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VERS L’ÉDUCATION DURABLE ET PRÉVENTIVE (L’EDP) L’enfant sauveur de l’Humanité Placeholder AHMED TESSA PUBLIÉ 1

Publié le 17/04/2023
VERS L’ÉDUCATION DURABLE ET PRÉVENTIVE (L’EDP) L’enfant sauveur de l’Humanité Placeholder AHMED TESSA PUBLIÉ 15-04-2023, 11:00 Par Ahmed Tessa, pédagogue, auteur «Le concept d’éducation durable a une dimension globale. Elle fédère différentes formes d’éducation : l’éducation sanitaire, éducation à la sécurité routière, éducation à l’écologie, à la paix… Par son caractère globalisant au service des enfants et des futurs adultes, l’EDP vise à ancrer les valeurs de la ‘’citoyenneté universelle’’.» Le ministère de l’Éducation nationale a décidé d’introduire l’éducation à la sécurité routière(*) dans le système scolaire. On ne peut que se réjouir d’une telle mesure. Mais, la précaution est toujours de mise quand on évoque une innovation pédagogique. C’est que, dans tout système scolaire, parfois, «l’enfer est pavé de bonnes intentions». L’Histoire récente de l’école algérienne nous en donne la preuve. Au début de la réforme (début des années 2000), on avait applaudi à bien des mesures de ce genre et qui, à leur application sur le terrain, se sont avérées inefficaces. Loin de nous l’idée de discréditer le principe même de ces mesures. Il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain. Certaines n’ont nullement atteint les objectifs assignés. On se contentera d’en citer quelques-unes : - En 2003, l’introduction de l’anglais en première année de CEM et du français en 3e année primaire. Vingt ans après, on pleure la faiblesse des performances linguistiques de nos bacheliers et de nos étudiants… futurs cadres de la nation. On attend toujours – mais en vain – de connaître les vraies raisons de cet échec. Depuis le début des années 2000, jusqu’à aujourd’hui, seules les fausses (raisons) sont avancées. À croire que les vraies sont devenues taboues. - L’éducation à l’environnement et les clubs verts : l’enthousiasme de leur lancement, en 2004, n’a été qu’un feu de paille. Il n’y a qu’à voir l’état de notre environnement scolaire et extrascolaire. La «culture de la saleté» ayant pris le dessus. - Les classes sport/études : idée géniale ! Qu’ont-elles donné de positif au sport national ? Les élites sportives que nous connaissons n’ont pas suivi ce cursus scolaire. Le silence qui accompagne leur existence nous amène à nous interroger si elles sont encore opérationnelles. - Le Lycée de mathématiques de Kouba : vingt ans après son inauguration en grande pompe, nous voilà à tirer la sonnette d’alarme d’un enseignement des mathématiques de mauvaise qualité poussant les élèves à fuir et la discipline et la filière. Et l’on parle de la création d’un institut ou d’une grande école supérieure de mathématiques ! Alors que le simple bon sens aurait été de détecter le mal à sa racine (à l’école primaire et au collège) et le soigner. Ces situations d’échec ont été officiellement constatées et actées depuis longtemps, sans pour autant procéder à une évaluation fine qui débouche sur des correctifs. A force d’éviter l’évaluation de ces innovations initiées depuis des décennies, le mal s’est aggravé. Il y a urgence d’y réfléchir en profondeur – sans complaisance — afin d’apporter les solutions idoines. C’est d’abord au cycle primaire que se joue le devenir de l’école algérienne. Or, depuis longtemps, ce cycle est ignoré, obnubilés que nous sommes par les résultats du baccalauréat. Est-il raisonnable de lancer d’autres innovations dans un cycle aussi sensible que le primaire, sans avoir tiré les leçons de celles déjà lancées ? On ne doit jamais oublier que les étudiants d’université ne sont que le produit d’une stratégie pédagogique initiée dès le primaire. Qu’en est-il de cette dernière ? En quoi contribue-t-elle à la qualité de l’enseignement ? En guise de réponses, on se contentera d’une réalité : en évitant les indispensables évaluations d’étapes, on s’est retrouvé à naviguer à vue. Et pour donner bonne figure, on lance ici et là – par des effets d’annonce – des innovations au devenir hypothétique. Méthode En vogue dans les cénacles d’experts, le développement durable se veut une réponse à la pérennité de la civilisation humaine : sauver des vies, améliorer le cadre de vie des citoyens, leur alimentation, la santé de la planète… En théorie, toutes les formes d’éducation enseignées dès le primaire s’inscrivent dans cet esprit. Il est évident qu’il ne peut y avoir de développement durable sans le préalable d’une éducation durable & préventive. Dans cet ordre d’idées, le rôle de l’institution éducative est primordial. L’individu y passe, au bas mot, le tiers de sa vie — du préscolaire à l’université. Cela ne doit pas empêcher la famille et d’autres institutions de s’y impliquer. Les médias, les maisons de jeunes, les associations de la société civile, les sages du village, les institutions religieuses se doivent d’intégrer dans leurs programmes des activités spécifiques à cette éducation durable & préventive. Leur engagement est nécessaire pour asseoir les bases de ce développement durable tant rêvé. Au-delà de cette préparation au développement durable, le but ultime à atteindre par l’éducation durable & préventive est de promouvoir une citoyenneté universelle. Certes, en théorie, l’école est censée transmettre des valeurs universelles pratiquées par les enfants du monde entier. Le plaidoyer pour ces valeurs a