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De Brics et de broc ? Placeholder NOUREDDINE KHELASSI PUBLIÉ 05-09-2023, 11:00 ÀJohannesburg, les Brics, deven

Publié le 05/09/2023
De Brics et de broc ? Placeholder NOUREDDINE KHELASSI PUBLIÉ 05-09-2023, 11:00 ÀJohannesburg, les Brics, devenus les Brics+, ont, du point de vue géopolitique, diplomatique, économique, financier et démographique, effectué en quelque sorte un mariage de raison. Et ce mariage de raison a ses raisons, de même que l’admission de l’Algérie en salle d’attente des futurs potentiels membres du grand cercle est une paradoxale bonne nouvelle ! À quelque chose malheur provisoire est bon, comme dit l’adage populaire. Le recalage temporaire de l’Algérie, ardent aspirant à l’adhésion aux Brics+, n’est pas un drame en soi, mais juste la puissante sonnerie d’une prise de conscience salutaire de notre poids stratégique réel et du vrai niveau de notre influence sur l’échiquier du grand Sud Global. C’est une irrésistible invitation à une mise en débat de nos paradigmes de développement, à une remise en cause de nos enthousiastes certitudes. Bref, à une mise et une remise à niveau, à hauteur des standards internationaux, de notre diplomatie, notre économie et notre soft-power (s’il existe !). En somme, engager toutes les réformes nécessaires : politiques, économiques, financières, culturelles, sportives et sociales. À vaste échelle, en profondeur, et avec fixation de cap stratégique. L’adhésion inéluctable aux Brics+ est à ce prix qui n’est absolument pas cher à payer. À bien des égards, tout dépendra de nous, d’une puissante volonté politique et de notre capacité nationale à mutualiser les énergies et les intelligences. À Johannesburg, ce n’est manifestement pas les grands agrégats économiques et les indices financiers les plus pertinents qui ont fait entrer trois pays asiatiques, deux États africains et une puissance régionale latino-américaine dans le club des Brics à onze ! C’est incontestablement la géopolitique, l’arme de l’énergie, la puissance financière et le poids démographique et commercial qui ont qualifié l’Iran, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Éthiopie et l’Argentine. On ne peut s’expliquer autrement la non-qualification de pays potentiellement éligibles comme l’Algérie et davantage la Turquie, l’Indonésie ou le Mexique en raison de leurs masses critiques économiques. On retrouve donc dans les Brics+ les trois géants de l’Opep+ que sont la Russie, l’Arabie saoudite et l’Iran, la puissance financière incarnée par les Etats-banques tels les Émirats arabes et l’Arabie saoudite, et le poids économique et démographique de puissances continentales comme l’Égypte, l’Éthiopie et l’Argentine. Par conséquent, l’élargissement des Brics ne traduit pas l’avènement provisoire d’un groupe de Brics et de broc, selon l’idée que l’on se ferait des divergences, des disparités, des différences et même des rivalités objectives entre les onze membres issus de trois continents. Et les Brics+ ne sont pas non plus, loin s’en faut, un bloc parfaitement compact, globalement homogène et totalement cohérent. Les lignes de fractures laissent transparaître des signes tangibles de fragilité, accentués par les rivalités permanentes entre Chine et Inde, Iran et Arabie saoudite, Égypte et Éthiopie. À cinq, le club produit déjà un quart des richesses mondiales, compte 42% de la population, et dès janvier 2024, avec l’entrée de l’Iran, l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Argentine et l’Éthiopie, nous serons face à un « big bang » géopolitique provoqué par l’addition de grandes puissances énergétiques, économiques, financières et militaires, représentées notamment par la Chine, l’Inde, l’Iran, l’Arabie saoudite, le Brésil et la Russie. Et il faudrait s’attendre à ce que les deux richissimes pétromonarchies du Golfe donnent plus de moyens à la nouvelle Banque de développement des Brics+. Après coup, de quel poids réel pèsera désormais le G11 que constitue aujourd’hui les Brics+ ? Il est vrai que les différences de leurs économies, les divergences de leurs systèmes politiques et leurs rivalités géopolitiques diverses pourraient diminuer de l’efficacité de leurs