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Lutte contre le marché informel : le gouvernement algérien table sur des mesures théoriques sans aucune effic

Publié le 06/09/2021
Lutte contre le marché informel : le gouvernement algérien table sur des mesures théoriques sans aucune efficacité. Dans son nouveau plan d’Action qui sera bientôt débattu au Parlement, le gouvernement algérien a fait de la lutte contre le marché informel l’une de ses plus grandes priorités. Mais force est de constater qu’il propose des mesures totalement théoriques qui n’ont aucune efficacité. Explications.
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Dans son plan d’Action, le gouvernement algérien promet de mettre en application à partir de ce mois de septembre une batterie de nouvelles mesures contre le marché informel. Il s’agit notamment de la mise en place de mesures d’intégration, d’incitation et de contrôle, pouvant aider au transfert de l’activité informelle vers le secteur formel, de la récupération des fonds disponibles dans le marché informel, pour les réintégrer dans le circuit
officiel ou de la mise en place de mécanismes appropriés de commercialisation (libre vente à travers des associations spécialisées ou autres ainsi que de la création du statut de l’auto-entrepreneur.

Le gouvernement algérien annonce également dans son plan qu’il envisage le soutien à l’emploi des jeunes et à la création de micro-entreprises et l’encouragement des
activités artisanales et d’art, le renforcement des actions de communication pour la vulgarisation des droits et garanties des contribuables, des mesures d’accompagnement et des dispositifs de facilitation en matière de paiement de l’impôt, l’identification des secteurs à risque et les pratiques favorisant le développement du secteur informel ou le renforcement de la fonction contrôle à travers le développement de meilleures méthodes et instruments de collecte, de consolidation, de répartition et d’exploitation de l’information
fiscale.

Et pour récupérer les énormes recettes fiscales qui échappent au contrôle de l’Etat parce qu’elles sont générées par le marché informel, le gouvernement algérien a promis aussi le renforcement du rôle des start-up, comme vecteur d’inclusion financière à travers
l’e- paiement et l’e-commerce ainsi que la poursuite de la simplification de la procédure d’obtention du registre de commerce et l’affectation d’espaces encadrés pour l’exercice d’activités précédemment pratiquées dans l’informel (achat, revente, artisanat…).

Si ces mesures paraissent ambitieux, elles sont loin d’être efficaces et de nombreuses expériences internationales le démontrent. Pourquoi ?

De nombreux pays notamment sur le continent africain ont privilégié la mise en place de politiques d’accompagnement comme par exemple le micro-crédit, la micro-assurance pour promouvoir la productivité du secteur et assurer des conditions de travail décentes aux travailleurs. Ces politiques sont notamment soutenues par la plupart des institutions internationales œuvrant dans le domaine du développement. Cependant, il n’existe pas d’évidences suffisantes sur leur efficacité. La plupart des études empiriques qui évaluent ces politiques n’ont pas trouvé d’impact sur les flux vers le secteur formel.

Face à ces défaillances, une nouvelle approche de gestion du secteur informel s’est imposée ces dernières années. Elle se fonde sur l’idée qu’il est important d’éradiquer le secteur informel en s’attaquant aux causes plutôt qu’aux conséquences. La plupart des politiques citées plus haut s’attaquent aux conséquences du secteur informel plutôt qu’à ses causes. Dès lors, elles risquent de renforcer la croissance du secteur. En effet, l’existence du secteur informel caractérise le niveau de développement économique d’un pays et son évolution dépend de facteurs qui entravent une croissance économique endogène. Dès lors, les stratégies de mise en œuvre des politiques qui visent le secteur informel devraient chercher à lever les obstacles au développement des secteurs primaires et secondaires des économies nationales. A cette fin, l’importation massive de biens et services doit être remplacée par la production et la transformation au niveau local. Une récente étude de la Commission Economique des Nations Unions pour l’Afrique fait le parallèle entre l’accroissement du secteur informel et la libéralisation grandissante des échanges internationaux.

L’Algérie devra donc s’inspirer de ces expériences et changer radicalement sa façon de traiter le problème du secteur informel. Ni la répression, ni le contrôle renforcé, ni les aides à la création des micro-entreprises ne sont réellement efficaces car le marché informel persistera tant que le pays peine à développer réellement les secteurs agricole et manufacturier. Le potentiel de développement de ces secteurs pourvoyeurs d’emplois formels est bien établi par le volume des importations qui vont sans cesse croissantes. La formation professionnelle et l’emploi des jeunes devraient être la priorité et non la promotion de politiques sociales destinées à entretenir le secteur informel sans aucune contrepartie, ni perspective dès lors que ces politiques ont tendance à encourager l’informalité. En clair, pour que le marché informel disparaisse, il faut créer des emplois formels mieux payés et rémunérés.

Si le temps de travail et les rémunérations de l’informel sont plus avantageuses que les emplois proposés par le secteur formel, le fléau va perdure encore et restera enraciné dans le pays. L’Algérie devrait donc réfléchir à un ajustement des salaires à la hausse pour réussir un passage au formel. Il faut que les salaires dans le secteur formel deviennent attractifs et peuvent inciter des travailleurs du secteur informel à migrer vers le formel avec des politiques macroéconomiques de création d’emplois et de formation professionnelle à mettre en œuvre.

La mise en œuvre de telles stratégies conduira au rétrécissement du secteur informel sans qu’aucune politique ciblée ne soit nécessaire. Il y va de la capacité de l’Etat algérien à disposer des ressources fiscales suffisantes pour répondre aux énormes défis de développement qui se posent. Soulignons enfin que le marché informel représente 45% du Produit National Brut (PNB).

Récemment, Mohamed Sami Aghli, président de la Capc (ex-FCE), a estimé que le marché noir pèse «80 milliards de dollars». Selon lui, «on parle de 50% de notre PIB. On a annoncé des chiffres, mais pour nous, c’est beaucoup plus important. On parlait de 30 à 50 milliards, mais je pense qu’on peut arriver à 80 milliards de dollars», avait-il affirmé en 2020. De son côté, la Banque d’Algérie avait annoncé, en 2018, que ce sont environ 4.500 milliards de dinars, (33,4 milliards de dollars, cotation de l’époque), soit 31% de la masse monétaire en circulation, captés par l’informel.


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