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La céréaliculture en danger de mort Placeholder MAÂMAR FARAH PUBLIÉ 04-05-2023, 11:00 Alors que l'on parlait,

Publié le 05/05/2023
La céréaliculture en danger de mort Placeholder MAÂMAR FARAH PUBLIÉ 04-05-2023, 11:00 Alors que l'on parlait, jusqu'en 2010, d'épisodes de sécheresse frappant irrégulièrement l'Algérie, le réchauffement climatique a fini par nous rattraper : la sécheresse est presque permanente et ce sont plutôt les bonnes années pluvieuses qui deviennent des «épisodes» rares. Dans de nombreuses régions, il ne pleut presque plus. Les taux de pluviométrie sont comparables à ceux de la steppe, voire du Nord-Sahara. Mais c'est la saison 2022/23 qui a mis fin à toutes les illusions. La sécheresse que nous vivons actuellement est la plus sévère depuis des décennies. Ses impacts sur les nappes aquatiques sont terribles et l'alimentation en eau potable de la population de l'intérieur devient problématique. Sur le littoral, les usines de dessalement de l'eau de mer vont alléger les contraintes mais, là aussi, des restrictions seront imposées sous forme de coupures. D'ailleurs, les autorités ont bien compris que la situation climatique ne s'améliorera pas et que tout concourt à une détérioration plus sévère. A ce titre, elles ont décidé de porter le nombre d'unités transformant l'eau salée en eau douce à 19 pour atteindre la production de 2,11 millions de mètres cubes en 2024. Les précipitations sur l'Algérie continuent de chuter. À l'Ouest, c'est déjà le stress hydrique. À Oran, par exemple, nous sommes sur les seuils les plus bas, comparables à ceux de la steppe, zone pré-désertique (entre 300 mm et 400 mm par an! ). À Alger, le taux est meilleur mais sans atteindre les «normes» des régions bien arrosées (600 mm par an). Dans l'ensemble, les pluies se font rares partout. Dans les hautes plaines de l'extrême Est, il a plu trois fois depuis la fin de l'été. Trois fois et avec des quantités minimes. Un climat pré-désertique a pris la relève de notre météo à quatre vraies saisons. Comme au Sahara, les journées sont chaudes même en hiver et les nuits glaciales. Cependant, le plus grand impact et le plus dévastateur est celui qui a touché le secteur agricole, frappé de plein fouet. Je m'étonne que les services nationaux du secteur n'aient pas déclaré l'année agricole nulle et non avenue dans la majeure partie du territoire national. De visu, et selon des témoignages crédibles provenant de partout, la situation est vraiment catastrophique. Même les régions considérées comme le grenier de l'Algérie seront, cette année, dans l'incapacité de donner le quart du blé qu'elles ont l'habitude de fournir à l'OAIC. Du côté de Aïn Abid, Chelghoum-Laïd, près de Constantine ou dans les plaines de Sétif et Bordj-Bou-Arréridj, l'herbe a poussé un peu puis s'est arrêtée, prenant des teintes jaunes annonciatrices de récoltes nulles. Au centre du pays, les régions céréalières de Bouira sont totalement dévastées par la sécheresse. Du jamais vu! Et que dire des Hauts-Plateaux de l'Ouest, autre grenier à blé de l'Algérie, qui vit une situation plus dramatique encore ? Il ne reste que quelques îlots près du littoral qui reçoivent des quantités d'eau appréciables. Mais il s'agit d'un domaine réservé plutôt aux cultures maraîchères et fruitières, les céréales y sont rares. Évoquons également ces zones sahariennes épargnées grâce à l'irrigation aux pivots. Les récoltes y seront excellentes mais à quel prix ? Les agriculteurs crient au secours. «C'est une mauvaise année, une très mauvaise année», nous ont confirmé plusieurs fellahs. Il n'y a plus aucun doute ! Les pertes seront énormes, aggravant une situation sociale fragilisée depuis plusieurs années par la persistance de la sécheresse. Malgré l'augmentation du prix au quintal, les frais de campagnes ne cessent de grimper. L'engrais a