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Karim Zéribi : « Il y a une forme d’obsession française sur l’islam et l’immigration » Politique Par: Ali Idi

Publié le 15/04/2024
Karim Zéribi : « Il y a une forme d’obsession française sur l’islam et l’immigration » Politique Par: Ali Idir 14 Avril 2024 à 10:07 facebook-logo twitter-logo linkedin-logo Karim Zéribi, ancien député européen et membre fondateur du Conseil de la diaspora algérienne, revient dans cet entretien à TSA, sur la campagne pour les européennes en France et les débats interminables sur les musulmans et l’immigration en France. PUBLICITÉ En France, la campagne pour les européennes de juin prochain se distingue par des polémiques sur les musulmans et les personnes d’origine immigrée. Pourquoi cette focalisation sur ces sujets ? Karim Zéribi : En effet, on constate une forme d’obsession française dans le débat politico-médiatique à focaliser l’actualité sur les seuls sujets de l’islam et de l’immigration en traitant la plupart du temps ces thèmes à travers des raccourcis souvent choquants, voire insultants pour les musulmans ou les immigrés. Si l’on en croit certains politiques français ou commentateurs dans les médias, l’immigration est uniquement synonyme de montée de l’insécurité et l’islam est une religion incompatible avec les valeurs de la République française. PUBLICITÉ Certains vont encore plus loin et y voient également la disparition de l’identité et de la culture françaises à cause des musulmans ou des immigrés. Cette approche essentialisante est évidemment scandaleuse et vise à monter les Français les uns contre les autres. Étant incapables de traiter et de résoudre les vraies préoccupations des Français, il apparaît plus simple de tabler sur une diversion dans le débat public en expliquant que tout est de la faute de l’étranger, de surcroît s’il est musulman. « Les voix qui vont briller la France à l’international sont très souvent des enfants d’immigrés » Le niveau de la classe politique s’est effondré en France comme partout dans le monde. C’est un constat accablant, mais lucide. Regardez ce qui se passe aux États-Unis avec Joe Biden, candidat sénile, face à un Donald Trump mégalomane et dangereux qui ne recherche que le buzz. Regardez du côté de l’Amérique du Sud où l’Argentine a élu un président qui a fait campagne avec une tronçonneuse. Plus près de nous, regardons la manière dont Volodymyr Zelensky (président ukrainien) se met en scène en permanence avec son t-shirt militaire qu’il ne quitte plus. Enfin, on a en France un populisme qui occulte toute approche rationnelle et intellectuelle nécessaire au débat public. Par leurs comportements et leurs stratégies de communication qui visent toujours les mêmes boucs émissaires, la classe politique française démontre son incapacité à répondre aux deux préoccupations prioritaires des Français que sont l’effondrement du pouvoir d’achat et la dégradation permanente des services publics qui représentaient, il n’y a pas si longtemps encore, les piliers de la république. Je suis personnellement à la fois très inquiet et attristé de constater la faiblesse intellectuelle du débat politique et l’absence totale de réponses apportées aux principales préoccupations des Français. Sur Cnews, vous avez dénoncé l’obsession des politiques sur l’islam, l’immigration et les banlieues. Pour vous, les priorités des Français sont ailleurs. Quels sont les risques liés à l’utilisation de ces sujets dans le débat ? Karim Zéribi : Le risque majeur réside dans la mise à mal de la cohésion nationale. Le risque consiste à aller vers une communautarisation de la société française par la faute des politiques et la manière dont ils instrumentalisent le débat public. En effet, en définissant les Français sur l’autel de leurs origines, de leurs couleurs de peaux ou de leurs croyances, le risque, c’est de créer de la défiance entre les citoyens et donc derrière de la confrontation, du racisme, du rejet et de la violence. Cette stratégie électoraliste qui consiste à pointer toujours les mêmes boucs émissaires, à savoir l’immigré ou le musulman, est mortifère et dangereuse. Je suis personnellement favorable à ce qu’il n’y ait aucun débat tabou. J’estime même que le thème de l’immigration qui arrive en 4ᵉ position lorsque l’on sonde les Français sur leurs priorités, doit être abordé et débattu. Mais pas de manière hystérique et démagogique. Il est anormal que les politiques n’évoquent jamais les aspects positifs et utiles de l’immigration sur le plan économique en France. Il est anormal que jamais les politiques français ne rappellent qu’en matière de rayonnement sportif