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Exclusif La Présidence algérienne demande verbalement la « planche à billets », mais le gouvernement rechig

Publié le 25/04/2021
Exclusif. La Présidence algérienne demande verbalement la « planche à billets », mais le gouvernement rechigne
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La confusion est à son comble au plus haut sommet du pouvoir algérien en raison de la situation financière de plus en plus compliquée que traverse l’Algérie. La Présidence algérienne a communiquée au gouvernement d’Abdelaziz Djerad une instruction « verbale » pour ordonner le recours à la « planche à billets », à savoir le fameux financement non-conventionnel, pour émettre sur le marché de nouvelles quantités supplémentaires de monnaies au moment où le pays traverse une très difficile crise de liquidités bancaires.

Cette instruction « verbale » a été communiquée par le Palais Présidentiel d’El-Mouradia au Premier-ministre Abdelaziz Djerad au à la mi-avril. Mais plusieurs membres du gouvernement ont rechigné à mettre en oeuvre cette instruction verbale réclamant au passage une « instruction écrite et signée de la main du Président Tebboune » pour lancer l’impression et l’émission de nouveaux billets en dinar algérien. Trois principaux hauts responsables de l’Etat ont exigé des garanties par écrit à la Présidence. Il s’agit du gouverneur de la Banque d’Algérie Rosthom Fadhli, Ayman Ben Abderrahmane, ministre des Finances, et le Premier-ministre, Abdelaziz Djerad.

Selon nos investigations, les trois hauts commis de l’Etat ont réclamé un écrit émanant de la personne du Président de la République Abdelmadjid Tebboune pour valider officiellement la mise en marche de la planche à billets. Selon nos sources, les trois hauts responsables veulent absolument se couvrir « juridiquement » et ne pas rééditer le scénario d’Ahmed Ouyahia avec Mohamed Loukal, l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie de 2016 à 2019, les deux hommes qui ont orchestré et planifié le financement non-conventionnel lancé entre 2017 et 2019 et qui s’est soldé par des dysfonctionnements budgétaires majeurs pour le pays valant ainsi à Mohamed Loukal et Ouyahia d’être placé sous enquête judiciaire dés le 20 avril 2019. L’enquête sur les conditions de réalisation de la planche à billets lancée en 2017 n’a jamais about pour le moment, mais elle a suffi pour effrayer les actuels décideurs du gouvernement de Djerad qui ont exigé ainsi une « couverture légale » accordée par le premier magistrat du pays.

Pour l’heure, la Présidence algérienne n’a adressé aucun nouvelle note écrite ou un quelconque document officiellement approuvé par Abdelmadjid Tebboune. Le projet d’une nouvelle planche à billets est donc pour le moment gelé en attendant la décision officielle par écrite de Tebboune.

Mais cette mesure fait d’ores et déjà jaser au sein du sérail algérien car elle a été testée auparavant par le régime algérien entre 2017 et 2018 et elle n’a fait qu’aggraver la situation économique du pays. Plusieurs rapports officiels rédigés par la Cour des Comptes ou par le Ministère des Finances ont reconnu en 2020 que la planche à billets, le financement non-conventionnel à l’algérienne, a aggravé le déficit budgétaire de l’Etat algérien principalement à cause de l’augmentation de la dette interne, après le recours au financement non conventionnel dont le montant s’est élevé à 5565,2 milliards DA, soit 2185 milliards DA en 2017 et 3371,2 milliards DA en 2018.

D’autres rapports budgétaires ont démontré également que sur les 6.556,2 milliards de DA mobilisés par le Trésor auprès de la Banque d’Algérie (BA) de 2017 jusqu’à 2019, seulement 3.114,4 mds de DA ont été injectés réellement dans l’économie. Tout le reste de l’argent a servi uniquement à couvrir le déficit du Trésor public et les déficits de plusieurs organismes publics comme le CNAS ou la Caisse nationale des Retraites (CNR) ainsi que le remboursement des dettes de plusieurs sociétés étatiques déficitaires comme la Sonelgaz.

