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Annaba libérée des marchands informels

Publié le 05/10/2020
"L J I"Par Nabil Chaoui Publié le 04 octo. 2020 "Annaba libérée des marchands informels"Enfin, Annaba respire. En moins de 72 heures, les services de police, agissant sur instruction du wali d’Annaba, ont libéré les espaces publics squattés par des centaines de marchands informels. Tout est propre maintenant, les espaces piétonniers sont devenus plus spacieux et la Coquette respire enfin. Il faut noter que cette opération d’assainissement des lieux, qui n’est pas une première, a permis de chasser les vendeurs illicites de marchandise, tant par la force que par la persuasion .Et dans chaque lieu vidé, les renforts des services de sécurité sont en stationnement, évitant ainsi tout retour des vendeurs clandestins. Il faut signaler que les affrontements entre vendeurs à la sauvette et les éléments de sûreté nationale se sont même soldés par huit blessés, dont l’état est sans gravité. Trois policiers ont été agressés à l’aide de jets de pierre par des vendeurs qui refusaient de libérer les lieux squattés. Mais sans gravité. L’opération musclée des services de police a concerné les quartiers populeux de Jabet Lihoud, le marché d’El-Hattab, les quartiers du champ de Mars, et plusieurs grandes ruelles du centre ville d’Annaba, telles que la rue Ibn Khaldoun, appelé Rue Gambetta ou la rue Mohamed Khemisti. Ces marchands clandestins, faut-il le rappeler, n’ont cessé de porter atteinte au cadre de vie et à des pratiques frauduleuses du commerce. Hier, ces lieux respiraient mieux et l’encombrement causé par la prolifération de ces vendeurs n’avait plus droit de cité. « Mais pourvu que ça dure », ont lancé des citoyens aux policiers, et en ajoutant que « là où ils passent, ces vendeurs sèment la pagaille ». S’installant généralement à même le sol, ces vendeurs clandestins proposent une gamme variée de produits à des prix défiant toute concurrence. Ces clandestins de la vente illicite dérangent et concurrencent d’une manière déloyale les commerçants légaux, qui possèdent un registre de commerce, payent des impôts et des taxes, voire même des loyers. Indésirables aux yeux des uns et très sollicités par d’autres, ils n’hésitent pas à réinvestir à chaque fois leurs points habituels, créant un véritable désordre et une anarchie immense dans les rues, empêchant automobilistes et piétons de circuler librement. Tout un chacun ici à Annaba assistait jusque là impuissant à leur ”jeu” gênant la circulation piétonne et routière. Ils choisissent toujours les mêmes lieux populeux et rues commerçantes, tels ceux d’El-Hattab ou bien alors celui de la rue Gambetta ou le long du marché couvert qui sont à chaque fois squattés. Ils sont des centaines, qui viennent installer leurs marchandises à même le sol, se souciant peu des désagréments qu’ils causent aux uns et aux autres. Ces squatteurs des rues vendent à même le sol leurs diverses marchandises, tous articles confondus : parapluies, jouets, manteaux, vestes, ustensiles de cuisines, serviettes de bain, verres, nappes, chaussettes, puces de téléphone mobile, masques et produit hydro alcoolique et ce, en se servant de larges cartons, empêchant ainsi le déplacement des citoyens, qui se voient contraints d’avancer difficilement dans l’espace réservé aux automobilistes. Un véritable jeu du chat et de la souris est, de temps à autre, observé entre ces jeunes vendeurs à la sauvette, qui semblent déterminer à tenir tête aux quelques policiers pointés ça et là, sans pour autant les dissuader à laisser tomber ce commerce… leur gagne pain. Cette nouvelle action de nettoyage des lieux de l’informel qui a gagné pratiquement l’ensemble des espaces et trottoirs des quartiers et du centre ville a été accueillie avec soulagement par tout un chacun.
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Les Commentaires

"Annaba libérée des marchands informels"

Par Nabil Chaoui
Publié le 04 octo. 2020 à 19:55

Annaba libérée des marchands informels
Enfin, Annaba respire. En moins de 72 heures, les services de police, agissant sur instruction du wali d’Annaba, ont libéré les espaces publics squattés par des centaines de marchands informels. Tout est propre maintenant, les espaces piétonniers sont devenus plus spacieux et la Coquette respire enfin.

Il faut noter que cette opération d’assainissement des lieux, qui n’est pas une première, a permis de chasser les vendeurs illicites de marchandise, tant par la force que par la persuasion .Et dans chaque lieu vidé, les renforts des services de sécurité sont en stationnement, évitant ainsi tout retour des vendeurs clandestins.

Il faut signaler que les affrontements entre vendeurs à la sauvette et les éléments de sûreté nationale se sont même soldés par huit blessés, dont l’état est sans gravité. Trois policiers ont été agressés à l’aide de jets de pierre par des vendeurs qui refusaient de libérer les lieux squattés. Mais sans gravité.

L’opération musclée des services de police a concerné les quartiers populeux de Jabet Lihoud, le marché d’El-Hattab, les quartiers du champ de Mars, et plusieurs grandes ruelles du centre ville d’Annaba, telles que la rue Ibn Khaldoun, appelé Rue Gambetta ou la rue Mohamed Khemisti. Ces marchands clandestins, faut-il le rappeler, n’ont cessé de porter atteinte au cadre de vie et à des pratiques frauduleuses du commerce. Hier, ces lieux respiraient mieux et l’encombrement causé par la prolifération de ces vendeurs n’avait plus droit de cité. « Mais pourvu que ça dure », ont lancé des citoyens aux policiers, et en ajoutant que « là où ils passent, ces vendeurs sèment la pagaille ».

S’installant généralement à même le sol, ces vendeurs clandestins proposent une gamme variée de produits à des prix défiant toute concurrence. Ces clandestins de la vente illicite dérangent et concurrencent d’une manière déloyale les commerçants légaux, qui possèdent un registre de commerce, payent des impôts et des taxes, voire même des loyers.

Indésirables aux yeux des uns et très sollicités par d’autres, ils n’hésitent pas à réinvestir à chaque fois leurs points habituels, créant un véritable désordre et une anarchie immense dans les rues, empêchant automobilistes et piétons de circuler librement. Tout un chacun ici à Annaba assistait jusque là impuissant à leur ”jeu” gênant la circulation piétonne et routière. Ils choisissent toujours les mêmes lieux populeux et rues commerçantes, tels ceux d’El-Hattab ou bien alors celui de la rue Gambetta ou le long du marché couvert qui sont à chaque fois squattés. Ils sont des centaines, qui viennent installer leurs marchandises à même le sol, se souciant peu des désagréments qu’ils causent aux uns et aux autres. Ces squatteurs des rues vendent à même le sol leurs diverses marchandises, tous articles confondus : parapluies, jouets, manteaux, vestes, ustensiles de cuisines, serviettes de bain, verres, nappes, chaussettes, puces de téléphone mobile, masques et produit hydro alcoolique et ce, en se servant de larges cartons, empêchant ainsi le déplacement des citoyens, qui se voient contraints d’avancer difficilement dans l’espace réservé aux automobilistes.

Un véritable jeu du chat et de la souris est, de temps à autre, observé entre ces jeunes vendeurs à la sauvette, qui semblent déterminer à tenir tête aux quelques policiers pointés ça et là, sans pour autant les dissuader à laisser tomber ce commerce… leur gagne pain. Cette nouvelle action de nettoyage des lieux de l’informel qui a gagné pratiquement l’ensemble des espaces et trottoirs des quartiers et du centre ville a été accueillie avec soulagement par tout un chacun.

