Vous êtes ici >> Accueil/Annaba Actualités/ La plage est triste ce soir Placeholder MAÂMAR FARAH PUBLIÉ 09-03-...
Zone Membre
Publicités

La plage est triste ce soir Placeholder MAÂMAR FARAH PUBLIÉ 09-03-2023, 11:00 Il s'en est allé l'artiste dé

Publié le 09/03/2023
La plage est triste ce soir Placeholder MAÂMAR FARAH PUBLIÉ 09-03-2023, 11:00 Il s'en est allé l'artiste déraciné, dans la solitude et le décor blafard d'une cité de banlieue sans âme. Bouzaâroura ! Qui connaît Bouzaâroura ? Un lieu-dit traînant nonchalamment ses petites collines verdoyantes à quelques encablures de la vieille autoroute Annaba-El Hadjar. Un centre pénitencier moderne a fait connaître ce nom, avant que des dizaines d’immeubles collés les uns aux autres ne viennent remplacer les riches cultures qui se pratiquaient dans cette zone fertile de la plaine d’Annaba. Brahim Bey, comme des centaines de familles, avait été arraché à son quartier natal d’El Mhaffeur, riche vivier de traditions musicales ancrées chez une population pauvre mais cultivant avec raffinement l’art de la musique citadine. El Mhaffeur est ce quartier mythique qui a bercé les maîtres de la musique locale à l’instar de Hassan El Annabi. La mafia du foncier, prolongement de la «Issaba» algéroise, avait inventé mille stratagèmes pour déloger les habitants de ce quartier. Curieusement, personne n'avait fait remarquer aux démolisseurs qu’El Mhaffeur n'était pas un bidonville et que la majeure partie des habitations étaient en dur. Un aménagement urbain aurait suffi pour moderniser le quartier. Mais non, l'objectif des vampires du cadastre était tout autre. Ils convoitaient cette belle assiette qui faisait face à l'immeuble envahissant de... Tliba, sur la route de Séraïdi. Leur projet était de construire des tours d'affaires et des promotions immobilières de haut standing. En désespoir de cause, des militants écologistes avaient émis le vœu de transformer cet espace en grand jardin floral, un poumon dont a grand besoin Annaba. Brahim Bey a quitté son quartier avec amertume. Je l'ai appelé dernièrement, il était en piteux état physique et moral. Il n’aimait pas Bouzaâroura et sa nouvelle vie et avait beaucoup de nostalgie pour son vieux quartier. Je lui ai promis de lui rendre visite à mon prochain voyage à Annaba. Hélas, il est parti avant mon passage. J'imagine qu'il n'était pas heureux dans cette masse de béton où sont rassemblés les «délogés». Une vie entière dans la populeuse et vivante cité venait d'être effacée d’une signature au bas d'un arrêté. Une vie faite de moments affectueux, de rencontres fraternelles, de joies et de peines partagées avec les proches et les amis, une histoire aussi de résistance armée à l’armée coloniale, un long parcours de combats politiques et syndicaux ; tout cela venait d’être effacé d’un trait. Quand il ouvre sa fenêtre, Brahim ne voit que le ciel livide, que le vide. Qu’il est loin cet amour de quartier avec ses matins bleus, ses cris de vendeurs de camelote, ses odeurs de sardine et de frites qui chavirent des balcons grands ouverts, ses radios qui déversent des tonnes de belles musiques sur les rues et ruelles où quelques vieillards dégustent leurs cafés en échangeant des infos sur tout et rien. Dans cette cité, Brahim Bey, suivant les pas du maître Hassan, commence par s'intéresser au malouf. Mais, très vite, il amorce un virage musical qui lui ouvre la voie d'un accomplissement artistique ponctué d'une riche carrière dans le chaâbi, genre qui avait beaucoup d'adeptes à l'est du pays mais peu d'interprètes. Dès les années 70, Brahim Bey s'affirme comme un artiste émérite du genre. Ses tournées à travers le pays, et notamment pour animer des galas au profit des appelés de l'ANP, lui donnent l'occasion de se frotter à son public et de mieux connaître ses goûts en la matière. Comme tous ses collègues, Brahim Bey débute par