait mon pere (Allah Yarhamou) sans loi, sans flics et sans justice, c serait l'anarchie: tt ca, c bien bo, mais c de la theorie (il en fo ossi).
Bien parler Lintiko!

Par ailleurs je me pose la question suivante:
Est-ce que l'Afrique du nord et plus particulièrement notre pays est en passe de devenir une terre d'immigration? Dans ce cas-là, c'est un véritable bouleversement.
oui, je peux le confirmer les algériens sont racistes et leurs comportements sont ignobles. je ne veux par rassembler à nos concitoyens, les autotites ne font rien pour leurs venir en aide.
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