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L’Algérien, cet «homoramadanicus» ! Placeholder NOUREDDINE KHELASSI PUBLIÉ 14-03-2023, 11:00 «La première nuit

Publié le 14/03/2023
L’Algérien, cet «homoramadanicus» ! Placeholder NOUREDDINE KHELASSI PUBLIÉ 14-03-2023, 11:00 «La première nuit de Ramadhan, tout démon, tout djinn rebelle est enchaîné, toutes les portes de l'enfer sont fermées, aucune ne s'ouvre. Toutes les portes du paradis sont ouvertes, aucune ne se ferme. On appelle ‘’ô toi qui veux du bien, accours !’’.» Revisiter, à quelques jours du nouveau mois de jeûne, Abu Îssa Muhammad al-Tirmidhi (824), l'auteur de cette rassurante affirmation, c’est finalement s’appuyer sur la spiritualité islamique pour réinterroger la réalité «ramadanesque» en Algérie. Cette année, comme jamais et depuis toujours, tout démon et tout djinn rebelle ne seraient pas forcément soumis. Toutes les portes de l'enfer du couffin ne seraient pas closes. Toutes les portes du paradis de la piété, de la sobriété, de la compassion et de la fraternité ne seraient pas déverrouillées. Chaque année, dans un pays où l'économie obéit peu à la mécanique de l'offre et de la demande, les démons du marché et les djinns de la consommation se déchaînent de plus belle ! Le Ramadhan n'est pas seulement un rituel, c'est une infernale ritournelle. Chaque année, les prix flambent encore plus qu'avant et consument les économies de consommateurs compulsifs, adeptes culturels du consumérisme. Tous les ans, les mêmes chroniques dans les mêmes gazettes, la même rengaine sur les plateaux de télés et les réseaux sociaux. Mêmes refrains sur le couffin du renchérissement, même litanie sur le panier de tous les excès, l'ardoise de toutes les surenchères. Ah, il y a bien sûr une administration bureaucratique et incompétente, incapable de contrôler, réguler et sanctionner autrement qu'en inondant le marché de produits importés ou en fermant carrément les yeux. Et toujours ce souci sous-jacent et récurrent de ne pas ajouter de la fièvre sociale aux tensions artificielles du marché. Le Ramadhan algérien, avec sa parabole du couffin qui flambe toujours plus, incite à réfléchir davantage sur la problématique du marché déstructuré et sur l'acte, nécessairement culturel, de consommer, d’être et de paraître durant le mois de carême. En somme, questionner l'homoramadanicus algérien : Qui est-il en réalité, comment fait-il, qu’achète-il, et que dit-il par-dessus le marché ? Il y a dans le Coran (la Vache, verset 187) une exhortation à faire bombance, sans que cela soit une invitation à une bamboula excessive : «Mangez et buvez jusqu'à ce que l'on voit sur le fond noir de la nuit la lueur de l'aube naissante.» Mais, contrairement à l’esprit même de cette incitation coranique, le «ramadaneur» algérien se veut être à la fois Pantagruel et Gargantua. Pour «y bâfrer à crever», comme l'écrivait François Rabelais. À l’image des Ramadhans précédents, le mois sacré qui s’annonce sera celui de la sainte goinfrerie qui ferait grossir les abstinents diurnes et engraisser les cochons du commerce spéculateur. Bonté divine, c'est une gargantuesque compétition de cholestérol et de sucre dont les trophées sont le diabète et les maladies cardiovasculaires ! Il y a d'abord la surconsommation de bombes radioactives comme les limonades algériennes ou de friandises toxiques tels le «cœur de semoule» nommé kalbellouz ou bien la zlabia radionucléide. Jamais repus, les consommateurs frénétiques s'inventent d'autres envies boulimiques. Pour répondre à la dictature d'yeux toujours plus gros qu'un ventre enflé, on se déplace partout. On s'agglutine, on fait des queues psychédéliques. On s’irrite et on s'énerve pour mieux déchaîner les passions. Parfois on ajoute aux noms d'oiseaux des noix et des châtaignes. Bref, on jeûne, à l'algérienne. Une way of life qui transforme le Ramadhan en souffre-douleur de jeûneurs qui souffrent de s’empiffrer toujours plus. Surtout, de manquer sensiblement de sommeil pour avoir trop veillé à manger et à boire, à regarder la télé et à se tuer à «tuer le temps». D’ailleurs, pour s'excuser d’écarts de langage ou de conduite, le bambocheur fautif et un tantinet dépressif dit alors «ghlabni ramdane», le Ramadhan m'a terrassé ! C'est alors que les plus sobres disent de lui : «rahou émramdane», le gars est ramadanisé ! Gageons donc que durant le Ramadhan qui s’annonce, les Algériens, pauvres, moins indigents ou riches, au motif de faire plaisir aux sens, s'évertueront à détourner le sens même du Ramadhan. Les notions de piété, d'abstinence, de maîtrise de soi, de compassion et d'altruisme, propres au «siyam», sont pourtant consubstantielles