"Tôt ou tard ils reviendront"

Une des solution! serait que nos autorités leurs trouve un emploi pour qu'ils continuent a faire vivre leurs familles?.

C'est au gouvernement, ministres, walis, président de leurs trouver d'autres activités? les empêcher d'exercer leurs petits commerces de marchés d'informelles "COMME SI ON A CHOISI DE LES FAIRE MOURIR AVEC LEURS FAMILLE DE FAIM" l'Etat algérien doit leurs construire des magasins, supermarchés, marchés couverts...et de leurs proposer autres choses...."SI ON NE FAIT RIEN POUR SUBVENIR A LEURS BESOINS ET BIEN TOUT SIMPLEMENT ILS REVIENDRONT"....que peut il proposer notre fameux wali????????????????????????????????si on trouve rien à leurs proposer et bien le problème "RESTERA ETERNELLEMENT NON RESOLU"

ET ON CONTINUERA A JOUER AU CHAT ET A LA SOURIS CAR CE JEUX DUR DEPUIS LA PERIODE DE COLONISATION ET DE NOUVEAU DEPUIS 1962! certes les chassés de leurs activités et de faire place net rend les habitants contents de retrouver leurs trottoirs mais n'avait pas penser "qu'ils vont mourir de faim!.
A CE JOUR AUCUN N'A PU RESOUDRE LE PROBLEME?
3DES TONNES DE THESES CUMULEES DANS LES TIROIRS"

Liste des abréviations………………………………………………………………………...6
Résumé………………………………………………………………………………………...8
Introduction générale……………………………………………………………………….10
Chapitre 1 : L’économie informelle dans les pays en développement…………………...19
1. Analyse critique des différentes approches du secteur informel…………………………..19
1.1. Le secteur informel comme secteur marginal ou de subsistance………………...............19
1.2. Le secteur informel comme secteur potentiellement dynamique………………………...20
1.3. Le secteur informel comme réponse à la crise des pays en développement…… ……….21
1.4. Le secteur informel comme secteur soumis au système capitaliste……………………...22
1.5. Le Secteur informel comme réponse à la réglementation publique excessive
et inadaptée…………………………………………………………………………………...23
2. La place du secteur informel dans les modèles du marché du travail……………………...25
2.1. Le modèle de Lewis……………………………………………………………………...25
2.2. Le modèle de Harris-Todaro……………………………………………………………..26
2.3. Le statut du secteur informel dans les modèles de Fields………………………………..27
2.4. Le statut du secteur informel dans le modèle de Lopez (modèle de
mobilité intersectorielle)….......................................................................................................29
3. Problème de définition et d’identification du secteur informel……………………………30
3.1. Les définitions multicritères……………………………………………………………..30
3.2. Les définitions fonctionnelles……………………………………………………………32
3.3. Les définitions du BIT (1993, 2002)……………………………………………………..33
3.4. Les définitions empiriques (à partir d’un seul critère opérationnel)……………………..36
3.5. Le secteur informel : un concept contesté………………………………………………..38
4. Problèmes de mesure du secteur informel…………………………………………………40
4.1. Les différentes méthodes de mesure du secteur informel………………………………..40
4.2. Ampleur du secteur informel dans les pays en développement…….................................42
Chapitre 2 : Approches et processus d’évolution du secteur informel en Algérie………45
1. Approches de l’économie informelle en Algérie…………………………………………..45
1.1.La Petite Production Marchande (PPM) : prépondérance, soumission et précarité………45
1.2. L’économie parallèle: conséquence des dysfonctionnements de
l’économie administrée……………………………………………………………………….47
1.3. L’«illégalisation de l’économie » : une approche de l’économie souterraine et
criminelle. ……………………………………………………………………………………48
3
2. Processus d’évolution du secteur informel en Algérie………………………………….....50
2.1. Le secteur informel durant la période coloniale : informel de subsistance et de misère ..50
2.2. Le secteur informel dans le contexte de l’économie administrée (1967-1985)..………...53
2.3. Le secteur informel dans la période de transition à l’économie de marché……………...59
Chapitre 3 : Le secteur informel en Algérie : définition, mesures et estimation…….......69
1. Définition du secteur informel et des principaux concepts alternatifs ………………….....69
1.1. Définition du secteur informel…………………………………………………………...69
1.2. Définition et caractéristiques de l’Economie Non Observée ……………………………71
1.3. Fraude et évasion fiscale…………………………………………………………………72
2. La mesure du secteur informel ………………………………………………………….....72
2.1. La mesure de la taille du secteur informel…………………………………………….....72
2.2. Estimation de l’Economie non observée ………………………………………………...74
3. Estimation de la taille du secteur informel selon l’enquête nationale auprès des
ménages 2007…. ……………………………………………………………………………..75
3.1. L’approche par la situation dans la profession (statut dans l’emploi)…………………...75
3.2. L’approche par l’enregistrement ………………………………………………………...76
3.3. L’approche par la tenue de comptabilité…………………………………………………78
3.4. L’approche par la taille et par le statut juridique………………………………………...79
4. Les mesures visant à réduire le secteur informel…………………………………………..80
4.1. Les mesures réglementaires à l’encontre du secteur informel…………………………...80
4.2. Les mesures d’incitation à l’activité du secteur privé……………………………………81
Chapitre 4 : Méthodologie de l’enquête et techniques statistiques utilisées..…………...84
1. Présentation de la wilaya de Bejaia : situation socio-économique et emploi……………...84
1.1. Territoire et population…………………………………………………………………..84
1.2. Emploi et activités ……………………………………………………………………….85
2. Objectifs et méthodologie de l’enquête …………………………………………………...86
2.1. Type d’enquête et objectifs ……………………………………………………………...86
2.2. Echantillonnage et biais de l’échantillon………………………………………………...88
3. Questionnaire d’enquête, pré-test, administration et réalisation de l’enquête ……………91
3.1. Contenu et structure du questionnaire d’enquête………………………………………...91
3.2. Pré-test du questionnaire, déroulement et bilan de l’enquête……………………………93
4. Les méthodes statistiques utilisées…………………………………………………………94
4.1. Analyse factorielle des correspondances multiples : objectifs et règles d’interprétation..94
4.2. L’analyse de régression logistique : objectifs et règles d’interprétation ………………...96
4
Chapitre 5 : Caractéristiques générales des entrepreneurs et des salariés et mobilité
socioprofessionnelle………………………………………………………………………...101
1. Caractéristiques générales des entreprises et des salariés………………………………...101
1.1. Résultats généraux de l’enquête : genre, âge et emploi………………………………...101
1.2. Les employeurs et indépendants………………………………………………………..103
1.3. Le travail à domicile……………………………………………………………………108
1.4. Salariés et activité secondaire…………………………………………………………..111
2. Mobilité socioprofessionnelle des actifs informels……………………………………….114
2.1. Analyse de la mobilité des actifs……………………………………………………......114
2.2. Analyse des caractéristiques de la mobilité………………………………………….....118
Chapitre 6 : Typologie des actifs informels et déterminants de l’informalité………….124
1. Typologie des actifs informels par l’analyse des correspondances multiples…………….124
1.1. Typologie des non salariés : une segmentation polarisée ou atténuée……………….....124
1.2. Typologie des salariés : la segmentation salariés formels vs. salariés informels……….131
1.3. L’activité secondaire des salariés……………………………………………………….133
2. Les déterminants de l’informalité par le modèle de régression logistique……………......133
2.1. Les déterminants de l’informalité des non salariés……………………………………..133
2.2. Les déterminants de l’informalité des salariés……………………………………….....135
2.3. Les déterminants de l’activité secondaire………………………………………………139
3. Synthèse des principaux résultats obtenus …………………………………………….....140
3.1. Composition du secteur informel : prédominance des femmes et des jeunes ?...............140
3.2. Niveau des revenus dans le secteur informel et motivations : prédominance des
revenus de subsistance et différenciation entre revenus salariaux et revenus non salariaux..141
3.3. Relations avec le secteur formel de l’économie : segmentation versus intégration…….142
Chapitre 7 : Taille du secteur informel, causes de l’informalité et politique
économique…………………………………………………………………………………148
1. Estimation de la taille du secteur informel et de l’emploi informel selon l’enquête
ménages Bejaia……………………………………………………………………………...148
1.1. Le secteur informel……………………………………………………………………..148
1.2. L’emploi informel………………………………………………………………………149
2. Les coûts de la réglementation …………………………………………………………...149
2.1. Création et conditions d’activité des entreprises…………………………………….....150
2.2. Affiliation et charges sociales…………………………………………………………..152
2.3. Charges fiscales des entreprises………………………………………………………...152
2.4. L’informalité comme seul moyen de maintien de l’activité …………………………...153
5
3. Orientations de politique économique……………………………………………………156
3.1. Caractéristiques et contraintes du secteur informel……………………………….........156
3.2. Actions en direction du secteur informel…………………………………………….....167
Conclusion générale………………………………………………………………………..164
Bibliographie……………………………………………………………………………….171
Annexes……………………………………………………………………………………..187
IL N'Y A QU'A CONSULTés des milliers de thèses sur internet des universitaires qui ont fait des tonnes de recherches, mais voilà les gouvernement se succèdent les uns après les autres mais à leurs têtes "LE MONDE S'EN FOUTE"...on préfère jouer au chat et a la souris...la cause principal "CAR NOUS AVONS TOUJOURS EU" une politique de l'informel "ELLE A ETE MENE PAR DES IMCOMPETENTS" qui étaient préoccuper a vider l'économie du pays du plus petit au plus grand tous corrompus et voleurs!...et ce là continue au LIEU DE RESOUDRE LE PROBLEME ON PRENANT LE TOUREAU PAR LES CORNES...je pense que le wali d'ANNABA pourrait y arrivait car il a la volonté que beaucoup ne l'on pas....voilà voilà mon point de vu....la suite affaire politique a suivre!.

