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Une «place» pour Idir ! Placeholder NOUREDDINE KHELASSI PUBLIÉ 23-04-2024, 11:00 Le 20 avril 2024, jour-annive

Publié le 24/04/2024
Une «place» pour Idir ! Placeholder NOUREDDINE KHELASSI PUBLIÉ 23-04-2024, 11:00 Le 20 avril 2024, jour-anniversaire du «Printemps berbère» de 1980, Paris, ville des «lumières» culturelles, rend hommage au célèbre auteur de Avava inouva, l’immortelle berceuse kabyle qui a fait le tour du monde, en inaugurant solennellement le «Square Idir» dans la partie centrale de la place de Ménilmontant, où il résidait. En octobre 2022, précisément le jour de l’anniversaire de la naissance de l’artiste algérien le plus connu dans le monde (le 25), Toulouse, la ville rose de la Garonne dans le sud-ouest de la France, baptisait une place publique en son nom, au cœur même du quartier Victor-Hugo, tout un symbole culturel ! Et ce n’est pas fini ! Place Slimane-Azem à Paris dans un quartier chic du XIVe arrondissement, et rue Matoub-Lounès dans le XIXe, alors même que huit édifices portent également son nom à travers l’Hexagone ! Mais qu’en est-il donc aujourd’hui de l’honneur rendu aux artistes algériens, dans leur propre pays, par la grâce de la toponymie citadine et de pouvoirs publics qu’on imagine férus de culture et surtout soucieux d’immortaliser le génie créatif des artistes de leur propre pays en perpétuant la mémoire des plus méritants et des plus connus parmi eux ? Un carrefour et une plaque commémorative à Tizi-Ouzou sont certes au nom de Matoub Lounès, chantre protestataire et artiste emblématique assassiné en Kabylie. Sinon, aucune rue, encore moins une place, et pas la moindre ruelle, passage ou même une impasse ne portent ailleurs son nom en Algérie. Rien non plus au nom du fabuliste et fabuleux Slimane Azem, le La Fontaine de la chanson kabyle, mort en exil en France après avoir été victime d’ostracisme culturel et de bannissement de son pays natal. Les cas de Slimane Azem et Matoub Lounès, deux symboles culturels en Algérie, sont deux exemples parmi tant d’autres de la politique d’excommunication et de proscription qui exprime un certain regard de certains pouvoirs publics sur les artistes. Dans un moindre mal, ces derniers sont alors victimes de l’oubli quand ce n’est pas de la relégation dans des espaces de peu de noblesse citadine, ou encore de cantonnement et de confinement urbains dont la bureaucratie algérienne a le secret ! C’est par exemple le cas des légendes artistiques de la Casbah et icônes suprêmes du châabi, Hadj Mhamed El Anka et Hadj Mrizek, remisés au coin le plus discret de l’espace de rue, dans le quartier de La Marine à Alger. Certes, à proximité de la sublime et historique Amirauté, mais tout de même en des lieux indignes de leur mérite artistique et de leur mémoire de chantres enchanteurs. En tout cas pas du tout à la hauteur de leur génie créatif au service du chaâbi, un art à part qui est à Alger ce que le fado est à Lisbonne, le blues à Memphis et le jazz à la Nouvelle-Orléans. Oubliés qu’ils sont entre deux cafés populaires, «Le Tlemssani» et le «Grand Café de La Marine», mais sur des voies de passage peu fréquentées. Au départ, deux modestes plaques commémoratives. Une pour El Anka, l’autre pour Mrizek. Avec, pour le premier, la simple mention de «chef de file du châabi», sans aucune précision de son lieu de naissance. Pour le second, juste l’évocation de la Casbah d’Alger comme l’endroit où il a vu le jour. Pour les deux, une effigie propre et les dates de naissance et de disparition. À part ça, rien, sauf le fait d’avoir d’autre part attribué leurs noms aux deux espaces discrets en question et censés évoquer leur souvenir. Et encore, la plaque dédiée initialement à Mrizek, par ailleurs dirigeant historique du Mouloudia d’Alger, n’existe plus. En lieu et place, un immense tag représentant, côte à côte et peints dans les couleurs vert et rouge emblématiques du club centenaire, El Anka et Mrizek, les deux plus prestigieux supporteurs algérois du MCA. À quelques mètres