Comment avez-vous obtenu cela ?

Comment avez-vous obtenu cela ? par El-Houari Dilmi Véritable cancer métastasé, la corruption et ses effets pernicieux sur la gestion des affaires du pays continue à capter l'attention de l'opinion publique, la chronique judiciaire en matière de lutte contre l'argent sale étant toujours des plus riches. Ainsi, la décision a été prise dimanche en Conseil des ministres: fixer la composition, l'organisation et les pouvoirs de la Haute autorité nationale de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption, ainsi que la création d'un nouvel organisme pour enquêter sur la richesse des fonctionnaires publics, sans exception, à travers des mesures juridiques strictes pour lutter contre la corruption, selon le principe «comment avez-vous obtenu cela ?». Enquêter sur les signes extérieurs de richesse des agents publics doit donc devenir, a instruit le chef de l'Etat, le premier credo de l'action de l'Etat pour moraliser la vie publique et préserver les deniers publics. L'intensification de la lutte contre la corruption doit «commencer par la définition de nouvelles conditions précises pour l'annonce des marchés et des appels d'offres dans les journaux», stipule le communiqué du Conseil des ministres. Des dizaines de hauts commis de l'Etat, civils et militaires, ont été rattrapés par la justice et emprisonnés pour «enrichissement illicite», «obtention d'avantages indus» et «abus de fonction». Un déballage juridico-médiatique qui a choqué les Algériens, et surtout rassuré sur la fin annoncée de l'hémorragie qui a fait perdre au pays des dizains de milliards en devises fortes. Cela est connu, les mécanismes de la corruption en Algérie font, depuis de nombreuses années, l'objet de mises en accusation publiques. Le combat contre cette hydre à multiples têtes ne sera pas de tout repos, tant il est ambigu dans un pays comme le nôtre de déterminer la frontière ténue entre le légal et l'illégal, le formel et l'informel. Favorisée par l'ancien système clientéliste et clanique, la corruption n'est pas seulement matérialisée par un transfert illicite d'argent ou de biens, mais aussi par un comportement et une mentalité minés par une «culture» bien ancrée chez nous, celle de vouloir se servir en premier avant de penser aux autres. Les tentatives de sabotage du lancement du paiement électronique en Algérie étaient justement motivées par le désir d'accorder une «rallonge de vie» aux pratiques de la corruption et du siphonage de l'argent public. C'en est désormais fini, à condition que ceux qui luttent contre la corruption soient irréprochables eux-mêmes.