longuement été délivré par d’éminents éducateurs, scientifiques et politiciens de tous bords : la paix et la compréhension mondiales, la tolérance et le respect de l’autre, le vivre-ensemble, la promotion de l’environnement et de la santé individuelle, etc. Les pessimistes vous répliqueront que, «depuis longtemps, les systèmes scolaires du monde entier enseignent ces valeurs sans grand succès». Pertinente remarque ! Ce qui a manqué à cette transmission des valeurs via l’école, c’est le «comment du pourquoi». Comment agir auprès de l’élève pour susciter et ancrer en lui des attitudes, des réflexes et des comportements appropriés à cette éducation durable & préventive ? Là est la problématique. Contrairement aux autres disciplines dites classiques – mathématiques, physiques, langues – qui, elles, visent à développer un ordre spécial d’aptitudes et de connaissances nécessaires à la maîtrise des champs disciplinaires, l’Éducation durable & préventive, elle, se déploie dans une sphère particulière. Si les premières s’adressent essentiellement à l’esprit, l’EDP, au contraire, vise d’abord la sphère psychoaffective avant de toucher la sphère intellectuelle. Son architecture doit fédérer en toute cohérence les matières qui alourdissent le programme global d’enseignement. Ainsi seront regroupées en une seule les matières enseignées, telles l’éducation à la sécurité routière, l’éducation morale et civique, l’éducation à l’environnement, l’éducation nutritionnelle et sanitaire. L’EDP est une et indivisible. Beaucoup de systèmes scolaires dont le nôtre se caractérisent par un morcellement/cloisonnement des différentes matières d’enseignement. Cette vision de l’éducation déroute l’enfant/adolescent – sans parler de la surcharge programmatique —, lourdeur du cartable et surchauffe neuronale. Dans son essence, l’Éducation durable & préventive complète l’éducation intellectuelle. Or, dans certains pays, cette dernière est majorée à l’excès. L’EDP cherche d’abord à provoquer le déclic émotionnel et mettre l’enfant en appétence pour recevoir des explications autour des menaces sur la santé de la planète, de la biodiversité et celle de l’individu. Pour atteindre ces objectifs, il n’y a qu’une seule méthode pédagogique. C’est la conscientisation qui signifie faire prendre conscience à l’élève des dangers actuels et futurs qui le guettent, lui, la collectivité et la planète, et ce, afin de... l’amener à agir en conséquence. L’EDP est action avant tout et non pas prêches moralisateurs allongés à l’infini. Arrivé à ce stade, l’enseignant peut et doit outiller son élève de ces concepts scientifiques qui expliquent et analysent les phénomènes présentés tels que l’insécurité routière, les accidents domestiques, la couche d’ozone, la déforestation, la fonte des glaces, l’obésité, les addictions... À condition de veiller à adapter ces concepts à son niveau scolaire. Chez les enfants du préscolaire ou les élèves du primaire, l’éducation routière, par exemple, sera confinée, dans un premier temps, au rôle du piéton, du cycliste. Le choc des images d’un piéton ou d’un cycliste heurté par une voiture suffira pour créer le climat nécessaire à ces explications, susciter des débats et… l’inquiétude bienfaisante. On parlera de l’utilité du trottoir, de la chaussée, des feux tricolores, du passage pour piéton, des excès de vitesse, des dangers de la rue, de la route et des précautions à prendre. Pour l’obésité et les maladies qu’elle entraîne, on lui expliquera la nocivité de certains aliments et boissons sucrées... La transmission des valeurs de l’éducation durable & préventive nécessite l’emploi d’exemples concrets, visibles pour l’enfant : vidéos didactiques, sorties pédagogiques sur le terrain, visites en classe de spécialistes. La majorité des thèmes — ou leçons inscrites au programme de l’EDP — seront étudiés du primaire au lycée avec une progressivité dans les explications et les contenus. Chez le collégien et le lycéen, l’enseignant soulèvera les thèmes brûlants de l’EDP : le terrorisme routier, la famine et la sécheresse dans les pays pauvres, etc. Ils seront expliqués à grand renfort d’images et de documentaires, de visites sur site. À titre d’exemple : la déforestation et ses conséquences (érosion des sols, inondations, pertes des cultures vivrières..). On y abordera la dégradation du climat et la responsabilité des puissances industrielles, le rôle des gouvernants et habitants dans la déforestation. Dans les contenus de l’Éducation durable, la prévention est mise en relief. Les conseils à donner aux élèves sont d’une étonnante simplicité. Des gestes à enraciner dans les habitudes quotidiennes peuvent améliorer la situation et contenir la pollution de notre corps et de notre environnement. Inculquer aux enfants, dès le préscolaire, les bienfaits de la saine alimentation, ancrer en eux la culture du tri des déchets, les sensibiliser aux conséquences du gaspillage de l’eau et de l’électricité, au respect de la biodiversité. Ancrer en eux les gestes et réflexes du bon supporter de sport, du piéton ou du conducteur précautionneux. Démultipliés par centaines de millions, ces gestes vont — dans la durée — infléchir la courbe de la pollution et de la mortalité routière… nationale et mondiale. Les élèves auront à leur disposition des témoignages accusant l’inconscience humaine. Le choc des images ne sera point occulté. Bien au contraire, l’émotivité et la sensibilité sont d’un secours appréciable pour