l’interprétation des classiques du chaâbi, une panoplie de poèmes chantés par les plus grands. Mais, dans le sillage de la révolution apportée au chaâbi par Mahboub Bâti, Brahim Bey s'essaye, lui aussi, à la chanson courte et aux rythmes moins guindés. Il ne tardera pas à trouver sa voie. Le chaâbi venait de trouver son maître bônois qui, à l'instar de Bouadjaj à l’Ouest, tente d'apporter de nouvelles sonorités à cette musique typiquement algéroise. Sonorités pimpantes, rappelant le clapotis de la mer du côté de Belvédère quand la soirée s’allonge autour d’une table d’amis ou que le clair de lune polit la face inoubliable de la beauté d’un soir… Les mots sont simples mais ils disent toujours la profondeur et la sincérité des sentiments. Brahim Bey chante l’amour dans toutes ses dimensions ; il chante le bonheur des rencontres romantiques, les inconstances et la fragilité des êtres pris dans le tourbillon des relations amoureuses, les infidélités, les séparations. Sa voix si singulière a longtemps bercé le rythme des vagues dans ces cabanons isolés, elle a fait la tournée des guinguettes du littoral. Sans prétention, sans l’apparat des grands maîtres. Une poignée de main chaleureuse, un mot fraternel, une invite, une guitare qui passe par là, une derbouka et la fête improvisée se transforme en grand moment de félicité. Maintenant que tu n’es plus là, Brahim ; maintenant que Khali Chérif, Kaddour, Hamid le Constantinois ou Hakim l’Algérois et tant d’autres sont près de toi là-haut, j’ai mal à ma mer… Elle me semble dépeuplée. Je ne vois que des gamins prêts à sauter dans les barques de la mort. J’arpente le sable fin du Belvedère, les pieds rejoints, de temps à autre, par une vague rebelle ; je lève mes yeux vers le resto romantique de Kader et une tristesse soudaine m’envahit. Pourquoi avons-nous perdu la joie de vivre ? Pourquoi nous ne sommes plus réunis autour de la cheminée au feu ardent, les visages illuminés par de larges sourires, les yeux pleins de belles images de gaîté et de partage… Je regarde les volets clos et je m’arrête. Je crois entendre ta voix rauque se lever dans le crépuscule, quand les lueurs des chalutiers retardataires clignotent au lointain, sous le ciel étoilé du golfe… Jours heureux, où êtes-vous ? Après la disparition de tant d’amis aux noms plaqués au sable de ces plages bônoises où s’entrecroisent tant de destins, comment supporter encore le vide laissé par Brahim Bey, comment côtoyer les vagues sans la voix qui leur donnait le rythme juste ? J’imagine la grande peine de tous les amis annabis amateurs de chaâbi. J’imagine la tristesse de Aït Tahar Messaoud de Santanna (Ste Anne, mitoyenne d’El Mhaffeur) et de tous ces créateurs et interprètes qui ont le chaâbi collé au cœur… Adieu l’artiste, on t’aimait bien. M. F. Placeholder MAÂMA
« Actualité précédente
Verts d’Europe Deux matchs de suspension et 15 000 euros d’amende pour Bensebaïni Placeholder MOHAMED BOUCHAMA
Actualité suivante »
"Y'avait des petits enfants dans les soirées" : révélations CHOC du Gerard Fauré en direct sur C8 Invité d

Les Commentaires

Merci ay si Maâmar de retracer la belle vie d'antan juste un petit oublie la vieille ville avec la place d'armes et son maitre de malouf le regreter"MOHAMED EL KOURD" natif de la vieille ville à deux pas de chez moi!merci encore d'avoir éveiller en nous cette joie du passée hélas ils ont défiguré la plus ville d'Algérie par du béton a outrance!!!!!!!!!!!!!!!!!!!avec son hideux tunnel devant le palais de justice en prolongement du cours!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
horrible tour Tliba il faudrait la dynamitée quelle horreur IL se croyait au quartier la défense de Paris!!!!!!!!!!!!!!!
Pour ajouter un commentaire, vous devez être membre de notre site !

Identifiez-vous :


Ou Inscrivez-vous gratuitement !

Dernières brèves

Articles similaires