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Tourisme en Algérie : pourquoi ça bloque ? par Cherif Ali « Si l'Algérie s'ouvrait au tourisme, ce serait

Publié le 24/06/2023
Tourisme en Algérie : pourquoi ça bloque ? par Cherif Ali « Si l'Algérie s'ouvrait au tourisme, ce serait bien pour ce pays, car il est mieux que le Maroc et la Tunisie réunis. Je rajouterai que j'ai visité plus de deux cents pays, je dois dire que pour moi, l'Algérie est le plus beau » Yann Arthus Bertrand. Reporter / photographe. «L'Algérie vue du ciel» 2015. Les Algériens qui avaient pris date avec la première déclaration du ministre du Tourisme sortant à la presse, ont été encore une fois déçus; ce responsable, à l'instar de ceux qui l'ont précédé, n'a rien entrepris pour dynamiser le tourisme algérien, l'un des moins performants au monde qui ne peut sortir la tête de l'eau en l'absence d'une réelle volonté politique de le libérer du carcan bureaucratique et juridique dans lequel on l'a enfermé. Il a sa part de responsabilité, lui, qui, lors de son investiture, avait affirmé en bombant le torse : « Je ne ménagerai aucun effort pour redresser ce secteur vital et important en remédiant aux insuffisances ». Un ministre chasse l'autre et l'instabilité du secteur n'en finit pas, alors que le pays reste le même, dans ses constantes. Plus de 1.600 kilomètres de bord de mer, des montagnes boisées surplombant plusieurs vallées et même des cours d'eau, des sources minérales à ciel ouvert, dans le Sud et l'immensité saharienne, on trouve les ergs, les oasis et les parcs du Tassili du Hoggar; en amont, des installations touristiques louables mais franchement insuffisantes; en aval, une demande interne de plus en plus croissante de vacanciers, effectifs ou potentiels, aspirant à la détente ! Certes, le parc hôtelier a besoin d'argent pour son développement, comme il est nécessaire, aussi, de libérer le foncier pour permettre un maximum d'investissements, mais il a aussi besoin et surtout de se débarrasser de tous ceux qui font fuir les investisseurs, lassés d'être rackettés par des responsables beaucoup plus soucieux de leur avenir que de celui du tourisme national ! Depuis 1976, d'ailleurs, il n'y a eu qu'une seule véritable politique de tourisme qui accordait la priorité au tourisme interne en faveur des nationaux. Depuis plusieurs décennies donc, il n'y a que des tentatives puériles et sporadiques qui n'ont pas produit de résultats probants. Sur le terrain, les nationaux se plaignent de la médiocrité des services et les étrangers se sont raréfiés déjà bien avant 1991, début des années tragiques; quant aux émigrés, malgré l'accueil officiel et personnalisé qui leur est spécialement réservé, ils s'en retourneront lourdement chargés, mais néanmoins mécontents de n'avoir pas réussi à négocier au plus fort leurs euros au «black change» ! On a toujours parlé au ministère du Tourisme de lancer le tourisme, ou de le relancer, et selon le point de vue de tel ou tel ministre, on vise en même temps, de satisfaire la demande interne et de nous ramener des devises, est-ce possible ? Faut-il commencer par réanimer le tourisme domestique et donc commencer par satisfaire une demande intérieure, pesante et urgente ou alors tout miser sur une demande extérieure, hypothétique et virtuelle, soumise de plus en plus à une impitoyable concurrence ? Peut-on aussi mener les deux actions en parallèle ? Certes, beaucoup a été fait, des agences de tourisme ont vu le jour, des formules de voyage ont été testées, des assises du tourisme et même des salons sont ponctuellement organisés, à l'étranger, pour appâter le chaland, en vain. Comme cette mesure « de permettre aux étrangers souhaitant effectuer des visites touristiques dans le sud du pays, par le biais des agences de tourisme et de voyages nationales agréées, d'obtenir un visa de régularisation à leur arrivée aux postes frontaliers, notamment dans les wilayas du Sud (aéroports et points de passage terrestres), sans avoir à entreprendre les démarches de demande de visa ordinaire ». Pour l'instant, l'Office national de tourisme (ONT) est à court d'idées, après s'être dépensé (inutilement ?) dans les salons internationaux de second plan, voire insignifiants et dont la cible de clientèle, en termes de marketing ne correspond pas aux deux produits algériens phares «saharien et balnéaire»; il s'agit des salons de Moscou, Budapest (Hongrie), Varsovie (Pologne), Tunis, Casablanca et Le Caire. Le ministère du Tourisme et c'est son principal défaut a toujours voulu évoluer en solitaire, dans une insularité