conscientiser l’enfant ou l’adolescent. Aux élèves du préscolaire et du primaire, on évitera, bien sûr, les images sanguinolentes. Pour sensibiliser sur la déforestation, par exemple, les paroles du maître doivent être suivies – pour être efficaces — du visionnage d’un documentaire ou de l’intervention d’un spécialiste invité pour l’occasion, voire d’une mise en situation «in vivo». En appui, l’enseignant aura recours aux différentes disciplines scolaires pour étayer son argumentaire. Dans ce cas de figure, l’EDP se verra auréolée du statut de discipline transversale. Et là, l’interdisciplinarité pourra s’appliquer à merveille, qui viendra renforcer la compréhension des phénomènes expliqués par l’enseignant. Une bonne compréhension n’est-elle pas la première étape du processus qui mène à la conscientisation ? Celle-ci garantit l’acquisition de comportements critiques sans lesquels la bonne pratique restera vaine. Une telle démarche pédagogique se situe aux antipodes de la méthode dogmatique et magistrale qui sévit dans nos classes. Cette méthode magistrale risque de vider de sa substance la récente décision d’introduire l’éducation à la sécurité routière dans nos écoles : tout comme c’est le cas de toutes les innovations précédentes qu’a connues l’école algérienne. L’interdisciplinarité rendra d’énormes services dans la lutte contre les fléaux sociaux, tels que le terrorisme routier, l’obésité, le tabagisme, la toxicomanie, l’alcoolisme, le racisme, l’intolérance, les pollutions... Elle sera la force de frappe de l’EDP pour assurer et pérenniser la santé de l’humain et de la planète. Le seul danger qui risque de dévier l’EDP de ses finalités reste l’affligeante manie de certains systèmes scolaires de couler toute innovation pédagogique dans le moule de la compétition scolaire et de l’enseignement magistral. À quoi rime d’obliger l’élève à croiser ses bras pour écouter, la séance durant, son enseignant parler d’un sujet pourtant important et motivant ? L’élève décrochera au bout de cinq minutes, sa capacité d’attention étant perturbée. Dans cette approche pédagogique, il lui sera demandé de mémoriser les paroles de son enseignant via les longues lignes à écrire sur son cahier. Sans plus de détails. Ensuite viendra le moment de la restitution pavlovienne, lors de l’épreuve dite d’évaluation – en réalité de contrôle. Il serait aberrant d’appliquer aux activités de l’EDP les modalités d’évaluation/sanction basées sur la course à la meilleure note, à la bonne moyenne, au meilleur classement. Ce sont là des stimulants artificiels qui ne motivent qu’une minorité d’élèves, ceux qui acceptent d’étouffer leur sensibilité pour accrocher le statut illusoire du «bon élève». Seule la pédagogie de l’encouragement par des gratifications verbales à l’adresse de l’élève et/ou de la classe est adaptée aux innovations pédagogiques du genre de l’EDP. Un citoyen critique Des expériences fleurissent ici et là dans des établissements scolaires un peu partout dans le monde. Des éducateurs, conscients, s’échinent aux quatre coins de la planète. Pas seulement dans les quartiers huppés des grandes villes, mais souvent dans des écoles situées dans des milieux modestes. Dans les écoles d’un département français d’outre-mer, les écoles maternelles et primaires ont, depuis quelques années, obtenu de leurs élèves des réflexes liés à la récupération et du tri. Des économies substantielles ont été générées par ces gestes au quotidien. Ce mouvement mérite d’être amplifié et — pourquoi pas ? — l’institutionnaliser sur le plan international. Le combat des écologistes s’apparente à celui des militants des droits de l’Homme, soucieux de paix et de solidarité entre les peuples. Là aussi, l’éducation à la tolérance et à la paix s’est imposée depuis quelques décennies. Il reste que toutes les écoles ne se sont pas encore mises au diapason. Il faudrait pour cela que, dans chaque pays, les programmes d’études soient imprégnés des cultures marquantes du monde entier. Cette ouverture interculturelle, via les programmes scolaires, servira à créer et à renforcer ce noble concept de «citoyen du monde chez soi». Elle contribue au renforcement de l’Education durable & préventive et donc du développement durable. C’est par ce chemin que passent inévitablement le dialogue des civilisations et la cohabitation des cultures. N’est-il pas remarquable de savoir que le fondateur de la Ligue internationale des droits de l’Homme est un éducateur versé dans la formation des jeunes générations? Ferdinand Buisson — puisque c’est de lui qu’il s’agit — est un pédagogue doublement célèbre avec l’élaboration du monumental Dictionnaire de la pédagogie. Son militantisme pour la défense des droits de l’Homme a été récompensé du Nobel de la paix en 1927. Quoique appréciables, les progrès réalisés dans ce domaine sont loin de répondre au rêve d’un monde sans guerre, sans misère, sans épidémies. Chaque seconde qui passe voit mourir des milliers d’enfants victimes des guerres, de maladies infectieuses et de malnutrition. Le combat pour le développement durable et son alter-ego l’EDP rejoint en cela la croisade menée par le monde médical pour éradiquer des fléaux dont certains ont, par le passé, décimé des millions de personnes. D’autres maladies inconnues jusque-là ont pris le relais des anciennes — même si ces dernières reviennent dans les fourgons de la pauvreté. Là aussi, l’éducation est sollicitée. La saine alimentation s’apprend dès le