plus bas, et sous les arcades d’un immeuble haussmannien, la plaque du souvenir dédiée à Hadj Mhamed El Anka est scellée sous une corniche, cependant que ses inscriptions ont été presque effacées sous l’effet des fuites non réparées d’une rigole d’eau. À l’outrage du temps s’ajoutent la négligence et l’oubli, tous deux toujours choquants et offensants ! Peut-être que celui qui a décidé de baptiser un espace vague, entre deux cafés maures, du nom de Mrizek notamment, a dû se rappeler que l’ancien vice-président du Mouloudia d’Alger a chanté El Qahwa ou Latay, ce fameux match de la joyeuse convivialité et des bienfaits magiques des deux breuvages universels, arbitré par un juge des saveurs impartial. Une ode du trouvère du melhoun marocain Sidi Thami El Medeghri, immortalisée par le barde du chaâbi Hadj Mrizek. Sobhan Allah Ya Ltif, aurait chanté El Anka s’il avait vu ce tag remplaçant la plaque commémorative de son voisin de la rue de Thèbes dans la Haute-Casbah, et originaire, comme lui, de la région d’Azzeffoun, terre de l’ADN du chaâbi en Kabylie maritime ! Le renvoi des deux pharaons du chaâbi dans un ghetto urbain pourrait être paradoxalement perçu comme un moindre mal. Une exception dans une capitale où, hormis le fait d’avoir baptisé des théâtres au nom d’hommes de théâtre, on ne dénombre, jusqu’à plus ample informé, que la place Mohamed-Touri où se trouve le Théâtre national algérien (TNA). Ou encore le square attenant où ont été érigées des plaques commémoratives et des effigies en l’honneur d’acteurs et d’actrices de théâtre et de cinéma qui ont illuminé naguère la scène du TNA en face. Et pourtant, il y a à Alger la rue Aristote, ce qui est naturellement quelque chose de normal pour un pays civilisé. Il y a aussi le boulevard Cervantès, du nom de Miguel de Cervantès Saavedra, l’illustre romancier, poète et dramaturge espagnol un temps captif des corsaires de la Régence ottomane d’Alger. Encore heureux que son nom soit donné à une voie de circulation urbaine, car l’auteur du célèbre L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, publié en 1605 et reconnu comme le premier roman moderne, a séjourné comme esclave à Alger, sous la Régence ottomane, précisément sur les hauteurs de Belcourt (Belouizdad aujourd’hui). Ah ! Il y a aussi, entre autres, des rues pour Shakespeare, Pasteur, Victor Hugo, Émile Zola, Élysée Reclus et Tolstoï, appellations qui ont miraculeusement et mystérieusement survécu à la volonté de l’administration d’algérianiser ou d’arabiser les lieux et les rues après la colonisation. On a de même un boulevard Che-Guevara et un rond-point Simon-Bolivar, ce qui est normal pour un ancien pays révolutionnaire, et dont la capitale était surnommée alors «La Mecque des révolutionnaires». Et on trouve aussi une rue Franklin-Roosevelt, du nom du fameux président des États-Unis qui a gouverné son pays dans un fauteuil roulant, tout comme d’ailleurs le cinquième président de la RADP. Il se trouve aussi que quelqu’un, quelque part dans l’ésotérique et déroutante administration algérienne, a oublié ou décidé de garder, en l’état du nom, la rue Marcello-Fabbri, écrivain et philosophe pied-noir, et un des leaders du courant algérianiste de la littérature française, avec Albert Camus, Emanuel Roblès et Gabriel Audisio. Mais allez savoir tout de même pourquoi on a encore des rues aux noms de colons inconnus comme Rouge Louis, Ismaël Thibaudier ou Gaspard Prony ? Ach énnwassi ya rabbi ? aurait chanté encore El Anka, et Mrizek, pour sa part, aurait entonné Lébla fel kholta. À quand donc une place pour Idir, dans une «place», une placette, un boulevard, une avenue, une rue, une ruelle, un boulevard, un fronton, un passage, une allée, un chemin, une sente ou même dans une impasse ? Mais qu’importe finalement le lieu pourvu que son nom soit gravé quelque part, à jamais et pas seulement dans nos cœurs et nos mémoires ! N. K. Placeholder NOUREDDINE KHELASSI PUBLIÉ 23-04-2024, 11:00
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Les Commentaires

Une «place» pour Idir !