Partie II. Dynamiques des échanges
L’Algérie face aux dérives intérieures et extérieures de l’économie grise
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L’Algérie face aux dérives intérieures et extérieures de l’économie grise
Mansouria Mokhefi
p. 211-232
TEXTE BIBLIOGRAPHIE NOTES AUTEUR
TEXTE INTÉGRAL
1 « Malgré les difficultés à la mesurer, on estime [que l’économie informelle] emploie 60 à 70 % de (...)
2 Cf. Ph. Barthélémy, « Le secteur urbain informel dans les pays en développement : une revue de la (...)
3 L’économie non observée (ENO) « fait référence aux activités économiques qui devraient être intégr (...)
4 « Mondialisation et emploi informel dans les pays en développement », étude conjointe du BIT et du (...)
5 F. Schneider, The Shadow Economy and Shadow Economy Labor Force: What Do We (Not) Know ?, Bonn, IZ (...)
1Présente dans tous les pays du monde1 quel que soit leur degré de développement, l’économie grise, qui recouvre l’ensemble des activités économiques échappant au contrôle de la collectivité, demeure pourtant mal définie. En effet, la plupart des auteurs qui traitent de l’économie souterraine peinent encore à en donner une définition précise2. Quelles que soient les appellations proposées – « économie parallèle », « économie souterraine », « marché noir », « économie illégale », « économie informelle », « économie non observée3 » –, l’économie grise renvoie aux pratiques et activités qui ne répondent pas aux normes juridiques, sociales et fiscales définies par l’État. Selon le Bureau international du travail (BIT), l’économie informelle fait référence à « toutes les activités économiques de travailleurs et d’unités économiques qui ne sont pas couverts – en vertu de la législation ou de la pratique – par des dispositions formelles4 ». Ces activités couvriraient le secteur légal mais non déclaré au fisc (travail, salaires et revenus) et/ou le secteur clandestin (production et trafic de drogue et d’autres marchandises, jeux d’argent, prostitution, fraude)5. Pour notre part, nous avons décidé de nommer « économie grise » l’ensemble des activités économiques échappant au contrôle de l’État ; cette économie s’est grandement développée ces derniers décennies, et allie activités licites et illicites, légitimes et illégitimes, la frontière entre légalité et illégalité n’étant pas toujours très nette.

6 S. Bellal, « Changement institutionnel et économie parallèle en Algérie : quelques enseignements » (...)
7 A. Henni, Essai sur l’économie parallèle : le cas de l’Algérie, ENAG, 1991.
8 Y. Bellache, « L’économie informelle en Algérie, une approche par enquête auprès des ménages : le (...)
2Alors que l’économie grise a toujours fait partie du paysage socioéconomique algérien et qu’elle en est même un élément fondamental depuis l’indépendance du pays6, le sujet est demeuré très longtemps peu étudié. Mais depuis quelques années, une prise de conscience s’est opérée et le phénomène est enfin abordé, discuté et analysé. Si le travail d’Ahmed Henni7 a ouvert la voie dès 1991, la thèse de doctorat de Youghourta Bellache8, bien que limitée au cas de Bejaia, offre à ce jour l’analyse la plus complète de l’histoire de l’économie informelle en Algérie. Au-delà du champ académique, le sujet est régulièrement abordé par la presse algérienne qui essaie, depuis des années, d’en démonter les ressorts, d’en exposer les fonctionnements et d’alerter l’opinion publique aussi bien que les dirigeants sur ce phénomène de plus en plus considéré comme un « fléau » ou une « gangrène ».

9 « Économie algérienne : l’informel, c’est 50 % de l’économie nationale », Le Soir d’Algérie, 13 oc (...)
3En mai 2009, le Forum des chefs d’entreprise (FCE) a exposé les multiples dysfonctionnements de l’économie algérienne en mettant l’accent sur l’emprise et les méfaits de sa part cachée. Au mois d’octobre de la même année, le Centre des études stratégiques du journal Echaâb9 a organisé un séminaire consacré à ce thème. Enfin, en mars 2012, à l’initiative du cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise (CARE) et du ministère du Commerce, un colloque international sur l’économie informelle en Algérie s’est tenu à Alger. Ainsi, l’économie grise en Algérie, sujet jusqu’ici assez peu analysé en dépit de son poids significatif et croissant dans l’économie nationale, commence à retenir l’attention non seulement des analystes économistes, politologues et universitaires mais aussi des acteurs de premier plan que sont les cadres et dirigeants de l’économie algérienne.