préscolaire. L’éducation nutritionnelle s’avère être une arme de dissuasion efficace contre l’obésité et les maladies cardiovasculaires déclarées danger public par l’OMS. L’Unesco est interpellée pour agir avec plus de fermeté envers les pays membres pour qu’ils accordent de l’importance à l’Éducation durable & préventive, un concept intimement lié à celui du développement durable. Faute d’une éducation appropriée, l’homme peut nuire, par son comportement, aux efforts menés en vue de ce développement durable. Nous devons établir un bilan exhaustif des bienfaits et des méfaits de la pédagogie traditionnelle par rapport aux exigences constatées par ces «semeurs de bonheur», que sont les pionniers de l’écologie, les militants des droits de l’Homme et les médecins. Ne pourrait-on pas affirmer que c’est précisément par une carence dans la prise en charge de ces thèmes sensibles que les systèmes éducatifs ont leur part de responsabilité dans l’apparition ou l’aggravation de ces fléaux ? Il n’y a pas que les apprentissages scolaires formels et les réussites aux examens qui sont dignes d’intérêt. Certes, des efforts sont entrepris dans le domaine de la sensibilisation, mais par confusion des genres, ils s’avèrent inefficaces. L’Éducation durable & préventive est incompatible avec la logique scolaire basée sur l’enseignement livresque, abstrait et magistral, avec son pendant nuisible et anti-pédagogique qu’est le bachotage via la compétition entre élèves. Elle nécessite une autre démarche pédagogique, un autre type d’évaluation. Et d’ailleurs, c’est par l’exemple et la mise en situation que l’Éducation durable & préventive se transmet et s’enracine. En l’état actuel des choses, les gestionnaires des systèmes scolaires ont du pain sur la planche. Ils doivent concevoir et élaborer une véritable doctrine pédagogique tournée vers l’ensemencement de ces nobles idéaux. Où trouver ce terrain fertile pour que ces graines puissent éclore si ce n’est dans le cœur et l’esprit des enfants ? La mission la plus durable, car permanente, est celle qui appréhende l’acte éducatif dans une perspective à long terme. On n’éduque pas pour la seule réussite à l’examen ou au passage en classe supérieure : ce serait de la myopie intellectuelle. L’enseignant doit travailler en fonction d’un état futur, celui de l’élève devenu adulte dans un monde à construire. En éducation, demain, c’est aujourd’hui. Les décideurs politiques, les industriels et les consommateurs de demain se forment ici et maintenant. Faisons en sorte qu’une fois adultes, ils matérialiseront le rêve des «semeurs de bonheur». Les enfants d’aujourd’hui aspirent à vivre sains et dans un monde sécurisé. Ils ne pardonneront pas aux adultes en charge de leur éducation de ne pas les avoir outillés en conséquence. Dans l’actuel contexte caractérisé par la menace de l’Homme sur la Terre, leur avenir est incertain. L’approche méthodologique à même de donner l’impact souhaité à l’Éducation durable & préventive se décline en deux axes. Ses thèmes dans toute leur diversité (écologie, sécurité routière, nutrition, morale, civisme, paix mondiale…) seront étudiés selon une double approche : transdisciplinaire à travers la quasi-totalité des disciplines enseignées en classe (maths, physique, langues, arts, sport…) et disciplinaire. Cette seconde approche consistera à regrouper toutes ces matières fondatrices de l’éducation durable (civique, morale, religieuse, environnementale, sanitaire, nutritionnelle...) dans une seule discipline. Elle viendra orner l’emploi du temps des élèves du monde entier. Cette nouvelle discipline scolaire disposera d’une gestion pédagogique spécifique qui fera la part belle aux travaux pratiques (le verger, le potager de l’école, le parcours de signalisation routière…), aux visites guidées. Elle n’aura pas à souffrir de la logique de l’évaluation classique : on encourage et on motive l’élève au vu de son comportement et de ses actes. Stimulante et captivante, elle pourra transmettre aux «futurs citoyens du monde» ces valeurs universelles qui transcendent les différences culturelles en les transformant en diversités enrichissantes. À l’orée de ce IIIe millénaire, notre mère la Terre mérite bien ce cadeau. Et comment ne pas évoquer ce superbe passage d’un livre de Hanna Arendt au sujet du monde : «C’est ce qui nous accueille à notre naissance, ce que nous laissons derrière nous en mourant (…), ce que nous avons en commun non seulement avec nos contemporains, mais aussi avec ceux qui sont passés et avec ceux qui viendront après nous.» Seule une éducation durable & préventive pour une citoyenneté universelle pourra œuvrer à cette pérennité du monde. Un monde à vivre sainement en toute sécurité et à léguer aux futures générations. A. T. (*) La dénomination d’éducation routière est inappropriée. On lui préféra celle d’éducation à la sécurité routière. Placeholder AHMED TESSA PUBLIÉ 15-04-2023, 11:00
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VERS L’ÉDUCATION DURABLE ET PRÉVENTIVE (L’EDP)
L’enfant sauveur de l’Humanité
Placeholder
AHMED TESSA
PUBLIÉ 15-04-2023, 11:00

Par Ahmed Tessa, pédagogue, auteur

«Le concept d’éducation durable a une dimension globale. Elle fédère différentes formes d’éducation : l’éducation sanitaire, éducation à la sécurité routière, éducation à l’écologie, à la paix… Par son caractère globalisant au service des enfants et des futurs adultes, l’EDP vise à ancrer les valeurs de la ‘’citoyenneté universelle’’.»

