Pénurie de saisonniers en France : la main-d’œuvre tunisienne bientôt à la rescousse
mercredi
Un accord prévoit l’envoi de saisonniers tunisiens pour travailler dans l’hôtellerie-restauration française. Un partenariat alléchant pour les candidats, mais qui ne réjouit pas les patrons tunisiens.
Le partenariat prévoit l’envoi de 4 000 Tunisiens dans des établissements touristiques français pour des contrats de quelques mois. Ici, une terrasse de café dans le centre de Tunis.
© Archive AFP
Le partenariat prévoit l’envoi de 4 000 Tunisiens dans des établissements touristiques français pour des contrats de quelques mois. Ici, une terrasse de café dans le centre de Tunis.
Si l’occasion s’offre à moi, je pars tout de suite, affirme un serveur d’un grand hôtel de Sousse, station balnéaire à 150 km au sud de Tunis, à l’évocation de l’accord signé le 29 juin 2022 entre l’Aneti (le Pôle emploi tunisien) et l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), principal syndicat patronal de l’hôtellerie en France. Ce partenariat, d’une durée de trois ans reconductible, prévoit l’envoi de 4 000 Tunisiens dans des établissements touristiques français pour des contrats de quelques mois.
Les premiers candidats arriveront cet hiver en France. Dans un premier temps, il s’agira de personnels aguerris ayant terminé leur CDD conclu pour la saison haute en Tunisie. Pour l’été 2023, ce sont des primo demandeurs d’emplois, formés selon les besoins des employeurs français, qui partiront.
Manque de personnel : les saisonniers tunisiens vont pouvoir venir travailler en France
Au bar de l’hôtel, le serveur poursuit : Avec la crise politique (le président a pris les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, N.D.L.R.), la crise économique, le fait que le secteur touristique connaît des hauts et des bas depuis dix ans à cause des problèmes sécuritaires et du Covid, je trouve qu’il est de plus en plus difficile de vivre en Tunisie. Mais le serveur n’est pas admissible au départ car il est en CDI dans son hôtel. C’est d’ailleurs pourquoi il s’exprime sous couvert d’anonymat. Il ne s’agirait pas que son directeur l’entende.
Les patrons tunisiens grincent des dents
Car les patrons tunisiens n’ont pas tous bien accueilli cet accord. Les hôtels tunisiens n’arrivent pas à recruter. Il nous manque environ 50 000 personnes pour la saison, explique Khaled Fakhfakh, président d’honneur de la fédération tunisienne de l’hôtellerie qui reconnaît que la précarité du secteur, alliée à la cherté de la vie, décourage les employés. L’argument est valable en France où il manque 270 000 employés dans le tourisme. Mais les salaires promis dans l’accord – environ 1 470 € nets – ne peuvent qu’attirer les Tunisiens face au SMIG en vigueur : environ 143 € mensuels pour 48 heures par semaine.
Dans son bureau au centre de Tunis, Férihane Boussoffara, directrice générale de l’ANETI, évoque un accord gagnant-gagnant : La France a besoin de main-d’œuvre. Nous plaçons des personnes qui sont au chômage ou qui n’ont pas de travail l’hiver chez nous. Ces personnes vont gagner en confiance, en expérience. Et nous montrons qu’une migration légale est possible pour les jeunes. Pour faciliter le placement, une plate-forme sera mise en place. Les entreprises déposeront leurs offres d’emploi et les chômeurs leur CV. Un processus courant en Tunisie où ce type de partenariats se multiplie dans différents secteurs et avec différents pays.
Les Commentaires
partout hopitaux, usines, saisonniers, batiments....
Car les patrons tunisiens n’ont pas tous bien accueilli cet accord. Les hôtels tunisiens n’arrivent pas à recruter. Il nous manque environ 50 000 personnes pour la saison, explique Khaled Fakhfakh, président d’honneur de la fédération tunisienne de l’hôtellerie qui reconnaît que la précarité du secteur, alliée à la cherté de la vie, décourage les employés. L’argument est valable en France où il manque 270 000 employés dans le tourisme. Mais les salaires promis dans l’accord – environ 1 470 € nets – ne peuvent qu’attirer les Tunisiens face au SMIG en vigueur : environ 143 € mensuels pour 48 heures par semaine.