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Pourquoi l’Algérie ne pourra pas compenser la coupure du gaz russe en Europe

Publié le 21/07/2022
Pourquoi l’Algérie ne pourra pas compenser la coupure du gaz russe en Europe - Hier à 22:39 Pourquoi l’Algérie ne pourra pas compenser la coupure du gaz russe en Europe La chute des échanges commerciaux des uns fait les finances des autres. Avec la guerre en Ukraine, et les coupures progressives de gaz russe vers l’Europe, l’Algérie se frotte les mains. Depuis le début du conflit qui oppose Moscou à Kiev, les pays européens cherchent des alternatives au gaz russe, et se tournent notamment vers ce pays du Maghreb. Une possibilité sur laquelle mise l’Italie. Le président du conseil Mario Draghi, en pleine crise politique, a pris le temps de rendre visite au président algérien pour signer un nouvel accord, lundi 18 juillet. Le texte officialise des exportations supplémentaires de 4 milliards de m³ de gaz via le gazoduc Transmed. « L’embargo du gaz russe en Europe est inévitable » L’opération s’accompagne d’un contrat de « partage de production » pétrolière et gazière d’un montant de quatre milliards de dollars entre le groupe algérien Sonatrach, principale entreprise pétrolière et gazière algérienne, l’italien Eni, l’américain Occidental et le français Total. Une belle opération pour Alger. Le pays nord-africain « est devenu ces derniers mois [le] premier fournisseur en gaz » de l’Italie, longtemps dépendante de la Russie d’où provenaient 45 % de ses importations gazières, a déclaré Mario Draghi devant les médias lundi. Un manque d’infrastructures Mais en dehors de ces accords entre Rome et Alger, aucun autre contrat de grande ampleur n’a été acté. Il y a bien le gazoduc inauguré vendredi 8 juillet à Komotini, au nord de la Grèce, où le futur terminal grec d’Alexandropoulis (nord-est) assurera des livraisons en provenance de l’Algérie notamment. Mais rien de comparable avec l’accord de quasi-exclusivité avec l’Italie. Energie : l’autre guerre pour l’Europe Pour Ines Bouacida, chercheuse en énergie au sein de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), la solution miracle n’existe pas : remplacer simplement le gaz russe approvisionné en Europe par le gaz algérien n’est pas possible. « Il n’y a pas une solution qui va tout résoudre. Il y a plusieurs stratégies à adopter en même temps », dit-elle à « l’Obs ». Initialement, le gaz européen provient à 40 % de la Russie et 11 % de l’Algérie. En France, les chiffres se situent respectivement à 20 et 10 %. Mais l’Algérie semble difficilement capable d’augmenter ses exportations. Selon Ines Bouacida, « le pays a des marges de manœuvre sur ses capacités d’exportation du gaz, les pipelines n’étant utilisés qu’à 50 %. Mais le problème est d’augmenter la capacité de production de gaz. Cela implique de modifier les structures d’exploitation, et ce n’est a priori pas à l’ordre du jour ». Des tensions géopolitiques Une augmentation des exportations semble encore plus improbable compte tenu des relations tendues que l’Algérie entretient avec plusieurs pays européens. Depuis fin octobre 2021, l’Algérie a notamment cessé d’alimenter le Gazoduc Maghreb Europe (GME) à destination de l’Espagne, sur fond de crise diplomatique. Jusqu’ici la société algérienne Sonatrach fournissait plus de 40 % du gaz importé par l’Espagne. Alger reproche à Madrid d’être revenu sur sa position concernant l’avenir du Sahara occidental. En mars, le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez a officiellement soutenu le plan d’autonomie marocain qui vise à placer sous la souveraineté de Rabat le terrain reconnu comme un « territoire non autonome » par l’ONU. Dans cette zone désertique, aux eaux poissonneuses et au riche sous-sol minier, le Maroc et le front Polisario, soutenu par l’Algérie, s’opposent depuis des décennies. Le visionnage de cette vidéo est susceptible d'entraîner un dépôt de cookies de la part de l'opérateur de la plate-forme vidéo vers laquelle vous serez dirigé(e). Compte-tenu du refus du dépôt de cookies que vous avez exprimé, afin de respecter votre choix, nous avons bloqué la lecture de cette vidéo. Si vous souhaitez continuer et lire la vidéo, vous devez nous donner votre accord en cliquant sur le bouton ci-dessous. A ces tensions diplomatiques s’ajoutent les relations encore très étroites avec la Russie. En mai dernier, près de trois mois après le début de la guerre en Ukraine, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a rendu visite au ministre des affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra. Une amitié politique qui pourrait coûter cher à l’Algérie. Des besoins domestiques forts En plus de ces brouilles politiques, la demande interne au pays risque de freiner encore plus les exportations. Si les réserves prouvées de gaz naturel en Algérie s’élèvent à près de 2 400 milliards de m3, une grande partie ne peut être exportée du fait de la demande domestique. Selon Ines Bouacida, « la consommation [des ménages algériens] a fortement augmenté ». Une surconsommation nationale que confirme l’ancien ministre de l’énergie Abdelmadjid Attar dans un rapport. Selon lui, les 66,9 milliards de tonnes d’équivalent pétrole consommées représentaient 43 % de la production totale de l’Algérie en 2019. Une forte hausse par rapport aux années précédentes puisqu’en 2007, cette consommation était de 39,39 milliards de tonnes, soit seulement 21,8 % de la production. A priori donc, l’Algérie n’aura pas ni les capacités, ni la volonté de satisfaire les besoins de toute l’Europe en gaz. Une situation que l’Union européenne a sans doute déjà anticipée puisque Bruxelles a appelé les États-membres au rationnement énergétique dans son plan pour l’hiver.
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Pourquoi l’Algérie ne pourra pas compenser la coupure du gaz russe en Europe