criarde, sans aucune intersectorialité ou complémentarité. Il lui manque, à ses côtés, et cruellement, un ministère de la Culture fort de ses compétences et de son budget et un ministère de la Communication percutant ! Il lui faut aussi, en appoint, un secteur bancaire réformé, affranchi de ses carcans et des partenaires privés mus par l'esprit gagnant-gagnant ! En effet, le tourisme est une véritable locomotive économique et l'enjeu qu'il implique ne peut relever du seul secteur chargé de sa mise en œuvre. Il interpelle toutes les institutions, politiques et privées, jusqu'au moins planifiable possible, l'Algérien et sa mentalité. Intervenir sur les mentalités des opérateurs touristiques, c'est aussi une urgence à prendre en considération ! En conséquence, un changement de braquet dans la politique touristique est plus que nécessaire. Sauver l'artisanat, protéger le patrimoine archéologique et pas que de la convoitise et la cupidité sans bornes des voisins de l'Ouest relève de la priorité ! Rendre nos villes plus attrayantes, conserver une politique de loisirs, améliorer nos transports, renforcer la sécurité partout, promouvoir la gastronomie et l'habit traditionnel algérien, sortir le tapis de Ghardaïa du néant dans lequel il se trouve, rendre nos banques agréables, mettre le wifi partout, voilà un programme plus qu'alléchant pour sortir le tourisme national de sa régression ! Les pays européens de l'Est s'intéressent au produit balnéaire de qualité et bon marché et présentement, seule la Tunisie les intéresse et les attire grâce à sa politique d'ouverture et ses prix imbattables. Et ce constat terrible; les pays arabes, Tunisie en tête, reçoivent en masse nos nationaux et ne nous envoient pas les leurs en retour ! Les pays qui doivent être ciblés à l'avenir sont l'Allemagne, à travers le salon de Berlin et la France via les salons de Deauville et de Cannes où réside une forte communauté de pieds-noirs, avides de visiter l'Algérie. Un éminent spécialiste en tourisme international l'affirmait : «Une destination touristique, en tant que produit national, se construit sur la durée, 10 à 20 ans (construction d'infrastructures adaptées, formation de personnel, campagnes promotionnelles ciblées, etc.)». Dieu et la nature ont doté l'Algérie d'une richesse aussi variée qu'exceptionnelle, mais l'apport des hommes qui avaient la charge de promouvoir et de séduire les touristes n'était pas en rapport. Comme par exemple l'Office Riadh El-Feth, censé être le «Beaubourg» algérien mais qui, faute de gestionnaires compétents, et surtout «banquables» comme Amine Zaoui, Abdelkader Bendaâmache, Safy Boutella, véritables hommes de culture capables d'agir en «VRP» de la culture, se complaît dans la routine au grand dam des quelques visiteurs qui fréquentent encore ce désert culturel ! Le pays est vaste, les sites innombrables, la côte interminable mais les places d'hôtel vacantes sont inexistantes ou infimes au regard des besoins exprimés ou latents; ni les hôtels de gamme moyenne encore moins les auberges bon marché ne sont disponibles; l'Algérie se targue d'avoir 60 hôtels parmi la gamme de luxe, mais il n'existe que très peu d'hôtels classés dans la gamme moyenne (2 et 3 étoiles) et souvent les estivants sont confrontés aux tarifs dissuasifs et rédhibitoires de la nuitée à 10.000 DA et plus. Quant aux plages, le pays en compte 220 interdites à la baignade pour cause de pollution et au total, deux tiers des plages restantes sont infréquentables pour les familles ! Les «gros bras» sont les maîtres des plages où la baignade est autorisée; l'accès, selon les pouvoirs publics, était censé pourtant être gratuit ! A ce rythme, on payera pour accéder à nos maisons et même pour voir nos enfants, comme l'a affirmé quelqu'un. Mais sinon, comment appréhender cette équation sachant que les Algériens ne sont pas difficiles; pour eux, il suffit de créer ceci et cela, disent-ils, pour que les choses aillent mieux et que tout le monde puisse profiter de ses vacances ! Hôtes par devers eux, de tant de peuples au cours des siècles, les Algériens, dès qu'ils en eurent les moyens, s'en allèrent découvrir le monde, avides de voir, de toucher et d'acheter ce qu'on leur avait pris ou interdit. Pour les anciens parmi nous, «partir, c'est mourir un peu»; pour nos enfants, «partir, c'est vivre un peu» !, mais avec les sérieuses restrictions de l'allocation devises, le nombre d'Algériens sortant à l'étranger a chuté de plus de 50%; tout porte à croire que cette tendance à la baisse se confirmera, d'autant plus que les chancelleries des pays de