10 Cf. infra, p. 214 sqq.
11 Propos du Dr. Deborah Harrold au forum du journal Echaâb. Professeur au Bryn Mawr College (Colombi (...)
12 R. Botte, « Vers un État illégal-légal ? », Politique africaine, no 93 (« Globalisation et illicit (...)
4L’économie grise recouvre un secteur informel dont les effets et manifestations à l’intérieur de la société algérienne (distribution, import-import10, évasions fiscales et trafic de devises) seront abordés dans une première partie, mais également des activités criminelles transfrontalières (trafics et contrebande en tous genres) qui ont proliféré ces dernières années, comme nous le verrons dans un second temps. En effet, à l’intérieur du pays, cette part de l’économie, qui n’est comptabilisée nulle part et qui est en constante augmentation du fait de la corruption et de la grande adaptabilité de ses acteurs aux contraintes politiques et socio-économiques, ne pourrait exister sans la bienveillance ou complicité de l’État. En effet, si le secteur informel – c’est-à-dire l’ensemble des activités parallèles aux activités légales/formelles – a pu se développer au point d’occuper aujourd’hui 1,78 million de personnes et de représenter « 50 % de l’économie nationale11 », c’est bien parce que l’État n’a pas su ni même peut-être voulu engager les réformes d’envergure dont l’Algérie a besoin pour réconcilier sa population avec les pratiques économiques légales. Nous verrons également que si les volumes des échanges officiels entre l’Algérie et ses voisins demeurent insignifiants, les multiples flux transnationaux de produits illicites et en particulier les trafics de drogues participent des nouvelles relations internationales qui se sont instaurées entre ces pays. Ainsi, alors que l’intégration du marché régional a du mal à se concrétiser, l’importance des activités de contrebande, à travers des pôles d’approvisionnement et d’écoulement divers, insère l’Algérie dans des réseaux de commerce transfrontalier avec ses voisins immédiats, créant ce que l’on a appelé une « régionalisation de la criminalité12 ».

L’économie grise en Algérie
13 Cependant, une économie informelle commence à émerger dans les pays du Nord, notamment en Europe. (...)
5L’économie grise est essentiellement présente dans les pays du Sud13 et représenterait en moyenne près de 25 % des économies globales des pays de la région MENA (Middle East and North Africa). En Algérie, le secteur informel, qui existait déjà pendant la période coloniale, s’est considérablement développé depuis l’indépendance du pays, allant jusqu’à représenter la forme dominante de l’économie pendant les années 1970. Durant cette phase de planification centralisée, dans un contexte économique et social marqué par les pénuries, ce phénomène pouvait être admis et même toléré. Nourri par le chômage, il est devenu, dans les années 1990, un refuge pour une fraction de la population active à la recherche d’un revenu de subsistance et, depuis, il a pratiquement envahi l’ensemble de l’économie nationale.

6Avec l’ouverture du marché extérieur, le secteur informel s’est développé de plus belle. En effet, le passage d’une situation de monopole et de pénurie à un contexte marqué par la concurrence et l’abondance a favorisé l’essor des activités informelles par le biais de multiples pratiques frauduleuses et anticoncurrentielles. L’ouverture de l’économie à l’international a été mal préparée, et le climat d’insécurité pendant cette décennie noire a obligé l’État à relâcher son contrôle des activités économiques pour se concentrer sur la lutte antiterroriste, ce qui a contribué à la prolifération des activités commerciales informelles et à la propagation de « l’import-import » avec la création de sociétés d’import-export qui sont en réalité des sociétés privées spécialisées dans l’importation. Aujourd’hui, le secteur informel représenterait, selon les estimations les plus basses, entre 37 % et 40 % de l’économie algérienne, et s’il concerne plus de 15 secteurs d’activité, notamment le textile, la chaussure, les logiciels informatiques et les cosmétiques, les plus affectés sont le bâtiment (34 % de l’emploi informel), le commerce (20 %) et les transports (6 %).

14 M. Kokoreff, cité dans P. Dupont, « Drogue, armes, l’économie souterraine fait le bonheur de tous (...)
15 L’« économie de la prédation » désigne la mise des institutions (administration, administration fi (...)
16 Citée dans « Économie algérienne : l’informel, c’est 50 % de l’économie nationale », op. cit. [9].
7Le secteur informel peut être appréhendé comme un ensemble de solutions de survie ; devant l’échec des politiques de développement, la faiblesse des services publics en matière d’éducation et de protection sociale, un taux de chômage structurel très élevé et une paupérisation croissante, les activités informelles qui contournent délibérément le contrôle de l’État permettent à ceux qui les pratiquent d’assurer leur subsistance. Alors que le taux de chômage se situerait actuellement entre 20 et 25 % (atteignant même plus de 40 % dans certaines régions), le secteur informel absorberait le plus souvent des travailleurs qui, sinon, se retrouveraient sans travail et sans revenu. En réponse au système rigide et au chômage persistant, l’informel serait ainsi devenu créateur d’emplois. « C’est une réponse précaire à la précarité. Mais aussi une réponse au mépris et au déshonneur14. » Face à un État dépourvu de légitimité sociale et aux pratiques prédatrices des élites politiques15, le secteur informel, qui a démontré sa flexibilité et sa capacité d’adaptation rapide à des contextes changeants, serait considéré comme un facteur de stabilité et d’apaisement des tensions sociales. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre les propos de Deborah Harrold lorsqu’elle affirme que le secteur informel est « une activité quelque peu permise par l’État, […] [qui] peut s’avérer nécessaire car il assure [en Algérie] un bon niveau de vie16 ».

17 En 2003, selon le rapport de conjoncture du Conseil national économique et social (CNES), quelque (...)
8La levée du monopole de l’État dans les années 1990 ainsi que la consécration de la convertibilité commerciale du dinar en 1994 ont permis la libéralisation accélérée de toutes les activités relatives au commerce extérieur, et notamment le développement des sociétés d’import-import. On en dénombrait déjà plus de 500 en 1995 et, depuis, ce secteur a continué de se développer, couvrant tous les domaines d’activité (agroalimentaire, électroménager, ciment, fer, bois, quincaillerie, pièces de rechange). Ces entités économiques recourent à un large éventail de pratiques illégales (fausse déclaration douanière, sociétés écrans, location de registres de commerce, fraude fiscale, défaut de registre de commerce, transfert illicite de capitaux via une majoration des prix à l’importation)17.

18 « Algérie : l’économie informelle dans le collimateur des autorités », Jeune Afrique, 14 mars 2012
9Aujourd’hui, le marché de « l’import-import » peut encore proliférer si l’Algérie, qui ne produit rien, continue de fonder son économie sur l’exportation des hydrocarbures (qui représentent 98 % du total de ses exportations). Profitant de la globalisation de l’économie mondiale et de la rapide évolution des technologies, « l’import-import » s’est imposé comme une véritable économie parallèle tant les volumes de marchandises et les masses d’argent qu’elle génère sont considérables. Les pratiques de dissimulation, le trafic d’influence et la corruption qui caractérisent le monde de « l’import-import » sont régulièrement dénoncés dans la presse algérienne qui révélait encore récemment que, sur les 35 000 importateurs inscrits au registre du commerce, 15 000 figurent dans le fichier national des fraudeurs18.

19 Y. Bellache, op. cit. [8].
10Le secteur de « l’import-import » ne pourrait exister ni se développer si la sphère de la distribution n’était pas tout aussi florissante. On connaît le paysage des villes d’Algérie, avec ses vendeurs à la sauvette qui occupent chaque coin de rue et offrent toutes sortes de marchandises. On sait également que tous les produits rares (biens de consommation, matières premières, pièces détachées, devises étrangères) font l’objet de spéculation : ils sont obtenus sur les marchés officiels à des prix administrés et sont systématiquement revendus sur les marchés parallèles à des prix supérieurs par des commerçants ou des entreprises privées, qui réalisent ainsi d’importantes plus-values19.