actions communes et de leur influence collective. A priori, le plus gros problème est la rivalité entre l’Inde et la Chine, l’Iran et l’Arabie saoudite et l’Égypte et l’Éthiopie. La Chine, l’Inde et la Russie, forment théoriquement le cœur du réacteur nucléaire des Brics+. Ce noyau pourrait se transformer en noyau dur pour peu que la Chine et l’Inde trouvent un accord sur des questions telles que le changement climatique, le commerce mondial et leur représentation dans des institutions comme le FMI et l’ONU. Rien que par leur taille démographique et géographique, ces deux impressionnants pivots pourraient entraîner le reste des Brics et du Sud Global dans leur sillage de gigantesques forces d’attraction. Il est intéressant de savoir que le leader chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Modi se sont rencontrés en marge du sommet des Brics. Ils ont ensuite publié un message indiquant qu’ils souhaitaient réduire les tensions à la frontière, après des décennies de doute, de méfiance et de frictions. L’absence de grandes convergences est contrebalancée par la volonté commune des Brics+ de faire contrepoids à l’hégémonie occidentale sous bannière dominante américaine. Et par l’idée en marche de dédollarisation et du recours de plus en plus croissant aux échanges avec monnaies locales, Yuan chinois en tête. Mais le bilan des Brics à cinq procède davantage du domaine de la symbolique idéologique et de la philosophie politique que du concret économique et du tangible financier. Exception faite de la Banque de développement commune qui n’a cependant prêté jusqu’ici que des montants limités, une fraction de l’encours de la banque de développement chinoise. Finalement, les Brics à cinq ne jouaient jusqu’à maintenant qu’un rôle essentiellement symbolique, mais leur élargissement à onze, et plus tard à bien plus, fera nécessairement déplacer les lignes du rapport de force mondial avec le G7. Et cela se manifestera notamment sur le champ de guerre énergétique avec la présence de l’Arabie saoudite et son statut de leader de la production et de l’exportation de pétrole. Les Saoudiens ont beaucoup d’influence sur le prix des hydrocarbures. Il sera alors assez intéressant de voir si leur nouvelle alliance au sein des Brics+ avec les Russes et les Iraniens, outre le cadre initial de l’Opep+, donnera l’impulsion nécessaire pour régler encore plus les ventes de pétrole et de gaz dans une devise autre que le dollar US. L’Occident en est désormais averti et il a de bonnes raisons de s’inquiéter de la montée en puissance des Brics élargis comme entité géopolitique de contrepoids stratégique. S’il ne change rien à la gouvernance mondiale à sens unique et à orientation inique, d’autres États importants du Sud Global étendront la sphère d’influence et le poids géostratégique des Brics. Lorsque des pays comme l’Indonésie, le Mexique et la Turquie franchiront le pas, les Brics représenteront une partie beaucoup plus importante du PIB mondial que le G7. Et la Chine devrait être plus prête encore à rendre sa monnaie plus accessible pour les échanges commerciaux et les investissements au lieu de s’en tenir au contrôle des capitaux. Pour échapper progressivement à l’ultra domination du dollar, l’idée de lancer une devise commune aux Brics avait été lancée à l’approche du quinzième sommet. Outre que ce n’est pas un non-sens, on pourrait même imaginer le nouveau G11-Brics créer dans le futur une banque centrale commune pour une nouvelle devise, même si la Chine, comme souligné supra, aura plutôt tendance à faire jouer à sa devise un rôle plus important dans l’économie mondiale. En parallèle, et sous la baguette de futurs pouvoirs politiques dominés par des courants nationalistes et souverainistes de droite et d’extrême-droite, l’Europe pourrait être tentée elle aussi de s’affranchir de l’emprise étouffante américaine. Et faire donc de l’Euro, seconde monnaie de réserve dans le monde, une réelle alternative au dollar, en consentant à émettre des obligations communes en euros en tant qu’alternatives aux bons du Trésor américain. N. K. Placeholder NOUREDDINE KHELASSI PUBLIÉ 05-09-2023, 11:00
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De Brics et de broc ?
