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Souvenir de potache

Publié le 31/07/2022
Souvenir de potache par Kamal Guerroua C'était un prof trentenaire, un gars très sympathique dont tout mon lycée se souvient. De son regard brillant et de ses conseils presque paternels, j'en garde de délicieux souvenirs. Il parle de sa voix douce un français suave qui ressemble au ruissellement d'eau d'une rivière. Pas un son qui ricoche ou une lettre qui dissone : tout est rythme, harmonie et élégance langagière. Sur le tableau, il dessine magnifiquement des dunes de mots qui se meuvent, comme autant d'ailes d'oiseaux. Il aime surtout sculpter les lettres majuscules qu'il trace de ses coups de craie furtifs, avec finesse. Parcourant de long en large la salle de classe, il ne baisse jamais garde pour réveiller un potache distrait ou corriger un autre turbulent. Son bonheur, c'est de voir sa leçon apprise et il ne renonce jamais à la tâche tant qu'il n'a pas fait plier son interlocuteur à sa volonté. Son arme, c'est le sourire et la sympathie. Sa pédagogie, c'est l'essai permanent jusqu'à ce que les autres, ses élèves bien entendu, comprennent ce qu'ils devaient comprendre. Et prenant goût à ne jamais humilier personne, il répète à ceux qui veulent bien l'entendre ce mot gravé à jamais dans ma mémoire : «Je suis un homme par hasard et prof par vocation» ! Débonnaire, généreux, amoureux de son métier, il n'ose jamais frapper un élève mais irradie autour de lui une sorte de crainte révérencielle. D'ailleurs, sa seule présence sur l'estrade inspire du respect et nous pousse au calme et à la retenue. Très observateur, le prof se complaît bien dans son rôle de chef d'orchestre, à distribuer remarques et encouragements. Il n'était guère dans le blâme et la réprimande. Son unique souci, c'est de transmettre ses connaissances avec efficacité. «Je pense, nous dit-il un jour, pour nous inciter à étudier, que vous avez tous suffisamment du génie, mais l'âme n'y est malheureusement pas, parce que vous doutez de vous-mêmes. Or, pour réussir, il faut avoir confiance en soi». Depuis ce jour-là, j'ai repris personnellement confiance en moi, en faisant de son conseil un mode de vie éternel. Mon prof, c'était comme un astre dans la brume hivernale dont chaque mot sortant de sa bouche n'est qu'un rayon rajoutant de la lumière à nos âmes encore pétries dans l'insouciance de l'adolescence. C'était un maître d'école dévoué dont les yeux brillent à chaque réussite d'un de ses élèves qu'il prend pour ses propres enfants. Son souvenir est un soc qui laboure ma conscience. Paix à son âme.
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Souvenir de potache
par Kamal Guerroua


C'était un prof trentenaire, un gars très sympathique dont tout mon lycée se souvient. De son regard brillant et de ses conseils presque paternels, j'en garde de délicieux souvenirs. Il parle de sa voix douce un français suave qui ressemble au ruissellement d'eau d'une rivière. Pas un son qui ricoche ou une lettre qui dissone : tout est rythme, harmonie et élégance langagière. Sur le tableau, il dessine magnifiquement des dunes de mots qui se meuvent, comme autant d'ailes d'oiseaux.

Il aime surtout sculpter les lettres majuscules qu'il trace de ses coups de craie furtifs, avec finesse. Parcourant de long en large la salle de classe, il ne baisse jamais garde pour réveiller un potache distrait ou corriger un autre turbulent. Son bonheur, c'est de voir sa leçon apprise et il ne renonce jamais à la tâche tant qu'il n'a pas fait plier son interlocuteur à sa volonté. Son arme, c'est le sourire et la sympathie.

Sa pédagogie, c'est l'essai permanent jusqu'à ce que les autres, ses élèves bien entendu, comprennent ce qu'ils devaient comprendre. Et prenant goût à ne jamais humilier personne, il répète à ceux qui veulent bien l'entendre ce mot gravé à jamais dans ma mémoire : «Je suis un homme par hasard et prof par vocation» ! Débonnaire, généreux, amoureux de son métier, il n'ose jamais frapper un élève mais irradie autour de lui une sorte de crainte révérencielle. D'ailleurs, sa seule présence sur l'estrade inspire du respect et nous pousse au calme et à la retenue.

Très observateur, le prof se complaît bien dans son rôle de chef d'orchestre, à distribuer remarques et encouragements. Il n'était guère dans le blâme et la réprimande. Son unique souci, c'est de transmettre ses connaissances avec efficacité. «Je pense, nous dit-il un jour, pour nous inciter à étudier, que vous avez tous suffisamment du génie, mais l'âme n'y est malheureusement pas, parce que vous doutez de vous-mêmes.

Or, pour réussir, il faut avoir confiance en soi». Depuis ce jour-là, j'ai repris personnellement confiance en moi, en faisant de son conseil un mode de vie éternel. Mon prof, c'était comme un astre dans la brume hivernale dont chaque mot sortant de sa bouche n'est qu'un rayon rajoutant de la lumière à nos âmes encore pétries dans l'insouciance de l'adolescence.

C'était un maître d'école dévoué dont les yeux brillent à chaque réussite d'un de ses élèves qu'il prend pour ses propres enfants. Son souvenir est un soc qui laboure ma conscience. Paix à son âme.

"Merci à toi Kamel"

ça réveille en nous l'éducation d'une époque merveilleuse de nos enseignants!.

A qui je rends un hommage à ceux qui nous avaient éduqué jadis dans mon école.

Mme Aussitot, Mme et Mr Oriol, Mme et Mr Papalia, Mme Madacéno, Mr Chibaly, Mr et Mme André Leyoudec...j'en oublie certains a qui je dis à tous M E R C I !.
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