ou culturel, les voix qui vont briller la France à l’international sont très souvent des enfants d’immigrés. Pourquoi cette amnésie ? Pourquoi nier l’évidence ? Cela ne veut pas dire qu’il n’y a aucun problème d’intégration avec une minorité d’immigrés qui ne daignent pas respecter les lois françaises. « Sur les 7 à 8 millions de musulmans vivant en France, 99 % respectent les valeurs républicaines et les principes de laïcité » Cela ne veut pas dire non plus qu’il n’y a pas d’immigrés délinquants, mais pourquoi faire des amalgames qui ont vocation à salir tous les étrangers, dont l’immense majorité est honnête. Il en va de même pour l’islam et les musulmans. Nul ne dit qu’il n’y a pas d’islamistes ou de personnes qui dévoient la religion musulmane sur le sol français. Il faut s’opposer à ceux-là avec fermeté, car ils portent d’abord et avant tout préjudice aux musulmans, mais il faut aussi dire dans le même temps que sur les 7 à 8 millions de musulmans vivant en France, 99 % respectent les valeurs républicaines et les principes de laïcité. C’est ce que je martèle lorsque j’interviens dans les médias, car je ne supporte pas les injustices en termes d’analyse. L’instrumentalisation que certains font de ces sujets sensibles au sein de la société française doit être combattue sur le terrain des faits et des valeurs, car la France et les Français méritent mieux que des médiocres bateleurs qui sont prêts à sacrifier ce qui fait la grandeur de la France pour obtenir le pouvoir. Les actes d’islamophobie et la xénophobie ne cessent de prendre de l’ampleur en France. À qui la faute ? Karim Zéribi : Même s’il ne faut pas dramatiser la situation, il est vrai que l’on note une montée de l’intolérance dont peut découler une forme de défiance qui grandit entre les Français d’origine et de croyances différentes. C’est la résultante de la manière dont est instauré le débat public sur des sujets franco-français, mais c’est également lié à ce qui se passe en Palestine, car le traitement de la situation au Proche-Orient a été très injuste en France tant dans les médias que dans les prises de positions des politiques qui ont manqué de discernement, d’équilibre et qui ont privilégié une approche d’indignation à géométrie variable en étant totalement insensible à la cause palestinienne. Là encore, la séquence que nous traversons démontre la pauvreté intellectuelle et philosophique du politique en France. En réalité, sur le plan théorique, l’idéal républicain est puissant, car les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité du pacte républicain s’adressent à tous les citoyens sans distinction, or les politiques divisent et segmentent la société française. Il est important de rappeler que la France n’est pas une nation ethnique contrairement à ce que prétendent certains politiques ou éditorialistes. Il en va de même pour les principes de laïcité. Ces derniers permettent théoriquement la liberté de conscience, le refus du prosélytisme et la séparation entre le religieux et le politique. Certains passent leur temps à diaboliser l’islam au prétexte de lutter contre l’islamisme. Est-il normal que la plupart des débats en France fassent une fixation sur le voile que souhaitent porter certaines musulmanes françaises au nom de leur foi ? Que l’on protège celles qui seraient obligées de le porter, je l’entends bien évidemment, mais que l’on estime que toutes celles qui le portent sont oppressées et ne le font pas via leur libre choix me paraît scabreux, pour ne pas dire inimaginable. Il n’y a qu’en France que le débat est animé de la sorte. Partout ailleurs en Europe, ce type de débat n’existe pas. En conclusion, je dirais que je crains, qu’une fois de plus, nous passions, à l’approche des élections européennes, à côté des sujets essentiels pour crisper encore un peu plus une société française. Celle-ci a besoin de renouer avec son idéal qui prend racine dans la France des lumières, une France républicaine et laïque qui doit retrouver cohésion et confiance autour de ses valeurs universelles. SUR LE MÊME SUJET : Karim Zeribi : « L’accord de 1968 est agité pour dégrader la relation entre la France et l’Algérie »
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Karim Zéribi : « Il y a une forme d’obsession française sur l’islam et l’immigration »
Politique Par: Ali Idir 14 Avril 2024 à 10:07
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Karim Zéribi, ancien député européen et membre fondateur du Conseil de la diaspora algérienne, revient dans cet entretien à TSA, sur la campagne pour les européennes en France et les débats interminables sur les musulmans et l’immigration en France.