au mot même de Ramadhan. Nom dont la racine est «ramdha», la chaleur infernale qui chauffe au plus haut degré les pierres du désert. C'est l'être brûlant. Par extension, «al-irtimadha» signifie être consumé, se consumer. Le Ramadhan est ainsi un engouement, une énergie spirituelle créée par l'abstinence et la sustentation maîtrisée. Il est donc censé brûler les péchés et les graisses en soulageant l'embonpoint, mais en Algérie il rajoute du gras au bide et des bourrelets à la bedaine. En fait, dis-moi cher compatriote comment jeûnes-tu, et je te dirai à l’occasion quel musulman tu es. La façon même de le rompre renseigne sur la manière d'être musulman et dis aussi des choses sur le jeûneur. L’Algérien est, d'une certaine façon, le «produit» de sa table. Mois de grâce particulier, de prière, de recueillement, de repentir, de pardon et de miséricorde, le Ramadhan, et on le verra encore cette fois-ci, est en Algérie un mois de bombance, de corne d'abondance, de ripailles excessives, voire d'orgies culinaires. «Il vous est prescrit de jeûner à l'instar de ceux qui vous ont précédés afin que vous manifestiez votre piété.» (Coran, S.II-V. 183). Vécu initialement dans un but de purification de l'âme et du corps, le mois de la révélation coranique l'est rarement dans un sens ascétique et pénitentiel. Il n'est souvent ni expiatoire ni réparateur. Chez nous, c'est une période de rattrapage gastronomique et de dépenses astronomiques ! Et, plus c'est cher, et plus les jeûneurs, victimes expiatoires, en redemandent. Chaque année, la progression du coût du couffin et de la table du Ramadhan est frappée du sceau du surenchérissement. A telle enseigne que chorba et harira, plats de base par excellence, deviennent des mets de luxe que s'offrent même les démunis ! Cette année, et pour ne pas déroger à la règle du mépris des législations divines et humaines, margoulins, maquignons et autres quêteurs de petites fortunes mal acquises se serviront sur la pauvre bête qu'est le jeûneur décidément impénitent et compulsif. L’Algérien aime tellement le Ramadhan au point de s'en prénommer. Et de porter même le prénom unique et prémonitoire de Chaâbane qui est le nom du mois annonciateur des futures agapes ramadanesques ! N. K. Placeholder NOUREDDINE KHELASSI PUBLIÉ 14-03-2023, 11:00
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L’Algérien, cet «homoramadanicus» !
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NOUREDDINE KHELASSI
PUBLIÉ 14-03-2023, 11:00
«La première nuit de Ramadhan, tout démon, tout djinn rebelle est enchaîné, toutes les portes de l'enfer sont fermées, aucune ne s'ouvre. Toutes les portes du paradis sont ouvertes, aucune ne se ferme. On appelle ‘’ô toi qui veux du bien, accours !’’.» Revisiter, à quelques jours du nouveau mois de jeûne, Abu Îssa Muhammad al-Tirmidhi (824), l'auteur de cette rassurante affirmation, c’est finalement s’appuyer sur la spiritualité islamique pour réinterroger la réalité «ramadanesque» en Algérie.
Cette année, comme jamais et depuis toujours, tout démon et tout djinn rebelle ne seraient pas forcément soumis. Toutes les portes de l'enfer du couffin ne seraient pas closes. Toutes les portes du paradis de la piété, de la sobriété, de la compassion et de la fraternité ne seraient pas déverrouillées. Chaque année, dans un pays où l'économie obéit peu à la mécanique de l'offre et de la demande, les démons du marché et les djinns de la consommation se déchaînent de plus belle ! Le Ramadhan n'est pas seulement un rituel, c'est une infernale ritournelle. Chaque année, les prix flambent encore plus qu'avant et consument les économies de consommateurs compulsifs, adeptes culturels du consumérisme.
Tous les ans, les mêmes chroniques dans les mêmes gazettes, la même rengaine sur les plateaux de télés et les réseaux sociaux. Mêmes refrains sur le couffin du renchérissement, même litanie sur le panier de tous les excès, l'ardoise de toutes les surenchères. Ah, il y a bien sûr une administration bureaucratique et incompétente, incapable de contrôler, réguler et sanctionner autrement qu'en inondant le marché de produits importés ou en fermant carrément les yeux. Et toujours ce souci sous-jacent et récurrent de ne pas ajouter de la fièvre sociale aux tensions artificielles du marché.
Le Ramadhan algérien, avec sa parabole du couffin qui flambe toujours plus, incite à réfléchir davantage sur la problématique du marché déstructuré et sur l'acte, nécessairement culturel, de consommer, d’être et de paraître durant le mois de carême. En somme, questionner l'homoramadanicus algérien : Qui est-il en réalité, comment fait-il, qu’achète-il, et que dit-il par-dessus le marché ?