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NOUREDDINE KHELASSI
PUBLIÉ 05-09-2023, 11:00
ÀJohannesburg, les Brics, devenus les Brics+, ont, du point de vue géopolitique, diplomatique, économique, financier et démographique, effectué en quelque sorte un mariage de raison. Et ce mariage de raison a ses raisons, de même que l’admission de l’Algérie en salle d’attente des futurs potentiels membres du grand cercle est une paradoxale bonne nouvelle ! À quelque chose malheur provisoire est bon, comme dit l’adage populaire.
Le recalage temporaire de l’Algérie, ardent aspirant à l’adhésion aux Brics+, n’est pas un drame en soi, mais juste la puissante sonnerie d’une prise de conscience salutaire de notre poids stratégique réel et du vrai niveau de notre influence sur l’échiquier du grand Sud Global. C’est une irrésistible invitation à une mise en débat de nos paradigmes de développement, à une remise en cause de nos enthousiastes certitudes. Bref, à une mise et une remise à niveau, à hauteur des standards internationaux, de notre diplomatie, notre économie et notre soft-power (s’il existe !).
En somme, engager toutes les réformes nécessaires : politiques, économiques, financières, culturelles, sportives et sociales. À vaste échelle, en profondeur, et avec fixation de cap stratégique. L’adhésion inéluctable aux Brics+ est à ce prix qui n’est absolument pas cher à payer. À bien des égards, tout dépendra de nous, d’une puissante volonté politique et de notre capacité nationale à mutualiser les énergies et les intelligences.
À Johannesburg, ce n’est manifestement pas les grands agrégats économiques et les indices financiers les plus pertinents qui ont fait entrer trois pays asiatiques, deux États africains et une puissance régionale latino-américaine dans le club des Brics à onze ! C’est incontestablement la géopolitique, l’arme de l’énergie, la puissance financière et le poids démographique et commercial qui ont qualifié l’Iran, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Éthiopie et l’Argentine. On ne peut s’expliquer autrement la non-qualification de pays potentiellement éligibles comme l’Algérie et davantage la Turquie, l’Indonésie ou le Mexique en raison de leurs masses critiques économiques.
On retrouve donc dans les Brics+ les trois géants de l’Opep+ que sont la Russie, l’Arabie saoudite et l’Iran, la puissance financière incarnée par les Etats-banques tels les Émirats arabes et l’Arabie saoudite, et le poids économique et démographique de puissances continentales comme l’Égypte, l’Éthiopie et l’Argentine.
Par conséquent, l’élargissement des Brics ne traduit pas l’avènement provisoire d’un groupe de Brics et de broc, selon l’idée que l’on se ferait des divergences, des disparités, des différences et même des rivalités objectives entre les onze membres issus de trois continents. Et les Brics+ ne sont pas non plus, loin s’en faut, un bloc parfaitement compact, globalement homogène et totalement cohérent. Les lignes de fractures laissent transparaître des signes tangibles de fragilité, accentués par les rivalités permanentes entre Chine et Inde, Iran et Arabie saoudite, Égypte et Éthiopie.
À cinq, le club produit déjà un quart des richesses mondiales, compte 42% de la population, et dès janvier 2024, avec l’entrée de l’Iran, l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Argentine et l’Éthiopie, nous serons face à un « big bang » géopolitique provoqué par l’addition de grandes puissances énergétiques, économiques, financières et militaires, représentées notamment par la Chine, l’Inde, l’Iran, l’Arabie saoudite, le Brésil et la Russie. Et il faudrait s’attendre à ce que les deux richissimes pétromonarchies du Golfe donnent plus de moyens à la nouvelle Banque de développement des Brics+.