20 B. Aliouche, « L’informel a encore de beaux jours devant lui », La Tribune, 24 août 2012.
21 M. Mekideche, « L’informel en Algérie : un sujet complexe et un traitement délicat », Liberté, 2 f (...)
11Le secteur informel, « véritable organisation tentaculaire qui brasse les secteurs économiques les plus rentables avec un seuil de transactions au noir qui franchit la barre de 1 milliard de dollars20 », cause un préjudice considérable au Trésor public, le privant de recettes fiscales substantielles estimées à 155 milliards de dinars pour les trois dernières années. Si l’on en croit les services des impôts, le secteur économique privé ne contribue qu’à hauteur de 1 % du PIB aux recettes fiscales encaissées par le Trésor alors qu’il produit plus de 80 % de la valeur ajoutée globale hors hydrocarbures. Alors que toutes les estimations du montant des transactions sans factures ne peuvent, par définition, qu’être approximatives, le ministre du Commerce révélait récemment que les 87 000 interventions de contrôle effectuées entre mars 2008 et décembre 2010 avaient permis d’évaluer à 21 milliards de dinars le montant de ces transactions21.

22 L’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) dénonce régulièrement les dégâts ca (...)
12De plus, le secteur informel engendre une concurrence déloyale qui nuit fortement à la production du secteur public industriel au point de détruire le tissu des petites entreprises locales. En inondant le marché de toutes sortes de produits de qualité parfois fort douteuse importés à un coût très bas, les acteurs du secteur informel, par leur très forte emprise sur le marché, entravent le développement de l’entreprenariat en décourageant les initiatives dans le secteur formel. Cet effet dissuasif est l’un des éléments qui expliquent que la création d’entreprises formelles est très faible en Algérie. De fait, en nuisant de la sorte aux entreprises locales, dont certaines sont amenées à fermer, le secteur informel, qui d’un côté crée des emplois, en détruit de l’autre tout autant dans l’économie formelle22.

23 M. Benbada lors du colloque international sur l’économie informelle, organisé par le Cercle d’acti (...)
13Comme nous l’avons souligné dans notre introduction, la frontière entre le légal et l’illégal n’est pas toujours très claire : celle-ci peut difficilement être cernée quand « la majorité des agents économiques formels détenteurs d’un registre de commerce ont des pratiques liées à l’informel » et génèrent « la moitié de leur chiffre d’affaires […] dans [le secteur] informel »23. En effet, pour faire face à la concurrence déloyale et assurer leur survie, des entreprises légales en viennent à ne déclarer qu’une partie de leurs activités et seraient même obligées de s’approvisionner en matières premières ou en produits finis au sein du secteur informel. Même lorsqu’ils sont immatriculés au registre du commerce, des opérateurs économiques algériens réalisent une bonne partie de leur chiffre d’affaires en commercialisant des marchandises d’importation non déclarées, le fameux « commerce de la valise ».

24 Cf. A. Singh, S. Jain-Chandra et A. Mohommad, « Sortir de l’ombre », Finances et Développement, ju (...)
25 A. Bouzidi, « Le secteur informel ou la dérive bazarie de l’économie », Le Soir d’Algérie, 4 juill (...)
14Le Fonds monétaire international (FMI) attribue l’importance de l’économie grise aux procédures d’entrée sur le marché du travail longues et fastidieuses, aux règlements rigoureux de travail, aux coûts élevés de la main-d’œuvre, qui encourageraient ainsi les ouvriers et les entreprises à contourner le secteur formel24. Dans le cas de l’Algérie, il faut ajouter l’argent facile et disponible : en effet, les activités illicites procurent des bénéfices rapides et substantiels. L’argent facile du « trabendo » et/ou du commerce de la valise a « dévoyé » nombre de nationaux, ces derniers s’étant rendu compte qu’ils pouvaient gagner en une journée l’équivalent d’un mois de travail « légal ». De ce fait, les entreprises souffrent d’un fort taux d’absentéisme qui nuit à leur production et à leurs bénéfices. L’appât d’un gain facile encourage « la dérive bazarie de l’économie […]. [Celle-ci] est bien menacée aujourd’hui de devenir un comptoir commercial plutôt qu’une économie industrialisée25 ».

26 A. Mebtoul, « L’informel en Algérie : des transactions en centaines de millions d’euros », Le Mati (...)
27 S. Tamani, « L’informel et le blanchiment d’argent », Liberté, 13 octobre 2010.
28 Le décret exécutif avait été publié au Journal officiel du lundi 2 août 2010.
29 Propos tenus par le ministre du Commerce en 2012 : « Nous avons juste décidé de différer son appli (...)
15Le secteur informel se nourrit de la circulation illégale de la monnaie et du trafic de devises : « Le change sur le marché noir est devenu la pierre angulaire d’un immense système de passe-droit26. » En effet, en Algérie, où toutes les transactions se font en liquide (en estime que 40 à 50 % de la masse monétaire en circulation en Algérie se fait hors banques), des réseaux mafieux constitués exercent un certain contrôle sur la circulation du dinar et des devises sur l’ensemble du territoire27 ; l’absence de traçabilité favorise l’essor de ce marché qui prospère au grand jour. Selon l’avis de nombreux experts, l’un des principaux facteurs de cette circulation fiduciaire serait la non-obligation de l’usage de la monnaie scripturale (dépôts bancaires sur les comptes courants ou comptes chèques), seule garantie de transparence dans les transactions. Il est significatif que l’application de la mesure obligeant à régler tout paiement de plus de 500 000 dinars par chèque, virement, carte de paiement, prélèvement ou lettre de change28, et destinée à lutter contre la fraude et l’évasion fiscales, ait dû être différée pour « mieux préparer le terrain29 », selon le ministre du Commerce Mustapha Benbada. Ce recul du pouvoir est très vraisemblablement dû aux pressions exercées par les barons de « l’import-import », qui ont depuis longtemps noyauté les rouages de l’administration.

30 S. Boughazi, « Sellal dévoile ses priorités économiques », La Tribune, 25 septembre 2012. Cf. auss (...)
31 Ibid.
32 Spécialiste de l’économie informelle depuis la publication de son ouvrage El Otro Sendero (publié (...)
33 Réduction des délais, allégement au niveau des documents officiels requis et instauration d’une im (...)
16Face à l’omniprésence du secteur informel dans la sphère économique et sociale, les autorités algériennes ont apparemment décidé de mettre un frein à l’expansion des activités illégales. Dès la constitution, en septembre 2012, du nouveau gouvernement dirigé par Abdelmalek Sellal, les priorités économiques annoncées incluaient l’adoption prochaine de mesures visant à lutter contre l’informel et à créer des emplois30. Face à un phénomène non seulement banalisé mais aujourd’hui profondément enraciné dans les mœurs et la culture nationales, le pouvoir a bien compris qu’il n’avait pas les moyens d’éradiquer le secteur informel, aussi vise-t-il à le formaliser à travers des incitations destinées à en réduire l’ampleur. Il s’agirait ainsi de combattre le secteur informel par des mesures visant à l’intégrer dans l’économie formelle, « une stratégie qui consiste en une aide qui sera accordée aux producteurs nationaux afin de reconquérir le marché algérien et, par ricochet, d’assécher les sources de l’économie informelle », déclarait en septembre 2012 le Premier ministre. Selon lui, « l’informel doit être transformé en une économie créatrice de richesses »31. Une « légitimation de l’économie informelle » également préconisée par Hernando De Soto32 qui recommande que le problème soit résolu au moyen d’initiatives « essentiellement politiques » telles que des mesures et facilitations susceptibles de réduire le « coût du droit »33, c’est-à-dire de rendre la création d’une entreprise moins coûteuse que la pratique d’une activité illégale.