connu plusieurs relèvements de prix depuis la maudite privatisation d'Asmidal qui s'est retrouvée entre les mains des Espagnols, des Tunisiens et de... Ali Haddad ! La société, sise à Annaba, et qui était la propriété de Sonatrach, a été vendue dans des conditions douteuses et sans aucune nécessité. Les agriculteurs qui payaient l'engrais phosphaté à un prix avantageux se sont retrouvés face à des augmentations successives et injustifiées. «Ajoutez à cela la hausse des prix des autres produits phytosanitaires, comme l'azote dont le prix au kilogramme a vertigineusement augmenté, et vous comprendrez notre situation. Et ce n'est pas tout. Le fuel a connu également une hausse, ainsi que les frais de campagnes, avec les exigences salariales des ouvriers et les prix de location du matériel qui ne cessent également de grimper !» Notre interlocuteur, un fellah de la région de Damous, au sud de Souk-Ahras, nous montre d'immenses étendues où rien n'a poussé. Il n'y a même pas ces petites herbes disséminées çà et là, comme on peut les voir un peu plus au Nord ! C'est le Sahara ! Copie conforme ! Il est pessimiste pour l'avenir des céréales dans la région : «Nous sommes lessivés ! Après plusieurs mauvaises récoltes, nous sommes endettés jusqu'au cou ! L'année 2023 va nous achever. S'il n'y a pas une aide massive de l'État, autant dire adieu à notre région natale. Certains pensent à reprendre le chemin de l'exode rural. Une baraque à la lisière d'une ville vaut mieux qu'une villa ici.» Et pour faire quoi ? «Il y a des chantiers partout ! On délaissera l'agriculture si rien n'est fait pour la sauver ici. C'est sûr !» Ces paroles me rappellent le sort de beaucoup de paysans marocains qui ont lutté jusqu'au bout contre la sécheresse, avant d'aller peupler les bidonvilles de Marrakech. Mais je reste persuadé que l'État social algérien ne laissera pas nos fellahs sans secours. Une action urgente s'impose : celle d'un effacement des dettes bancaires que les agriculteurs ne peuvent pas, de toutes les façons, rembourser. C'est la demande générale des intéressés. Ensuite, à moyen et long terme, il faudra d'autres solutions durables. Pour les trouver et pour qu'elles soient efficaces, il faut se convaincre d'une réalité amère : la sécheresse n'est plus cyclique. Elle va être permanente, avec seulement quelques rares bonnes années. À partir de là, une réflexion globale sur les remèdes au long cours devrait être entamée par les experts, avec la participation des principaux intéressés. Il faut une profonde réforme du secteur, de nouveaux mécanismes, des moyens adéquats, des techniques culturales adaptées et beaucoup d'eau d'arrosage ! Sans cette denrée rare, il ne sera pas possible de sauver le secteur des céréales. La céréaliculture extensive, comptant uniquement sur les pluies, touche à sa fin. Il faut engager un grand chantier autour de cette question prioritaire. Parce que nous serons très loin de l'autosuffisance en céréales cette année et que tous les efforts gouvernementaux buteront sur l'épineux problème de la sécheresse. La prière de l'istisqa, comme invocation divine des fidèles recourant à leur religion pour que le ciel réponde à leurs prières, est une pratique que nous respectons. Elle est d'ailleurs commune à toutes les religions et croyances. En Espagne, par exemple, frappée par une terrible sécheresse, des processions religieuses se déroulent actuellement pour invoquer la clémence divine afin de mettre fin à la catastrophe. Nous nous sommes juste élevés contre l'hypocrisie qui consistait à faire coïncider «Salât istisqa» avec l'annonce des pluies par la météo. La situation est grave. Il faut une mobilisation générale. Continuer à dire que la situation est maîtrisée et ne pas annoncer immédiatement la catastrophe par les services agricoles reste incompréhensible ! M. F.
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