destination visés, européens notamment, ne donnent aucun signe de facilitation pour la délivrance, sans restriction, du fameux visa. En conséquence, les gens ne voyagent plus hors du territoire national, ou très peu et se rabattent sur le produit touristique local : mais voilà, tout est complet, saturé, râpé pour les Algériens qui ont opté pour le tourisme domestique. Potentialités extraordinaires, sites naturels et historiques inestimables, jeunesse de la population, tout plaide pour une «naissance» du tourisme algérien qui est, présentement, confronté à une double exigence de compétition internationale et de réponse à des besoins sociaux et culturels. Un ancien ministre, Mohamed Benmeradi, pour ne pas le nommer, annonçait, en son temps, une enveloppe de 270 milliards d'euros d'investissement qui devaient être consacrés au financement de 730 projets, invisibles pour la plupart à ce jour, pour cause de «bureaucratie» ! Cette même bureaucratie, a-t-il dit alors, empêche l'exploitation des zones d'exploitation touristiques (ZET), dont seulement 22 sur les 205 auraient été approuvées par le gouvernement. L'Algérie n'a jamais dépassé le seuil d'un million de visiteurs étrangers, depuis 1963. Ce chiffre inquiète et rassure dans le même temps, car il peut être un atout dans le sens ou des destinations voisines (Maroc et Tunisie) peuvent connaître la saturation contrairement à la Turquie et la Croatie, ces nouvelles destinations en vogue qui en profitent, pourquoi pas à notre pays ? L'été prochain, ils seront des milliers de compatriotes à vouloir changer d'air, fuir la canicule pour se baigner, tranquillement, en famille, dans les belles plages de Sousse ou à Hammamet pour profiter des délices de la thalassothérapie ! L'Office national de tourisme de ce pays s'apprête, s'il ne l'a déjà entrepris, de lancer une nouvelle campagne de promotion dont les points forts se résument comme suit : 1. équipes personnalisées, espaces d'orientation pour accueillir « ce marché algérien, l'un des plus fidèles »; 2. prestations hôtelières avec un très bon rapport qualité-prix; 3. plages et piscines gratuites; 4. santé et bien-être des loisirs proposés. Les autorités tunisiennes espèrent dépasser le seuil du million de touristes algériens, accueillis chez eux, sur l'ensemble de l'année d'avant-Covid, au moment même où l'on se pose la question de savoir si notre nouveau ministre du Tourisme va réussir, pour le moins, à mettre en œuvre les recommandations issues de la 5e commission mixte algéro-tunisienne de coopération dans le domaine touristique portant sur l'importance de l'échange de cadres juridiques et réglementaires dans divers volets du secteur touristique, le jumelage entre les établissements de formation des deux pays et l'organisation de sessions de formation communes. Le président Tebboune en est convaincu, le tourisme est désormais un secteur stratégique et la préparation de l'Algérie à la période post-pétrole s'impose ! A cause déjà du syndrome de la dépendance quasi totale de l'économie pétrolière et également de l'abondance de ressources de développement hors hydrocarbures non encore, ou insuffisamment exploitées, susceptibles d'offrir au pays des opportunités d'un développement durable. Il en a fait son 19e engagement électoral en insistant sur : 1. la segmentation stratégique de la demande touristique nationale et internationale afin de déterminer le type de tourisme à mettre en valeur (estival, culturel, religieux, saharien / sud et extrême sud, montagneux et familial); 2. la mise en œuvre d'un « Plan destination Algérie »; 3. le développement de la formation dans les métiers de tourisme; 4. l'assouplissement des procédures d'obtention de visas touristiques. Une feuille de route à appliquer stricto sensu ! La beauté de l'Algérie ne suffit pas pour le retour du tourisme qui reste tributaire de notre capacité à transformer ce potentiel en produits touristiques de qualité en lui conférant une dimension à la hauteur de ses atouts. Pour cela, il faut des hommes et aussi des femmes comme madame Yasmine Terki, cette passionnée du Gourara non pas pour porter le tourisme national sur des fonts baptismaux, pas encore, mais pour, au moins, «secouer le cocotier» ! Etant entendu qu'en matière touristique, les insuffisances ne sont pas le résultat d'une fatalité, mais la conséquence directe des errements de tous ces ministres qui, pour le moins, n'avaient pas les compétences requises pour gérer un tel secteur.
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Tourisme en Algérie : pourquoi ça bloque ?
par Cherif Ali


