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Que reste-t-il de nos villes ?

Publié le 15/05/2022
Que reste-t-il de nos villes ? par Kamal Guerroua Autrefois, quand quelqu'un partait en ville, c'était surtout pour donner une meilleure éducation à ses enfants. La campagne n'offrait que misère et désolation. Point de moyens ni de loisirs ni aucun autre attrait pouvant retenir des paysans désœuvrés dans des villages au point mort. L'Algérie qui sortait de la période coloniale vit ses douleurs post-traumatiques dans une sorte de léthargie morbide, où seule l'activité agricole était le créneau privilégié pour l'écrasante majorité de sa population. Ainsi, les villes paraissaient comme une bouée de sauvetage pour quiconque aspirait au désenclavement et à une vie meilleure, mais, malheureusement, au fil des années, l'espace citadin s'est «ruralisé» et les villes sont devenues de grands villages communautaires où l'on calque les comportements ruraux presque à l'identique. A l'anarchie urbanistique nouvelle qui défigure des fresques urbaines comme Alger ou Oran, par exemple, s'ajoute un nouveau mode de vie, qui frise la sauvagerie bédouine, étranger aux mœurs collectives. Infréquentables, nos villes se sont transformées en niches de délinquance, repoussantes sur le plan touristique. Ni mixité dans l'espace public, ni ouverture sur les étrangers, ni moins encore commodités dignes des grandes villes. D'année en année, nos villes perdent de leur charme et de leur force d'attraction. De même, l'ascenseur social qu'elles offraient, auparavant, aux nouveaux débarqués s'avère n'être qu'un piège, d'autant que 90% de ceux (les ruraux) qui s'y installent s'égarent, ne sachant guère s'il fallait redevenir citadin ou retourner à leur refuge villageois, et cela après parfois deux ou trois décennies de leur installation ! Pourquoi doit-on aller alors en ville, quand celle-ci n'est en fin de compte qu'un grand village? Pourquoi l'exode rural s'intensifie-t-il de plus en plus ces dernières années, alors que s'installer en ville ne fera que compliquer les problèmes de ceux qui s'y installent, ajoutant au chômage, d'autres fléaux pervers? Enfin, qu'est-ce qu'une ville et qu'est-ce qu'un village, dans l'esprit des nôtres? Cela est d'autant plus problématique, de mon point de vue, que les deux (villes et villages), chez nous, sont pareils (anarchie, comportements «bédouinisés», manque de loisirs, etc.) !
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Que reste-t-il de nos villes ?
par Kamal Guerroua


Autrefois, quand quelqu'un partait en ville, c'était surtout pour donner une meilleure éducation à ses enfants. La campagne n'offrait que misère et désolation. Point de moyens ni de loisirs ni aucun autre attrait pouvant retenir des paysans désœuvrés dans des villages au point mort. L'Algérie qui sortait de la période coloniale vit ses douleurs post-traumatiques dans une sorte de léthargie morbide, où seule l'activité agricole était le créneau privilégié pour l'écrasante majorité de sa population. Ainsi, les villes paraissaient comme une bouée de sauvetage pour quiconque aspirait au désenclavement et à une vie meilleure, mais, malheureusement, au fil des années, l'espace citadin s'est «ruralisé» et les villes sont devenues de grands villages communautaires où l'on calque les comportements ruraux presque à l'identique.

A l'anarchie urbanistique nouvelle qui défigure des fresques urbaines comme Alger ou Oran, par exemple, s'ajoute un nouveau mode de vie, qui frise la sauvagerie bédouine, étranger aux mœurs collectives.

Infréquentables, nos villes se sont transformées en niches de délinquance, repoussantes sur le plan touristique. Ni mixité dans l'espace public, ni ouverture sur les étrangers, ni moins encore commodités dignes des grandes villes.

D'année en année, nos villes perdent de leur charme et de leur force d'attraction. De même, l'ascenseur social qu'elles offraient, auparavant, aux nouveaux débarqués s'avère n'être qu'un piège, d'autant que 90% de ceux (les ruraux) qui s'y installent s'égarent, ne sachant guère s'il fallait redevenir citadin ou retourner à leur refuge villageois, et cela après parfois deux ou trois décennies de leur installation ! Pourquoi doit-on aller alors en ville, quand celle-ci n'est en fin de compte qu'un grand village? Pourquoi l'exode rural s'intensifie-t-il de plus en plus ces dernières années, alors que s'installer en ville ne fera que compliquer les problèmes de ceux qui s'y installent, ajoutant au chômage, d'autres fléaux pervers? Enfin, qu'est-ce qu'une ville et qu'est-ce qu'un village, dans l'esprit des nôtres? Cela est d'autant plus problématique, de mon point de vue, que les deux (villes et villages), chez nous, sont pareils (anarchie, comportements «bédouinisés», manque de loisirs, etc.) !

Infréquentables, nos villes se sont transformées en niches de délinquance, repoussantes sur le plan touristique. Ni mixité dans l'espace public, ni ouverture sur les étrangers, ni moins encore commodités dignes des grandes villes.
D'année en année, nos villes perdent de leur charme et de leur force d'attraction. De même, l'ascenseur social qu'elles offraient, auparavant, aux nouveaux débarqués s'avère n'être qu'un piège, d'autant que 90% de ceux (les ruraux) qui s'y installent s'égarent, ne sachant guère s'il fallait redevenir citadin ou retourner à leur refuge villageois, et cela après parfois deux ou trois décennies de leur installation ! Pourquoi doit-on aller alors en ville, quand celle-ci n'est en fin de compte qu'un grand village? Pourquoi l'exode rural s'intensifie-t-il de plus en plus ces dernières années, alors que s'installer en ville ne fera que compliquer les problèmes de ceux qui s'y installent, ajoutant au chômage, d'autres fléaux pervers? Enfin, qu'est-ce qu'une ville et qu'est-ce qu'un village, dans l'esprit des nôtres? Cela est d'autant plus problématique, de mon point de vue, que les deux (villes et villages), chez nous, sont pareils (anarchie, comportements «bédouinisés», manque de loisirs, etc.) !


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