Le poisson absent des menus
par Abdelkrim Zerzouri
Sur quoi peut aboutir une étude nationale sur la consommation de poisson en Algérie ? Forcément, le résultat ne peut pas faire l'impasse sur le fait que le poisson, devenu inaccessible à cause de son prix excessif, est absent dans le menu de larges couches de la population. Le lancement de cette étude, annoncée dimanche 6 février, par le ministre de la Pêche et des Productions halieutiques, Hichem Sofiane Salaouatchi, et présentée comme « une première du genre en Algérie », devrait déterminer avec précision, justement, la moyenne de consommation des différents types de poisson en Algérie. Si en 2017 les Algériens ont consommé environ 90.000 tonnes de poissons, ce qui donne un taux légèrement supérieur à 2 kg par consommateur et par an, soit 10 fois moins que la moyenne mondiale, qui est de 20 kg, selon des estimations de l'Association nationale des commerçants algériens (ANCA), qu'en sera-t-il en 2021 ou 2022, des périodes marquées par la chute du pouvoir d'achat du citoyen combinée à une hausse vertigineuse des prix des poissons, la sardine notamment, qui ferait figure de poids de référence de la consommation des algériens ?
La baisse de la consommation de poisson par habitant en Algérie durant ces deux dernières années, qui saute aux yeux, devrait susciter des inquiétudes en ce qui concerne la sécurité alimentaire.
Cette étude, qui sera menée en application de la convention signée entre le Centre national de recherche et de développement de la pêche et de l'aquaculture (sous tutelle du ministère) et le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement, « permettra également de connaître les poissons les plus prisés par les Algériens, aux fins de prendre les décisions appropriées, notamment la promotion de certaines branches », selon le ministre.
Mais, avant d'en apprendre plus sur les poissons les plus prisés par les Algériens, ne serait-on pas mieux avisé de chercher comment redonner au poisson sa place méritée dans les assiettes des Algériens, en améliorant la production nationale et, surtout, en essayant d'en savoir plus sur le fonctionnement de ce marché qui échappe à tout contrôle en haute mer et dans les ports ? Il existe un déséquilibre certain entre l'offre et la demande qu'il faudrait rééquilibrer ou corriger au plus vite, en sondant de nouvelles voies pour approvisionner le marché local notamment. Les pouvoirs publics ont initié des actions dans ce sens, en encourageant les investisseurs du secteur de la construction de bateaux de pêche, ainsi que les investissements dans le secteur de l'aquaculture, mais les résultats se font autant désirer que le poisson dans le plat des consommateurs. Cette étude très louable, au-delà de ce qu'on lui a fixé comme objectif officiel, devrait également s'étaler sur les actions à entreprendre pour bâtir un nouveau modèle de la filière de la pêche afin d'augmenter la production de poissons, et présenter des informations transparentes et objectives aux autorités afin de leur permettre de prendre dans ce sens les bonnes décisions qui assureraient aux citoyens le taux nécessaire des poissons dans l'apport en protéines animales.
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Le poisson absent des menus
par Abdelkrim Zerzouri
Sur quoi peut aboutir une étude nationale sur la consommation de poisson en Algérie ? Forcément, le résultat ne peut pas faire l'impasse sur le fait que le poisson, devenu inaccessible à cause de son prix excessif, est absent dans le menu de larges couches de la population. Le lancement de cette étude, annoncée dimanche 6 février, par le ministre de la Pêche et des Productions halieutiques, Hichem Sofiane Salaouatchi, et présentée comme « une première du genre en Algérie », devrait déterminer avec précision, justement, la moyenne de consommation des différents types de poisson en Algérie. Si en 2017 les Algériens ont consommé environ 90.000 tonnes de poissons, ce qui donne un taux légèrement supérieur à 2 kg par consommateur et par an, soit 10 fois moins que la moyenne mondiale, qui est de 20 kg, selon des estimations de l'Association nationale des commerçants algériens (ANCA), qu'en sera-t-il en 2021 ou 2022, des périodes marquées par la chute du pouvoir d'achat du citoyen combinée à une hausse vertigineuse des prix des poissons, la sardine notamment, qui ferait figure de poids de référence de la consommation des algériens ?
La baisse de la consommation de poisson par habitant en Algérie durant ces deux dernières années, qui saute aux yeux, devrait susciter des inquiétudes en ce qui concerne la sécurité alimentaire.
Cette étude, qui sera menée en application de la convention signée entre le Centre national de recherche et de développement de la pêche et de l'aquaculture (sous tutelle du ministère) et le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement, « permettra également de connaître les poissons les plus prisés par les Algériens, aux fins de prendre les décisions appropriées, notamment la promotion de certaines branches », selon le ministre.
Mais, avant d'en apprendre plus sur les poissons les plus prisés par les Algériens, ne serait-on pas mieux avisé de chercher comment redonner au poisson sa place méritée dans les assiettes des Algériens, en améliorant la production nationale et, surtout, en essayant d'en savoir plus sur le fonctionnement de ce marché qui échappe à tout contrôle en haute mer et dans les ports ? Il existe un déséquilibre certain entre l'offre et la demande qu'il faudrait rééquilibrer ou corriger au plus vite, en sondant de nouvelles voies pour approvisionner le marché local notamment. Les pouvoirs publics ont initié des actions dans ce sens, en encourageant les investisseurs du secteur de la construction de bateaux de pêche, ainsi que les investissements dans le secteur de l'aquaculture, mais les résultats se font autant désirer que le poisson dans le plat des consommateurs. Cette étude très louable, au-delà de ce qu'on lui a fixé comme objectif officiel, devrait également s'étaler sur les actions à entreprendre pour bâtir un nouveau modèle de la filière de la pêche afin d'augmenter la production de poissons, et présenter des informations transparentes et objectives aux autorités afin de leur permettre de prendre dans ce sens les bonnes décisions qui assureraient aux citoyens le taux nécessaire des poissons dans l'apport en protéines animales.