Le ministère de l’Éducation nationale a décidé d’introduire l’éducation à la sécurité routière(*) dans le système scolaire. On ne peut que se réjouir d’une telle mesure. Mais, la précaution est toujours de mise quand on évoque une innovation pédagogique. C’est que, dans tout système scolaire, parfois, «l’enfer est pavé de bonnes intentions». L’Histoire récente de l’école algérienne nous en donne la preuve. Au début de la réforme (début des années 2000), on avait applaudi à bien des mesures de ce genre et qui, à leur application sur le terrain, se sont avérées inefficaces. Loin de nous l’idée de discréditer le principe même de ces mesures. Il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain. Certaines n’ont nullement atteint les objectifs assignés. On se contentera d’en citer quelques-unes :
- En 2003, l’introduction de l’anglais en première année de CEM et du français en 3e année primaire. Vingt ans après, on pleure la faiblesse des performances linguistiques de nos bacheliers et de nos étudiants… futurs cadres de la nation. On attend toujours – mais en vain – de connaître les vraies raisons de cet échec. Depuis le début des années 2000, jusqu’à aujourd’hui, seules les fausses (raisons) sont avancées. À croire que les vraies sont devenues taboues.
- L’éducation à l’environnement et les clubs verts : l’enthousiasme de leur lancement, en 2004, n’a été qu’un feu de paille. Il n’y a qu’à voir l’état de notre environnement scolaire et extrascolaire. La «culture de la saleté» ayant pris le dessus.
- Les classes sport/études : idée géniale ! Qu’ont-elles donné de positif au sport national ? Les élites sportives que nous connaissons n’ont pas suivi ce cursus scolaire. Le silence qui accompagne leur existence nous amène à nous interroger si elles sont encore opérationnelles.
- Le Lycée de mathématiques de Kouba : vingt ans après son inauguration en grande pompe, nous voilà à tirer la sonnette d’alarme d’un enseignement des mathématiques de mauvaise qualité poussant les élèves à fuir et la discipline et la filière. Et l’on parle de la création d’un institut ou d’une grande école supérieure de mathématiques ! Alors que le simple bon sens aurait été de détecter le mal à sa racine (à l’école primaire et au collège) et le soigner.
Ces situations d’échec ont été officiellement constatées et actées depuis longtemps, sans pour autant procéder à une évaluation fine qui débouche sur des correctifs. A force d’éviter l’évaluation de ces innovations initiées depuis des décennies, le mal s’est aggravé. Il y a urgence d’y réfléchir en profondeur – sans complaisance — afin d’apporter les solutions idoines. C’est d’abord au cycle primaire que se joue le devenir de l’école algérienne.
Or, depuis longtemps, ce cycle est ignoré, obnubilés que nous sommes par les résultats du baccalauréat. Est-il raisonnable de lancer d’autres innovations dans un cycle aussi sensible que le primaire, sans avoir tiré les leçons de celles déjà lancées ? On ne doit jamais oublier que les étudiants d’université ne sont que le produit d’une stratégie pédagogique initiée dès le primaire. Qu’en est-il de cette dernière ? En quoi contribue-t-elle à la qualité de l’enseignement ? En guise de réponses, on se contentera d’une réalité : en évitant les indispensables évaluations d’étapes, on s’est retrouvé à naviguer à vue. Et pour donner bonne figure, on lance ici et là – par des effets d’annonce – des innovations au devenir hypothétique.

Méthode
En vogue dans les cénacles d’experts, le développement durable se veut une réponse à la pérennité de la civilisation humaine : sauver des vies, améliorer le cadre de vie des citoyens, leur alimentation, la santé de la planète… En théorie, toutes les formes d’éducation enseignées dès le primaire s’inscrivent dans cet esprit. Il est évident qu’il ne peut y avoir de développement durable sans le préalable d’une éducation durable & préventive. Dans cet ordre d’idées, le rôle de l’institution éducative est primordial. L’individu y passe, au bas mot, le tiers de sa vie — du préscolaire à l’université. Cela ne doit pas empêcher la famille et d’autres institutions de s’y impliquer. Les médias, les maisons de jeunes, les associations de la société civile, les sages du village, les institutions religieuses se doivent d’intégrer dans leurs programmes des activités spécifiques à cette éducation durable & préventive. Leur engagement est nécessaire pour asseoir les bases de ce développement durable tant rêvé.
Au-delà de cette préparation au développement durable, le but ultime à atteindre par l’éducation durable & préventive est de promouvoir une citoyenneté universelle. Certes, en théorie, l’école est censée transmettre des valeurs universelles pratiquées par les enfants du monde entier. Le plaidoyer pour ces valeurs a longuement été délivré par d’éminents éducateurs, scientifiques et politiciens de tous bords : la paix et la compréhension mondiales, la tolérance et le respect de l’autre, le vivre-ensemble, la promotion de l’environnement et de la santé individuelle, etc. Les pessimistes vous répliqueront que, «depuis longtemps, les systèmes scolaires du monde entier enseignent ces valeurs sans grand succès».