« Si l'Algérie s'ouvrait au tourisme, ce serait bien pour ce pays, car il est mieux que le Maroc et la Tunisie réunis. Je rajouterai que j'ai visité plus de deux cents pays, je dois dire que pour moi, l'Algérie est le plus beau » Yann Arthus Bertrand. Reporter / photographe. «L'Algérie vue du ciel» 2015.

Les Algériens qui avaient pris date avec la première déclaration du ministre du Tourisme sortant à la presse, ont été encore une fois déçus; ce responsable, à l'instar de ceux qui l'ont précédé, n'a rien entrepris pour dynamiser le tourisme algérien, l'un des moins performants au monde qui ne peut sortir la tête de l'eau en l'absence d'une réelle volonté politique de le libérer du carcan bureaucratique et juridique dans lequel on l'a enfermé.

Il a sa part de responsabilité, lui, qui, lors de son investiture, avait affirmé en bombant le torse : « Je ne ménagerai aucun effort pour redresser ce secteur vital et important en remédiant aux insuffisances ».

Un ministre chasse l'autre et l'instabilité du secteur n'en finit pas, alors que le pays reste le même, dans ses constantes.

Plus de 1.200 kilomètres de bord de mer, des montagnes boisées surplombant plusieurs vallées et même des cours d'eau, des sources minérales à ciel ouvert, dans le Sud et l'immensité saharienne, on trouve les ergs, les oasis et les parcs du Tassili du Hoggar; en amont, des installations touristiques louables mais franchement insuffisantes; en aval, une demande interne de plus en plus croissante de vacanciers, effectifs ou potentiels, aspirant à la détente ! Certes, le parc hôtelier a besoin d'argent pour son développement, comme il est nécessaire, aussi, de libérer le foncier pour permettre un maximum d'investissements, mais il a aussi besoin et surtout de se débarrasser de tous ceux qui font fuir les investisseurs, lassés d'être rackettés par des responsables beaucoup plus soucieux de leur avenir que de celui du tourisme national !

