Annaba, qui s’était débarrassée durant les années 80 des cités fantômes, à l’exemple de celle de « Bouhamra » où des milliers de baraques donnaient un aspect de désolation et de misère, souffre aujourd’hui à nouveau de l’habitat illicite, un phénomène qui semble être incurable. Mais où le bas blesse et devant l’anarchie ambiante et la déliquescence des institutions de l’Etat, plusieurs constructions illicites en dur ont été érigées ces derniers temps, au cœur d’un quartier urbain, l’un des plus populaires et populeux de l’antique Bôuna, les Lauriers Roses. D’ailleurs, les faiseurs ne le cachent nullement, c’est en plein jour et au su et au vu de tout le monde, que des constructions sont réalisées, sans que personne n’intervienne. Aux yeux des habitants, l’implication est de mise, tant ni la police urbaine de la protection de l’environnement, encore moins les services de l’APC de Annaba, ne lèvent le petit doigt. Pour se rendre compte de la gravité de la question, il suffit de faire un tour du côté du bâtiment « carré », de celui « Chouk » ou encore entre le stade et le bâtiment « CRS » pour constater de visu, le moins que l’on puisse dire, « une catastrophe urbanistique ». Négligée par ses habitants et surtout par ceux qui ont à charge de l’entretenir et de veiller sur elle, cette cité s’enlaidit chaque jour un peu plus. Aujourd’hui, elle est devenue tout simplement une «cité-cage», polluée, sale, qui rend très agressif la majorité des locataires, en ressemblant à une mégapole mal habitée où les disparités sociales sont effarantes. En outre, ce « triangles de Bermudes », a savoir CRS, Carré et Chouk, est un haut lieu de trafic de stupéfiants, où les toxicomanes et autres dealers effectuent leurs transactions sans gêne. Par ailleurs, et profitant de la prochaine élection présidentielle où l’administration locale semble être totalement préoccupée par les préparatifs de ce rendez-vous, les filières spécialisées dans la construction des baraques reviennent à la charge pour de nouveau en gangrener la ville des rives de la Seybouse avec des bicoques, signalent des habitants de la Plaine Ouest. Ces « barons » de la construction illicite, qui semblent être aguerris et suffisamment huilés, ont jeté leur dévolu sur des parcelles de terrain dominant les bidonvilles de Sidi-Harb, Bouhdid et Bouguentas, révèlent nos sources. Ces sites sont désormais de nouveau l’objet d’une fièvre dans la reconstruction des baraques, devenue aujourd’hui une véritable industrie grâce des filières spécialisées, et qui se faisait généralement durant la nuit. « La création d’une nouvelle cité illicite attire les gens tels des charognards autour d’une proie. Une situation où les kachara (courtier), les entrepreneurs en bâtiment et surtout les clients qui débarquent des différentes wilayas limitrophes, trouvent leur compte », ont tenu à témoigner de nombreux habitants. Selon nos sources, il s’agit d’un trafic détenu par un milieu à la forme d’une hydre à têtes multiples qui glane, brasse, véhicule, transfert et propage à profusion le monde de la clochardisation des quartiers, voire des villes. Le prix d’une baraque a atteint une côte vertigineuse. « Elle est cédée à 80 millions de centimes. Alors que les «lots vierges» pour la construction de baraques sont proposés à des prix oscillant, selon leur position, entre 30 et 40 millions de centimes », explique un « kacher » versé dans ce créneau. En attendant une solution urgente à ce phénomène, la sonnette d’alarme est tirée…
lestrepublicain - 27 janvier 2014 - B. Salah Eddine
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