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Guerre en Ukraine: l’Algérie, une alternative crédible au gaz russe?

Publié le 12/03/2022
Guerre en Ukraine: l’Algérie, une alternative crédible au gaz russe? INTERVIEW - Alors que les pays européens importent 40% de leur gaz de Russie, l’Union européenne cherche à trouver des solutions pour réduire sa dépendance aux ressources russes. L’Algérie, troisième exportateur de gaz vers l’Europe, est-elle capable de répondre à la demande européenne? Eléments de réponse avec Patrice Geoffron, professeur d’économie à l'Université Paris-Dauphine.
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INTERVIEW - Alors que les pays européens importent 40% de leur gaz de Russie, l’Union européenne cherche à trouver des solutions pour réduire sa dépendance aux ressources russes. L’Algérie, troisième exportateur de gaz vers l’Europe, est-elle capable de répondre à la demande européenne? Eléments de réponse avec Patrice Geoffron, professeur d’économie à l'Université Paris-Dauphine.
Dans une "Déclaration de Versailles", les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne ont annoncé ce vendredi 11 mars à l'issue du Sommet de Versailles, un plan "pour la sortie de la dépendance fossile à l'égard de la Russie", d'ici à 2027. La Russie représente actuellement 40% des importations de gaz de l'UE. Ce plan "suppose des investissements nouveaux, des équipements nouveaux, des stratégies en matière d'énergies renouvelables et de nucléaire", a précisé Emmanuel Macron lors de la conférence de presse. "La stratégie que nous devons bâtir (...), c'est de savoir à quel rythme nous pouvons diminuer, réduire puis supprimer cette vulnérabilité, quels sont les voies et moyens pour trouver d'autres fournisseurs à court terme et comment nous réorganiser", déclarait ce jeudi Emmanuel Macron.

28685_1680462_k2_k1_3868580.jpg© Fournis par Challenges 28685_1680462_k2_k1_3868580.jpg
Un peu plus tôt dans la semaine, la Commission européenne a assuré vouloir réduire de deux-tiers les importations de gaz russe de l'UE sur l’année 2022. En parallèle, alors que l’armée russe étend toujours son offensive en Ukraine, les États-Unis et le Royaume-Uni ont de leur côté annoncé un embargo sur leurs importations de pétrole et gaz russe. Pour renforcer son indépendance en matière énergétique et alourdir les sanctions économiques envers Moscou, l’UE cherche ainsi à se tourner vers d’autres fournisseurs. L’Algérie, troisième fournisseur de gaz naturel vers l'Europe derrière la Russie et la Norvège, s’est dernièrement dit prête à exporter davantage de gaz à l’Europe. Toutefois, "ses capacités d’exportation restent limitées", selon Patrice Geoffron, professeur d’économie à l'Université Paris-Dauphine et directeur du Centre de géopolitiques de l’énergie et des matières premières (CGEMP).


Challenges - L’Algérie peut-elle à elle seule compenser le gaz russe en Europe?


Vidéo: Guerre en Ukraine : le gaz algérien, une manne pour l'Europe ? (Dailymotion)


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Patrice Geoffron - Actuellement, la Russie exporte vers l’Europe 150 milliards de mètres cubes de gaz par an contre environ 30 milliards pour l’Algérie. Alger a certes une marge de manoeuvre d’environ 10 milliards de mètres cubes permettant d’augmenter ses exportations mais cela ne suffit pas pour compenser le gaz russe. Par ailleurs, le pays doit faire face à deux difficultés majeures. La première est d’ordre géopolitique. Même si l’Algérie est un partenaire commercial de l’Europe, Alger est proche de la Russie. L’Algérie est dans une position compliquée où il est difficile pour elle de claironner sa volonté de venir en aide aux pays européens. Puis deuxièmement, le pays doit faire face à une tension interne: la majorité du gaz produit est consommé par la population algérienne. Et la demande augmente. La difficulté pour le pays est de gérer la tension entre la consommation intérieure et sa capacité d’exportation. En résumé, l’Algérie ne sera qu’une réponse assez partielle aux besoins européens mais a tout intérêt à essayer de valoriser son gaz en s’imposant sur le marché international.

Comment faire parvenir le gaz algérien en Europe?

L’Algérie a clairement un avantage sur les autres pays producteurs de gaz comme le Qatar et les États-Unis en raison de sa proximité avec les pays européens et de l’existence d’infrastructures d’exportation vers l’Europe. On compte aujourd’hui trois gazoducs qui viennent d’Algérie. Deux passent par l’Espagne mais l’un d’eux est interrompu pour des raisons géopolitiques. Celui-ci traverse le Maroc et les deux pays sont actuellement en conflit. Il faut également avoir en tête que le gaz algérien qui est envoyé par l’Espagne a beaucoup de mal à remonter vers les autres pays européens car les capacités d’interconnexion sont assez limitées. Il est beaucoup plus simple de transporter du gaz de l’Est vers l’Ouest en raison des infrastructures. Pour approvisionner les pays européens en gaz algérien, la solution la plus efficace est de le transporter via le gazoduc Trans-Mediterranean qui passe par la Sicile. C’est ici qu’une petite marge de manoeuvre existe. À l’heure actuelle, 22 milliards de mètres cubes passent via ce gazoduc.

Lire aussiL'Europe a "des solutions pour devenir indépendante du gaz russe", affirme Bruno Le Maire

A quel niveau la France serait-elle impactée si l’approvisionnement en gaz russe devait s’interrompre en Europe?

Notre fournisseur le plus important est la Norvège (40%). Il y a moins de 20% du gaz en France qui provient de Russie. Pour l’Algérie, on est aux alentours des 10% d’importation. L’Hexagone dépend donc peu du gaz russe mais est indirectement menacé. Si l’approvisionnement en gaz russe devait s’interrompre, les prix du gaz seront impactés. Par ailleurs, les craintes de l’UE se tournent particulièrement vers les pays européens fortement dépendants comme la Pologne, l’Italie et l’Allemagne. Si des entreprises de ces pays cessent leur activité car elles n’ont plus de gaz pour fonctionner, les sociétés françaises qui travaillent avec elles seront mécaniquement touchées. Pour éviter un choc d’approvisionnement, il faut travailler avec tous les acteurs avec lesquels nous sommes connectés par des gazoducs. Mais sur le court terme, l’Europe doit miser sur le gaz naturel liquéfié (GNL), transporté par bateau. Sur ce point, la France est plutôt privilégiée avec sa façade maritime mais il est toutefois encore difficile d’acheminer du GNL vers l’Europe de l’Est.

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