Depuis 1976, d'ailleurs, il n'y a eu qu'une seule véritable politique de tourisme qui accordait la priorité au tourisme interne en faveur des nationaux. Depuis plusieurs décennies donc, il n'y a que des tentatives puériles et sporadiques qui n'ont pas produit de résultats probants.

Sur le terrain, les nationaux se plaignent de la médiocrité des services et les étrangers se sont raréfiés déjà bien avant 1991, début des années tragiques; quant aux émigrés, malgré l'accueil officiel et personnalisé qui leur est spécialement réservé, ils s'en retourneront lourdement chargés, mais néanmoins mécontents de n'avoir pas réussi à négocier au plus fort leurs euros au «black change» !

On a toujours parlé au ministère du Tourisme de lancer le tourisme, ou de le relancer, et selon le point de vue de tel ou tel ministre, on vise en même temps, de satisfaire la demande interne et de nous ramener des devises, est-ce possible ?

Faut-il commencer par réanimer le tourisme domestique et donc commencer par satisfaire une demande intérieure, pesante et urgente ou alors tout miser sur une demande extérieure, hypothétique et virtuelle, soumise de plus en plus à une impitoyable concurrence ?

Peut-on aussi mener les deux actions en parallèle ?

Certes, beaucoup a été fait, des agences de tourisme ont vu le jour, des formules de voyage ont été testées, des assises du tourisme et même des salons sont ponctuellement organisés, à l'étranger, pour appâter le chaland, en vain.

Comme cette mesure « de permettre aux étrangers souhaitant effectuer des visites touristiques dans le sud du pays, par le biais des agences de tourisme et de voyages nationales agréées, d'obtenir un visa de régularisation à leur arrivée aux postes frontaliers, notamment dans les wilayas du Sud (aéroports et points de passage terrestres), sans avoir à entreprendre les démarches de demande de visa ordinaire ». Pour l'instant, l'Office national de tourisme (ONT) est à court d'idées, après s'être dépensé (inutilement ?) dans les salons internationaux de second plan, voire insignifiants et dont la cible de clientèle, en termes de marketing ne correspond pas aux deux produits algériens phares «saharien et balnéaire»; il s'agit des salons de Moscou, Budapest (Hongrie), Varsovie (Pologne), Tunis, Casablanca et Le Caire. Le ministère du Tourisme et c'est son principal défaut a toujours voulu évoluer en solitaire, dans une insularité criarde, sans aucune intersectorialité ou complémentarité.

Il lui manque, à ses côtés, et cruellement, un ministère de la Culture fort de ses compétences et de son budget et un ministère de la Communication percutant !

Il lui faut aussi, en appoint, un secteur bancaire réformé, affranchi de ses carcans et des partenaires privés mus par l'esprit gagnant-gagnant !

En effet, le tourisme est une véritable locomotive économique et l'enjeu qu'il implique ne peut relever du seul secteur chargé de sa mise en œuvre. Il interpelle toutes les institutions, politiques et privées, jusqu'au moins planifiable possible, l'Algérien et sa mentalité.

Intervenir sur les mentalités des opérateurs touristiques, c'est aussi une urgence à prendre en considération !

En conséquence, un changement de braquet dans la politique touristique est plus que nécessaire.

Sauver l'artisanat, protéger le patrimoine archéologique et pas que de la convoitise et la cupidité sans bornes des voisins de l'Ouest relève de la priorité !

Rendre nos villes plus attrayantes, conserver une politique de loisirs, améliorer nos transports, renforcer la sécurité partout, promouvoir la gastronomie et l'habit traditionnel algérien, sortir le tapis de Ghardaïa du néant dans lequel il se trouve, rendre nos banques agréables, mettre le wifi partout, voilà un programme plus qu'alléchant pour sortir le tourisme national de sa régression !

