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Le cartable ou le pain ? par El-Houari Dilmi Une scène pour le moins surprenante : alors qu'il est à peine

Publié le 04/09/2023
Le cartable ou le pain ? par El-Houari Dilmi Une scène pour le moins surprenante : alors qu'il est à peine 7h du matin, une grande chaîne se forme devant un point de vente de légumes secs. Renseignement pris, l'on saura que ces gens-là se sont réveillés à l'heure du coq pour acheter des haricots blancs et des lentilles, vendus à prix soutenus. Moralité : la marmite nationale reste la première urgence de l'heure... Autre dilemme cornélien : choisir entre le pain ou le cartable. Depuis plusieurs jours déjà, la rentrée scolaire est au-devant de l'actualité dans les médias lourds publics. Cela pour rassurer les parents qu'il n'y aura pas le feu sur le marché des fournitures scolaires. Dans un pays où ne pas envoyer son enfant à l'école est, «en principe», un délit passible d'emprisonnement, que fait l'élève, ou même l'enseignant une fois sorti de l'école ? «Ils deviennent des bons à rien !», nous rappellent des esprits désappointés. Parce que, paraît-il, personne n'a le temps de penser à mettre «quelque chose» dans sa tête lorsque le ventre et les poches sont vides, celui qui voit l'école comme une vocation ou un moyen de mieux comprendre «son» monde, ne «pèse» pas un kopeck aux yeux de plus nantis que lui, qu'un raté, un khobziste, un col usé miséreux, condamné à consommer sa carrière «castrée», un peu comme un athlète qui fait la course en tête, mais finit toujours bon dernier de la classe. Dans une contrée où le mot «livre» ou «culture» sonne comme des marques de fayots immangeables, le propre d'une société «paumée» est justement de vivre au temps de l'affairisme tous azimuts et ne croire en rien d'autre qu'en la religion du lucre. Qui se souvient encore de cet «instit'» des années soixante-dix, pauvre mais digne, mal sapé mais propre de corps et d'esprit, humble mais drapé d'une aura de prophète vivant de son seul savoir ? Parce que l'ignorance est mère de tous les vices, le «tebbgar» en VO, le «navigage» ou le charlatanisme «éclairé» tiennent lieu d'une «culture» prédatrice à laquelle ne peuvent échapper que les âmes bien nées. Le jour viendra, peut-être, où plus que le médecin, l'avocat ou le politique, l'enseignant et son job de toutes les sueurs sera le plus exaltant de tous les gagne-pain que le pays se prémunisse contre l'apocalypse de l'ignorance, et son lot de séismes en tous genres. Le jour viendra, aussi, où celui qui a pour métier d'apprendre aux autres à lire et à écrire devienne le maillon le plus fort d'une société transformée en une gigantesque chaîne alimentaire, avec de la place qu'à ceux qui savent manger à midi pour ne pas être dévorés crus la nuit tombée...
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Le cartable ou le pain ?
par El-Houari Dilmi


Une scène pour le moins surprenante : alors qu'il est à peine 7h du matin, une grande chaîne se forme devant un point de vente de légumes secs. Renseignement pris, l'on saura que ces gens-là se sont réveillés à l'heure du coq pour acheter des haricots blancs et des lentilles, vendus à prix soutenus. Moralité : la marmite nationale reste la première urgence de l'heure... Autre dilemme cornélien : choisir entre le pain ou le cartable. Depuis plusieurs jours déjà, la rentrée scolaire est au-devant de l'actualité dans les médias lourds publics. Cela pour rassurer les parents qu'il n'y aura pas le feu sur le marché des fournitures scolaires. Dans un pays où ne pas envoyer son enfant à l'école est, «en principe», un délit passible d'emprisonnement, que fait l'élève, ou même l'enseignant une fois sorti de l'école ? «Ils deviennent des bons à rien !», nous rappellent des esprits désappointés. Parce que, paraît-il, personne n'a le temps de penser à mettre «quelque chose» dans sa tête lorsque le ventre et les poches sont vides, celui qui voit l'école comme une vocation ou un moyen de mieux comprendre «son» monde, ne «pèse» pas un kopeck aux yeux de plus nantis que lui, qu'un raté, un khobziste, un col usé miséreux, condamné à consommer sa carrière «castrée», un peu comme un athlète qui fait la course en tête, mais finit toujours bon dernier de la classe.

Dans une contrée où le mot «livre» ou «culture» sonne comme des marques de fayots immangeables, le propre d'une société «paumée» est justement de vivre au temps de l'affairisme tous azimuts et ne croire en rien d'autre qu'en la religion du lucre. Qui se souvient encore de cet «instit'» des années soixante-dix, pauvre mais digne, mal sapé mais propre de corps et d'esprit, humble mais drapé d'une aura de prophète vivant de son seul savoir ? Parce que l'ignorance est mère de tous les vices, le «tebbgar» en VO, le «navigage» ou le charlatanisme «éclairé» tiennent lieu d'une «culture» prédatrice à laquelle ne peuvent échapper que les âmes bien nées.

Le jour viendra, peut-être, où plus que le médecin, l'avocat ou le politique, l'enseignant et son job de toutes les sueurs sera le plus exaltant de tous les gagne-pain que le pays se prémunisse contre l'apocalypse de l'ignorance, et son lot de séismes en tous genres. Le jour viendra, aussi, où celui qui a pour métier d'apprendre aux autres à lire et à écrire devienne le maillon le plus fort d'une société transformée en une gigantesque chaîne alimentaire, avec de la place qu'à ceux qui savent manger à midi pour ne pas être dévorés crus la nuit tombée...





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