Pertinente remarque ! Ce qui a manqué à cette transmission des valeurs via l’école, c’est le «comment du pourquoi». Comment agir auprès de l’élève pour susciter et ancrer en lui des attitudes, des réflexes et des comportements appropriés à cette éducation durable & préventive ? Là est la problématique. Contrairement aux autres disciplines dites classiques – mathématiques, physiques, langues – qui, elles, visent à développer un ordre spécial d’aptitudes et de connaissances nécessaires à la maîtrise des champs disciplinaires, l’Éducation durable & préventive, elle, se déploie dans une sphère particulière. Si les premières s’adressent essentiellement à l’esprit, l’EDP, au contraire, vise d’abord la sphère psychoaffective avant de toucher la sphère intellectuelle. Son architecture doit fédérer en toute cohérence les matières qui alourdissent le programme global d’enseignement. Ainsi seront regroupées en une seule les matières enseignées, telles l’éducation à la sécurité routière, l’éducation morale et civique, l’éducation à l’environnement, l’éducation nutritionnelle et sanitaire.
L’EDP est une et indivisible. Beaucoup de systèmes scolaires dont le nôtre se caractérisent par un morcellement/cloisonnement des différentes matières d’enseignement.
Cette vision de l’éducation déroute l’enfant/adolescent – sans parler de la surcharge programmatique —, lourdeur du cartable et surchauffe neuronale. Dans son essence, l’Éducation durable & préventive complète l’éducation intellectuelle.
Or, dans certains pays, cette dernière est majorée à l’excès. L’EDP cherche d’abord à provoquer le déclic émotionnel et mettre l’enfant en appétence pour recevoir des explications autour des menaces sur la santé de la planète, de la biodiversité et celle de l’individu. Pour atteindre ces objectifs, il n’y a qu’une seule méthode pédagogique. C’est la conscientisation qui signifie faire prendre conscience à l’élève des dangers actuels et futurs qui le guettent, lui, la collectivité et la planète, et ce, afin de... l’amener à agir en conséquence. L’EDP est action avant tout et non pas prêches moralisateurs allongés à l’infini. Arrivé à ce stade, l’enseignant peut et doit outiller son élève de ces concepts scientifiques qui expliquent et analysent les phénomènes présentés tels que l’insécurité routière, les accidents domestiques, la couche d’ozone, la déforestation, la fonte des glaces, l’obésité, les addictions... À condition de veiller à adapter ces concepts à son niveau scolaire. Chez les enfants du préscolaire ou les élèves du primaire, l’éducation routière, par exemple, sera confinée, dans un premier temps, au rôle du piéton, du cycliste. Le choc des images d’un piéton ou d’un cycliste heurté par une voiture suffira pour créer le climat nécessaire à ces explications, susciter des débats et… l’inquiétude bienfaisante. On parlera de l’utilité du trottoir, de la chaussée, des feux tricolores, du passage pour piéton, des excès de vitesse, des dangers de la rue, de la route et des précautions à prendre. Pour l’obésité et les maladies qu’elle entraîne, on lui expliquera la nocivité de certains aliments et boissons sucrées... La transmission des valeurs de l’éducation durable & préventive nécessite l’emploi d’exemples concrets, visibles pour l’enfant : vidéos didactiques, sorties pédagogiques sur le terrain, visites en classe de spécialistes. La majorité des thèmes — ou leçons inscrites au programme de l’EDP — seront étudiés du primaire au lycée avec une progressivité dans les explications et les contenus.
Chez le collégien et le lycéen, l’enseignant soulèvera les thèmes brûlants de l’EDP : le terrorisme routier, la famine et la sécheresse dans les pays pauvres, etc. Ils seront expliqués à grand renfort d’images et de documentaires, de visites sur site. À titre d’exemple : la déforestation et ses conséquences (érosion des sols, inondations, pertes des cultures vivrières..). On y abordera la dégradation du climat et la responsabilité des puissances industrielles, le rôle des gouvernants et habitants dans la déforestation. Dans les contenus de l’Éducation durable, la prévention est mise en relief. Les conseils à donner aux élèves sont d’une étonnante simplicité.
Des gestes à enraciner dans les habitudes quotidiennes peuvent améliorer la situation et contenir la pollution de notre corps et de notre environnement. Inculquer aux enfants, dès le préscolaire, les bienfaits de la saine alimentation, ancrer en eux la culture du tri des déchets, les sensibiliser aux conséquences du gaspillage de l’eau et de l’électricité, au respect de la biodiversité.