34 Le rapport Doing Business 2013, rendu public le 23 octobre 2012, classe l’Algérie à la dernière pl (...)
17D’aucuns prônent une réduction des taux d’imposition et des taxes sur les chiffres d’affaires ainsi que des droits de douanes sur les matières premières. C’est le cas de la Confédération algérienne du patronat (CAP) qui, par la voix de son président, demande que l’État s’implique d’une manière directe et indirecte, notamment en facilitant l’accès aux crédits bancaires afin d’améliorer les conditions de travail, en révisant les politiques fiscales pratiquées pour garantir une meilleure égalité de traitement à l’ensemble des partenaires économiques en matière d’imposition34, et en luttant plus activement contre l’évasion fiscale, qui est de l’ordre de 40 %.

35 Cf. « La faiblesse de la morale et de la gouvernance due à la rente en Algérie conduit au dépériss (...)
36 C. Aissat, « L’économie informelle en Algérie : management et utilité », Maghreb Emergent, 8 octob (...)
37 Ibid.
18En plus des propositions formulées par le patronat algérien, le rapprochement entre l’enseignement supérieur et le marché du travail reste un chantier important dans la mesure où une grande partie des 150 000 diplômés qui sortent chaque année des 48 universités du pays ne trouve pas de débouchés. « Le gouvernement algérien a été incapable de trouver une stratégie à long terme pour l’emploi des jeunes de la sphère informelle […]. L’Algérie n’a pas encore trouvé de modèle de croissance susceptible de réduire les inégalités, le chômage et la pauvreté35. » Malgré les réserves financières sans précédent accumulées grâce aux augmentations successives du prix du pétrole sur le marché international, la précarité économique qui frappe toujours plus durement les Algériens demeure la source d’approvisionnement principale du secteur informel. Selon de nombreux observateurs de la vie économique algérienne, l’État a sa part de responsabilité dans cet état de fait : « L’économie informelle est un aspirateur des emplois que l’État a détruits avec la disparition des PME/PMI, de l’artisanat et de l’abandon de l’agriculture. Elle est la conséquence directe des emplois qu’il n’a pas su créer36. » Sans une véritable réforme du système financier, l’économie grise n’est pas près d’être éradiquée ni même enrayée. La suppression des marchés informels est une utopie37.

19L’économie grise trouve ainsi son essence dans les dysfonctionnements de l’État ; elle obéit aux règles du marché tout en faisant fi des obligations légales, sociales, fiscales et réglementaires. Elle s’est de surcroît installée dans les habitudes sociales et détruit progressivement l’économie formelle. Nous avons vu que le secteur informel avait connu une ascension fulgurante dans les années 2000, et qu’il absorbe aujourd’hui plus de la moitié de la masse monétaire qui circule dans le pays, portant gravement préjudice aussi bien au Trésor public qu’aux industriels et aux commerçants de l’économie formelle.

38 La Tribune, 24 août 2012.
20Il est intéressant de noter que ce fléau qui menace le développement économique freine par ailleurs un peu plus les investisseurs étrangers (lourdeurs administratives, absence de règles minimales de transparence, trafic de devises, corruption) qui seraient pourtant tentés par les multiples atouts du marché algérien. Ces comportements antiéconomiques, qui sont ancrés dans les pratiques depuis plus de vingt ans, ont généré des réflexes et des mentalités difficiles à changer, et le secteur informel, encore utile socialement du fait qu’il assure la subsistance de dizaines de milliers de familles et sert à pallier l’absence d’une politique de l’emploi capable de résorber le chômage qui touche essentiellement les jeunes, lesquels représentent 60 % de la population algérienne. Mais si, par le passé, le secteur informel a pu constituer un refuge et une solution pour une partie de la population sans travail et sans revenu, il est clair qu’aujourd’hui « son expansion obéit de plus en plus à des objectifs occultes, des motivations de gains faciles, d’enrichissement illicite et d’évasion fiscale38 ».

Une intégration africaine par l’économie grise ?
21L’économie grise algérienne recouvre également des activités illicites aux frontières du pays et se nourrit des ressources tirées des divers trafics qui s’y sont développés ces dernières années, dont le plus important – car le plus lucratif – est le trafic de stupéfiants. Le secteur des activités criminelles transfrontalières se développe en parallèle du secteur informel en vigueur sur la sphère nationale, mais les deux constituent un tout, ou plus précisément un système cohérent dans la mesure où les deux marchés sont interdépendants, liés par la distribution au noir, le trafic de devises et le blanchiment d’argent. Les trafics et autres activités de contrebande qui sévissent aux frontières de l’Algérie et impliquent plusieurs États frontaliers constituent la vaste trame de l’économie souterraine, laquelle non seulement génère les bénéfices qui alimentent les trafics de devises et qui, une fois réinvestis dans les économies nationales, participent au développement et à la croissance de celles-ci, mais contribue également à intégrer ces pays dans un système régional qui par ailleurs peine à exister. De fait, ces activités, bien qu’illicites, illégitimes et criminelles, insèrent les États de la région dans un système international particulier qui, sans chercher à concurrencer le système officiel, est tout autant sinon plus influent que lui, ses alliances et ses relations lui permettant souvent de prendre l’avantage dans les jeux de pouvoir et la redistribution des richesses.

39 Cf. La situation sécuritaire dans les pays de la zone sahélienne, rapport no 4431 de l’Assemblée n (...)
40 Alliances matrimoniales établies depuis le début du siècle entre les commerçants algériens qui dom (...)
22Depuis plusieurs années maintenant, les routes transsahariennes sont redevenues un itinéraire privilégié pour les nombreuses filières criminelles qui font désormais du Sahel la base de plusieurs trafics39 et de l’Algérie la plaque tournante de toutes sortes de commerces de contrebande. Le Mali a vu le trafic transfrontalier avec les États maghrébins prendre une nouvelle ampleur, notamment celui avec l’Algérie qui a explosé ces dernières années. Les spécialistes de la région ont depuis longtemps identifié les liens particuliers qui se sont établis entre les populations malienne et algérienne de chaque côté de la frontière, et démontré la dépendance de la population du Nord-Mali à l’égard des produits venant d’Algérie. Les réseaux de contrebande mettent à profit ces liens culturels et familiaux qui leur procurent les appuis sociaux et politiques nécessaires à l’expansion de leurs activités40.

23Soulignons en particulier la présence massive, au nord-est du Mali, de produits alimentaires subventionnés par l’État algérien. En effet, par le biais d’un trafic de détournement, un très grand nombre de produits d’origine algérienne se retrouvent sur les marchés de Kidal ou de Gao, dont l’approvisionnement régulier en denrées de première nécessité de toutes sortes constitue la source principale des activités marchandes de la région. Cette dépendance du Nord-Mali à l’égard des produits algériens est d’ailleurs utilisée par le pouvoir algérien comme un outil de politique étrangère, Alger pouvant, le cas échéant, asphyxier le Nord-Mali en fermant la frontière algéro-malienne.