Après coup, de quel poids réel pèsera désormais le G11 que constitue aujourd’hui les Brics+ ? Il est vrai que les différences de leurs économies, les divergences de leurs systèmes politiques et leurs rivalités géopolitiques diverses pourraient diminuer de l’efficacité de leurs actions communes et de leur influence collective. A priori, le plus gros problème est la rivalité entre l’Inde et la Chine, l’Iran et l’Arabie saoudite et l’Égypte et l’Éthiopie. La Chine, l’Inde et la Russie, forment théoriquement le cœur du réacteur nucléaire des Brics+. Ce noyau pourrait se transformer en noyau dur pour peu que la Chine et l’Inde trouvent un accord sur des questions telles que le changement climatique, le commerce mondial et leur représentation dans des institutions comme le FMI et l’ONU.
Rien que par leur taille démographique et géographique, ces deux impressionnants pivots pourraient entraîner le reste des Brics et du Sud Global dans leur sillage de gigantesques forces d’attraction. Il est intéressant de savoir que le leader chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Modi se sont rencontrés en marge du sommet des Brics. Ils ont ensuite publié un message indiquant qu’ils souhaitaient réduire les tensions à la frontière, après des décennies de doute, de méfiance et de frictions.
L’absence de grandes convergences est contrebalancée par la volonté commune des Brics+ de faire contrepoids à l’hégémonie occidentale sous bannière dominante américaine. Et par l’idée en marche de dédollarisation et du recours de plus en plus croissant aux échanges avec monnaies locales, Yuan chinois en tête. Mais le bilan des Brics à cinq procède davantage du domaine de la symbolique idéologique et de la philosophie politique que du concret économique et du tangible financier. Exception faite de la Banque de développement commune qui n’a cependant prêté jusqu’ici que des montants limités, une fraction de l’encours de la banque de développement chinoise.
Finalement, les Brics à cinq ne jouaient jusqu’à maintenant qu’un rôle essentiellement symbolique, mais leur élargissement à onze, et plus tard à bien plus, fera nécessairement déplacer les lignes du rapport de force mondial avec le G7. Et cela se manifestera notamment sur le champ de guerre énergétique avec la présence de l’Arabie saoudite et son statut de leader de la production et de l’exportation de pétrole. Les Saoudiens ont beaucoup d’influence sur le prix des hydrocarbures. Il sera alors assez intéressant de voir si leur nouvelle alliance au sein des Brics+ avec les Russes et les Iraniens, outre le cadre initial de l’Opep+, donnera l’impulsion nécessaire pour régler encore plus les ventes de pétrole et de gaz dans une devise autre que le dollar US.
L’Occident en est désormais averti et il a de bonnes raisons de s’inquiéter de la montée en puissance des Brics élargis comme entité géopolitique de contrepoids stratégique. S’il ne change rien à la gouvernance mondiale à sens unique et à orientation inique, d’autres États importants du Sud Global étendront la sphère d’influence et le poids géostratégique des Brics. Lorsque des pays comme l’Indonésie, le Mexique et la Turquie franchiront le pas, les Brics représenteront une partie beaucoup plus importante du PIB mondial que le G7. Et la Chine devrait être plus prête encore à rendre sa monnaie plus accessible pour les échanges commerciaux et les investissements au lieu de s’en tenir au contrôle des capitaux.
Pour échapper progressivement à l’ultra domination du dollar, l’idée de lancer une devise commune aux Brics avait été lancée à l’approche du quinzième sommet. Outre que ce n’est pas un non-sens, on pourrait même imaginer le nouveau G11-Brics créer dans le futur une banque centrale commune pour une nouvelle devise, même si la Chine, comme souligné supra, aura plutôt tendance à faire jouer à sa devise un rôle plus important dans l’économie mondiale.
En parallèle, et sous la baguette de futurs pouvoirs politiques dominés par des courants nationalistes et souverainistes de droite et d’extrême-droite, l’Europe pourrait être tentée elle aussi de s’affranchir de l’emprise étouffante américaine. Et faire donc de l’Euro, seconde monnaie de réserve dans le monde, une réelle alternative au dollar, en consentant à émettre des obligations communes en euros en tant qu’alternatives aux bons du Trésor américain.
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