Qui ne connaissait pas Zaabout Saïda, cette fille de la Cité Auzas, diminuée mentalement mais tellement cultivée, rejetée par les siens, couchant à la belle étoile mais tellement aimée par ceux qu’elle côtoyaient et qui appréciaient le regard innocent avec lequel elle jugeait les événements. Elle était de toutes les manifestations culturelles et assistait à tous les meeting politiques, n’hésitant pas à intervenir et à dire son mot. Pourtant, dans un dénuement total, elle ne survivait que grâce à la charité humaine mais a fini par succomber à cette vie, à 52 ans à peine, elle était née en 1961. Mais Dieu fait bien les choses et connue des agents des Renseignements généraux qu‘elle connaissait elle aussi chacun par son nom, elle fut secourue par eux quand elle tomba malade ; ils intervenaient pour qu’elle soit admise à l’hôpital puis à l’asile de Sidi Belaïd mais il était dit que c’était la fin. Elle décéda lundi et ses funérailles furent prises en charge par l’ensemble des éléments des RG. Lors de la prière de l’Absent qui eut lieu à la mosquée Ennasr du Caroubier, l’imam pleura et fit pleurer les fidèles et elle fut accompagnée à sa dernière demeure tout autant qu’une personnalité ; elle eut à sa mort ce qu’elle n’avait pas eu de son vivant. Cette disparition d’une figure marquante d’Annaba oblige aussi à relever l’absence totale de prise en charge des personnes telles cette malheureuse. Il y a bien un établissement psychiatrique mais aucun établissement pour garder les malades sans soutien ; cela dans un pays, une ville ou, chaque vendredi, on prie sur la chaussée tellement les mosquées sont bondées. On relèvera aussi la sollicitude de policiers qui auraient pu ne pas intervenir sans que quiconque leur en veuille, mais qui ont fait acte d’une véritable citoyenneté. Zaabout Saïda avec son bagout, son cartable, son cahier et son stylo, va manquer à Annaba mais elle l’aura marqué de son vivant et même en disparaissant. Que Dieu l’accueille en Son Vaste Paradis. A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons.
L'EST - 26/10/2013 - Ammar Nadir
Les Commentaires
Une plaque commémorative quelque part dans la ville, serait également un hommage bienvenu rendu à cette fille d'Annaba pour ne pas oublier qu'elle avait existé.