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Le prix Goncourt 2021 pour Mohamed Mbougar Sarr et son roman « La Plus Secrète Mémoire des hommes »

Publié le 03/11/2021
Le prix Goncourt 2021 pour Mohamed Mbougar Sarr et son roman « La Plus Secrète Mémoire des hommes »
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Le prix Goncourt 2021 pour Mohamed Mbougar Sarr et son roman « La Plus Secrète Mémoire des hommes »
C’est peu de dire que le quatrième opus de l’écrivain sénégalais de 31 ans, un roman très cérébral, vibrant de sensualité, assurément politique et souvent drôle, faisait figure de favori.

Par Raphaëlle Leyris
Publié aujourd’hui à 12h53, mis à jour à 16h56
Temps deLecture 3 min.
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Le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, 31 ans, a séduit les jurés avec le roman « La Plus Secrète Mémoire des hommes ».
Le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, 31 ans, a séduit les jurés avec le roman « La Plus Secrète Mémoire des hommes ». RICHARD BOUHET / AFP
Le prix Goncourt a été attribué à Mohamed Mbougar Sarr pour La Plus Secrète Mémoire des hommes (Philippe Rey/Jimsaan), mercredi 3 novembre. Après une édition 2020 qui avait récompensé Hervé Le Tellier (pour L’Anomalie) par visioconférence, c’est à nouveau du restaurant Drouant, dans le 2e arrondissement de Paris, que le jury a annoncé la nouvelle. Etaient également en lice : Christine Angot pour Le Voyage dans l’Est (Flammarion), Sorj Chalandon pour Enfant de salaud (Grasset) et Louis-Philippe Dalembert pour Milwaukee Blues (Sabine Wespieser Editeur).

Au même endroit, et dans la foulée, les jurés du prix Renaudot ont eux aussi fait connaître leur choix. Il s’est porté sur Amélie Nothomb, pour Premier sang (Albin Michel).

C’est peu de dire que le quatrième roman de Mohamed Mbougar Sarr faisait figure de favori : à ce livre sélectionné pour tous les grands prix d’automne (dont celui du Monde), la plupart des critiques littéraires interrogés par Livres Hebdo quelques jours avant le vote prédisaient un couronnement par la plus convoitée des distinctions littéraires françaises.

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Une ambition impressionnante
Son auteur, né en 1990 au Sénégal, n’était pourtant pas le plus célèbre de la sélection ; ni ses deux maisons d’édition (la française de l’éditeur indépendant Philippe Rey et la sénégalaise Jimsaan), des habituées de la course au prix. Pas plus que son texte ne se présentait comme le plus facile d’accès. Mais l’impressionnante ambition et l’étourdissante énergie narrative de La Plus Secrète Mémoire des hommes emportent tout sur leur passage.

On ne vous conseille pas de demander à son auteur : « Ça parle de quoi ? » « Cette question incarne le mal en littérature », assène avec humour son narrateur et double évident, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais. Celui-ci part sur les traces d’un roman paru en 1938, Le Labyrinthe de l’inhumain, d’un certain T. C. Elimane, qui fit de ce dernier une coqueluche du Paris littéraire d’avant-guerre, surnommé « le Rimbaud nègre ». Avant que des accusations de plagiat n’aboutissent à la destruction du livre et à la disparition d’Elimane.

« L’indécente littérature »
Au fil des recherches de Faye, les récits s’enchâssent, un narrateur en cache souvent un autre, on se déplace entre les continents (passant de la France au Sénégal, d’Amsterdam à l’Argentine), les époques et les genres littéraires (journal intime, extraits de presse, entretiens, récit teinté de fantastique, roman d’apprentissage…). Toujours, la figure d’Elimane se dérobe. Toujours, Diégane Latyr Faye, épaulé par la mystérieuse écrivaine Siga D., celle qui lui a mis Le Labyrinthe de l’inhumain entre les mains, poursuit sa méditation sur la littérature, ses pouvoirs et ses impasses (« La littérature ; il ne restait et ne resterait jamais que la littérature ; l’indécente littérature, comme réponse, comme problème, comme foi, comme orgueil, comme vie »). Ecrit à l’ombre du Chilien Roberto Bolano (1953-2003), La Plus Secrète Mémoire des hommes est assurément un roman très cérébral. Mais il s’avère aussi vibrant de sensualité, très politique – qu’il évoque le climat colonialiste dans la France des années 1930 ou les révoltes dans le Dakar contemporain – et souvent drôle.