41 Cf. La situation sécuritaire dans les pays de la zone sahélienne, op. cit. [35].
42 Cf. A. Abderrahmane, « Terrorisme et trafic de drogues au Sahel », Le Monde, 19 juillet 2012.
43 Cf. J. Scheele, op. cit. [40].
44 La Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA) a longtemps eu le monopole officiel de l’impo (...)
45 Cf. « Un pacte entre la mafia de la cigarette et les terroristes », Le Quotidien d’Oran, 3 avril 2 (...)
46 L’implication d’AQMI dans le trafic de cigarettes, qui avait valu à son dirigeant Mokhtar Belmokth (...)
24Par ailleurs, si la contrebande de cigarettes à travers le Sahel est une pratique ancienne, elle connaît néanmoins une croissance telle que les bénéfices générés ces dernières années s’élèveraient à plusieurs centaines de millions d’euros par an41. Dans un environnement marqué par la sécheresse, la famine et la misère, les trafiquants n’ont guère de mal à trouver de la main-d’œuvre parmi une jeunesse désœuvrée42. L’injustice sociale et le manque de perspectives d’avenir renforcent les solidarités locales43 sur lesquelles s’appuient les réseaux de contrebande de cigarettes qui ont proliféré dans la région. Ainsi, des cigarettes provenant d’usines de contrefaçon, notamment asiatiques, sont distribuées dans toute la région et acheminées au Maghreb, au Moyen-Orient et même jusqu’en Europe. En Algérie, bien que l’importation de cigarettes étrangères soit interdite44, le marché est régulièrement inondé de marlboros, gauloises et autres marques étrangères qui ont auparavant traversé l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Favorisé par les frontières désertiques et poreuses du Sud, le commerce illégal de cigarettes, qui causait déjà en 2005 un préjudice au Trésor public de l’ordre de 25 à 30 milliards de dinars par an45, reste difficile à endiguer car il bénéficie du soutien des populations autochtones et de complicités voire de protections de la part d’éléments des services de sécurité algériens ou des pays sahéliens. On assiste au même phénomène sur les territoires marocain et libyen, où les douaniers rencontrent d’énormes difficultés dans leur lutte contre les réseaux de contrebande. S’ajoute à cette situation, en particulier dans le cas algérien, le rôle des groupes terroristes comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ou, en son temps, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). En effet, le trafic de cigarettes a bénéficié dès le début de la bienveillance des groupes terroristes qui, sans s’y impliquer directement, ont imposé un « service de protection » moyennant une « redevance »46.

47 Cf. A. Antil, op. cit. [39].
25Malgré les tonnes de cigarettes saisies, ce trafic n’a pas été effectivement maîtrisé : les diminutions parfois enregistrées dans les pays sahéliens sont dues au fait que quelques acteurs de cette « économie » se sont momentanément détournés des cigarettes pour s’intéresser à des « produits » plus lucratifs, comme le haschich ou la cocaïne47. En autorisant officiellement la vente de 17 marques de cigarettes étrangères fin 2009, le gouvernement algérien voulait porter un coup à ce trafic, mais ce dernier semble néanmoins continuer. La lutte contre la contrebande de cigarettes pâtit de l’absence de stratégie concertée et de coopération entre l’Algérie et les pays du Sahel, et en particulier le Mali. En attendant, alors que les frontières sud de l’Algérie demeurent « le fief de la mafia des cigarettes », les dizaines de millions de dinars qu’en tirent les trafiquants algériens constituent une part non négligeable de l’argent sale qui, blanchi et réinjecté dans l’économie légale, contribue indéniablement au développement de cette dernière, établissant une coopération tacite entre les réseaux criminels et l’État.

48 H. Yacoub, « Afrique : les trafiquants tirent profit de l’instabilité vécue par les pays du Nord » (...)
49 Selon les données fournies à l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), 9 400 hect (...)
50 Des données récentes indiquent que l’Afghanistan pourrait devenir l’un des principaux producteurs (...)
51 « Trafic de drogue à l’ouest du pays : révélations sur le cartel d’Oran », El Watan, 18 octobre 20 (...)
52 Cf. J.-L. Peduzzi, Physionomie et enjeux des trafics dans la bande sahélosaharienne, Paris, Ifri, (...)
53 Rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), 2011, p. 52.
54 United States Department of State, International Narcotics Control Strategy Report, vol. 1 : Drug (...)
55 Cf. R. Botte, op. cit. [12], p. 134.
26Les trafics ne s’effectuent pas qu’aux frontières sud du pays. Outre le trafic de cigarettes, l’Algérie est confrontée à celui du cannabis, activité économique que les cartels algériens de la drogue contrôlent, tirant parti de facteurs internes (chômage, opacité de pans entiers de l’économie et corruption à tous les niveaux) et de facteurs externes (proximité du Maroc). Les trafiquants tirent également profit de la porosité des frontières sud et sud-ouest du pays, faciles à traverser et mal surveillées48. Malgré une réduction des superficies cultivées au Maroc49 – qui sont passées de 134 000 hectares en 2003 à 47 500 hectares en 2010 – et en dépit de nombreuses saisies des deux côtés de la frontière algéro-marocaine, le Maroc, premier producteur de cannabis dans le monde (il représente à lui seul 60 % du marché mondial)50 demeure une source importante d’approvisionnement du marché algérien. Faisant fi des frontières, fermées depuis 1994, et des tensions qui caractérisent les relations algéro-marocaines depuis plus de trente ans, les contrebandiers marocains ont depuis longtemps fait alliance avec les Algériens pour exporter leur marchandise vers l’Europe, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. En 2006, un important réseau basé à Oran et dirigé par Ahmed Zendjabil, qui bénéficiait de puissantes protections parmi les plus hautes autorités militaires et civiles de l’Oranie et de nombreuses complicités marocaines (hauts responsables de l’armée royale et de la sûreté nationale) a été démantelé51. Les longues frontières de l’Algérie avec le Maroc, le Sahara occidental, la Mauritanie, le Mali, le Niger, la Libye et la Tunisie rendent la traque des contrebandiers difficile52. Néanmoins, les forces de sécurité algériennes saisissent régulièrement d’importants volumes de cannabis53 : rien qu’au premier trimestre 2012, 42 tonnes ont été saisies dans la seule wilaya de Tlemcen, près de la frontière algéro-marocaine. Un rapport du Département d’État américain54 publié en mars 2012 souligne que le gouvernement algérien a pris un certain nombre de mesures pour lutter contre le problème de la drogue, dont une augmentation des effectifs chargés de lutter contre ce fléau et l’acquisition d’équipements plus modernes ; il précise aussi qu’au titre d’un traité d’entraide judiciaire signé en avril 2010, les États-Unis sont prêts à participer au renforcement des capacités des forces de sécurité algériennes en leur fournissant aide et formations dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants. Néanmoins, le système de corruption que les trafiquants algériens et marocains ont mis en place des deux côtés de la frontière leur assure la protection nécessaire, les bénéfices retirés de part et d’autre contribuant à leur manière à la croissance des deux pays55.

27Il est établi aujourd’hui que le haschich marocain transite par l’Algérie et d’autres pays du Maghreb pour entrer en Europe par la Grèce ou les Balkans, ou emprunte des routes sahariennes qui se sont développées ces dix dernières années. Traversant le Maroc puis l’Algérie, ces routes bifurquent ensuite vers l’est et traversent le Sahara d’ouest en est, passant notamment par les septentrions des pays sahéliens. Ces routes ont comme destination finale soit l’Europe (via l’Égypte), soit le Proche et le Moyen-Orient (via l’Égypte ou le Soudan). Le Sahara et le Sahel sont donc traversés à la fois par des flux méridiens sud-nord (ou nord-sud) mais abritent aussi des trafics suivant une direction est-ouest (ou ouest-est). Depuis quelques années, un certain nombre d’observateurs soupçonnent les réseaux de trafiquants du Sahara-Sahel d’être connectés aux filières spécialisées dans le commerce de l’héroïne. Les études montrent d’ailleurs que bien souvent ces bandits sahariens ne se limitent pas à un seul produit ; ils sont, comme on dit dans le jargon policier, dans la « polyactivité », des trafiquants de drogues pouvant également et en même temps se livrer au trafic de cigarettes ou d’armes. Ces réseaux sont multinationaux, se jouent des frontières, s’appuient souvent sur des alliances matrimoniales, et les différents réseaux qui ont été démantelés ces dernières années témoignaient d’une intégration entre réseaux sahéliens et maghrébins.

