« A la source, » c’est-à-dire « l’hyper souk d’Aïn Fakroun, dans la wilaya d’Oum El- Bouaghi, où atterrit pour la région de l’Est du pays, le contenu de centaines de containers chaque année. Cette marchandise sans facture, comment passe- elle la douane ? Qui sont les pontes de l’informel derrière cette situation qui commence à représenter un réel danger pour les commerçants dits légaux ? » Autant de questions que se posent les commerçants de la ville et en particulier ceux que nous avons interrogés hier dans la rue Ibn Khaldoun, le site le plus commercial du chef-lieu, au lendemain des échauffourées qui ont opposé de jeunes vendeurs des étals aux services de police au niveau d’El Hattab. Tous s’accordent à dire que « les autorités locales s’évertuent à combattre le phénomène, mais ces opérations ponctuelles sont vouées à l’échec, les étals disparaissent quelques jours, et reviennent en force. Où est la solution ?» Pour certains commerçants, l’avenir n’est pas brillant et, au final, disent-ils « nous serons obligés de fermer nos boutiques pour installer des étals sur les trottoirs à notre tour. Il n’est pas juste que nous soyons contraints de payer nos impôts, alors qu’à quelques mètres un vendeur illégal nous fait une concurrence déloyale, et propose à la vente les mêmes articles que nous, mais ne paie aucun sou à l’Etat ». « La majorité des jeunes vendeurs sont enregistrés au dispositif DAIP, ils perçoivent un pécule, et parallèlement, ils refusent de suivre les vraies formations ouvrières qui pourraient leur ouvrir un avenir professionnel digne de ce nom aussi bien dans le bâtiment que dans l’agriculture, des filières où la main d’œuvre est particulièrement demandée. Ils préfèrent plonger dans le domaine de l’informel qui n’est pas le meilleur exemple pour ces milliers de jeunes qui ont toute la vie devant eux. Ces jeunes perdent un temps précieux, et n’ont aucune perspective d’avenir. Tôt ou tard, l’informel devra disparaître. Et alors, que feront- ils pour vivre ?» Pour les citoyens parmi les passants interrogés, l’informel, c’est surtout l’encombrement des voies de passage, une impression inconfortable d’insécurité, d’étouffement, l’obligation de marcher dans la rue en veillant à ne pas heurter ces étals qui prennent toute la place. Ajoutons que de nombreux étals appartiennent à certains commerçants qui « préfèrent que ce soit leur marchandise et leurs vendeurs qui s’installent face à leurs boutiques, plutôt que d’autres ». Des complicités à tous les niveaux sont aussi signalées, ce qui ne facilite pas les choses, dans ce fléau qui ne sera éradiqué que par la rigueur, la fermeté, l’application stricte de la loi. « La multiplication des marchés hebdomadaires et itinérants, installés à la périphérie des grandes agglomérations aussi bien pour les fruits que pour les légumes, sera une des solutions à envisager sérieusement, comme cela se fait dans tous les pays.» a souligné un vieux commerçant en produits ménagers avant de conclure : « Mais ces commerçants devront être dûment enregistrés, posséder un registre du commerce, acheter avec facture, et devront payer des impôts en relation avec leur activité, car seule la légalité doit être acceptée ».
lestrepublicain - 22 Juin 2014 - Farida H.
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