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NOUREDDINE KHELASSI
PUBLIÉ 23-04-2024, 11:00
Le 20 avril 2024, jour-anniversaire du «Printemps berbère» de 1980, Paris, ville des «lumières» culturelles, rend hommage au célèbre auteur de Avava inouva, l’immortelle berceuse kabyle qui a fait le tour du monde, en inaugurant solennellement le «Square Idir» dans la partie centrale de la place de Ménilmontant, où il résidait. En octobre 2022, précisément le jour de l’anniversaire de la naissance de l’artiste algérien le plus connu dans le monde (le 25), Toulouse, la ville rose de la Garonne dans le sud-ouest de la France, baptisait une place publique en son nom, au cœur même du quartier Victor-Hugo, tout un symbole culturel ! Et ce n’est pas fini ! Place Slimane-Azem à Paris dans un quartier chic du XIVe arrondissement, et rue Matoub-Lounès dans le XIXe, alors même que huit édifices portent également son nom à travers l’Hexagone !
Mais qu’en est-il donc aujourd’hui de l’honneur rendu aux artistes algériens, dans leur propre pays, par la grâce de la toponymie citadine et de pouvoirs publics qu’on imagine férus de culture et surtout soucieux d’immortaliser le génie créatif des artistes de leur propre pays en perpétuant la mémoire des plus méritants et des plus connus parmi eux ?
Un carrefour et une plaque commémorative à Tizi-Ouzou sont certes au nom de Matoub Lounès, chantre protestataire et artiste emblématique assassiné en Kabylie. Sinon, aucune rue, encore moins une place, et pas la moindre ruelle, passage ou même une impasse ne portent ailleurs son nom en Algérie. Rien non plus au nom du fabuliste et fabuleux Slimane Azem, le La Fontaine de la chanson kabyle, mort en exil en France après avoir été victime d’ostracisme culturel et de bannissement de son pays natal.
Les cas de Slimane Azem et Matoub Lounès, deux symboles culturels en Algérie, sont deux exemples parmi tant d’autres de la politique d’excommunication et de proscription qui exprime un certain regard de certains pouvoirs publics sur les artistes. Dans un moindre mal, ces derniers sont alors victimes de l’oubli quand ce n’est pas de la relégation dans des espaces de peu de noblesse citadine, ou encore de cantonnement et de confinement urbains dont la bureaucratie algérienne a le secret !
C’est par exemple le cas des légendes artistiques de la Casbah et icônes suprêmes du châabi, Hadj Mhamed El Anka et Hadj Mrizek, remisés au coin le plus discret de l’espace de rue, dans le quartier de La Marine à Alger. Certes, à proximité de la sublime et historique Amirauté, mais tout de même en des lieux indignes de leur mérite artistique et de leur mémoire de chantres enchanteurs. En tout cas pas du tout à la hauteur de leur génie créatif au service du chaâbi, un art à part qui est à Alger ce que le fado est à Lisbonne, le blues à Memphis et le jazz à la Nouvelle-Orléans.
Oubliés qu’ils sont entre deux cafés populaires, «Le Tlemssani» et le «Grand Café de La Marine», mais sur des voies de passage peu fréquentées. Au départ, deux modestes plaques commémoratives. Une pour El Anka, l’autre pour Mrizek. Avec, pour le premier, la simple mention de «chef de file du châabi», sans aucune précision de son lieu de naissance. Pour le second, juste l’évocation de la Casbah d’Alger comme l’endroit où il a vu le jour. Pour les deux, une effigie propre et les dates de naissance et de disparition. À part ça, rien, sauf le fait d’avoir d’autre part attribué leurs noms aux deux espaces discrets en question et censés évoquer leur souvenir. Et encore, la plaque dédiée initialement à Mrizek, par ailleurs dirigeant historique du Mouloudia d’Alger, n’existe plus. En lieu et place, un immense tag représentant, côte à côte et peints dans les couleurs vert et rouge emblématiques du club centenaire, El Anka et Mrizek, les deux plus prestigieux supporteurs algérois du MCA. À quelques mètres plus bas, et sous les arcades d’un immeuble haussmannien, la plaque du souvenir dédiée à Hadj Mhamed El Anka est scellée sous une corniche, cependant que ses inscriptions ont été presque effacées sous l’effet des fuites non réparées d’une rigole d’eau. À l’outrage du temps s’ajoutent la négligence et l’oubli, tous deux toujours choquants et offensants !