La planche à billets lancée en Algérie entre la mi-novembre 2017 et fin janvier 2019 n’a permis nullement de relancer l’économie algérienne et elle n’a financé aucun effort de croissance économique du pays. Mais Abdelmadjid Tebboune et son cabinet n’ont pas tiré la leçon et veulent rééditer le même scénario pour donner l’illusion aux Algériens que les liquidités bancaires ne font pas défaut dans le pays.

Il faut savoir que la « planche à billets » dans le cas de l’Algérie d’aujourd’hui est une véritable menace pour les équilibres financiers et économiques du pays. Et pour cause, la “planche à billets” revient à créer de la monnaie ex-nihilo, c’est-à-dire sans création de richesse correspondante.

En effet, en temps normal, pour pouvoir créer de la monnaie, la banque centrale d’un pays doit disposer de compensations à l’actif de son bilan, en l’occurrence de l’or, des réserves de changes et des titres (notamment des obligations d’Etat). C’est ce que l’on appelle les contreparties de la masse monétaire. De la sorte, il existe une correspondance entre la monnaie en circulation et la réalité économique du pays. Cela permet notamment d’éviter les dérapages inflationnistes. Bien différemment, lorsqu’une banque centrale actionne la “planche à billets”, cela signifie qu’elle crée de la monnaie sans contreparties préalables. Elle imprime des billets “sur la base de rien”. Mieux, avec cette “monnaie de singe”, la banque centrale monétise la dette publique, c’est-à-dire qu’elle finance directement le déficit public.

Cette stratégie comporte donc un triple avantage. Primo, l’Etat “éponge” son déficit public gratuitement, donc sans faire appel aux investisseurs privés et / ou extérieurs. Secundo, comme l’Etat ne fait pas appel aux marchés d’obligations, les taux d’intérêt restent bas, ce qui permet de faciliter le financement de l’investissement privé et de la consommation des ménages. Tertio, de par cet excès artificiel de liquidités, la devise du pays concerné se déprécie, soutenant par là même les exportations et la croissance du pays en question.

Mais cette théorique économique ne s’applique pas du tout dans le cas de l’Algérie car le danger de la planche à billets est l’excès de création monétaire qui va engendrer une inflation galopante. En effet, si la monnaie en circulation ne correspond pas à une création de richesse équivalente, la différence se traduit par davantage d’inflation : si les quantités ne s’ajustent pas, ce sont les prix qui le font. Ainsi, les excès de liquidités qui seront produites par la Banque d’Algérie vont susciter une forte augmentation des prix à la consommation alors que la cherté de la vie bat des records effrayants en Algérie depuis le début de l’année 2021 et notamment le début de ce Ramadan. En plus, la planche à billets aggrave la dévaluation de la monnaie puisque de nouvelles quantités d’argent émises sur le marché vont doper artificiellement la consommation des Algériens alors que le pays n’a pas de production nationale capable de répondre à la demande des consommateurs.

Le pays sera obligé donc d’augmenter ses importations qui sont payées en devises et la forte demande face à une offre nationale va impacter encore davantage la valeur du dinar algérien. En clair, les dirigeants algériens ignorent des règles économiques de base : l’argent ne fait que représenter la valeur des choses. Imprimer des billets ne change pas la valeur des choses. Si on doublait par magie la quantité de la monnaie en circulation, ça ne rendrait pas tout le monde deux fois plus riche. Ça doublerait le prix de tout et on est revenu à la case départ. Par ailleurs, l’argent ce n’est pas la richesse. … L’argent est un moyen d’échange (et une unité de compte et de réserve). Créer de l’argent ne crée donc pas de la richesse. Si on crée trop d’argent par rapport à la richesse réelle on obtient de l’inflation. Et la forte inflation signifie une dévaluation accélérée encore de la monnaie. Plus la masse monétaire en circulation dans une économie est importante et plus les prix augmentent sous l’effet d’une dépréciation de la valeur de la monnaie.

Le manque de vision et souvent de l’incompétence des dirigeants politiques algériens sont finalement la seule conclusion que l’on peut tirer de cette énième historie de planche à billets.

Algeriepart Plus/25 avril 2021

Il faut demander l'avis du Professeur Abderrahmane MEBTOUL
Économiste algérien, Expert international!.
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