Les pays européens de l'Est s'intéressent au produit balnéaire de qualité et bon marché et présentement, seule la Tunisie les intéresse et les attire grâce à sa politique d'ouverture et ses prix imbattables.

Et ce constat terrible; les pays arabes, Tunisie en tête, reçoivent en masse nos nationaux et ne nous envoient pas les leurs en retour !

Les pays qui doivent être ciblés à l'avenir sont l'Allemagne, à travers le salon de Berlin et la France via les salons de Deauville et de Cannes où réside une forte communauté de pieds-noirs, avides de visiter l'Algérie.

Un éminent spécialiste en tourisme international l'affirmait : «Une destination touristique, en tant que produit national, se construit sur la durée, 10 à 20 ans (construction d'infrastructures adaptées, formation de personnel, campagnes promotionnelles ciblées, etc.)».

Dieu et la nature ont doté l'Algérie d'une richesse aussi variée qu'exceptionnelle, mais l'apport des hommes qui avaient la charge de promouvoir et de séduire les touristes n'était pas en rapport.

Comme par exemple l'Office Riadh El-Feth, censé être le «Beaubourg» algérien mais qui, faute de gestionnaires compétents, et surtout «banquables» comme Amine Zaoui, Abdelkader Bendaâmache, Safy Boutella, véritables hommes de culture capables d'agir en «VRP» de la culture, se complaît dans la routine au grand dam des quelques visiteurs qui fréquentent encore ce désert culturel !

Le pays est vaste, les sites innombrables, la côte interminable mais les places d'hôtel vacantes sont inexistantes ou infimes au regard des besoins exprimés ou latents; ni les hôtels de gamme moyenne encore moins les auberges bon marché ne sont disponibles; l'Algérie se targue d'avoir 60 hôtels parmi la gamme de luxe, mais il n'existe que très peu d'hôtels classés dans la gamme moyenne (2 et 3 étoiles) et souvent les estivants sont confrontés aux tarifs dissuasifs et rédhibitoires de la nuitée à 10.000 DA et plus.

Quant aux plages, le pays en compte 220 interdites à la baignade pour cause de pollution et au total, deux tiers des plages restantes sont infréquentables pour les familles !

Les «gros bras» sont les maîtres des plages où la baignade est autorisée; l'accès, selon les pouvoirs publics, était censé pourtant être gratuit !

A ce rythme, on payera pour accéder à nos maisons et même pour voir nos enfants, comme l'a affirmé quelqu'un.

Mais sinon, comment appréhender cette équation sachant que les Algériens ne sont pas difficiles; pour eux, il suffit de créer ceci et cela, disent-ils, pour que les choses aillent mieux et que tout le monde puisse profiter de ses vacances !

Hôtes par devers eux, de tant de peuples au cours des siècles, les Algériens, dès qu'ils en eurent les moyens, s'en allèrent découvrir le monde, avides de voir, de toucher et d'acheter ce qu'on leur avait pris ou interdit.

Pour les anciens parmi nous, «partir, c'est mourir un peu»; pour nos enfants, «partir, c'est vivre un peu» !, mais avec les sérieuses restrictions de l'allocation devises, le nombre d'Algériens sortant à l'étranger a chuté de plus de 50%; tout porte à croire que cette tendance à la baisse se confirmera, d'autant plus que les chancelleries des pays de destination visés, européens notamment, ne donnent aucun signe de facilitation pour la délivrance, sans restriction, du fameux visa.