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En France, la campagne pour les européennes de juin prochain se distingue par des polémiques sur les musulmans et les personnes d’origine immigrée. Pourquoi cette focalisation sur ces sujets ?

Karim Zéribi : En effet, on constate une forme d’obsession française dans le débat politico-médiatique à focaliser l’actualité sur les seuls sujets de l’islam et de l’immigration en traitant la plupart du temps ces thèmes à travers des raccourcis souvent choquants, voire insultants pour les musulmans ou les immigrés.

Si l’on en croit certains politiques français ou commentateurs dans les médias, l’immigration est uniquement synonyme de montée de l’insécurité et l’islam est une religion incompatible avec les valeurs de la République française.

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Certains vont encore plus loin et y voient également la disparition de l’identité et de la culture françaises à cause des musulmans ou des immigrés.

Cette approche essentialisante est évidemment scandaleuse et vise à monter les Français les uns contre les autres. Étant incapables de traiter et de résoudre les vraies préoccupations des Français, il apparaît plus simple de tabler sur une diversion dans le débat public en expliquant que tout est de la faute de l’étranger, de surcroît s’il est musulman.

« Les voix qui vont briller la France à l’international sont très souvent des enfants d’immigrés »

Le niveau de la classe politique s’est effondré en France comme partout dans le monde. C’est un constat accablant, mais lucide. Regardez ce qui se passe aux États-Unis avec Joe Biden, candidat sénile, face à un Donald Trump mégalomane et dangereux qui ne recherche que le buzz.


Regardez du côté de l’Amérique du Sud où l’Argentine a élu un président qui a fait campagne avec une tronçonneuse. Plus près de nous, regardons la manière dont Volodymyr Zelensky (président ukrainien) se met en scène en permanence avec son t-shirt militaire qu’il ne quitte plus.

Enfin, on a en France un populisme qui occulte toute approche rationnelle et intellectuelle nécessaire au débat public.


Par leurs comportements et leurs stratégies de communication qui visent toujours les mêmes boucs émissaires, la classe politique française démontre son incapacité à répondre aux deux préoccupations prioritaires des Français que sont l’effondrement du pouvoir d’achat et la dégradation permanente des services publics qui représentaient, il n’y a pas si longtemps encore, les piliers de la république.


Je suis personnellement à la fois très inquiet et attristé de constater la faiblesse intellectuelle du débat politique et l’absence totale de réponses apportées aux principales préoccupations des Français.


Sur Cnews, vous avez dénoncé l’obsession des politiques sur l’islam, l’immigration et les banlieues. Pour vous, les priorités des Français sont ailleurs. Quels sont les risques liés à l’utilisation de ces sujets dans le débat ?


Karim Zéribi : Le risque majeur réside dans la mise à mal de la cohésion nationale. Le risque consiste à aller vers une communautarisation de la société française par la faute des politiques et la manière dont ils instrumentalisent le débat public.

En effet, en définissant les Français sur l’autel de leurs origines, de leurs couleurs de peaux ou de leurs croyances, le risque, c’est de créer de la défiance entre les citoyens et donc derrière de la confrontation, du racisme, du rejet et de la violence.

Cette stratégie électoraliste qui consiste à pointer toujours les mêmes boucs émissaires, à savoir l’immigré ou le musulman, est mortifère et dangereuse. Je suis personnellement favorable à ce qu’il n’y ait aucun débat tabou.


J’estime même que le thème de l’immigration qui arrive en 4ᵉ position lorsque l’on sonde les Français sur leurs priorités, doit être abordé et débattu.