Ancrer en eux les gestes et réflexes du bon supporter de sport, du piéton ou du conducteur précautionneux. Démultipliés par centaines de millions, ces gestes vont — dans la durée — infléchir la courbe de la pollution et de la mortalité routière… nationale et mondiale. Les élèves auront à leur disposition des témoignages accusant l’inconscience humaine. Le choc des images ne sera point occulté. Bien au contraire, l’émotivité et la sensibilité sont d’un secours appréciable pour conscientiser l’enfant ou l’adolescent. Aux élèves du préscolaire et du primaire, on évitera, bien sûr, les images sanguinolentes. Pour sensibiliser sur la déforestation, par exemple, les paroles du maître doivent être suivies – pour être efficaces — du visionnage d’un documentaire ou de l’intervention d’un spécialiste invité pour l’occasion, voire d’une mise en situation «in vivo». En appui, l’enseignant aura recours aux différentes disciplines scolaires pour étayer son argumentaire. Dans ce cas de figure, l’EDP se verra auréolée du statut de discipline transversale. Et là, l’interdisciplinarité pourra s’appliquer à merveille, qui viendra renforcer la compréhension des phénomènes expliqués par l’enseignant. Une bonne compréhension n’est-elle pas la première étape du processus qui mène à la conscientisation ? Celle-ci garantit l’acquisition de comportements critiques sans lesquels la bonne pratique restera vaine. Une telle démarche pédagogique se situe aux antipodes de la méthode dogmatique et magistrale qui sévit dans nos classes. Cette méthode magistrale risque de vider de sa substance la récente décision d’introduire l’éducation à la sécurité routière dans nos écoles : tout comme c’est le cas de toutes les innovations précédentes qu’a connues l’école algérienne.
L’interdisciplinarité rendra d’énormes services dans la lutte contre les fléaux sociaux, tels que le terrorisme routier, l’obésité, le tabagisme, la toxicomanie, l’alcoolisme, le racisme, l’intolérance, les pollutions... Elle sera la force de frappe de l’EDP pour assurer et pérenniser la santé de l’humain et de la planète.
Le seul danger qui risque de dévier l’EDP de ses finalités reste l’affligeante manie de certains systèmes scolaires de couler toute innovation pédagogique dans le moule de la compétition scolaire et de l’enseignement magistral. À quoi rime d’obliger l’élève à croiser ses bras pour écouter, la séance durant, son enseignant parler d’un sujet pourtant important et motivant ? L’élève décrochera au bout de cinq minutes, sa capacité d’attention étant perturbée. Dans cette approche pédagogique, il lui sera demandé de mémoriser les paroles de son enseignant via les longues lignes à écrire sur son cahier. Sans plus de détails. Ensuite viendra le moment de la restitution pavlovienne, lors de l’épreuve dite d’évaluation – en réalité de contrôle. Il serait aberrant d’appliquer aux activités de l’EDP les modalités d’évaluation/sanction basées sur la course à la meilleure note, à la bonne moyenne, au meilleur classement. Ce sont là des stimulants artificiels qui ne motivent qu’une minorité d’élèves, ceux qui acceptent d’étouffer leur sensibilité pour accrocher le statut illusoire du «bon élève». Seule la pédagogie de l’encouragement par des gratifications verbales à l’adresse de l’élève et/ou de la classe est adaptée aux innovations pédagogiques du genre de l’EDP.

Un citoyen critique
Des expériences fleurissent ici et là dans des établissements scolaires un peu partout dans le monde. Des éducateurs, conscients, s’échinent aux quatre coins de la planète. Pas seulement dans les quartiers huppés des grandes villes, mais souvent dans des écoles situées dans des milieux modestes. Dans les écoles d’un département français d’outre-mer, les écoles maternelles et primaires ont, depuis quelques années, obtenu de leurs élèves des réflexes liés à la récupération et du tri. Des économies substantielles ont été générées par ces gestes au quotidien. Ce mouvement mérite d’être amplifié et — pourquoi pas ? — l’institutionnaliser sur le plan international. Le combat des écologistes s’apparente à celui des militants des droits de l’Homme, soucieux de paix et de solidarité entre les peuples. Là aussi, l’éducation à la tolérance et à la paix s’est imposée depuis quelques décennies. Il reste que toutes les écoles ne se sont pas encore mises au diapason. Il faudrait pour cela que, dans chaque pays, les programmes d’études soient imprégnés des cultures marquantes du monde entier.
Cette ouverture interculturelle, via les programmes scolaires, servira à créer et à renforcer ce noble concept de «citoyen du monde chez soi». Elle contribue au renforcement de l’Education durable & préventive et donc du développement durable. C’est par ce chemin que passent inévitablement le dialogue des civilisations et la cohabitation des cultures. N’est-il pas remarquable de savoir que le fondateur de la Ligue internationale des droits de l’Homme est un éducateur versé dans la formation des jeunes générations? Ferdinand Buisson — puisque c’est de lui qu’il s’agit — est un pédagogue doublement célèbre avec l’élaboration du monumental Dictionnaire de la pédagogie. Son militantisme pour la défense des droits de l’Homme a été récompensé du Nobel de la paix en 1927.