56 Cf. S. Julien, « Le Sahel comme espace de transit des stupéfiants. Acteurs et conséquences politiq (...)
57 Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), 21 tonnes de cocaïne d’une (...)
58 Cf. H. Yacoub, « Les routes de la drogue dure passent par Alger », La Tribune, 22 juin 2012.
59 Selon les données de l’OICS, confirmées par le rapport du Département d’État américain sur la drog (...)
28Si les cigarettes et le haschich de contrebande sont depuis longtemps présents sur le territoire algérien, la cocaïne et les armes constituent une nouveauté, dont l’essor régional et international est pour le moins inquiétant. Depuis le début du xxie siècle, l’Afrique de l’Ouest et le Sahel sont devenus l’une des voies d’acheminement de la cocaïne en provenance d’Amérique latine et à destination de l’Europe, un marché de consommation en constante progression56. Dans cette nouvelle configuration, l’Algérie, dont les frontières s’étirent sur 6 000 kilomètres, occupe une position géographique stratégique entre l’Afrique de l’Ouest, point d’arrivée de la drogue, et l’Europe, sa destination finale57. En quelques années, l’Algérie est devenue un pays de transit, de stockage et de consommation de la cocaïne. En effet, le bilan semestriel des saisies des différentes drogues, disponible en ligne sur le site internet de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), atteste de l’ampleur que le trafic de drogues dures a prise depuis son apparition durant la décennie noire ; ces données confirment ainsi le double rôle de l’Algérie, à la fois pivot du trafic (Oran est devenue l’eldorado de la vente de cocaïne en Algérie) et pays consommateur. On estime en effet a plus de 300 000 le nombre d’Algériens qui consomment des drogues. En un an, entre le premier semestre 2011 et le premier semestre 2012, les saisies de cocaïne ont considérablement augmenté58 ; même tendance à la hausse dans le cas des autres psychotropes59.

60 L’essentiel des ressources provient du rançonnement.
29Les nombreux travaux cités ont déjà établi l’existence de liens entre le trafic de drogues et le terrorisme international et démontré les connexions ente narcotrafiquants et groupes terroristes présents au Sahel. Les trafics sont l’une des ressources auxquelles peuvent s’adosser les mouvements armés (terroristes ou non). Parmi les différents mouvements islamistes aujourd’hui présents au nord du Mali, on sait par exemple que le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) est en partie dirigé par des trafiquants et que la branche saharienne d’AQMI assurerait un quart voire un tiers de son financement grâce à la sécurisation des trafics60 ; Ansar Eddine en revanche serait assez déconnecté de cette économie. Ce lien de plus en plus étroit entre le trafic de drogue et le financement du terrorisme a été régulièrement souligné lors des débats annuels du Conseil de sécurité de l’ONU sur le trafic de drogues dans la région de l’Afrique de l’Ouest.

61 Communiqué du Conseil de sécurité de l’ONU, « Le Conseil de sécurité examine l’impact du trafic de (...)
62 Discours de Y. Amrani, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopér (...)
63 Cf. S. Julien, op. cit. [56].
64 Cf. International Crisis Group, Mali, éviter l’escalade, rapport no 189, Bruxelles, 18 juillet 201 (...)
30En 2009, Antonio Maria Costa, directeur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), déclarait déjà : « Les drogues n’enrichissent pas seulement le crime organisé ; les terroristes et les forces antigouvernementales dans le Sahel puisent des ressources du trafic de drogue pour financer leurs opérations, acheter des équipements et payer leurs troupes61. » En 2012, Youssef Amrani attirait l’attention de la communauté internationale sur ces mêmes connexions : « Le lien et l’interconnexion de plus en plus apparents entre le crime transnational organisé et les groupes armés [...] terroristes dans la région est une source d’inquiétude à laquelle la Communauté internationale se doit de prêter plus d’attention62. » De plus, il a été établi que dans bien des cas au Sahel, en particulier au Mali, des personnes issues des premiers cercles du pouvoir63 ou proches des milices progouvernementales64 sont impliquées dans les trafics, notamment celui de la cocaïne.

31Si la coopération au niveau institutionnel entre les pays de l’Afrique de l’Ouest et ceux du Maghreb demeure insuffisante, celle que l’on observe dans l’économie grise, et en particulier au niveau des réseaux transnationaux de trafiquants, apparaît plus dynamique et effective. En effet, alors que les réseaux criminels étendent leur coopération sur toute la région et déploient leurs activités au niveau international, la coopération régionale entre les États butte non seulement sur les faibles moyens des pays concernés mais également sur la persistance de méfiances historiques, culturelles et politiques qu’il ne faut pas ignorer. Si les échanges économiques formels sont particulièrement faibles entre les deux rives du Sahara, les flux informels relevant de l’économie grise sont quant à eux beaucoup plus denses, et les plus-values considérables qu’ils génèrent sont de fait le fruit de la coopération entre les réseaux de trafiquants de toutes sortes et leurs puissants appuis dans les services de sécurité voire dans les sphères économiques et politiques. L’existence de tels réseaux et l’ampleur de leurs activités reflètent une intégration économique de la région et témoignent de son insertion dans la globalisation.

*

65 Selon l’indice de perception de la corruption (IPC) de l’organisation non gouvernementale Transpar (...)
32L’Algérie peine à maîtriser le secteur informel qui ne cesse de croître en même temps que son corollaire, la corruption, qui fait des ravages et touche tous les secteurs de l’État et de la société. En effet, devant la faiblesse des institutions étatiques, la lourdeur bureaucratique et la multiplication des contraintes administratives, la corruption65 a favorisé l’expansion de pratiques visant à contourner les excès de la réglementation juridique, facilitant par là même l’emprise du secteur informel. Ce dernier peut certes parfois être perçu comme une sorte d’amortisseur social fournissant revenus et « emplois », mais son développement contribue en réalité à détruire l’économie formelle. En effet, les entreprises privées du secteur formel ne peuvent rivaliser avec leurs concurrentes dans l’informel. Non seulement ces dernières réduisent les ressources fiscales de l’État, mais elles affaiblissent le tissu industriel en détruisant petit à petit les entreprises formelles. Cette économie grise, qui se confond de plus en plus avec une économie des trafics, témoigne des déficiences de l’ouverture économique de l’Algérie – qui exporte des produits pétroliers et importe à peu près tout – et constitue aujourd’hui l’un des bastions les plus importants du blanchiment d’argent.

33Le territoire algérien est aujourd’hui le théâtre de différents trafics (drogues, cigarettes, etc.) qui semblent s’intensifier et se diversifier. Ces derniers témoignent d’une intégration économique particulière de l’Algérie et de ses voisins maghrébins mais aussi du Sud, et d’un mode tout aussi particulier d’insertion dans l’économie globale. Les « échanges » avec l’Afrique subsaharienne et plus précisément avec les pays du Sahel semblent en effet plus denses que les échanges commerciaux formels.

34Même s’ils sont au départ le fait d’acteurs parfois différents, le secteur économique informel et les puissants courants de trafics sont en train de se conjuguer voire de se confondre. Ce faisant, ils acquièrent un pouvoir de désorganisation sociale et d’affaiblissement de l’État extrêmement inquiétant pour la stabilité de l’Algérie comme pour ses voisins du Sud.

BIBLIOGRAPHIE
Des DOI sont
L'économe de l'informelle emploie 60 à 70% des chômeurs!.
DE nos jours s'il n'y avait pas les marchés de l'informelles ......il y aurait des milliers de haragas!.
« Malgré les difficultés à la mesurer, on estime [que l’économie informelle] emploie 60 à 70 % de (..a lire la suite).
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