En conséquence, les gens ne voyagent plus hors du territoire national, ou très peu et se rabattent sur le produit touristique local : mais voilà, tout est complet, saturé, râpé pour les Algériens qui ont opté pour le tourisme domestique. Potentialités extraordinaires, sites naturels et historiques inestimables, jeunesse de la population, tout plaide pour une «naissance» du tourisme algérien qui est, présentement, confronté à une double exigence de compétition internationale et de réponse à des besoins sociaux et culturels. Un ancien ministre, Mohamed Benmeradi, pour ne pas le nommer, annonçait, en son temps, une enveloppe de 270 milliards d'euros d'investissement qui devaient être consacrés au financement de 730 projets, invisibles pour la plupart à ce jour, pour cause de «bureaucratie» !

Cette même bureaucratie, a-t-il dit alors, empêche l'exploitation des zones d'exploitation touristiques (ZET), dont seulement 22 sur les 205 auraient été approuvées par le gouvernement.

L'Algérie n'a jamais dépassé le seuil d'un million de visiteurs étrangers, depuis 1963.

Ce chiffre inquiète et rassure dans le même temps, car il peut être un atout dans le sens ou des destinations voisines (Maroc et Tunisie) peuvent connaître la saturation contrairement à la Turquie et la Croatie, ces nouvelles destinations en vogue qui en profitent, pourquoi pas à notre pays ?

L'été prochain, ils seront des milliers de compatriotes à vouloir changer d'air, fuir la canicule pour se baigner, tranquillement, en famille, dans les belles plages de Sousse ou à Hammamet pour profiter des délices de la thalassothérapie !

L'Office national de tourisme de ce pays s'apprête, s'il ne l'a déjà entrepris, de lancer une nouvelle campagne de promotion dont les points forts se résument comme suit :

1. équipes personnalisées, espaces d'orientation pour accueillir « ce marché algérien, l'un des plus fidèles »;

2. prestations hôtelières avec un très bon rapport qualité-prix;

3. plages et piscines gratuites;

4. santé et bien-être des loisirs proposés.

Les autorités tunisiennes espèrent dépasser le seuil du million de touristes algériens, accueillis chez eux, sur l'ensemble de l'année d'avant-Covid, au moment même où l'on se pose la question de savoir si notre nouveau ministre du Tourisme va réussir, pour le moins, à mettre en œuvre les recommandations issues de la 5e commission mixte algéro-tunisienne de coopération dans le domaine touristique portant sur l'importance de l'échange de cadres juridiques et réglementaires dans divers volets du secteur touristique, le jumelage entre les établissements de formation des deux pays et l'organisation de sessions de formation communes.

Le président Tebboune en est convaincu, le tourisme est désormais un secteur stratégique et la préparation de l'Algérie à la période post-pétrole s'impose !

A cause déjà du syndrome de la dépendance quasi totale de l'économie pétrolière et également de l'abondance de ressources de développement hors hydrocarbures non encore, ou insuffisamment exploitées, susceptibles d'offrir au pays des opportunités d'un développement durable.

Il en a fait son 19e engagement électoral en insistant sur :

1. la segmentation stratégique de la demande touristique nationale et internationale afin de déterminer le type de tourisme à mettre en valeur (estival, culturel, religieux, saharien / sud et extrême sud, montagneux et familial);

2. la mise en œuvre d'un « Plan destination Algérie »;

3. le développement de la formation dans les métiers de tourisme;

4. l'assouplissement des procédures d'obtention de visas touristiques.

Une feuille de route à appliquer stricto sensu !

La beauté de l'Algérie ne suffit pas pour le retour du tourisme qui reste tributaire de notre capacité à transformer ce potentiel en produits touristiques de qualité en lui conférant une dimension à la hauteur de ses atouts.

Pour cela, il faut des hommes et aussi des femmes comme madame Yasmine Terki, cette passionnée du Gourara non pas pour porter le tourisme national sur des fonts baptismaux, pas encore, mais pour, au moins, «secouer le cocotier» !

Etant entendu qu'en matière touristique, les insuffisances ne sont pas le résultat d'une fatalité, mais la conséquence directe des errements de tous ces ministres qui, pour le moins, n'avaient pas les compétences requises pour gérer un tel secteur.
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