DIA-07 septembre 2021: Inoubliable dans « A bout de souffle », « L’As des as », « Un singe en hiver », acteur parmi les plus populaires, « Bébel » a commencé avec Godard et la Nouvelle Vague avant de prendre le virage de la comédie et du film d’action. Avec plus de 80 films en soixante ans de carrière, il est mort lundi à Paris, à l’âge de 88 ans.
Grande gueule et séducteur, héros à l’apparence de M. Tout-le-monde capable de réconcilier comédie et film d’action, seul véritable héritier de Jean Gabin (celui du Quai des brumes comme celui du Pacha), il aura durant près de soixante ans offert au cinéma français de genre un corps, une trogne et une voix – une présence sans équivalent. Jean-Paul Belmondo est mort à 88 ans à son domicile à Paris, a annoncé sa famille dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse par leur avocat, Michel Godest.
Né à Neuilly-sur-Seine le 9 avril 1933, il était le fils d’une artiste peintre et du sculpteur Paul Belmondo, né à Alger dont toute sa vie il défendra passionnément l’œuvre. Elève turbulent, adolescent plus amateur de sport (la boxe, qu’il pratiquera longtemps, et le football) que d’études, il est attiré par la scène, joue en amateur dès 1950, prépare chez Raymond Girard l’entrée au Conservatoire, où il est admis en octobre 1952. Formé par Pierre Dux, il en sort cinq ans plus tard, peu apprécié du jury mais adoré par des camarades qui ont pour nom Jean-Pierre Marielle, Claude Rich, Jean Rochefort, Bruno Cremer, Françoise Fabian ou Pierre Vernier. Il débute par des seconds rôles alimentaires au cinéma, ne vise en réalité que le théâtre, où il connaît un premier succès dans Oscar, aux côtés de Pierre Mondy, en 1958.
Son talent est aussi repéré par un jeune critique des Cahiers du cinéma, Jean-Luc Godard, qui prépare son passage à la mise en scène en tournant des courts-métrages, Belmondo est l’acteur principal de Charlotte et son jules. Mais le jeune acteur doit interrompre sa participation à Oscar, ne peut non plus postsynchroniser son rôle dans le court-métrage de Godard, qui s’en charge lui-même : à l’écran, Belmondo parle avec l’accent vaudois, ce qui lui vaudra d’être refusé par Jacques Becker pour Le Trou, parce qu’il n’aimait pas « sa » voix.
Il doit partir soldat en Algérie, il n’y reste que quatre mois. Dans les Cahiers du Cinéma, Jean-Luc Godard écrit une critique assassine du film réalisé par Marc Allégret, mais loue le jeu de Belmondo, qu’il compare à celui de Michel Simon. Une rencontre a lieu entre les deux hommes et Jean-Luc Godard engage l’acteur pour son court-métrage Charlotte et son jules. Mobilisé, Belmondo doit se rendre en Algérie, où la guerre fait rage, et c’est Godard qui doublera Belmondo dans le film.
A son retour, il interprète Trésor Party au théâtre, sans grand succès, croise Godard sur les Champs-Elysées qui lui dit : « Fonce chez les frères Hakim [deux des principaux producteurs parisiens d’alors], il y a un rôle pour toi. » Le jeune homme décline la proposition, dit qu’il ne veut plus faire de cinéma, « c’est trop con » .
Godard saura le convaincre du contraire. Jean-Paul Belmondo signe pour son premier rôle en tête d’affiche, c’est A double tour, troisième long-métrage d’un autre cinéaste de la Nouvelle Vague, Claude Chabrol. Il y campe avec vigueur et naturel un intrus venu flanquer la pagaille dans une famille bourgeoise refermée sur ses sales secrets. A ce moment, Godard est enfin prêt à faire appel à lui pour A bout de souffle. Son agent signifie au comédien qu’il ferait « la plus grande erreur de sa vie » en acceptant d’être la vedette de ce film sans scénario et presque sans argent d’un inconnu à la réputation peu fiable.
En 2001, Belmondo est victime d’un grave accident vasculaire cérébral qui le tiendra éloigné des plateaux plusieurs années. Les temps avaient changé, irrémédiablement. Il reste qu’au cinéma, « Bébel » a été une véritable puissance, économiquement, sociologiquement, il aura à l’évidence marqué une époque du cinéma français.
Jean-Paul Belmondo en quelques dates:
9 avril 1933 Naissance à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
1951 Entre au Conservatoire
1959 A double tour, de Claude Chabrol
1960 A bout de souffle, de Jean-Luc Godard
1962 Un singe en hiver, d’Henri Verneuil
1963 Le Doulos, de Jean-Pierre Melville,
1964 L’Homme de Rio, de Philippe de Broca
1965 Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard
1973 Le Magnifique, de Philippe de Broca
1982 L’As des as, de Gérard Oury
1995 Les Misérables, de Claude Lelouch
2011 D’un film à l’autre, de Claude Lelouch
2016 Lion d’or remis à Venise pour l’ensemble de sa carrière
6 septembre 2021 Mort à l’âge de 88 ans
Posté par M.O.F.Annabi le 07/09/2021
Un monument du cinéma français
Il était comme le boxeur Mohamed Ali qui était contre la guerre du Vietnam.