Mais pas de manière hystérique et démagogique. Il est anormal que les politiques n’évoquent jamais les aspects positifs et utiles de l’immigration sur le plan économique en France.


Il est anormal que jamais les politiques français ne rappellent qu’en matière de rayonnement sportif ou culturel, les voix qui vont briller la France à l’international sont très souvent des enfants d’immigrés.


Pourquoi cette amnésie ? Pourquoi nier l’évidence ? Cela ne veut pas dire qu’il n’y a aucun problème d’intégration avec une minorité d’immigrés qui ne daignent pas respecter les lois françaises.

« Sur les 7 à 8 millions de musulmans vivant en France, 99 % respectent les valeurs républicaines et les principes de laïcité »


Cela ne veut pas dire non plus qu’il n’y a pas d’immigrés délinquants, mais pourquoi faire des amalgames qui ont vocation à salir tous les étrangers, dont l’immense majorité est honnête.

Il en va de même pour l’islam et les musulmans. Nul ne dit qu’il n’y a pas d’islamistes ou de personnes qui dévoient la religion musulmane sur le sol français.

Il faut s’opposer à ceux-là avec fermeté, car ils portent d’abord et avant tout préjudice aux musulmans, mais il faut aussi dire dans le même temps que sur les 7 à 8 millions de musulmans vivant en France, 99 % respectent les valeurs républicaines et les principes de laïcité.

C’est ce que je martèle lorsque j’interviens dans les médias, car je ne supporte pas les injustices en termes d’analyse.

L’instrumentalisation que certains font de ces sujets sensibles au sein de la société française doit être combattue sur le terrain des faits et des valeurs, car la France et les Français méritent mieux que des médiocres bateleurs qui sont prêts à sacrifier ce qui fait la grandeur de la France pour obtenir le pouvoir.

Les actes d’islamophobie et la xénophobie ne cessent de prendre de l’ampleur en France. À qui la faute ?

Karim Zéribi : Même s’il ne faut pas dramatiser la situation, il est vrai que l’on note une montée de l’intolérance dont peut découler une forme de défiance qui grandit entre les Français d’origine et de croyances différentes.

C’est la résultante de la manière dont est instauré le débat public sur des sujets franco-français, mais c’est également lié à ce qui se passe en Palestine, car le traitement de la situation au Proche-Orient a été très injuste en France tant dans les médias que dans les prises de positions des politiques qui ont manqué de discernement, d’équilibre et qui ont privilégié une approche d’indignation à géométrie variable en étant totalement insensible à la cause palestinienne.

Là encore, la séquence que nous traversons démontre la pauvreté intellectuelle et philosophique du politique en France.

En réalité, sur le plan théorique, l’idéal républicain est puissant, car les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité du pacte républicain s’adressent à tous les citoyens sans distinction, or les politiques divisent et segmentent la société française.

Il est important de rappeler que la France n’est pas une nation ethnique contrairement à ce que prétendent certains politiques ou éditorialistes.

Il en va de même pour les principes de laïcité. Ces derniers permettent théoriquement la liberté de conscience, le refus du prosélytisme et la séparation entre le religieux et le politique.

Certains passent leur temps à diaboliser l’islam au prétexte de lutter contre l’islamisme. Est-il normal que la plupart des débats en France fassent une fixation sur le voile que souhaitent porter certaines musulmanes françaises au nom de leur foi ?

Que l’on protège celles qui seraient obligées de le porter, je l’entends bien évidemment, mais que l’on estime que toutes celles qui le portent sont oppressées et ne le font pas via leur libre choix me paraît scabreux, pour ne pas dire inimaginable. Il n’y a qu’en France que le débat est animé de la sorte. Partout ailleurs en Europe, ce type de débat n’existe pas.

En conclusion, je dirais que je crains, qu’une fois de plus, nous passions, à l’approche des élections européennes, à côté des sujets essentiels pour crisper encore un peu plus une société française.

Celle-ci a besoin de renouer avec son idéal qui prend racine dans la France des lumières, une France républicaine et laïque qui doit retrouver cohésion et confiance autour de ses valeurs universelles.

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