Peut-être que celui qui a décidé de baptiser un espace vague, entre deux cafés maures, du nom de Mrizek notamment, a dû se rappeler que l’ancien vice-président du Mouloudia d’Alger a chanté El Qahwa ou Latay, ce fameux match de la joyeuse convivialité et des bienfaits magiques des deux breuvages universels, arbitré par un juge des saveurs impartial. Une ode du trouvère du melhoun marocain Sidi Thami El Medeghri, immortalisée par le barde du chaâbi Hadj Mrizek. Sobhan Allah Ya Ltif, aurait chanté El Anka s’il avait vu ce tag remplaçant la plaque commémorative de son voisin de la rue de Thèbes dans la Haute-Casbah, et originaire, comme lui, de la région d’Azzeffoun, terre de l’ADN du chaâbi en Kabylie maritime !
Le renvoi des deux pharaons du chaâbi dans un ghetto urbain pourrait être paradoxalement perçu comme un moindre mal. Une exception dans une capitale où, hormis le fait d’avoir baptisé des théâtres au nom d’hommes de théâtre, on ne dénombre, jusqu’à plus ample informé, que la place Mohamed-Touri où se trouve le Théâtre national algérien (TNA). Ou encore le square attenant où ont été érigées des plaques commémoratives et des effigies en l’honneur d’acteurs et d’actrices de théâtre et de cinéma qui ont illuminé naguère la scène du TNA en face.
Et pourtant, il y a à Alger la rue Aristote, ce qui est naturellement quelque chose de normal pour un pays civilisé. Il y a aussi le boulevard Cervantès, du nom de Miguel de Cervantès Saavedra, l’illustre romancier, poète et dramaturge espagnol un temps captif des corsaires de la Régence ottomane d’Alger. Encore heureux que son nom soit donné à une voie de circulation urbaine, car l’auteur du célèbre L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, publié en 1605 et reconnu comme le premier roman moderne, a séjourné comme esclave à Alger, sous la Régence ottomane, précisément sur les hauteurs de Belcourt (Belouizdad aujourd’hui).
Ah ! Il y a aussi, entre autres, des rues pour Shakespeare, Pasteur, Victor Hugo, Émile Zola, Élysée Reclus et Tolstoï, appellations qui ont miraculeusement et mystérieusement survécu à la volonté de l’administration d’algérianiser ou d’arabiser les lieux et les rues après la colonisation. On a de même un boulevard Che-Guevara et un rond-point Simon-Bolivar, ce qui est normal pour un ancien pays révolutionnaire, et dont la capitale était surnommée alors «La Mecque des révolutionnaires». Et on trouve aussi une rue Franklin-Roosevelt, du nom du fameux président des États-Unis qui a gouverné son pays dans un fauteuil roulant, tout comme d’ailleurs le cinquième président de la RADP.
Il se trouve aussi que quelqu’un, quelque part dans l’ésotérique et déroutante administration algérienne, a oublié ou décidé de garder, en l’état du nom, la rue Marcello-Fabbri, écrivain et philosophe pied-noir, et un des leaders du courant algérianiste de la littérature française, avec Albert Camus, Emanuel Roblès et Gabriel Audisio. Mais allez savoir tout de même pourquoi on a encore des rues aux noms de colons inconnus comme Rouge Louis, Ismaël Thibaudier ou Gaspard Prony ? Ach énnwassi ya rabbi ? aurait chanté encore El Anka, et Mrizek, pour sa part, aurait entonné Lébla fel kholta.
À quand donc une place pour Idir, dans une «place», une placette, un boulevard, une avenue, une rue, une ruelle, un boulevard, un fronton, un passage, une allée, un chemin, une sente ou même dans une impasse ? Mais qu’importe finalement le lieu pourvu que son nom soit gravé quelque part, à jamais et pas seulement dans nos cœurs et nos mémoires !
N. K.

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NOUREDDINE KHELASSI
PUBLIÉ 23-04-2024, 11:00
Malheureusement en Algérie il n'y a aucun lieu qui porte le nom d'un chanteur ou chanteuse ou quelconque artiste?...il faut peut être attendre que nos mentalités changent un jour?.
Pour l'instant il n'y a que la France qui reste reconnaissante il faut dire la vérité lorsque il s'agit d'un pays de la liberté d'expression? chez nous en Algérie nous restons hélas à l'âge de l'homme des cavernes!.
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