Il y a dans le Coran (la Vache, verset 187) une exhortation à faire bombance, sans que cela soit une invitation à une bamboula excessive : «Mangez et buvez jusqu'à ce que l'on voit sur le fond noir de la nuit la lueur de l'aube naissante.» Mais, contrairement à l’esprit même de cette incitation coranique, le «ramadaneur» algérien se veut être à la fois Pantagruel et Gargantua. Pour «y bâfrer à crever», comme l'écrivait François Rabelais.
À l’image des Ramadhans précédents, le mois sacré qui s’annonce sera celui de la sainte goinfrerie qui ferait grossir les abstinents diurnes et engraisser les cochons du commerce spéculateur. Bonté divine, c'est une gargantuesque compétition de cholestérol et de sucre dont les trophées sont le diabète et les maladies cardiovasculaires ! Il y a d'abord la surconsommation de bombes radioactives comme les limonades algériennes ou de friandises toxiques tels le «cœur de semoule» nommé kalbellouz ou bien la zlabia radionucléide. Jamais repus, les consommateurs frénétiques s'inventent d'autres envies boulimiques. Pour répondre à la dictature d'yeux toujours plus gros qu'un ventre enflé, on se déplace partout. On s'agglutine, on fait des queues psychédéliques. On s’irrite et on s'énerve pour mieux déchaîner les passions. Parfois on ajoute aux noms d'oiseaux des noix et des châtaignes. Bref, on jeûne, à l'algérienne.
Une way of life qui transforme le Ramadhan en souffre-douleur de jeûneurs qui souffrent de s’empiffrer toujours plus. Surtout, de manquer sensiblement de sommeil pour avoir trop veillé à manger et à boire, à regarder la télé et à se tuer à «tuer le temps». D’ailleurs, pour s'excuser d’écarts de langage ou de conduite, le bambocheur fautif et un tantinet dépressif dit alors «ghlabni ramdane», le Ramadhan m'a terrassé ! C'est alors que les plus sobres disent de lui : «rahou émramdane», le gars est ramadanisé ! Gageons donc que durant le Ramadhan qui s’annonce, les Algériens, pauvres, moins indigents ou riches, au motif de faire plaisir aux sens, s'évertueront à détourner le sens même du Ramadhan.
Les notions de piété, d'abstinence, de maîtrise de soi, de compassion et d'altruisme, propres au «siyam», sont pourtant consubstantielles au mot même de Ramadhan. Nom dont la racine est «ramdha», la chaleur infernale qui chauffe au plus haut degré les pierres du désert. C'est l'être brûlant. Par extension, «al-irtimadha» signifie être consumé, se consumer. Le Ramadhan est ainsi un engouement, une énergie spirituelle créée par l'abstinence et la sustentation maîtrisée. Il est donc censé brûler les péchés et les graisses en soulageant l'embonpoint, mais en Algérie il rajoute du gras au bide et des bourrelets à la bedaine.
En fait, dis-moi cher compatriote comment jeûnes-tu, et je te dirai à l’occasion quel musulman tu es. La façon même de le rompre renseigne sur la manière d'être musulman et dis aussi des choses sur le jeûneur. L’Algérien est, d'une certaine façon, le «produit» de sa table. Mois de grâce particulier, de prière, de recueillement, de repentir, de pardon et de miséricorde, le Ramadhan, et on le verra encore cette fois-ci, est en Algérie un mois de bombance, de corne d'abondance, de ripailles excessives, voire d'orgies culinaires.
«Il vous est prescrit de jeûner à l'instar de ceux qui vous ont précédés afin que vous manifestiez votre piété.» (Coran, S.II-V. 183). Vécu initialement dans un but de purification de l'âme et du corps, le mois de la révélation coranique l'est rarement dans un sens ascétique et pénitentiel. Il n'est souvent ni expiatoire ni réparateur. Chez nous, c'est une période de rattrapage gastronomique et de dépenses astronomiques ! Et, plus c'est cher, et plus les jeûneurs, victimes expiatoires, en redemandent. Chaque année, la progression du coût du couffin et de la table du Ramadhan est frappée du sceau du surenchérissement. A telle enseigne que chorba et harira, plats de base par excellence, deviennent des mets de luxe que s'offrent même les démunis !
Cette année, et pour ne pas déroger à la règle du mépris des législations divines et humaines, margoulins, maquignons et autres quêteurs de petites fortunes mal acquises se serviront sur la pauvre bête qu'est le jeûneur décidément impénitent et compulsif. L’Algérien aime tellement le Ramadhan au point de s'en prénommer. Et de porter même le prénom unique et prémonitoire de Chaâbane qui est le nom du mois annonciateur des futures agapes ramadanesques !
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