En particulier lorsqu’il décrit les cercles d’écrivains (ou aspirants) africains vivant à Paris (« le ghetto ») et le rêve, nourri par « beaucoup d’entre nous », de « l’adoubement du milieu littéraire français (qu’il est toujours bon, dans sa posture, de railler et de conchier). C’est notre honte, mais c’est aussi notre gloire fantasmée ; notre servitude, et l’illusion empoisonnée de notre élévation symbolique ». Il n’est pas impossible que Mohamed Mbougar Sarr ait repensé à ces lignes bravaches quand il a appris qu’il était, à 31 ans, le lauréat du plus prestigieux des prix littéraires français.

Raphaëlle Leyris



BRAVO Mohamed Mbougar Sarr

BRAVO Sénégal
Pays en Afrique de l'Ouest

C’est peu de dire que le quatrième opus de l’écrivain sénégalais de 31 ans, un roman très cérébral, vibrant de sensualité, assurément politique et souvent drôle, faisait figure de favori.
Tu nous rend fière d'un AFRICAIN je suis très content pour l'Afrique entière.
"C'est un formidable message envoyé à la jeunesse", s'est enthousiasmé mercredi 3 novembre sur franceinfo Philippe Rey, éditeur de Mohamed Mbougar Sarr, qui a obtenu le prix Goncourt 2021 pour son livre La plus secrète mémoire des hommes. "C'est une joie inimaginable que je déguste à chaque seconde", a ajouté l'éditeur, qui estime que l'écrivain sénégalais de 31 ans "a encore une très belle oeuvre à venir".

franceinfo : On imagine que voir cet auteur primé par le Goncourt représente beaucoup de joie pour vous...

Philippe Rey : C'est une joie immense. C'est la reconnaissance d'un talent assez unique, tout à fait original. C'est la reconnaissance de quelqu'un de jeune, qui écrit ses livres avec une telle maturité, une telle liberté, une telle indépendance, avec aussi beaucoup d'humour, de poésie et de suspense. Je pense que le Goncourt a couronné un auteur qui a une très belle œuvre derrière lui, mais qui a aussi une très belle œuvre à venir. C'est un formidable message envoyé à la jeunesse. Un auteur de 31 ans primé, c'est très rare.

Qu'est-ce qui vous a plu chez lui ? Comment avez-vous eu le coup de foudre ?

Le coup de foudre est justement de trouver quelqu'un d'aussi jeune avec une telle qualité, une telle maîtrise, une telle culture. Il a lu énormément de livres, dont beaucoup que je n'avais personnellement jamais lus. Il m'a appris beaucoup de choses. Il y a surtout un vent de fraîcheur, un formidable rajeunissement qui souffle aujourd'hui sur la littérature française, grâce à lui. Il y a aussi cette part africaine. C'est très important, même s'il n'est pas réductible à son continent d'origine. C'est un citoyen du monde. Son roman se passe à la fois à Paris, en Afrique, mais aussi en Argentine, par exemple. Il a ce côté très ouvert. Je crois que c'est une littérature d'imagination, une littérature de voyage, une littérature de découverte de son temps. En même temps, son roman est très accessible. C'est une histoire extrêmement vivante, qui est à la fois contemporaine et remonte dans le passé, avec des épisodes liés à la Shoah ou au colonialisme. Il y a beaucoup d'humour. Je pense qu'il faut aussi entrer dans ce livre avec beaucoup de jubilation. C'est une sorte d'enchanteur qui vous prend par la main.

Votre maison d'édition, les Editions Philippe Rey, est indépendante. Ressentez-vous de la fierté ?

Oui, c'est un bonheur absolu. C'est rare d'avoir le Goncourt quand on est une petite maison. Ma maison existe depuis dix-neuf ans et j'ai tenu à faire un travail proche des auteurs, pour les aider à s'épanouir. Récompenser un auteur avec qui j'ai travaillé pendant trois ans sur ce texte est une joie inimaginable que je déguste à chaque seconde.
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