Pourquoi l’Algérie ne pourra pas compenser la coupure du gaz russe en Europe
La chute des échanges commerciaux des uns fait les finances des autres. Avec la guerre en Ukraine, et les coupures progressives de gaz russe vers l’Europe, l’Algérie se frotte les mains. Depuis le début du conflit qui oppose Moscou à Kiev, les pays européens cherchent des alternatives au gaz russe, et se tournent notamment vers ce pays du Maghreb.

Une possibilité sur laquelle mise l’Italie. Le président du conseil Mario Draghi, en pleine crise politique, a pris le temps de rendre visite au président algérien pour signer un nouvel accord, lundi 18 juillet. Le texte officialise des exportations supplémentaires de 4 milliards de m³ de gaz via le gazoduc Transmed.

« L’embargo du gaz russe en Europe est inévitable »
L’opération s’accompagne d’un contrat de « partage de production » pétrolière et gazière d’un montant de quatre milliards de dollars entre le groupe algérien Sonatrach, principale entreprise pétrolière et gazière algérienne, l’italien Eni, l’américain Occidental et le français Total. Une belle opération pour Alger.

Le pays nord-africain « est devenu ces derniers mois [le] premier fournisseur en gaz » de l’Italie, longtemps dépendante de la Russie d’où provenaient 45 % de ses importations gazières, a déclaré Mario Draghi devant les médias lundi.

Un manque d’infrastructures
Mais en dehors de ces accords entre Rome et Alger, aucun autre contrat de grande ampleur n’a été acté. Il y a bien le gazoduc inauguré vendredi 8 juillet à Komotini, au nord de la Grèce, où le futur terminal grec d’Alexandropoulis (nord-est) assurera des livraisons en provenance de l’Algérie notamment. Mais rien de comparable avec l’accord de quasi-exclusivité avec l’Italie.

Energie : l’autre guerre pour l’Europe
Pour Ines Bouacida, chercheuse en énergie au sein de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), la solution miracle n’existe pas : remplacer simplement le gaz russe approvisionné en Europe par le gaz algérien n’est pas possible. « Il n’y a pas une solution qui va tout résoudre. Il y a plusieurs stratégies à adopter en même temps », dit-elle à « l’Obs ».



Initialement, le gaz européen provient à 40 % de la Russie et 11 % de l’Algérie. En France, les chiffres se situent respectivement à 20 et 10 %. Mais l’Algérie semble difficilement capable d’augmenter ses exportations. Selon Ines Bouacida, « le pays a des marges de manœuvre sur ses capacités d’exportation du gaz, les pipelines n’étant utilisés qu’à 50 %. Mais le problème est d’augmenter la capacité de production de gaz. Cela implique de modifier les structures d’exploitation, et ce n’est a priori pas à l’ordre du jour ».

Des tensions géopolitiques
Une augmentation des exportations semble encore plus improbable compte tenu des relations tendues que l’Algérie entretient avec plusieurs pays européens. Depuis fin octobre 2021, l’Algérie a notamment cessé d’alimenter le Gazoduc Maghreb Europe (GME) à destination de l’Espagne, sur fond de crise diplomatique. Jusqu’ici la société algérienne Sonatrach fournissait plus de 40 % du gaz importé par l’Espagne.


Alger reproche à Madrid d’être revenu sur sa position concernant l’avenir du Sahara occidental. En mars, le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez a officiellement soutenu le plan d’autonomie marocain qui vise à placer sous la souveraineté de Rabat le terrain reconnu comme un « territoire non autonome » par l’ONU. Dans cette zone désertique, aux eaux poissonneuses et au riche sous-sol minier, le Maroc et le front Polisario, soutenu par l’Algérie, s’opposent depuis des décennies.



A ces tensions diplomatiques s’ajoutent les relations encore très étroites avec la Russie. En mai dernier, près de trois mois après le début de la guerre en Ukraine, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a rendu visite au ministre des affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra. Une amitié politique qui pourrait coûter cher à l’Algérie.

Des besoins domestiques forts
En plus de ces brouilles politiques, la demande interne au pays risque de freiner encore plus les exportations. Si les réserves prouvées de gaz naturel en Algérie s’élèvent à près de 2 400 milliards de m3, une grande partie ne peut être exportée du fait de la demande domestique. Selon Ines Bouacida, « la consommation [des ménages algériens] a fortement augmenté ».

Une surconsommation nationale que confirme l’ancien ministre de l’énergie Abdelmadjid Attar dans un rapport. Selon lui, les 66,9 milliards de tonnes d’équivalent pétrole consommées représentaient 43 % de la production totale de l’Algérie en 2019. Une forte hausse par rapport aux années précédentes puisqu’en 2007, cette consommation était de 39,39 milliards de tonnes, soit seulement 21,8 % de la production.

A priori donc, l’Algérie n’aura pas ni les capacités, ni la volonté de satisfaire les besoins de toute l’Europe en gaz. Une situation que l’Union européenne a sans doute déjà anticipée puisque Bruxelles a appelé les États-membres au rationnement énergétique dans son plan pour l’hiver.

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