Quoique appréciables, les progrès réalisés dans ce domaine sont loin de répondre au rêve d’un monde sans guerre, sans misère, sans épidémies. Chaque seconde qui passe voit mourir des milliers d’enfants victimes des guerres, de maladies infectieuses et de malnutrition. Le combat pour le développement durable et son alter-ego l’EDP rejoint en cela la croisade menée par le monde médical pour éradiquer des fléaux dont certains ont, par le passé, décimé des millions de personnes. D’autres maladies inconnues jusque-là ont pris le relais des anciennes — même si ces dernières reviennent dans les fourgons de la pauvreté. Là aussi, l’éducation est sollicitée. La saine alimentation s’apprend dès le préscolaire. L’éducation nutritionnelle s’avère être une arme de dissuasion efficace contre l’obésité et les maladies cardiovasculaires déclarées danger public par l’OMS. L’Unesco est interpellée pour agir avec plus de fermeté envers les pays membres pour qu’ils accordent de l’importance à l’Éducation durable & préventive, un concept intimement lié à celui du développement durable. Faute d’une éducation appropriée, l’homme peut nuire, par son comportement, aux efforts menés en vue de ce développement durable. Nous devons établir un bilan exhaustif des bienfaits et des méfaits de la pédagogie traditionnelle par rapport aux exigences constatées par ces «semeurs de bonheur», que sont les pionniers de l’écologie, les militants des droits de l’Homme et les médecins. Ne pourrait-on pas affirmer que c’est précisément par une carence dans la prise en charge de ces thèmes sensibles que les systèmes éducatifs ont leur part de responsabilité dans l’apparition ou l’aggravation de ces fléaux ? Il n’y a pas que les apprentissages scolaires formels et les réussites aux examens qui sont dignes d’intérêt. Certes, des efforts sont entrepris dans le domaine de la sensibilisation, mais par confusion des genres, ils s’avèrent inefficaces. L’Éducation durable & préventive est incompatible avec la logique scolaire basée sur l’enseignement livresque, abstrait et magistral, avec son pendant nuisible et anti-pédagogique qu’est le bachotage via la compétition entre élèves. Elle nécessite une autre démarche pédagogique, un autre type d’évaluation. Et d’ailleurs, c’est par l’exemple et la mise en situation que l’Éducation durable & préventive se transmet et s’enracine. En l’état actuel des choses, les gestionnaires des systèmes scolaires ont du pain sur la planche. Ils doivent concevoir et élaborer une véritable doctrine pédagogique tournée vers l’ensemencement de ces nobles idéaux. Où trouver ce terrain fertile pour que ces graines puissent éclore si ce n’est dans le cœur et l’esprit des enfants ? La mission la plus durable, car permanente, est celle qui appréhende l’acte éducatif dans une perspective à long terme. On n’éduque pas pour la seule réussite à l’examen ou au passage en classe supérieure : ce serait de la myopie intellectuelle. L’enseignant doit travailler en fonction d’un état futur, celui de l’élève devenu adulte dans un monde à construire. En éducation, demain, c’est aujourd’hui. Les décideurs politiques, les industriels et les consommateurs de demain se forment ici et maintenant. Faisons en sorte qu’une fois adultes, ils matérialiseront le rêve des «semeurs de bonheur». Les enfants d’aujourd’hui aspirent à vivre sains et dans un monde sécurisé. Ils ne pardonneront pas aux adultes en charge de leur éducation de ne pas les avoir outillés en conséquence. Dans l’actuel contexte caractérisé par la menace de l’Homme sur la Terre, leur avenir est incertain.
L’approche méthodologique à même de donner l’impact souhaité à l’Éducation durable & préventive se décline en deux axes. Ses thèmes dans toute leur diversité (écologie, sécurité routière, nutrition, morale, civisme, paix mondiale…) seront étudiés selon une double approche : transdisciplinaire à travers la quasi-totalité des disciplines enseignées en classe (maths, physique, langues, arts, sport…) et disciplinaire.
Cette seconde approche consistera à regrouper toutes ces matières fondatrices de l’éducation durable (civique, morale, religieuse, environnementale, sanitaire, nutritionnelle...) dans une seule discipline. Elle viendra orner l’emploi du temps des élèves du monde entier. Cette nouvelle discipline scolaire disposera d’une gestion pédagogique spécifique qui fera la part belle aux travaux pratiques (le verger, le potager de l’école, le parcours de signalisation routière…), aux visites guidées. Elle n’aura pas à souffrir de la logique de l’évaluation classique : on encourage et on motive l’élève au vu de son comportement et de ses actes. Stimulante et captivante, elle pourra transmettre aux «futurs citoyens du monde» ces valeurs universelles qui transcendent les différences culturelles en les transformant en diversités enrichissantes. À l’orée de ce IIIe millénaire, notre mère la Terre mérite bien ce cadeau.
Et comment ne pas évoquer ce superbe passage d’un livre de Hanna Arendt au sujet du monde : «C’est ce qui nous accueille à notre naissance, ce que nous laissons derrière nous en mourant (…), ce que nous avons en commun non seulement avec nos contemporains, mais aussi avec ceux qui sont passés et avec ceux qui viendront après nous.» Seule une éducation durable & préventive pour une citoyenneté universelle pourra œuvrer à cette pérennité du monde. Un monde à vivre sainement en toute sécurité et à léguer aux futures générations.
A. T.

(*) La dénomination d’éducation routière est inappropriée. On lui préféra celle d’éducation à la sécurité routière.

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AHMED TESSA
PUBLIÉ 15-04-2023, 11:00
Nos enfants manquent énormément d'éducations dans tous les sujets?...en premier c'est dû déjà à leurs propre parents qui non pas eut une éducation conforme digne et respectueuse dans des bases fondamentales?...alors ce là ce percute à son tour sur leurs enfants?.
Un exemple lorsqu'on voit le nombre de baguettes de pain en période du Ramadhan jeter à la poubelle par des adultes au même titre que des ordures?...plus tard leurs enfants feront la même chose?.
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