Bébel était contre la guerre d'Algérie, Jean-Paul Belmondo a longuement défendu son père, né à Alger d'une famille modeste d'origine italienne.
Posté par M.O.F.Annabi le 07/09/2021
Sa disparition c'est comme une étoile filante qui continuera a scintiller dans l'univers!.
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Les Commentaires
Grande gueule et séducteur, héros à l’apparence de M. Tout-le-monde capable de réconcilier comédie et film d’action, seul véritable héritier de Jean Gabin (celui du Quai des brumes comme celui du Pacha), il aura durant près de soixante ans offert au cinéma français de genre un corps, une trogne et une voix – une présence sans équivalent. Jean-Paul Belmondo est mort à 88 ans à son domicile à Paris, a annoncé sa famille dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse par leur avocat, Michel Godest.
Né à Neuilly-sur-Seine le 9 avril 1933, il était le fils d’une artiste peintre et du sculpteur Paul Belmondo, né à Alger dont toute sa vie il défendra passionnément l’œuvre. Elève turbulent, adolescent plus amateur de sport (la boxe, qu’il pratiquera longtemps, et le football) que d’études, il est attiré par la scène, joue en amateur dès 1950, prépare chez Raymond Girard l’entrée au Conservatoire, où il est admis en octobre 1952. Formé par Pierre Dux, il en sort cinq ans plus tard, peu apprécié du jury mais adoré par des camarades qui ont pour nom Jean-Pierre Marielle, Claude Rich, Jean Rochefort, Bruno Cremer, Françoise Fabian ou Pierre Vernier. Il débute par des seconds rôles alimentaires au cinéma, ne vise en réalité que le théâtre, où il connaît un premier succès dans Oscar, aux côtés de Pierre Mondy, en 1958.
Son talent est aussi repéré par un jeune critique des Cahiers du cinéma, Jean-Luc Godard, qui prépare son passage à la mise en scène en tournant des courts-métrages, Belmondo est l’acteur principal de Charlotte et son jules. Mais le jeune acteur doit interrompre sa participation à Oscar, ne peut non plus postsynchroniser son rôle dans le court-métrage de Godard, qui s’en charge lui-même : à l’écran, Belmondo parle avec l’accent vaudois, ce qui lui vaudra d’être refusé par Jacques Becker pour Le Trou, parce qu’il n’aimait pas « sa » voix.
Il doit partir soldat en Algérie, il n’y reste que quatre mois. Dans les Cahiers du Cinéma, Jean-Luc Godard écrit une critique assassine du film réalisé par Marc Allégret, mais loue le jeu de Belmondo, qu’il compare à celui de Michel Simon. Une rencontre a lieu entre les deux hommes et Jean-Luc Godard engage l’acteur pour son court-métrage Charlotte et son jules. Mobilisé, Belmondo doit se rendre en Algérie, où la guerre fait rage, et c’est Godard qui doublera Belmondo dans le film.
A son retour, il interprète Trésor Party au théâtre, sans grand succès, croise Godard sur les Champs-Elysées qui lui dit : « Fonce chez les frères Hakim [deux des principaux producteurs parisiens d’alors], il y a un rôle pour toi. » Le jeune homme décline la proposition, dit qu’il ne veut plus faire de cinéma, « c’est trop con » .
Godard saura le convaincre du contraire. Jean-Paul Belmondo signe pour son premier rôle en tête d’affiche, c’est A double tour, troisième long-métrage d’un autre cinéaste de la Nouvelle Vague, Claude Chabrol. Il y campe avec vigueur et naturel un intrus venu flanquer la pagaille dans une famille bourgeoise refermée sur ses sales secrets. A ce moment, Godard est enfin prêt à faire appel à lui pour A bout de souffle. Son agent signifie au comédien qu’il ferait « la plus grande erreur de sa vie » en acceptant d’être la vedette de ce film sans scénario et presque sans argent d’un inconnu à la réputation peu fiable.
En 2001, Belmondo est victime d’un grave accident vasculaire cérébral qui le tiendra éloigné des plateaux plusieurs années. Les temps avaient changé, irrémédiablement. Il reste qu’au cinéma, « Bébel » a été une véritable puissance, économiquement, sociologiquement, il aura à l’évidence marqué une époque du cinéma français.
Jean-Paul Belmondo en quelques dates:
9 avril 1933 Naissance à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
1951 Entre au Conservatoire
1959 A double tour, de Claude Chabrol
1960 A bout de souffle, de Jean-Luc Godard
1962 Un singe en hiver, d’Henri Verneuil
1963 Le Doulos, de Jean-Pierre Melville,
1964 L’Homme de Rio, de Philippe de Broca
1965 Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard
1973 Le Magnifique, de Philippe de Broca
1982 L’As des as, de Gérard Oury
1995 Les Misérables, de Claude Lelouch
2011 D’un film à l’autre, de Claude Lelouch
2016 Lion d’or remis à Venise pour l’ensemble de sa carrière
6 septembre 2021 Mort à l’âge de 88 ans
Il était comme le boxeur Mohamed Ali qui était contre la guerre du Vietnam.
Bébel était contre la guerre d'Algérie, Jean-Paul Belmondo a longuement défendu son père, né à Alger d'une famille modeste d'origine italienne.